2024-50. 28 février 1794 : le massacre du Petit Luc (Les Lucs-sur-Boulogne).
- 28 février 1794 -
La chapelle Notre-Dame du Petit Luc
érigée au XIXème siècle à l’emplacement du chœur de l’église du Petit-Luc
où fut perpétrée la part la plus importante du massacre du 28 février 1794
L’abominable événement que nous commémorons en ce jour fait figure de symbole et, en quelque manière, il synthétise, à lui seul et en un seul lieu, toute l’horreur des « colonnes infernales » en Vendée, et de l’impitoyable répression organisée, voire systématisée, des hommes de la révolution contre le peuple d’une manière générale.
Il représente de la sorte une espèce de prototype de tous les massacres de populations civiles perpétrés au nom des idéologies totalitaires qui se succèdent depuis la grande révolution en laquelle elles trouvent toutes leur origine, qu’elles soient dites « de droite » ou « de gauche ».
Cet horrible massacre – accompli au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, des droits de l’homme, et de ces « valeurs de la république » dont on nous rebat les oreilles – est parfaitement documenté, à la différence – malheureusement ! – de nombreux autres événements du même type, puisque il est très loin d’être un cas unique. J’insiste : non seulement en Vendée, mais sur toute la terre de France, et même au-delà puisque les « idéaux révolutionnaires » colportés dans toute l’Europe par le Buonaparte et ses troupes, y produisirent les mêmes effets, les mêmes atrocités.
On le sait, en janvier 1794, le Comité de salut public avait accordé au général Turreau l’autorisation de faire parcourir le territoire de la Vendée militaire par douze colonnes mobiles chargées de tout mettre à feu et à sang sur leur passage, même si, à cette date, les débris de la grande Armée catholique et royale de l’Ouest avaient été anéantis à Savenay. Mais le seul fait que le peuple catholique de ces provinces ait osé se révolter, au nom de sa foi persécutée, constituait un crime impardonnable aux yeux des fanatiques de l’ « ordre nouveau » fondé sur l’idéologie des « Lumières » - ces prétendues lumières allumées au feu de l’enfer puisqu’elles refusaient celles de la Révélation chrétienne et ne pouvaient tolérer qu’on affirmât le primat de la Loi divine sur les lois de la république !
S’opposer à la bienfaisante régénération révolutionnaire c’était (et demeure de nos jours) s’exclure des cadres de la nation et de la liberté, cesser d’être un citoyen, et n’être plus qu’une forme de sous-homme, d’animal nuisible à éradiquer.
La logique révolutionnaire, aujourd’hui comme hier, est « sanitaire » ; elle est « hygiénique » ; elle ne fait que « nettoyer » le corps social de dangereux parasites. La manière de penser des « grands esprits » de la révolution est identique à celle des nazis ou des bolcheviques, et les incendiaires d’Oradour-sur-Glane ne sont en définitive que les petits frères des soldats de la révolution…
Lorsque donc le 28 février 1794, deux colonnes placées sous les ordres du général Cordelier longent l’une la rive droite et l’autre la rive gauche de la Boulogne, fusillant hommes et bêtes, incendiant fermes isolées et hameaux, pillant, torturant et violant, ils ne font somme toute qu’une opération de « routine » révolutionnaire pour le bien de la nation.
Lorsqu’elles approchent des paroisses du Grand Luc et du Petit Luc (ce sont alors deux paroisses distinctes : la commune des Lucs-sur-Boulogne est le résultat de la fusion des deux), elles ont déjà des centaines et des centaines de morts et de crimes qui les recommandent à la reconnaissance de la nation.

Plus de cinq-cents fidèles des paroisses du Grand Luc et du Petit Luc (on ne parle jamais des Lucs, au pluriel, avant la révolution), absolument sans défense, ont couru chercher refuge aux pieds de la Très Sainte Vierge, dans l’église Notre-Dame du Petit Luc.
Se souvenant que le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis, l’abbé Louis-Michel Voyneau, curé septuagénaire du Petit Luc, réfractaire dont la tête est mise à prix, s’avance alors au-devant des Bleus offrant sa vie pour obtenir que ses paroissiens soient épargnés. Mais « la pitié n’est pas révolutionnaire ». Il est longuement torturé : en particulier on lui tranche les doigts qui ont reçu l’onction sacrée pour tenir la Sainte Hostie, pour absoudre et pour bénir ; on lui tranche la langue, dont la parole annonçait l’Evangile, enseignait les préceptes divins, faisait descendre le Bon Dieu sur l’autel ; enfin, à coups de sabre, on lui ouvre la poitrine pour en arracher le cœur…
Son héroïque sacrifice ne sauvera toutefois pas son troupeau.
Cordelier et ses soudards montent jusqu’à l’église Notre-Dame, et, dans une lettre écrite par l’un des soldats au soir de cette journée : « Aujourd’hui journée fatigante, mais fructueuse. Pas de résistance. Nous avons pu décalotter à peu de frais toute une nichée de calotins. Nos colonnes ont progressé normalement ».
Rien n’a échappé au massacre, à balles et à coups de baïonnettes. Pas un survivant parmi ces centaines de vieillards, hommes, femmes et enfants, dont on retrouvera, avec leurs ossements, les insignes du fanatisme : croix, chapelets et scapulaires du Sacré-Cœur.
Pour terminer leur fructueuse besogne, les Bleus incendient l’église et tirent dessus au canon, pour être bien sûr que personne n’échappe au brasier. Ensuite, méticuleusement, ils écument toutes les maisons, tous les hameaux, toutes les fermes et métairies, battent les haies et massacrent encore et encore tout ce qu’ils peuvent trouver d’humains et d’animaux : la colonne a progressé normalement.

Quelques jours plus tard, le jeune curé du Grand Luc, l’abbé Charles-Vincent Barbedette, aumônier auprès des troupes du Chevalier de Charette, informé du massacre, revient dans sa paroisse et se rend sur les lieux : il se met en devoir de donner une sépulture aux 563 cadavres qu’il dénombre sur les lieux et dont il dresse une liste précise (on donne souvent le nom de 564, mais c’est parce qu’en fait l’abbé a mentionné deux fois la même personne), une liste qui nous est parvenue en grande partie.
En grande partie seulement car, aujourd’hui, un feuillet a été perdu et nous n’avons plus que 459 noms : ceux de 80 hommes et 127 femmes âgés de 10 à 49 ans, de 124 personnes de plus de 50 ans, et de 127 enfants de moins de 10 ans (« 110 tout petits enfants qui n’avaient pas l’âge de raison » écrit aussi l’Abbé). Le plus jeune avait 15 jours, le plus âgé 84 ans.
Des plaques de marbre, sur lesquelles ont été gravés tous ces noms, sont fixées sur les murs de la chapelle, construite dans la seconde moitié du XIXème siècle et qui occupe l’emplacement du chœur de l’église Notre-Dame du XIème siècle détruite ce 28 février 1794.
Des démarches ont été entreprises, dans la première moitié du XXème siècle en vue d’une éventuelle béatification des « 110 tout petits enfants qui n’avaient pas l’âge de raison », ces « Saints Innocents de la Vendée martyre », massacrés ici uniquement en haine de la foi catholique, puisque on ne peut arguer de motifs politiques à la mise à mort d’enfants de moins de sept ans. Des âmes ardentes œuvrent de nous jour pour que soit relancée l’instruction de cette cause de béatification, un temps en sommeil, et, depuis plusieurs années déjà, un pèlerinage vers cette chapelle est maintenant organisé et se développe doucement, avec la bénédiction de Monseigneur l’Evêque de Luçon.
Au jour anniversaire de leur martyre, prenons le temps de nous recueillir en méditant sur l’exemple que l’abbé Louis-Michel Voyneau et ses paroissiens donnent à nos temps : l’exemple qu’ils donnent à chacun de nous, catholiques qui souffrons aujourd’hui d’une autre forme de persécution, et demandons-leur de nous obtenir la grâce d’une totale cohérence et d’une absolue fidélité, quoi qu’il doive nous en coûter.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur
PS : Feu le Maître-Chat Lully avait déjà évoqué ce massacre lors d’une chronique en 2014, vous pouvez retrouver ce texte > ici

Prière pour demander leur béatification
Seigneur Jésus, qui avez couronné de l’auréole des martyrs les petits enfants de Bethléem immolés à Votre place par Hérode, daignez nous accorder la Glorification des petits enfants des Lucs, victimes de l’impiété révolutionnaire.
N’est-ce pas en haine de Votre nom qu’ils furent eux aussi massacrés, nouveaux Saints Innocents de cette paroisse justement surnommée le Bethléem de la Vendée ?
Nous Vous supplions donc, ô Divin Ami des enfants, d’exaucer les prières que nous adressons à ces petits anges, afin que, bientôt, la Sainte Eglise puisse les donner pour modèles aux petits enfants de chez nous.
Nous Vous demandons encore, ô Jésus, que l’exemple de leur mort nous apprenne l’amour de Votre Sacré6Cœur et la vraie dévotion au Rosaire, et que leur céleste protection nous aide à montrer dans toutes les actes de notre vie une fidélité chrétienne digne de nos pères.
Ainsi soit-il.
Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous !
Notre-Dame du Petit-Luc, Reine des Martyrs, priez pour nous !
Imprimatur : Luçon, le 22 décembre 1961. + A.M. Cazaux, Evêque de Luçon.

Vous pouvez laisser une réponse.


Beaucoup de massacres de pauvres paysans chrétiens. C’est honteux !
Rien d’autre à dire.
… parmi tant d’autres massacres, l’un des plus horribles, insoutenable!