2024-12. De Sainte Tarcisse ou Tarsitie, vierge et solitaire en Rouergue, que l’on pense être une arrière-petite-fille de Clovis.

15 janvier,
Fête de Saint Paul, premier ermite (cf. > ici) ;
Mémoire de Sainte Tarsitie (ou Tarcisse), vierge et ermite ;
Mémoire de Saint Maur, abbé et confesseur.

       Aux notices du martyrologe romain, le martyrologe de France ajoute, entre autres, la mention suivante pour ce jour du 15 janvier : « A Rodelle, en Rouergue, entre Estaing et Rodez, Sainte Tarcisse ou Tarsitie, vierge et solitaire ».

Sainte Tarcisse - blogue

       Sainte Tarsitie (pour le nom de laquelle on trouve aussi les variantes : Tarcisia, Tharcisia, Tarsitia, Tarcice) est aujourd’hui plus communément appelée Sainte Tarcisse en Rouergue, où son souvenir et son culte se sont perpétués jusqu’à nos jours, en particulier sur le territoire du village de Rodelle (sis à environ deux lieues et demi au nord de Rodez) : c’est là que se trouve la grotte qui lui servit d’ermitage, dans la seconde moitié du VIème siècle.

   Elle était fille d’Ansbert (ou Ansberg), issu de la famille aristocratique gallo-romaine des Férréol, apparentée aux Syagrii, famille non moins aristocratique de la Gaule romaine.
Ansbert se trouve mentionné dans un document, rédigé en 810 par les scribes de l’évêché de Metz, qui résume ainsi la généalogie des Carolingiens :
« Anspertus, qui était de race sénatoriale, homme célèbre et noble, prit pour femme la fille de Hlotharius, roi des Francs, appelée Blîthilt et eut trois fils et une fille. L’aîné s’appelait Arnoldus, le second Feriolus, le troisième Modéric et la fille Tarcisia. Feriolus fut évêque dans la ville d’Uzès. Moderic fut ordonné évêque d’Aristum. Arnoldus, l’aîné, engendra le seigneur (évêque) Arnulf. Le seigneur Arnulf engendra Flodulfus et Anchisus. Flodulfus est ordonné évêque. Ansichus engendra Pipinus. Pipinus engendra Karolus. Karolus quant à lui engendra le seigneur roi Pipinus. Pipinus engendra le glorieux César et très noble prince Carolus » (Commemoratio genealogiae domni Karoli gloriossimi imperatoris).

   Selon ce document donc, Ansbert, qui exerça la charge de Maire du Palais d’Austrasie (à Metz), aurait non seulement épousé Blitilde (Blîthilt) la fille de Clotaire 1er (Hlotharius), fils de Clovis, entrant ainsi dans la famille royale des Mérovingiens, mais serait aussi l’un des ancêtres des Carolingiens, par son fils Arnold (Arnoldus) duquel aurait été engendré Saint Arnoul de Metz (Arnulf – cf. > ici) ; toutefois, un nombre non négligeable d’historiens et de généalogistes actuels soulèvent des objections contre ces affirmations et en minimisent la rigueur historique : pour eux Arnold, fils d’Ansbert, ne peut pas être le père de Saint Arnoul, mais ils concèdent qu’il pourrait être un de ses aïeux ; par ailleurs ils contestent jusqu’à l’existence de Blitilde parmi les filles de Clotaire 1er.

    Sans entrer dans les querelles de spécialistes, nous nous contenterons ici de rapporter que, selon la tradition, Tarcisse serait née en 525 dans un lieu appelé Trévidon, dans les Cévennes, où sa famille possédait une grande propriété, mais elle aurait passé la plus grande partie de son enfance et de son adolescence à Metz, à proximité du palais.
Elle reçut, avec les jeunes princesses franques, une éducation soignée : l’aristocratie franque, de plus en plus alliée aux familles gallo-romaines importantes, dispensait en effet aux siens une éducation où les sciences et les arts, les philosophes et poètes, grecs et latins, étaient enseignés, à côté, bien sûr, des textes sacrés et des écrivains ecclésiastiques.
Tarcisse se faisait remarquer en outre par une précoce et profonde piété.

2 - Chapelle Sainte-Tarcisse à Rodelle - blogue

Chapelle Sainte-Tarcisse, à Rodelle (état actuel) :
on voit, sur le côté droit, l’ouverture de la grotte ermitage où s’installa la jeune princesse

   On voulut lui faire épouser un prince germain, alors que, dans le secret de son âme, elle n’aspirait qu’à la virginité consacrée. Mais les jeunes filles n’avaient guère leur mot à dire dans ces arrangements matrimoniaux qui étaient avant tout des actes diplomatiques entre grandes familles, voire le moyen d’établir des alliances politiques entre familles souveraines et princières.
C’est pourquoi, ne voulant pas trahir son idéal de consécration, Tarcisse s’enfuit de Metz, et se réfugia dans un premier temps auprès de son oncle (frère d’Ansbert), Saint Déotaire, évêque d’Aristum (note : Aristum ou Arisdium, est un évêché qui a existé aux VIème et VIIème siècle et couvrait une partie de ce que l’on appelle aujourd’hui les Cévennes gardoises, englobant les localités qui sont aujourd’hui Alès, Le Vigan, Arre et Arrigas, Meyrueis, Saint-Jean-du-Gard et Anduze, sans oublier une bonne partie du Larzac : on ignore où se trouvaient le siège et la cathédrale de cet évêché qui, en janvier 2009, a été restauré comme siège titulaire en étant attribué pour la première fois le 7 octobre 2009 à Son Excellence Monseigneur Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon).

   Cependant, demeurer auprès de son oncle ne lui permettait pas d’être en sécurité : on peut raisonnablement penser que ce fut lui qui lui donna le voile et reçut ses vœux, avant de l’engager à chercher un lieu retiré qui lui convînt, au-delà du Larzac, en Rouergue.  

   Tarcisse trouva sa thébaïde dans les bois de Rodelle : une grotte creusée dans le calcaire à l’écart du village, sans en être trop éloignée toutefois. Les chrétiens des villages voisins, qui la prirent en affection, veillaient sur elle et protégeaient sa retraite. On raconte qu’une chèvre venait d’elle-même lui offrir son lait et qu’un chien lui apportait du pain.
Parfois des moines venaient la visiter et lui prodiguer le secours des sacrements.

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Intérieur de la chapelle Sainte-Tarcisse, à Rodelle (état actuel)

   Elle mourut vers l’an 600, aussi discrètement et paisiblement qu’elle avait vécue, dans la contemplation et la solitude : le ciel se chargea lui-même de faire connaître que Sainte Tarcisse était entrée dans la gloire de son Epoux céleste, en attirant l’attention des villageois par une lumière intense qui s’élevait au-dessus du vallon de l’ermitage.
Ils accoururent en pensant que la forêt était en feu : ce n’était « que » l’image de l’ardent amour pour Dieu qui avait consumé la pieuse princesse devenue ermite, dont le corps répandait une odeur céleste.

   Les deux villages les plus proches se disputèrent la dépouille de la sainte solitaire.
L’évêque de Rodez, appelé en arbitrage, décida qu’on placerait le corps de Sainte Tarcisse sur un char attelé à des taureaux indomptés et qu’on prierait Dieu de le conduire Lui-même au lieu où Il désirait que Sa pieuse servante fût honorée… et les taureaux prirent la direction de Rodez, où, plus tard, elles furent confiées aux bénédictines de l’abbaye de Saint-Sernin sous Rodez (actuelle commune du Monastère) qui veillèrent sur elles jusqu’à la grande révolution.

   Sur le passage du char qui portait le corps de Sainte Tarcisse, dans la traversée d’un village, un mort que l’on emmenait au cimetière ressuscita, et l’on recensa par la suite une assez grande quantité de miracles.
L’eau de la source qui coule dans la grotte est réputée miraculeuse : elle a été l’occasion de plusieurs guérisons, en particulier pour les maladies des yeux, par l’invocation de Sainte Tarcisse.

   Une partie des reliques de la Sainte a échappé aux vandalismes des sectateurs de Calvin et des « patriotes » de 1793, et se trouve de nos jours dans les reliquaires de la cathédrale de Rodez.
Si la fête de Sainte Tarcisse est mentionnée au 15 janvier, qui est vraisemblablement le jour de sa mort, par le martyrologe romain que nous avons cité en commençant, le pèlerinage populaire à la chapelle érigée près de la grotte se déroule toujours au premier dimanche de septembre.

5 - statue à l'interieur de la chapelle Sainte-Tarcisse - blogue

Statue de Sainte Tarcisse,
représentée avec la chèvre qui lui offrait son lait et le chien qui lui apportait du pain,
dans la chapelle érigée à côté de la grotte qui fut son ermitage.

Prière à Sainte Tarcisse que l’on récite à sa chapelle près de la grotte :

       Douce Vierge, Sainte Tarcisse, vous qui avez choisi pour demeure un coin de notre terre, qui l’avez sanctifié par votre pureté angélique et votre ardente charité et dont, même après de longs siècles, la vertu nous sert de modèle ;
Vous qui êtes aujourd’hui notre protectrice, qui veillez sur nos terres et sur nos villages ;
Vous, qui manifestez souvent par des prodiges votre présence pleine d’amour, qui répandez sur nous vos bienfaits, rendant la santé aux malades et la vue aux aveugles ;
Nous vous invoquons avec respect et tendresse.

   Soyez toujours la gardienne de nos foyers.
Obtenez-nous la grâce d’une vie très pure, la confiance filiale envers notre Père du Ciel, dans la joie de vivre près de Lui ; apprenez-nous à Le servir à votre exemple.

   Conservez à nos fils la foi de nos aïeux ; et faites luire la lumière de l’Évangile aux yeux de tous ceux qui sont encore loin du Christ.
Que par vous notre France demeure la terre de la piété profonde et de la vertu généreuse.

   Ainsi soit-il !

Sainte Tarcisse, priez pour nous !

6 - Sainte Tarcisse - blogue

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 15 janvier 2024 à 20 h 26 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Merci de nous avoir fait connaître sainte Tarcisse que j’ignorais totalement!

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