2024-37. Méditation pour le mercredi des Cendres.
Mercredi des Cendres (férie privilégiée).
Présence de Dieu :
Je me mets en Votre présence, ô Seigneur, afin que Votre lumière illumine pour moi les vérités éternelles et éveille en mon âme un sincère désir de conversion.
Méditation :
1 – « Tu es poussière, et tu retourneras en poussière » (Gen. III, 19). Ces paroles, prononcées pour la première fois par Dieu, et adressées à Adam à la suite du péché commis, sont répétées aujourd’hui par l’Eglise à chaque chrétien, afin de lui rappeler deux vérités fondamentales : son néant et la réalité de la mort.
La poussière – la cendre que le prêtre dépose aujourd’hui sur ton front – n’a pas de consistance : un souffle léger suffit pour la disperser ; elle exprime fort bien le néant de l’homme : « O Seigneur, mon être est comme un néant devant Vous ! » (Ps. XXXVIII, 6), s’exclame le Psalmiste. Comme ton orgueil, ta superbe, ont besoin de saisir cette vérité, de comprendre qu’en toi tout est néant. Tiré du néant par la puissance créatrice de Dieu, par l’amour infini qui a voulu te communiquer Son être et Sa vie, tu ne peux rejoindre éternellement ton Dieu sans passer par l’obscure réalité de la mort, à cause du péché. Conséquence et châtiment du péché, la mort est, de par soi, amère et douloureuse ; mais Jésus, qui a voulu Se rendre semblable en tout à nous, donne à tous les chrétiens, en Se soumettant Lui-même à la mort, la force de l’accepter par amour. Quoi qu’il en soit, la mort subsiste ; et tu dois la considérer, non pour te troubler, mais pour t’exciter au bien. « En toutes tes œuvres, souviens-toi de tes fins dernières, et tu ne pécheras jamais » (Eccli. VII, 40). La pensée de la mort te met devant les yeux la vanité des choses terrestres, la rapidité de la vie – « tout passe, Dieu seul demeure » – et dès lors te stimule à ne t’attacher à rien, à mépriser toute satisfaction terrestre, pour chercher Dieu seul. Elle te fait comprendre que « tout est vanité, hors aimer Dieu et Le servir Lui seul » (Imit. I, II, 3).
« Souviens-toi que tu n’as qu’une seule âme, que tu dois mourir une seule fois… et tu seras détaché de bien des choses » (Sainte Thérèse de Jésus, in « Avis aux moniales » 68), c’est-à-dire que tu abandonneras tout ce qui n’a pas valeur d’éternité. Seuls l’amour et la fidélité à Dieu comptent pour l’éternité : « Au soir de ta vie, tu seras jugé sur l’amour » (Saint Jean de la Croix, in « Avis et Maximes » 57).
2 – Toute la liturgie d’aujourd’hui est une invitation à la pénitence. Durant l’imposition des cendres on chante : « Changeons de vêtements, couvrons-nous de cendres et du cilice ; jeûnons et pleurons devant le Seigneur« . C’est invitation à la pénitence corporelle, particulièrement prescrite pour ce temps ; mais immédiatement suit l’invitation à la conversion : « Réparons les péchés commis ». Le but de la mortification physique est la pénitence spirituelle, à savoir l’humilité, l’aveu de nos fautes, la componction du cœur, la réforme de la vie.
Telle est la pensée dominante de ce jour. Nous lisons dans l’épître : « Voici ce que dit le Seigneur : Convertissez-vous à Moi de tout votre cœur, dans le jeûne, dans les larmes et dans les gémissements. Déchirez votre cœur, et non vos vêtements ». La componction, la conversion du cœur se trouve au premier plan parce que, si la pénitence corporelle ne vient pas d’un cœur contrit, elle n’a aucune valeur. Mais d’autre part, la pénitence corporelle prépare l’âme à la conversion, en tant qu’elle est le moyen d’y arriver. « O Dieu, chante la préface du temps, par le jeûne corporel, Vous réprimez le péché, élevez l’âme, et donnez force et récompense ».
Qui veut arriver à la fin – qi est le renouvellement de l’esprit – doit embrasser volontiers le moyen qui y conduit, c’est-à-dire la pénitence corporelle. Ces deux éléments ne sont jamais séparés : la componction du cœur valorise la pénitence corporelle, et celle-ci engendre et exprime la componction du cœur.
L’Evangile nous dit ensuite que toute pénitence doit être accomplie avec sincérité, joyeusement et sans vaine ostentation : « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre comme font les hypocrites, qui défigurent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu’ils jeûnent ». La vanité, la superbe, rendent inutiles et quelquefois même préjudiciables jusqu’aux plus austères pratiques de pénitence : elles en détruisent la substance et la valeur, les réduisent à de misérables enveloppes extérieures privées de tout contenu. C’est pourquoi, lorsque tu mortifies ton corps, veille à mortifier encore davantage ton amour-propre.
Colloque :
»O Jésus, qu’elle est longue la vie de l’homme, bien qu’on la dise brève ! Elle est courte, mon Dieu, puisqu’il s’agit de gagner par elle une vie sans fin ; mais elle est très longue pour l’âme qui aspire à être rapidement avec Vous.
O mon âme, tu entreras donc dans ton repos, quand tu t’abîmeras dans ce souverain Bien, que tu connaîtras ce qu’Il connaît, aimeras ce qu’Il aime et jouiras de Sa félicité. Alors ta volonté ne sera plus inconstante ni sujette au changement… et tu ne cesseras plus de jouir de Lui et de Son amour… Bienheureux ceux dont le nom est inscrit dans le livre de vie ! Si le tien s’y trouve, pourquoi es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me troubles-tu ? Espère en Dieu à qui je confesserai encore mes péchés et dont je proclamerai les miséricordes. Je lui composerai un cantique de louanges et ne cesserai de faire monter mes soupirs vers Vous, mon Sauveur et mon Dieu. Un jour viendra peut-être, où ma gloire Vous chantera, sans que ma conscience éprouve l’amertume de la componction, dans ce séjour où les larmes et les craintes auront cessé pour toujours. O Seigneur, j’aime mieux vivre et mourir dans l’espérance et dans l’effort pour l’acquisition de la vie éternelle, que posséder toutes les créatures et leurs biens périssables. Ne m’abandonnez pas, ô Seigneur ! J’espère en Vous et mon espérance ne sera pas confondue. Donnez-moi la grâce de Vous servir toujours et disposez de moi comme il Vous plaira ! » (Sainte Thérèse de Jésus, in « Exclamations » XV & XVII).
Si le souvenir de mes infidélités me tourmente, je me rappellerai, ô Seigneur, que « dès que nous nous repentons de Vous avoir offensé, Vous oubliez tout péché et toute malice. O bonté vraiment infinie ! Que peut-on désirer de plus ? Qui ne rougirait de honte de Vous en demander autant ? C’est maintenant le moment favorable d’en profiter, mon miséricordieux Seigneur, en acceptant ce que Vous nous offrez. Vous voulez notre amitié. Qui Vous la refusera, alors que Vous n’avez pas refusé de verser tout Votre Sang pour nous, en sacrifiant Votre vie ? Ce que Vous demandez n’est rien ! Tout mon intérêt est de déférer à Votre désir » (Ibid. XIV).
Rd. Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine o.c.d.
in « Intimité divine ».
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Seigneur, Vous approcher en faisant pénitence, en suivant ce Carême du mieux possible, et sentir l’ardent amour de Votre Sacré-Coeur embraser le nôtre, quelle joie !