2023-183. D’une très baroque prédication capucine sur la Nativité…
31 décembre,
dernier jour de l’année civile ;
fête de Saint Sylvestre 1er, pape et confesseur ;
7ème jour dans l’octave de la Nativité.
En guise d’ultime publication de cet an de grâce 2023, dont nous allons tourner la page dans quelques heures, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, j’ai décidé de vous offrir une anecdote, rigoureusement historique, mais fort divertissante, que m’a rapportée mon papa-moine. Lui-même l’avait lue il y a fort longtemps, dans un ouvrage dont il n’avait pas alors relevé le titre, de même qu’il n’a pas retenu le nom du Révérend Père capucin qui en est le protagoniste : Frère Maximilien-Marie se repend très fortement de ne l’avoir pas noté alors. C’était dans la bibliothèque de son ancienne communauté, lorsqu’il était en charge de trier les ouvrages et revues qui étaient donnés à cette époque-là à cette institut.
L’Ordre des Frères Mineurs Capucins est riche de personnalités originales, c’est bien peu de le dire ! Dans les pages de ce blogue, vous pouvez retrouver par exemple la belle et plutôt rocambolesque histoire du Père Ange de Joyeuse (cf. > ici) – pour lequel nous avons une grande vénération -, qui passa des splendeurs de la Cour d’Henri III aux austérités du Couvent Saint-Honoré de Paris (fondé par la Reine Catherine de Médicis en 1576, et démoli à la fin de la grande révolution, il se trouvait assez proche du Louvre), puis qui, sur ordre de la hiérarchie catholique, dut troquer sa bure contre la cuirasse pour prendre la tête de l’armée de la Ligue, et s’opposer à Henri IV, pas encore converti, et enfin qui, après avoir été créé maréchal et dû devoir vivre à nouveau à la Cour, redevint capucin pour mourir en odeur de sainteté.
Dans ce même Couvent Saint-Honoré, dans la première moitié du XVIIème siècle, vécut un Père Capucin dont les prédications, très animées et parfois un peu fantasques, attiraient la foule : c’est lui dont Frère Maximilien-Marie regrette amèrement d’avoir oublié le nom : si d’aventure l’un de mes lecteurs le connaissait, nous lui saurions gré de nous le communiquer.
Ce bon Père, donc, prêchant sur la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et reprenant à sa manière la croyance populaire selon laquelle les animaux parlent dans la nuit sainte à l’heure de la naissance de l’Enfant-Dieu, se mit à raconter que toutes les créatures, même celles qui n’étaient point dotées d’un esprit appelé à la vie surnaturelle, avaient proclamé l’avènement du Sauveur dans ce monde.
Voilà donc que, du haut de la chaire, ce digne fils de Saint François, d’une voix tonitruante, se mit à imiter le cri de certains animaux, mais en les transformant en paroles latines.
Essayez-vous, vous-mêmes, Amis lecteurs, de lire la suite à haute voix avec les intonations animales qui conviennent, et – bien sûr ! – en prononçant le latin comme on le prononçait alors au Royaume de France : les « u » comme des « u » français et non comme un « ou » … etc.
Ainsi, affirmait le prédicateur, au milieu de la nuit le coq se mit à chanter : « Christus natus est ! Christus natus est ! » [traduction : le Christ est né], ce qui fit demander au bœuf mugissant : « Ubiiii ? Uuuubiiii ? » [traduction : où ?] ; la chèvre avait alors répondu : « In Béééééééthléemmmm ! In Bééééééthléem ! » [traduction : à Bethléem], et l’âne tout joyeux bondissait de joie en criant : « Eaaamus ! Eaaamus ! » [traduction : allons ! allons y !].
Je ne vous cache pas que cette anecdote, absolument authentique, fait beaucoup rire Frère Maximilien-Marie, et que cela m’a aussi beaucoup amusé : nous imaginions la tête des auditeurs de ce sermon, sans doute à la fois surpris et amusés. On l’eût été à moins !
C’était l’âge baroque, avec ses exubérances et ses indéniables charmes : nous autres, chats, qui avons un tempérament et des réactions fort baroques parfois, nous le comprenons très bien…
Vous pouvez laisser une réponse.
Ah! si comme le Père Ange de Joyeuse nous pouvions troquer notre armure en bure pour retrouver l’essentiel, dans une vie de vertu évangélique, et laisser derrière soi le passé ! Cependant, s’il faut troquer notre armure pour un choix radical, combien devons-nous aussi, nous en revêtir pour combattre l’ennemi d’aujourd’hui avant de retrouver la paix du Christ ?
« Te Deum » pour la nouvelle année.
Merci, cher Frère, c’est digne de Daudet !
Belle et sainte fin d’année ainsi qu’à Tolbiac ! ( pourquoi nous n’avons plus de photos de ce félin princier ? )