2024-112. Où, à l’occasion du cinquième anniversaire du trépas de Monseigneur le Maître-Chat Lully, le Prince Tolbiac évoque les chats de Sa Majesté le Roi Louis XV, et expose quelques leçons spirituelles.
Jeudi de Pentecôte 23 mai 2024 ;
Cinquième anniversaire du trépas du Maître-Chat Lully.
La date du 23 mai, en notre Mesnil-Marie, est désormais indissociable de la mémoire de mon illustre et très aimé prédécesseur, feu Monseigneur le Maître-Chat Lully, qui trépassa le 23 mai 2019.
Je suis très honoré – et aussi très fier – d’avoir été élu par les insondables desseins de la divine Providence pour lui succéder…
Vous pouvez, bien sûr, si vous le souhaitez, retrouver les publications de ce blogue, consacrées à cette disparition qui fut si douloureuse pour le cœur de Frère Maximilien-Marie :
- L’annonce de la mort du Maître-Chat Lully > ici
- Réponses à des questions concernant ce blogue après la mort de Lully > ici
- Le premier anniversaire de la mort de Lully : quelques souvenirs > ici
- Tolbiac dédie à la mémoire de Lully la présentation d’un extraordinaire lutrin de l’abbaye du Mont-Olivet > ici
Mais puisque cette année 2024, où nous rappelons le cinquième anniversaire de ce trépas, est aussi celle du deux-cent-cinquantième anniversaire du rappel à Dieu de Sa Majesté le Roi Louis XV, j’ai résolu d’évoquer brièvement avec vous l’amour de ce très grand monarque pour les chats.
Bien sûr, d’autres personnes, et dans ce blogue même, mettront en avance d’autres très grandes qualités politiques et spirituelles de ce souverain injustement calomnié, mais à moi, au nom de la gent féline et à la pieuse mémoire du Maître-Chat Lully, il revient de souligner son affection pour nous.
Certains écrivains prétendent que c’est la Reine Marie Leszczynska, son épouse, qui lui communiqua son amour des chats, mais on ne peut toutefois l’affirmer avec une certitude absolue : si l’amour des chats leur était commun, en particulier celui des angoras, on peut néanmoins penser que ce Roi, ami des arts et des lettres, doté d’une sensibilité très développée, d’un naturel timide qui lui faisait préférer l’intimité d’un cercle restreint de personnes de confiance aux grandes assemblées, s’est très naturellement et spontanément trouvé en une sorte de communion avec nous sans qu’il fût besoin de le lui inspirer.
Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) : Chat angora blanc guettant un papillon (1761)
[musée Lambinet - Versailles].
L’opinion communément admise est qu’il s’agirait de Brillant, le chat angora de S.M. le Roi Louis XV.
Nous devons à Sa Majesté le Roi Louis XV l’interdiction de la coutume barbare, conséquence des superstitions populaires associant les chats aux sorciers, de brûler les chats noirs dans les bûchers de la Saint-Jean.
Le plus célèbre des chats de Louis XV était un splendide angora blanc aux yeux bleus qu’il avait appelé Brillant. Le matou avait le privilège de réveiller Sa Majesté et d’être le premier être vivant à recevoir les royales faveurs ; d’ailleurs nul autre que le monarque n’avait le droit de le caresser. Il assistait au Conseil, sur un coussin de damas cramoisi installé sur la cheminée, mais il arrivait parfois qu’il s’installât sur la table même du Conseil…
Le Roi l’avait confié aux bons soins de Louis Quentin, marquis de Champcenetz, son premier valet de chambre, qui était également gouverneur des châteaux de Meudon, de Chaville et de Bellevue. Toutefois Champcenetz, se permit un jour, comme le rapporte dans ses Mémoires, Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, qui fréquentait assidûment la cour où il possédait la noble charge d’introducteur des ambassadeurs, pour amuser la compagnie, de répandre sur les pattes de Brillant quelques gouttes d’un elixir alcoolisé qui lui fut fort désagréable puisque le royal matou se mit à sauter et courir, hors de lui. Le Roi survenant fut vivement contrarié que l’on eût osé indisposer Brillant à seule fin de s’en gausser, et la semonce qu’il fit à Champcenetz lui ôta à jamais l’envie de s’amuser aux dépens du félin.
Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) : portrait officiel de Général (1728)
[Collection Elaine et Alexandre de Bothuri].
Un autre chat de Louis XV nous est connu par un « portrait officiel » signé de Jean-Baptiste Oudry, peintre ordinaire de la vénerie royale : c’était un chat noir avec une tache blanche sur le poitrail : « la marque de l’ange ». Le Roi lui avait donné le nom de Général. Mais je n’ai pas trouvé d’anecdote particulière à son sujet, jusqu’à présent du moins.
Doit-on voir dans la manière dont Jean-Baptiste Oudry l’a portraituré que Sa Majesté l’admettait au partage de ses chasses ? Nous ne pouvons l’exclure… Nous autres, chats, sommes naturellement des chasseurs et cela nous fait un point commun important avec les rois.
Avez-vous vraiment conscience que nous autres, vos félins domestiques, nous ne sommes pas uniquement des prédateurs pour les nuisibles qui pourraient occasionner des dégâts matériels dans vos maisons ?
Chasseurs, nous le sommes aussi dans une dimension psychologique et spirituelle, parce que le Bon Dieu nous a également dotés de la capacité de chasser de l’âme des humains avec lesquels nous avons développé une relation affective pleine de confiance, les humeurs sombres, la mélancolie, la tristesse, l’acédie, et, de ce fait, certaines tentations même !
Feu le Maître-Chat Lully fut ainsi, pas seulement pour son papa-moine (qui est devenu le mien aujourd’hui), mais aussi pour nombre de ses lecteurs. J’espère – et je l’ambitionne – marcher sur ses traces, suivre ses beaux exemples, et de la sorte lui faire honneur…
Vous pouvez laisser une réponse.
Laisser un commentaire