2023-170. De Saint Damase 1er que nous fêtons le 11 décembre.
11 décembre,
Fête de Saint Damase 1er, pape et confesseur ;
Mémoire du 4ème jour dans l’octave de l’Immaculée Conception ;
Mémoire de la férie de l’Avent ;
Anniversaire de la publication de l’encyclique « Quas primas » (cf. > ici).
Saint Damase, n’est pas vraiment très connu de nos contemporains, alors qu’il est, avec Saint Sylvestre, l’un des plus grands pontifes romains du IVème siècle : son pontificat de près de 18 ans est riche en événements et en rebondissements, riche aussi en conséquences doctrinales et liturgiques dont nous gardons aujourd’hui l’héritage.
Les leçons du second nocturne des matines de sa fête, dans le bréviaire latin traditionnel, sont plutôt laconiques et « sèches », ne rendant pas vraiment compte de toute la grandeur de ce pape esthète et cultivé, qui ajoutait à la rigueur doctrinale et à la dévotion, les charmes d’un homme instruit dans la beauté des lettres classiques. Voilà pourquoi, après avoir recopié ci-dessous la traduction de ces leçons de matines, j’y ajouterai quelques précisions.
Leçons du deuxième nocturne de la fête de Saint Damase :
Quatrième leçon.
Damase, espagnol, homme excellent et versé dans les Ecritures, ayant convoqué le premier concile de Constantinople, étouffa la criminelle hérésie d’Eunomius et de Macédonius. Il condamna de nouveau l’assemblée de Rimini, déjà rejetée par Libère, dans laquelle, comme l’écrit saint Jérôme, les artifices d’Ursace et surtout de Valens avaient fait proclamer une condamnation de la foi de Nicée, en sorte que le monde gémissant, s’étonnait d’être arien.
Cinquième leçon.
Il édifia deux basiliques, l’une sous le nom de Saint-Laurent (près du théâtre de Pompée), qu’il enrichit par les plus grands présents, et à laquelle il attribua des revenus de maisons et de terres ; l’autre sur la voie Ardéatine, aux catacombes. Il dédia le lieu enrichi de marbres où les corps de saint Pierre et de saint Paul ont reposé quelque temps, et l’orna de vers élégamment composés. Il écrivit aussi sur la virginité en vers et en prose, et composa beaucoup d’autres poésies.
Sixième leçon.
Il établit la peine du talion contre ceux qui auraient accusé quelqu’un faussement, et ordonna que, selon l’usage déjà reçu en plusieurs lieux on chanterait jour et nuit, dans toutes les églises, les psaumes à deux chœurs, et qu’on ajouterait à la fin de chaque psaume : Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. Ce fut lui qui chargea saint Jérôme de traduire le Nouveau Testament selon la fidélité du texte grec. Il gouverna l’Église pendant dix-sept ans, deux mois et vingt-six jours, et fit cinq ordinations au mois de décembre, dans lesquelles il créa trente et un prêtres, onze diacres, et soixante-deux évêques pour divers lieux. Illustre par sa vertu, sa science et sa prudence, et presque octogénaire, Damase s’endormit dans le Seigneur, sous l’empire de Théodose le Grand, et fut enseveli avec sa mère et sa sœur, dans la basilique qu’il avait lui-même élevée sur la voie Ardéatine. Ses reliques ont été transportées depuis dans l’église de Saint-Laurent, appelée de son nom, in Damaso.
Quelques précisions complémentaires :
C’est d’après Saint Jérôme de Stridon (qui fut proche de lui pendant les trois dernières années du saint pontife) que l’on sait que Damase avait près de 80 ans à sa mort, le 11 décembre 384, et qu’il avait donc dû naître en 304 ou 305, c’est-à-dire en pleine persécution de Dioclétien.
Damase est dit « espagnol », mais on sait qu’il est né à Rome : ses parents se prénommaient Antonius et Laurentia, et c’étaient de fervents chrétiens. Antonius, d’abord notaire au service de l’Eglise de Rome, recevra les ordres sacrés, et, à la mort de ce dernier, Laurentia entrera dans l’Ordre des Veuves. Damase avait une sœur qui fera vœu de virginité et mènera une vie édifiante et sainte.
Un ravissant village montagnard catalan, Coustouges, au sommet de la magnifique vallée du Vallespir, et à deux pas de l’actuelle frontière espagnole, revendique d’avoir été le lieu de la naissance de Laurentia, mère de Saint Damase.
Les événements mentionnés dans la quatrième leçon des matines citée ci-dessus résument de manière drastique les troubles, parfois très violents, qui furent suscités au moment de l’élection de Saint Damase : c’étaient la conséquence de la crise arienne. L’arianisme, quoique déjà condamné au concile de Nicée (325), se perpétua sous diverses formes adoptant des nuances plus ou moins subtiles (telles que l’homéisme dont les théories exposées lors du synode de Rimini cité dans la quatrième leçon, fut déclaré hérétique). De là, en 381, le deuxième concile œcuménique de l’histoire de l’Eglise, convoqué par Théodose le Grand et Saint Damase : le premier concile de Constantinople, qui, présidé par Saint Grégoire de Nazianze, complète et précise le symbole de Nicée.
J’insisterai, bien sûr, sur ce que résume en une phrase la sixième leçon des matines : c’est à Saint Damase que nous devons l’ajout du « Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto… etc » à la fin de la récitation de chacun des psaumes. Dix-sept siècles plus tard, nous continuons cet usage et nous devons être reconnaissants à Saint Damase de nous permettre de proclamer de la sorte notre foi trinitaire en conclusion de chacun des textes prophétiques du saint roi David qui constituent l’essentiel de l’Office divin.
Nous retiendrons également tout le travail qu’il fit pour honorer les reliques des saints martyrs : travaux d’aménagements dans l’ensemble du réseau des catacombes, pour faciliter l’accès aux tombes des saints et leur culte. Fin lettré, il rédigea pour ces tombes de très nombreuses inscriptions tumulaires en vers, mises en valeur par une calligraphie admirable, ce qui fait de lui tout naturellement le céleste patron des épigraphes et des paléographes.
Mais, je le confesse, j’ai une gratitude toute particulière envers Saint Damase en raison de la protection qu’il accorda à Saint Jérôme dont il fit son secrétaire (ce qui vaut à Saint Jérôme d’être représenté avec les insignes cardinalices) et auquel il confia la révision des traductions latines de la Sainte Ecriture. Ce long et minutieux travail, que Saint Jérôme poursuivra assidûment à Bethléem après la mort de Saint Damase aboutira à notre chère et admirable Vulgate.
Voilà bien des raisons d’aimer davantage Saint Damase et de l’invoquer pour que notre vie spirituelle, à l’exemple de la sienne, se nourrisse de beauté, de dévotion envers les saints martyrs des premiers siècles, et de l’amour exigeant des Saintes Ecritures et de leur rigoureuse traduction.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Saint Damase et Saint Jérôme
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