2024-76. Le corps seul fut déposé dans le tombeau tandis que déjà l’âme de Notre-Seigneur, dans les enfers, prenait possession du fruit de Sa victoire.
Mardi de Pâques.
Comme hier, profitons de l’octave de Pâques pour lire avec foi et piété la suite des sermons sur la fête de Pâques, que l’on trouve dans le supplément aux œuvres complètes de notre Bienheureux Père Saint Augustin, en ce mardi de Pâques, voici donc ci-dessous le texte du troisième sermon de cette série : Saint Augustin y délivre un enseignement très intéressant sur la descente de Notre-Seigneur dans les enfers dans laquelle éclate déjà Sa victoire ; il montre le contraste entre le Christ humilié en Sa Passion et Sa gloire dans le ciel, puis achève son discours en commentant brièvement la triple réparation de son reniement que Saint Pierre dût accomplir auprès de Notre-Seigneur, avant d’être « réintégré » (c’est le mot qu’emploie Saint Augustin) dans sa mission de chef du Collège apostolique, dont il semble que c’était la péricope évangélique à la suite de laquelle prêchait alors le saint évêque d’Hippone [passage qui ne se trouve pas dans les Evangiles lus aux Messes de l'octave de Pâques dans le missel romain traditionnel].
La descente de Notre-Seigneur aux enfers
[anonyme du XVIIe siècle]
Le corps seul fut déposé dans le tombeau
tandis que déjà l’âme de Notre-Seigneur, dans les enfers,
prenait possession du fruit de Sa victoire.
§ 1. Le corps de Notre-Seigneur fut mis au tombeau, mais son âme vivante et unie à la Divinité, était déjà triomphante dans les enfers :
« Notre Dieu, Roi avant tous les siècles, a opéré notre salut au milieu de la terre » (Ps. LXXII, 12). En Jésus-Christ l’homme souffrait, mais la divinité agissait. L’homme a pu goûter les douleurs de la Passion, mais quelle atteinte pouvait être portée à la puissance divine ?
Dans le divin Crucifié nous trouvons la chair, le sang et l’âme, qui était la vie de Son corps, et, comme Son âme n’a pu mourir, Son corps seul a été déposé dans le tombeau.
De Son côté, cette âme toujours unie à la Divinité prenait possession du fruit de Sa victoire et tirait les élus des limbes où ils étaient renfermés.
La divinité en Jésus-Christ pouvait-elle mourir quand Son âme elle-même bravait les atteintes de la mort ? Aucune souillure ne l’avait infectée ; elle souffrit, il est vrai, puisqu’elle appartenait à l’humanité du Sauveur, mais en même temps elle partagea les gloires de la divinité.
La mort atteignit le corps de Jésus-Christ ; mais Sa divinité, triomphant du trépas, Se couronna des dépouilles de la mort et les transporta glorieuses dans les cieux. A Son approche les vertus célestes interpellent les princes de la mort en ces termes : « Princes, élevez vos portes, et vous, portes éternelles, élevez-vous, et le Roi de gloire entrera » (Ps. XXIII, 6). Le Seigneur Jésus fait briller la lumière de la vérité aux yeux de ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort, et leur annonce la délivrance. A la vue de leur triomphateur rayonnant de tant de gloire, les auteurs de la mort s’écrient d’une voix craintive : « Quel est ce roi de gloire ? » Et ils reçoivent cette réponse : « C’est le Seigneur fort et puissant, c’est le Seigneur puissant dans la guerre » (Ps. XXIII, 8).
O guerre enfin terminée ! Guerre sur la terre, guerre dans les enfers ! Par Son innocence Jésus-Christ a vaincu le siècle, et par Sa mort Il a vaincu la mort.
§ 2. Contrastes entre les humiliations de la Passion et la gloire qui en découle :
« Voici que le lion de la tribu de Juda a vaincu » (Apoc. V, 5) ; Il a délivré ceux que le démon retenait captifs et, en revenant des limbes, Il emmenait avec Lui le butin qu’Il avait fait sur la mort. Tel est Celui qui « n’ayant ni forme ni beauté » (Is. LIII, 2) a montré dans Sa résurrection non seulement de la beauté, mais de la force ; Il paraissait faible dans la lutte, mais Il Se montra fort dans le succès ; Il paraissait méprisable dans Son corps humilié, mais Il Se montra puissant dans le combat ; la mort Le couvrit de honte, mais la résurrection L’inonda de splendeur ; Il sortit du sein de Sa Mère dans toute la blancheur de l’innocence, et, sur la croix, Il parut tout couvert de Son sang ; dans les opprobres Il parut anéanti, au ciel Il brille d’un éclat incomparable.
Mes frères, glorifions donc le Seigneur « qui a, jusqu’à ce point , aimé le monde » (Jean, III, 16), qu’Il n’a pas craint de verser pour lui tout Son sang.
Il est ressuscité : chaque jour cette résurrection nous est attestée par le témoignage des évangélistes. Il est sorti glorieux du tombeau, et « voici qu’Il est avec nous, tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles » (Matth. XXVIII, 20).
§ 3. Pierre dut expier son triple reniement pour être réintégré dans sa charge :
L’Evangile vient de vous apprendre également que le Sauveur a confié au bienheureux Pierre la conduite de Son troupeau : Pais Mes brebis avec discipline.
Pierre, qui avait renié trois fois par crainte, est interrogé trois fois sur son amour. Pour expier sa faute, il avait déjà versé d’abondantes larmes quand le Sauveur, dans Sa Passion, abaissa sur lui Son regard, et « il pleura amèrement » (Luc, XXII, 62).
Afin donc de se réintégrer dans sa profession de foi, il dut formuler une protestation de cet amour qu’il avait perdu par crainte. C’est ainsi, mes frères, que le bienheureux Pierre confesse ouvertement Celui qu’il avait nié par crainte devant une servante ; et celui qui, en présence d’une femme, avait nié sa propre vie, accepta plus tard, pour Jésus-Christ, la mort sur la croix et mérita la palme du martyre.
Qu’il reste donc en communion avec Pierre, celui qui veut avoir part à l’héritage de Jésus-Christ, de qui nous vient toute bénédiction.
Les larmes de Saint Pierre
[anonyme de l'Ecole de Majorque XVIIe siècle - collection privée]
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