2024-30. De Sainte Aldegonde de Maubeuge, que l’on fête le 30 janvier.

30 janvier,
Fête de Sainte Bathilde, Reine des Francs, veuve et moniale (cf. > ici) ;
Fête de Sainte Aldegonde de Maubeuge, vierge et abbesse ;
Anniversaire du rappel à Dieu de SM le Roi Alphonse II (cf. > ici),
et de l’avènement de SMTC le Roi Louis XX.

Sainte Aldegonde gravure XVIIe siècle - blogue

Sainte Aldegonde
représentée sur une gravure du XVIIème siècle

       En sus de la fête de Sainte Bathilde, Reine des Francs, le 30 janvier est, localement, le jour de la fête de Sainte Aldegonde, vierge et abbesse, fondatrice d’une abbaye de chanoinesses à double cloître (c’est-à-dire que l’abbaye des femmes avait à côté d’elle un prieuré de chanoines dont le ministère sacerdotal s’exerçait auprès des Dames chanoinesses, et qui était sous l’autorité de l’abbesse) qui sera à l’origine de la ville de Maubeuge.
La vie de Sainte Aldegonde ne nous révèle pas seulement une âme privilégiée, favorisée de grandes grâces mystiques, mais nous montre aussi de quelle admirable manière la conversion de Clovis et de son peuple a été suivie d’une floraison de très grands saints, qui forment parfois de véritables « dynasties » : Sainte Aldegonde, sœur puinée de Sainte Waudru, est fille de Saint Walbert et de Sainte Bertille ; ses nièces Aldetrude et Madelberte qui lui succédèrent comme abbesses sont aussi des saintes !

   Nous sommes infiniment reconnaissants à Monsieur Patrick Martin, jeune historien namurois qui nous honore de son amitié et auquel nous devons déjà la publication d’un article sur Sainte Begge, trisaïeule de Saint Charlemagne (cf. > ici), de nous avoir communiqué l’article suivant, d’abord destiné à la revue « Pour qu’Il règne » (revue du district du Bénélux de la Fraternité St-Pie X), qu’il nous a fort aimablement autorisés à reproduire dans les pages de notre modeste blogue.

Sainte Aldegonde - détail d'un tableau de 1658 au trésor de la collegiale de Mons

Sainte Aldegonde,
représentée sur une toile de 1658
conservée au trésor de la collégiale de Mons (Belgique)

Vie et gloire d’une grande sainte du Hainaut :
sainte Aldegonde (630-684),
la fondatrice de Maubeuge

par Patrick Martin, historien

       Le 30 janvier, le calendrier ecclésiastique mentionne la fête de sainte Martine, une grande martyre de Rome, décédée en 228. Cependant, dans les calendriers particuliers aux diocèses de Cambrai et Tournai, nous trouvons la fête de sainte Aldegonde, patronne de la ville de Maubeuge (dans le Nord de la France). Cette grande sainte du VIIe siècle, très vénérée dans nos régions, est également la patronne de plusieurs paroisses belges, citons, par exemple, celles de As, Baisieux, Balâtre, Ecaussinnes, Feluy, Froidchapelle, Mont-Saint-Aldegonde, Ophain, Pecq, Recht, etc. Ajoutons également le fait que cette année 2024 marque le 1340ème anniversaire du rappel à Dieu de cette grande sainte hainuyère. C’est donc pour nous l’occasion de revenir sur la vie de celle qui, à l’instar de sa contemporaine Gertrude  de Nivelles, se détacha résolument des biens de ce monde pour l’amour de Jésus-Christ et embrassa la vie monastique.

   Aldegonde naquit, vers 630, à Cousolre (Nord de la France)[1]. Ses parents, Walbert et Bertille, étaient issus de la noblesse mérovingienne. Avant notre sainte, le couple avait eu la joie d’accueillir, dix ans auparavant, une première fille, Waudru. Les premières années de la vie d’Aldegonde furent marquées par l’exemple de ses parents qui cherchaient à plaire au Seigneur en toute chose. Arrivée à l’adolescence, sa mère Bertille lui parla d’un projet de mariage mais Aldegonde y répondit par son idéal de consécration total d’elle-même à Dieu dans la virginité. Sa sœur Waudru, quant à elle, s’était mariée, quelque temps auparavant, avec un noble aristocrate du nom de Madelgaire, duquel elle eut quatre enfants dont deux filles, Aldetrude et Madelberte. Après plusieurs années de mariage, les deux époux décidèrent d’un commun accord de se retirer dans la vie religieuse. Madelgaire, prit le nom de Vincent et, après avoir reçu la tonsure et l’habit monastique, fonda un premier monastère à Hautmont, puis un second à Soignies (Prov. du Hainaut). Sous la conduite de saint Ghislain, Waudru fonda un monastère à Castrilocus, qui devint le berceau de l’actuelle ville de Mons. Aldegonde se rendit, à plusieurs reprises, chez sa sœur afin d’obtenir d’elle aide et conseil dans le choix de sa vocation.

   Rentrée à Cousolre, dans la demeure familiale, Aldegonde commença à mener une intense vie de prière. A trois reprises, elle eut un songe dans lequel elle voyait la vanité des biens de ce monde et la vraie richesse que constituaient les biens du Ciel. Elle reçut du saint apôtre Jean l’assurance qu’elle serait consacrée vierge. Dans une autre vision, Notre-Seigneur lui-même daigna visiter sa future épouse et la ceindre d’une couronne sertie de pierres précieuses. Mais Aldegonde dut aussi supporter avec courage les assauts du démon, auxquels elle répondit par la fermeté dans ses résolutions et une intense prière. Finalement, la jeune femme quitta la maison de ses parents, s’enfuyant à travers bois, et arriva à l’emplacement actuel de la ville de Maubeuge.

voile de Sainte Aldegonde

Détail du reliquaire de Sainte Aldegonde (XVème siècle), à Maubeuge,
montrant la précieuse relique elle-même
surmontée d’une sculpture d’orfèvrerie représentant le Saint-Esprit donnant le voile à Sainte Aldegonde

   Pendant son séjour dans la forêt, elle apprit la présence de saint Amand, l’évêque de Maastricht, et de saint Aubert, l’évêque de Cambrai, à l’abbaye de Hautmont, fondée par son beau-frère Madelgaire. Elle se résolut donc à s’y rendre afin de faire part aux deux prélats de son désir de se consacrer au Christ. Saint Amand l’écouta attentivement et, devant la fermeté de ses résolutions et l’exemple de sa modestie, il décida de lui donner solennellement le voile des vierges, assisté par saint Aubert. D’après une tradition, au cours de la cérémonie de consécration, le Saint-Esprit apparut sous la forme d’une colombe s’empara du voile béni avec son bec pour le déposer sur la tête de la sainte. Ce voile est encore aujourd’hui conservé dans un reliquaire, datant du XVe siècle, qui se trouve aujourd’hui dans l’église paroissiale de Maubeuge.

Maubeuge - reliquaire du voile de Sainte Aldegonde

Reliquaire du voile de Sainte Aldegonde (XVème siècle)
pieusement conservé et vénéré dans l’église des Saint-Pierre et Saint-Paul à Maubeuge

   Aldegonde retourna à Maubeuge et reçut alors la visite de plusieurs jeunes filles désireuses, comme elle, de se consacrer à Dieu dans la vie monastique. Parmi celles-ci, il faut mentionner plus spécialement ses deux nièces, Aldetrude et Madelberte, qui succéderont toutes les deux à leur tante sur le trône abbatial de Maubeuge. La tradition rapporte que la nièce de saint Ursmer, évêque et abbé de Lobbes (Prov. du Hainaut), était également parmi les premières compagnes d’Aldegonde. L’abbatiat de notre sainte est marqué par de fréquentes rencontres avec sa sœur Waudru ainsi que de nombreux miracles et grâces mystiques. Aldegonde se distinguait par sa grande charité et ses larges aumônes à l’égard des plus pauvres. Elle se contentait de vêtements grossiers et délaissait les riches étoffes. Son premier biographe, au VIIIe siècle, qui fut un de ses contemporains, précise que notre sainte en vint à délaisser toute nourriture charnelle pour se nourrir uniquement de la sainte communion.

   La vie spirituelle d’Aldegonde fut émaillée, dès son plus jeune âge, d’éminentes grâces mystiques, comme nous l’avons vu. Au cours de sa contemplation, notre sainte goûtait les réalités surnaturelles et vivait en compagnie des saints du Ciel. Un jour, elle vit une jeune vierge lui dire : “Sœur très pure, la Mère du Sauveur Jésus m’envoie pour m’enquérir de tes plus chers désirs”. “O fleur admirable venue du jardin des roses, répondit Aldegonde, je ne demande rien d’autre que de pouvoir en toutes choses accomplir la volonté du Maître, cat n’a-t-il pas lui-même enseigner que pour posséder la vie éternelle, il ne fallait qu’aimer le Seigneur notre Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces et le prochain comme soi-même. A cet amour, je désire être par-dessus tout fidèle, sarment de pureté jailli des vignes éternelles !” Plaire à Dieu et garder les commandements du Seigneur, tels sont les deux principes qui régirent toute la vie d’Aldegonde. Suite à cela, l’apôtre saint Pierre lui assura que son nom était inscrit au Livre de Vie. Elle apprit également de manière miraculeuse le décès du saint évêque Amand qu’elle vit entrer dans la béatitude, parmi la joie des anges et des saints pour recevoir du Seigneur la couronne glorieuse. Les années passent, Aldegonde sent ses forces diminuer. Elle reçoit du Christ, son céleste époux, l’annonce d’une “prochaine affliction” qu’elle devra subir patiemment avant de recevoir de ce même Seigneur la récompense promise. Cette affliction prit la forme d’une tumeur au sein droit. Encore aujourd’hui, sainte Aldegonde est particulièrement invoquée par les personnes atteintes d’un cancer. Au milieu de ses souffrances, elle prit la décision de confier le récit de ses visions à un prêtre du monastère de Nivelles, dans lequel elle avait passé une partie de sa jeunesse et reçut son instruction religieuse. Aldegonde s’endormit dans le Seigneur le Samedi-Saint de l’année 684. Sa mort fut entourée de plusieurs manifestations surnaturelles. Ainsi, au moment même où l’épouse du Christ passait de cette vallée de larmes à une vie meilleure, une religieuse de Nivelles entendit comme un chœur d’anges entonner des psaumes dans l’église Saint-Pierre où se trouvait le tombeau de sainte Gertrude. Waudru raconta au premier biographe de sa sœur qu’elle reçut elle-même l’annonce du trépas d’Aldegonde par l’apparition d’une lumière luisant au-dessus de la cellule de la sainte.

église Saint-Pierre et Saint-Paul de Maubeuge avant 1940

L’abbaye de Maubeuge fut presque intégralement détruite à la révolution et dans les années qui suivirent
les reliques de Sainte Aldegonde, sauvées du vandalisme révolutionnaire,
furent pendant près d’un siècle et demi vénérées dans l’église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul
dont on voit l’intérieur sur cette photographie antérieure à la seconde guerre mondiale :
cette église a été à son tour détruite par les bombardements et a fait place a un édifice de béton,
mais les précieuses reliques de la fondatrice de Maubeuge ont été préservées.

   Aldegonde fut inhumée d’abord à Cousolre, auprès de ses parents. Le monastère fondé par ses soins se transforma, au fil des ans, en un chapitre séculier de chanoinesses. Les reliques d’Aldegonde furent, ensuite, élevées et translatées à Maubeuge, le 30 janvier d’une année que les historiens ne peuvent déterminer avec précision mais que l’on peut situer au début du VIIIe siècle, très peu de temps donc après le décès de la sainte. La date de l’élévation et de la première translation des reliques de sainte Aldegonde fut retenue pour être celle de sa commémoration liturgique. En 1039, ses reliques furent placées dans une première châsse qui fut remplacée, en 1439, puis aux XVIe et XIXe siècles. Lors de la suppression du chapitre de Maubeuge, à la fin du XVIIIe s, les reliques furent cachées et confiées à la paroisse. Malgré les guerres et les destructions, nous conservons encore les reliques de la sainte, qui se trouvent aujourd’hui dans le trésor de l’église des Saints-Pierre-et-Paul de Maubeuge. Sainte Aldegonde est encore très populaire et vénérée aujourd’hui. Chaque année, aux environs du mois de mai/juin, une grande procession rassemblant les délégations des différentes paroisses placées sous le patronage de la sainte, parcourt les rues de Maubeuge en présence d’un grand nombre de fidèles.

   Que sainte Aldegonde nous aide à rester fermes dans la foi, à repousser efficacement les tentations et à choisir résolument le Christ, “la lumière du monde” (Jn 8, 12), qu’elle intercède pour nous afin “qu’au milieu des changements de ce monde, nos cœurs demeurent fixés là où sont les joies véritables” (Oraison du 4e dimanche après Pâques).

[1] Cet article est un résumé d’un ouvrage rédigé par un moine bénédictin de l’abbaye de Wisques, intitulé Vie et gloire de sainte Aldegonde, Loos-lez-Lille, 1966 (Impr. J Wattel v.g. Cameracensi, 23 a novembris 1964), que nous avons complété par l’édition de la Prima Vita de sainte Aldegonde (VIIIe siècle) réalisée par Michel ROUCHE (Maubeuge, 1988).

Prière à Sainte Aldegonde pour demander la guérison du cancer > ici

Statue de Sainte Aldegonde dans l'église Saint-Pierre et Saint-Paul de Maubeuge - détail

Statue récente de Sainte Aldegonde
(église Saint-Pierre et Saint-Paul de Maubeuge)

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 30 janvier 2025 à 10 h 26 min Goës écrit:

    Une autre intervention du Saint-Esprit avec une colombe.

  2. le 30 janvier 2024 à 11 h 27 min Goës écrit:

    L’humilité toujours l’humilité .

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