2024-5. O mon Dieu ! faites-moi digne de connaître quelque chose de cette Incarnation, principe et source du salut…

4 janvier 2024,
Fête de Sainte Angèle de Foligno, veuve, « Magistra theologorum » (cf. > ici
.

       On ne se plonge jamais assez dans les œuvres de Sainte Angèle de Foligno ; on ne les médite jamais assez ; on ne les approfondit jamais assez !
Dans le cycle de l’année liturgique, le retour du jour de sa fête nous permet-il, du moins, de relire une page, ou seulement quelques lignes, dictées par cette « Maîtresse des théologiens », qui savait à peine écrire (tout ce qui a été publié sous son nom a été dicté par elle ou pris en note lors de ses extases), mais dont les illuminations mystiques constituent une source inépuisable de science théologale.
Voici donc, ci-dessous, un texte qui s’accorde particulièrement à la période liturgique de ce début janvier, puisque, peu de temps avant sa mort, avant de dicter sa dernière lettre à l’adresse de ses fils spirituels, elle eut ces propos embrasés :

Sainte Angèle de Foligno - intérieur de la châsse

Châsse de Sainte Angèle de Foligno, dans l’église Saint-François de Foligno (Ombrie)

       Voici la dernière lettre que nous écrivit, avant sa maladie mortelle, notre mère Angèle de Foligno ; voici les dernières lignes que sa main a tracées. Elle nous avait prévenus elle-même : « Mes enfants, avait dit notre mère, voici ma dernière lettre ». Car elle connut longtemps d’avance le bienheureux moment où elle passerait du temps à l’éternité.
A la nouvelle terrible qu’Angèle parlait pour la dernière fois, celui qui tenait la plume pour avoir le courage d’écrire, eut besoin d’être forcé par elle. Avant de dicter, elle poussa un grand cri :

   « O mon Dieu ! faites-moi digne de connaître quelque chose du mystère de la hauteur, quelque chose de cette Incarnation, que Vous avez faite, de cette Incarnation, principe et source du salut.
O incarnation ineffable ! c’est elle qui apporte à l’homme, avec le rassasiement de l’amour, la certitude du salut. Cette charité est au-dessus des paroles ; mais au-dessus d’elle il n’y a rien : le Verbe s’est fait chair, afin de me faire Dieu !
O secret des entrailles de Dieu ! Vous Vous êtes anéanti et dépouillé pour faire de moi quelque chose ; Vous avez pris l’habit du dernier des esclaves pour me donner la manteau d’un roi et d’un Dieu !
Et, prenant la forme de l’esclave, Vous n’avez rien diminué de Votre substance, Vous n’avez fait tort de rien à Votre divinité.
Mais l’abîme de Votre humilité m’ouvre les entrailles et m’arrache les cris : O Incompréhensible, fait compréhensible à cause de moi ! O Incréé, Vous voilà créé ! O Inaccessible aux esprits et aux corps, Vous voilà, par un prodige de puissance, Vous voilà palpable aux pensées et aux doigts !
O Seigneur, touchez mes yeux, pour que je voie la profondeur et la hauteur de la charité que Vous nous avez communiquée dans cette Incarnation !
O heureuse faute ! non pas heureuse en elle-même, mais par la vertu de la miséricorde divine. Heureuse faute qui a découvert les profondeurs sacrées et cachées des abîmes de l’amour ! En vérité une charité plus haute ne peut pas être conçue. O Très-Haut, faites mon intelligence capable de Votre charité très haute et ineffable !

   Seigneur, j’aperçois cinq mystères. Agrandissez mon intelligence, car la capacité manque. Voici le mystère de l’Incarnation. Voici le mystère de la science, de l’exemple, de la pénitence et de la douleur. Voici la mort terrible, soufferte pour nous ! Voici la gloire de la Résurrection. Voici la sublimité de l’Ascension.
Incarnation ! ô amour ineffable ! amour sublime et transformé.
Soyez béni, Seigneur, qui me faites comprendre que Vous êtes né pour moi. Oh ! quelle gloire, quelle gloire de voir et de sentir, comme je le crois, comme je le sens, que Vous êtes né pour moi ! Sentir cela en vérité, voilà la délectation, voilà la joie des joies ! La même certitude que nous tirons de l’Incarnation, nous la tirons aussi de la Nativité, car Il est né pour faire l’oeuvre qui a déterminé Son Incarnation.
O Admirable, que Vos miséricordes sont miséricordieuses ! Vous nous avez enseigné l’esprit de vie : car Votre pauvreté, Vos douleurs, Vos opprobres sont des documents, des leçons et des livres. Votre naissance, Votre vie et Votre mort parlent le même langage.

   Le mystère de Sa mort met devant nos yeux, avec notre rédemption, le but de la naissance de Jésus ; cinq considérations me frappent en ce moment dans cette mort. D’abord la déclaration et l’accomplissement de notre salut. Puis la force et le triomphe. Puis la manifestation de l’amour divin dans sa plénitude et sa surabondance. Puis la vérité très haute, très cordiale et très profonde dont Il nous a rassasiés ; car nous avons vu dans ce miroir sous quel aspect le Père nous a présenté le Fils. Enfin nous avons vu comment le Fils nous a manifesté le Père. Cette manifestation fut l’obéissance qu’Il a gardée jusqu’à la mort et jusqu’à la mort de la croix ; par elle Il a répondu pour tout le genre humain.
O Dieu incréé, faites-moi digne de connaître la profondeur de cet amour et l’abîme de cette miséricorde ! Faites-moi digne de comprendre cette charité ineffable, dont la communication nous a été faite quand le Père nous a manifesté Jésus-Christ comme Son Fils, quand le Fils nous a manifesté Son Père comme notre Père !
O admirable amour ! éternelle joie de mon âme ! O Amour, c’est en Vous qu’est toute saveur, toute suavité, toute délectation, et la contemplation qui arrache l’âme au monde d’en bas, qui lui donne le repos et la paix, la transporte plus haut qu’elle-même, et elle se dresse sur elle-même.

   Dans la Résurrection, j’aperçois deux points de vue : d’abord la ferme espérance de la nôtre puisée dans celle de Jésus-Christ. Puis la connaissance de la résurrection spirituelle, qui est donnée par la grâce, quand d’un infirme elle fait un fort, quand d’un mort elle fait un vivant.

   Mystère de la hauteur, inénarrable, inconnu et ineffable, perfection de la perfection ! O Dieu éternel, donnez-moi des yeux pour voir, pour voir, pour sonder.
La plénitude du salut est dans Votre Ascension, Seigneur. Faites-moi capable de l’abîme, pour que j’y plonge et que je regarde ! O Jésus-Christ, c’est par l’Ascension que Vous nous avez mis en possession de Votre Père et du nôtre !
Il faut une perpétuelle oraison pour lire dans le livre des cinq mystères.
Charité de la création ! charité de la rédemption ! Seigneur, faites-moi capable de sonder la charité d’en haut.
O Incompréhensible ! donnez-moi l’intelligence de l’amour sans prix, de l’amour inestimable, pour que je voie dans Vos entrailles la flamme qui les dévore, car de toute éternité Vous avez appelé le genre humain à la vision de Vous-même.
Et Vous, ô Très-Haut, Vous avez daigné désirer la vision de nous-même. Oh ! que je voie donc mon péché ! que j’évite donc les châtiments épouvantables dont Vous avez menacé ceux que le bienfait sans mesure et le mystère sans parole trouvent ingrats sur la terre ! »

Sainte Angèle de Foligno, in « Visions et instructions »,
traduction d’Ernest Hello
chap. LXVIII

Autres textes de Sainte Angèle publiés dans les pages de ce blogue :

- « Les voies de la délivrance » > ici
- « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée » > ici
- « La Croix et la bénédiction » > ici
- Enseignements sur l’oraison > ici

Sainte Angèle de Foligno - visage

Intérieur de la châsse de Sainte Angèle de Foligno (détail)

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