2024-49. De la Bienheureuse Julie de Certaldo, vierge de l’Ordre de Saint Augustin, qui vécut trente ans dans une stricte réclusion.

25 février (le 26 les années bissextiles),
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de la Bienheureuse Julie de Certaldo, vierge ;
En France, fête de la Bienheureuse Isabelle de France, vierge.

Certaldo - vue actuelle - blogue

Certaldo, en Toscane (état actuel)

       A environ neuf lieues au sud-ouest de Florence, Certaldo est une très ancienne ville de Toscane, d’origine étrusque. C’est aussi la ville où l’on peut visiter la maison familiale de l’une des figures les plus importantes du paysage littéraire européen du XIVème siècle, le poète Boccace (Giovanni Boccacio 1313-1375) dont la tombe se trouve dans l’église des Saints Jacques et Philippe, église qui fut celle d’un couvent d’Ermites de Saint-Augustin jusqu’au XVIIIème siècle.

   Or, dans cette même église, se trouvent également les restes mortels de la céleste protectrice de la cité : la Bienheureuse Julie de Certaldo (Beata Giulia da Certaldo), qui est l’exacte contemporaine de Boccace, puisqu’elle est née en 1319 ou 1320, et qu’elle a rendu son âme à Dieu le 9 janvier 1367.
Toutefois les calendrier et bréviaire traditionnels de l’Ordre de Saint Augustin n’ont pas retenu le 9 janvier pour la fête liturgique de cette Bienheureuse tout-à-fait exceptionnelle, mais l’ont assignée au 25 février.

   La cité de Certaldo, elle, préfère fêter solennellement sa sainte patronne aux beaux jours : c’est donc le premier dimanche de septembre qu’est célébrée sa solennité, avec une procession au cours de laquelle « i Cavalieri di Beata Giulia : les Chevaliers de la Bienheureuse Julie » (de fondation relativement récente) portent sa châsse dans les rues de la vieille ville au milieu d’un assez grand concours de peuple, jusqu’à une grande église de la ville basse où elle fait l’objet d’une vénération solennelle jusqu’au mercredi, jour où la procession se reforme pour ramener la châsse dans son église des Saints Jacques et Philippe.

Certaldo - autel de la Bienheureuse Julie dans l'église des Saints Michel et Jacques - blogue

Autel de la Bienheureuse Julie au-dessus de la châsse dans laquelle est exposé son corps,
dans l’église des Saints Jacques et Philippe, à Certaldo

   On sait peu de choses sur l’enfance et la jeunesse de la Bienheureuse Julie : une tradition constante affirme qu’elle est issue de la famille della Rena, une famille de très ancienne noblesse originaire du duché de Ferrare qui avait essaimé dans la république de Florence, mais la branche dont est issue Julie était tombée dans la pauvreté, et était venue s’enfouir dans un hameau proche de Certaldo.
Orpheline de père et de mère assez tôt, Julie dut, vers l’âge de 18 ans, entrer au service d’une famille aisée de Florence avec laquelle elle était apparentée : les Tinolfi.

   C’est à Florence, que Julie, effrayée par les tentations et occasions de péché qu’une telle ville présentait en continu, se rapprocha des Ermites de Saint Augustin, dont le couvent du Saint-Esprit était un intense foyer de spiritualité et de ferveur : elle entra dans le tiers-ordre et y fit profession alors qu’elle était âgée d’à peine vingt ans. Revêtue de l’habit des professes Augustines séculières elle fut alors poussée à revenir à Certaldo pour embrasser une vie de prière et d’austérités radicale dans une réclusion stricte.

   Son arrivée à Certaldo cependant fut marquée par un prodige : le sauvetage d’un jeune garçon prisonnier d’un bâtiment en feu. Sans se laisser effrayer par l’incendie, Julie se précipita dans les flammes et ressortit indemne en portant l’enfant, lui aussi totalement sauf et sans brûlures.

   Ce fut le moyen que Dieu avait choisi pour la signaler à l’attention de ses concitoyens qui, apprenant à quelle vie l’appelait sa vocation propre, construisirent pour elle et selon ses indications, une cellule accolée à la sacristie de l’église des Saints Jacques et Philippe.
Cette cellule n’avait que deux ouvertures, munies de grilles : l’une donnait sur le sanctuaire de l’église et lui permettait de suivre les fonctions sacrées qui y étaient accomplies, et l’autre donnait à l’extérieur, aménagée comme une sorte de tour de monastère, pour recevoir la nourriture dont la piété populaire lui ferait l’aumône.

   Julie fit placer un crucifix sur le mur de cette cellule, et, une fois qu’elle y fut entrée, les maçons murèrent la porte, l’enfermant dans cet espace restreint pour le restant de ses jours.

Reconstitution de la cellule de recluse de la Bienheureuse Julie

Certaldo : les restes de la cellule de la Bienheureuse Julie.

   Pendant une trentaine d’années, la Bienheureuse Julie ne quitta jamais son petit « ermitage ». Pendant une trentaine d’années, elle y mena dans une héroïque persévérance cette vie de prière et d’ascèse à laquelle Dieu l’avait appelée. Une trentaine d’années ! On ne peut pas envisager que cela ait pu se faire autrement qu’avec le soutien de grâces mystiques particulières.

   Les Chartreux sont enfermés dans une maisonnette à laquelle est accolé un jardinet, qu’ils peuvent cultiver s’ils le souhaitent ; ils traversent le grand cloître pour se rendre à l’église ; ils ont une forme d’exercice physique lorsqu’ils coupent le bois avec lequel ils se chauffent ; et ils sont tenus à une promenade hebdomadaire en communauté. Les carmélites et autres moniales cloîtrées ont les arcades d’un cloître, un verger, un jardin depuis lesquels, même s’ils sont clos de hauts murs, elles peuvent contempler le ciel, et dans lesquels elles peuvent recevoir les caresses du vent et du soleil…

   Julie, pendant une trentaine d’années, n’eut rien de cela.
Confinée dans quelques mètres carrés, pendant une trentaine d’années elle ne put apercevoir le ciel qu’à travers l’espace restreint et grillagé du tour par lequel elle recevait quelque nourriture. Point d’exercice, point de promenade, point de jardinage…
Rien d’autre que quatre murs, avec un grand crucifix, et un plafond bas. Rien d’autre que deux petites ouvertures lui permettant d’entrevoir d’un côté le saint autel et, de l’autre, les silhouettes à contre jour de ceux qui lui faisaient la charité d’une pauvre pitance pour soutenir la vie d’un corps auquel ne fut, pendant une trentaine d’années, accordé que le strict minimum…
Quel équilibre psychologique et surnaturel cela ne révèle-t-il pas !

Bienheureuse Julie de Certaldo - blogue

   Dieu a gardé pour Lui, et pour Lui seul, jusqu’au jour du Jugement général où tout sera dévoilé à la claire vue de tous, les trente années de prière et de pénitence, et, sans nul doute aussi, de combats contre les tentations et les illusions diaboliques, de la vie de la Bienheureuse Julie : c’est le secret du Roi qu’il est bon de cacher (cf. Tobie XII, 7).

   Il est néanmoins un fait révélateur que la tradition nous a conservé, un fait en apparence anecdotique qui en dit cependant beaucoup sur l’intimité amoureuse qui unissait Julie à Notre-Seigneur Jésus-Christ, ainsi que sur les délicatesses avec lesquelles Il répondait à l’héroïsme et à la persévérante fidélité de Son épouse : aux bienfaiteurs qui lui venaient, par charité, apporter quelque nourriture, la Bienheureuse Julie, qui n’avait pas de jardin, offrait en retour, en toutes saisons, de magnifiques fleurs fraîches.

tableau de la mort de la Bienheureuse Julie

Tableau anonyme du XVIIe siècle, récemment restauré,
désormais exposé au-dessus de l’autel de la Bienheureuse Julie
dans l’église des Saints Jacques et Philippe à Certaldo,
et représentant la découverte du corps mort de la sainte recluse,
le 9 janvier 1367

   Le 9 janvier de l’an de grâce 1367 [d’autres parlent de 1370], sans qu’il y eût le moindre clocheron ou carillonneur, bedeau ou sacristain pour les mettre en branle, toutes les cloches de Certaldo se mirent à sonner en même temps forçant les habitants et les gens des hameaux proches à sortir de chez eux, se demandant ce qui se passait.
Point d’incendie, point de bande armée en vue, point de menace d’orage ou de tempête… : ils comprirent vite que c’était un signe surnaturel, et qu’il devait être en rapport avec la sainte recluse.

   Ils se précipitèrent donc vers l’ermitage, appelèrent la Sœur Julie, et, n’obtenant pas de réponse, entreprirent de pratiquer un trou dans la muraille.
Ils trouvèrent la Bienheureuse sans vie : son corps n’était pas affaissé mais demeurait à genoux devant son crucifix, et de son visage des rayons semblaient émaner.
Un vase de fleurs fraîches se trouvait à ses côtés.

   Autour de son corps exposé dans l’église, puis lors des funérailles, suivies par une multitude de fidèles, des miracles se produisirent. Elle fut inhumée dans l’église et, dès 1372, un autel fut érigé au-dessus de sa tombe.

   A de nombreuses reprises, jusqu’à nos jours, le recours officiel de la municipalité de Certaldo à la protection de la Bienheureuse Julie a éloigné de la ville les pestes et épidémies, et son invocation a conjuré les dangers météorologiques qui menaçaient les cultures.
Lorsque des pluies risquent de devenir dévastatrices ou que la grêle paraît imminente, l’usage est de sonner les cloches de l’église des Saints Jacques et Philippe, et, partout où le son de la cloche est entendu, les champs, les vergers et les jardins ne subissent aucun dommage.

Buste reliquaire de la Bienheureuse Julie 1652-53 - blogue

Buste reliquaire en argent de la Bienheureuse Julie
(œuvre de l’orfèvre florentin Paolo Laurentini en 1652-53) 

     Le culte immémorial et continu de la Bienheureuse Julie della Rena de Certaldo a été confirmé par le pape Pie VII le 18 mai 1819.

Châsse de la Bienheureuse Julie - blogue

Châsse de la Bienheureuse Julie della Rena
dans l’église des Saints Jacques et Philippe de Certaldo

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 26 février 2024 à 11 h 07 min Goës écrit:

    Surnaturel ! toujours le surnaturel, auquel nos dirigeants actuels ne croient pas (disciples de la déesse raison).

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