2023-160. De Saint Séverin de Paris, ermite, qui forma Saint Clodoald à la vie monastique.
28 novembre,
Fête de Saint Séverin de Paris, ermite et confesseur.
Nef de l’église Saint-Séverin (Paris)
A Paris, sur la rive gauche, mais tout près de la cathédrale Notre-Dame, se trouve l’église Saint-Séverin, joyau du style gothique flamboyant (XVème siècle). Située à l’entrée du Quartier latin, avec l’église Saint-Julien le Pauvre sa voisine, Saint-Séverin fut, à partir de la création de l’Université de Paris par Philippe Auguste (15 janvier 1200), paroisse des étudiants et devint même le siège des assemblées générales de l’Université.
L’église avait ses origines au VIème siècle, ainsi que nous l’expliquerons ci-dessous : elle fut plusieurs fois reconstruite et agrandie. D’abord chapelle, puis basilique pré-romane, (incendiée par les Vikings au XIème siècle), église paroissiale romane (c’est la plus ancienne paroisse de la rive gauche), reconstruite dans le premier style gothique au XIIIème, pour arriver jusqu’à l’édifice actuel : en effet, après un incendie en 1448, alors que la guerre de Cent Ans s’achève et que la vie économique et sociale redémarre, on va encore une fois la reconstruire, et ce sera dans le style splendide et lumineux caractéristique du dernier âge gothique.
La grande révolution ne l’endommagea pas trop, au contraire de l’église Saint-Julien, bien qu’elle fût transformée d’abord en dépôt de poudre, puis en entrepôt de fourrage, et enfin… de cloches !
Rendue au culte en 1803, elle fait l’objet de plusieurs restaurations, embellissements et ajouts tout au long du XIXème siècle, et finalement, dans les premières années du XXème siècle, son chevet est dégagé grâce à la démolition des maisons de la rue Saint-Jacques qui s’appuyaient sur lui.
Saint Séverin instruisant Saint Clodoald (Cloud)
Il existe plusieurs saints portant le nom de Séverin.
Celui que le missel propre de Paris (dans son édition de 1950 que nous avons sous les yeux) fête à la date du 28 novembre est, en fait, mentionné au 27 novembre dans le Martyrologe romain :
« Lutetiae Parisiorum depositio Sancti Severini, monachi et solitarii : à Paris le décès de Saint Séverin, moine et ermite ».
Toutefois, la tradition locale plaçait sa mort au 23 novembre, aux alentours de l’an 540, et, en raison de la fête du très illustre Saint Clément 1er, la fête de Saint Séverin a été célébrée à Paris le 24 novembre pendant plusieurs siècles.
Puis, ainsi que dit ci-dessus, dans l’édition du missel parisien de 1950, il figure à la date du 28 novembre parce que le 27 est occupé par la fête de la manifestation de la Médaille Miraculeuse (cf. > ici).
Qui était-il ?
Il faut reconnaître que, en l’état actuel de nos connaissances, nous ne possédons pas une abondance de détails. Les Petits Bollandistes ne citent qu’une notice plutôt laconique du propre de Paris :
«Touché du désir de mener la vie contemplative, il s’enferma dans une petite cellule près de Paris, où il vécut dans une admirable sainteté. Il eut pour disciple Saint Cloud (cf. > ici), fils de Clodomir, roi d’Orléans, et petit-fils de Clovis. Ses vertus et ses austérités le mirent en grande vénération, et les Parisiens allaient en foule lui demander des avis et se recommander à ses prières. Il fut enseveli dans la chapelle de son ermitage (plus tard paroisse Saint-Séverin) ; dans la suite des temps, ses reliques furent transférées à la cathédrale de Paris » (cité par Mgr Paul Guérin, in « Les Petits Bollandistes » tome XIII, p. 571 note 2).
Certains auteurs ont établi une confusion entre Saint Séverin de Paris et Saint Séverin d’Agaune, alors que trois décennies au moins séparent leur trépas.
Saint Séverin d’Agaune (ou Saint Servin), entré très jeune à l’abbaye Saint Maurice d’Agaune, en Valais, dont il fut peut-être l’abbé, fut appelé à Paris par Clovis, parce que ce dernier se trouvait alors assez malade et qu’il avait entendu parler de ce saint moine réputé pour son don de faire des miracles. Séverin étendit son manteau sur Clovis qui recouvra la santé : en remerciement, le Roi lui accorda la délivrance d’un grand nombre de prisonniers. Séverin mourut sur la route du retour vers son abbaye, à Château-Landon, le 11 février de l’année 507 (selon les auteurs on trouve 506, 507, 508, ou même 511).
Clovis ordonna à son fils Childebert de faire édifier une église sur le tombeau de Saint Séverin ; un monastère y fut adjoint par la suite.
Ce qui facilite la confusion avec Saint Séverin de Paris, c’est, en particulier, le fait qu’en 1674 une partie des reliques de Saint Séverin d’Agaune fut transportée à l’église Saint-Séverin de Paris, raison pour laquelle le sceau de cette paroisse portait (j’ignore si c’est toujours le cas) l’effigie de ces deux saints.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Oraisons propres de Saint Séverin
(au propre de Paris)
le reste est pris au commun des abbés
Collecte :
Omnipotens sempiterne Deus, terrena pro te calcantium merces magna nimis : da nobis exemplo et intercessione beati Severini, cujus solemnia celebramus, temporalia omnia despicere, et ad aeterna, tota mentis intentione festinare. Per Dominum…
Dieu tout puissant et éternel, Vous récompensez infiniment ceux qui pour Vous foulent aux pieds le monde : accordez-nous qu’à l’exemple et l’intercession du Bienheureux Séverin dont nous célébrons la solennité, de mépriser tout ce qui n’a qu’un temps, et de nous hâter de toute l’ardeur de notre âme vers l’éternité. Par NSJC…
Secrète :
Munera nostra ad altare tuum offerentes, te, Domine, suppliciter exoramus : ut exemplo beati Severini, carnem nostram cum vitiis et concupiscentiis crucifigentes, Christi cum ipso coheredes efficiamur. Qui tecum vivit…
En offrant nos dons à Votre autel, nous Vous prions et supplions, Seigneur, qu’à l’exemple du Bienheureux Séverin, crucifiant notre chair avec ses passions et ses convoitises, nous devenions avec lui les cohéritiers du Christ. Lui qui, étant Dieu, vit…
Postcommunion :
Absconde nos, Domine, in absondito faciei tuae, corporis tui sacramento munitos : ut imitatione sancti Severini in lege tua diec ac nocte meditantes, deliciis perfrui mereamur aeternis. Qui vivis et regnas…
Cachez-nous, Seigneur, dans le secret de Votre face, après nous avoir fortifiés par le sacrement de Votre Corps, pour qu’à l’exemple de Saint Séverin, en méditant jour et nuit Votre loi, nous méritions de jouir des éternelles délices, ô Vous qui, étant Dieu, vivez…

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Et à ne pas confondre avec Saint Sernin d’Agaune, valaisin.
Je ne connaissait pas Saint Séverin ; merci au frère de nous avoir écrit ces quelques ligne afin de nous faire connaître ce Saint.
Merci de nous avoir fait connaître, au-delà de son nom bien connu, qui fut Saint Séverin de Paris !