2024-52. Place particulière et unique de Saint Joseph auprès du Sacré-Cœur de Jésus (premier vendredi du mois de mars).
Premier vendredi du mois de mars.
Par le mot prédestination, on peut dire que l’on désigne ce regard de connaissance et d’amour que Dieu, depuis le belvédère de l’éternité (hors de toute temporalité), pose sur l’immense panorama de Ses créatures immergées dans la continuité des siècles, comme une sorte de premier acte dans l’appel à l’existence qu’Il leur lance, parmi la multitude des êtres possibles, avec l’assignation d’une destinée particulière entre toutes les destinées possibles.
Dans ce choix, et avant tout, Dieu prévoit l’organisation de l’ensemble : « En un commencement était le Verbe… Et le Verbe S’est fait chair… » (prologue de l’Evangile de Saint Jean).
A l’origine de Sa création, Dieu contemple amoureusement le Premier-Né de toutes créatures, Son Fils unique, non pas seulement dans l’engendrement des perpétuelles éternités, mais aussi dans Sa venue dans la chair qui Lui vaudra une innombrable lignée de fils adoptifs : les rachetés, sauvés par le Sang du Verbe incarné, assimilés à Lui, intégrés à Son Corps Mystique, le « Christ total » selon la géniale expression de notre Bienheureux Père Saint Augustin.
Ce « Christ total » est le premier objet de la prédestination dans le dessein du Père Créateur : « Tout a été créé en Lui et par Lui » (Col. I, 16). Dans cette vue d’ensemble créatrice, le chef d’œuvre existe déjà avec ses éléments : le Corps Mystique est organisé avec tous ses membres : le Christ Jésus Notre-Seigneur étant la Tête.
Et puisque, de toute éternité, le Sauveur et Seigneur Jésus-Christ devait être un enfant, ce Fils de l’homme a nécessairement auprès de Lui une Mère.
Et à leurs côtés, il convenait aussi, de toute éternité, qu’il y eût un homme qui remplît auprès de Lui et auprès d’Elle le rôle du père et de l’époux : Saint Joseph.
De la même manière que le Verbe qui S’incarnerait a possédé la divine Sagesse au commencement de Ses voies (cf. Prov. VIII, 22), ainsi a-t-Il aussi possédé Marie, ainsi a-t-Il aussi possédé Saint Joseph.
Il l’a pensé, Il l’a voulu, Il l’a créé, Il l’a établi, Il l’a intronisé pour qu’il présidât à l’aurore des voies humaines du Verbe incarné.
Et comme le Verbe Eternel a un Cœur, le Sacré-Cœur, symbole expressif et naturel de Son amour, symbole de Son Amour de Sauveur, Dieu en pensant, voulant, et créant Saint Joseph, lui a, en même temps, assigné une place particulière et unique auprès du divin Cœur de Jésus.
D’une manière assez naturelle et habituelle, les traits du visage d’un enfant rappellent ceux de son père, et il n’est pas rare non plus que son tempérament hérite de quelque chose des particularités intellectuelles et morales de ce père.
Mais lorsque celui auquel est assigné le rôle de père est Saint Joseph et que le fils est Notre-Seigneur Jésus-Christ, alors c’est celui qui a été choisi pour remplir cette place du père qui ressemble au fils – le Fils Premier-né de toutes créatures -, dans Lequel « il a plu au Père que toute plénitude habitât » (Col. I, 19) : le Saint des saints, prototype de toutes les perfections humaines et modèle de toute sainteté (cf. 1 Petr. I, 15-16).
Il appert donc, en toute logique divine, que le cœur de Saint Joseph est, après celui de Notre-Dame, celui qui est le plus proche du Cœur de Jésus, celui qui ressemble le plus au Sacré-Cœur du Fils de Dieu incarné.
Saint Bernardin de Sienne rappelle avec raison que Dieu a coutume de proportionner les grâces qu’Il accorde à Ses créatures aux fonctions auxquelles Il les appelle. Il est donc tout à la fois aisé et vertigineusement indicible – tant cela dépasse nos capacités de compréhension – de se représenter, au moins d’une manière générale, quelles furent les prévenances et grâces du Père éternel envers Saint Joseph, élu au ministère d’époux de la Très Sainte Mère de Dieu et de père adoptif du Rédempteur.
Vivant pendant trois décennies dans une union et une intimité croissantes et sans pareilles avec Jésus et Marie, Saint Joseph a, de toute évidence, atteint une plénitude de communion avec le Cœur adorable de Notre-Seigneur. Physiquement, dans les jours de sa vie ici-bas et à un degré infiniment supérieur à ce qui fut mystiquement donné à Sainte Gertrude d’Helfta (cf. > ici), il lui a été donné d’éprouver « d’ineffables délices en percevant les pulsations du Sacré-Cœur ».
Puisse donc le mois de Saint Joseph, en nous faisant honorer et prier Saint Joseph avec une dévotion accrue, nous permettre dans le même temps, par son intercession et à l’exemple de son cœur très pur, d’entrer dans une intimité et communion toujours plus grandes avec le divin Cœur de Jésus !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur
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