2023-149. Où l’on voit que même de très grands saints peuvent appréhender la confession, et de quelle manière Notre-Seigneur instruisit Sainte Gertrude à cette occasion.
16 novembre,
Fête de Sainte Gertrude la Grande, vierge et abbesse (cf. > ici, > ici, et > ici).
Un grand nombre de personnes se trouvent remplies d’appréhension et de craintes lorsqu’il s’agit d’ « aller à confesse », en dépit de leur foi dans la vertu divine du sacrement, et malgré l’expérience qu’elles ont faite tant de fois du profond soulagement, de la douce libération et de la joie spirituelle dans lesquelles elles se retrouvent au sortir du confessional.
Bien souvent, ces craintes et la fébrilité inquiète qui les accompagne sont un piège du démon qui cherche par tous les moyens à éloigner les hommes du pardon de Dieu, de Sa miséricorde infiniment pacifiante, et de l’accroissement de vertu dont ce sacrement est la cause.
A l’occasion de la fête de Sainte Gertrude d’Helfta, il m’a donc paru judicieux de porter à votre connaissance un texte extrait du livre dans lequel sont consignées en grande partie les révélations de cette très grande mystique : « Le Héraut de l’Amour divin ». Au troisième livre, en effet, Sainte Gertrude explique comment elle fut assaillie de très fortes appréhensions à la perspective de s’aller confesser, et de quelle manière Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même l’a aidée à surmonter le trouble et l’angoisse par lesquels son âme était oppressée.
De tout cœur, je souhaite que cette belle leçon divine retranscrite par Sainte Gertrude vous soit à vous aussi profitable…
Szymon Czechowicz (1689-1775) : Sainte Gertrude d’Helfta
L’âme est purifiée de ses péchés par deux moyens principaux :
l’amertume de la pénitence et le divin amour
1 – Le Seigneur, désireux d’augmenter le mérite des âmes qui lui sont chères et d’assurer leur salut, permet quelquefois qu’elles trouvent d’énormes difficultés dans l’accomplissement d’un devoir très facile en lui-même.
2 – C’est ce qui arriva à celle-ci : la confession de ses fautes lui parut un jour si pénible qu’elle était persuadée de ne pouvoir la mener à bien par ses propres forces.
Comme elle priait le Seigneur avec toute la ferveur possible, Celui-ci l’interrogea : « Veux-tu, dit-Il, remettre avec une entière confiance entre Mes mains le soin de cette confession et ne t’en faire aucun souci ? » Elle répondit : « Oui, ô mon très cher Seigneur, j’ai une entière et surabondante confiance en Votre toute-puissante bonté ; mais, après Vous avoir offensé, j’éprouve le besoin de repasser ces péchés dans l’amertume de mon âme, afin de Vous offrir par là quelque marque d’un regret efficace ».
Le Seigneur ayant agréé ce procédé, elle se plongea dans la considération de ses misères, et bientôt sa peau lui parut toute déchirée comme si elle s’était roulée dans les épines. Elle découvrit ses plaies au Père des miséricordes, afin qu’en habile et fidèle médecin Il voulût bien les guérir. Le Seigneur, S’inclinant vers elle avec bonté, lui dit : « Par Mon souffle divin, Je chaufferai pour toi le bain salutaire de la confession, et lorsque tu auras été purifiée selon Mon bon plaisir, tu apparaîtras sans tache à Mes yeux ».
Aussitôt elle voulut se dépouiller de ses vêtements pour être plongée dans ce bain et dit : « J’ai dans le cœur, ô mon Dieu, un si grand amour de Votre gloire, qu’il me force à me dépouiller de tout honneur humain, et, s’il le fallait, je serais prête à déclarer mes fautes devant le monde entier ». Le Seigneur la couvrit alors de Ses propres vêlements et la fit reposer avec douceur dans Ses bras jusqu ‘à ce que ce bain fut prêt, c’est-à-dire jusqu’à à l’heure de la confession.
3 – Mais comme ce moment approchait, son esprit fut encore plus assailli par le trouble : « Seigneur, dit-elle, Votre cœur si tendre et si miséricordieux n’ignore pas combien cette confession m’est à charge ; pourquoi permettez-Vous que je sois en outre accablée par de pénibles pensées ? »
Le Seigneur répondit : « Les personnes qui se baignent se font donner des frictions énergiques dans le but de fortifier leur corps ; de même ton âme prendra son essor au milieu des contradictions ».
Elle vit bientôt un bain préparé à la gauche du Seigneur, et de ce bain s’échappait une tiède vapeur. En même temps cet aimable Sauveur lui montra à Sa droite un jardin délicieux rempli de fleurs, parmi lesquelles on distinguait de superbes roses sans épines qui charmaient et attiraient, par leurs suaves parfums. Le Seigneur l’invita à entrer dans ce magnifique jardin, si elle le préférait au bain qui lui paraissait toujours intolérable. – « Non, mon Dieu, dit-elle, j’entrerai sans hésitation dans ce bain que Vous avez daigné chauffer par Votre souffle divin ». Le Seigneur répondit : « Qu’il en soit ainsi pour ton salut éternel ! »
4 – Elle comprit que ce beau jardin figurait la suavité intérieure de la grâce divine. La grâce portée par le souffle doux et léger de l’amour, répand sur l’âme fidèle une rosée parfumée des larmes de la dévotion, la rend blanche comme la neige et lui donne une sécurité parfaite, non seulement au sujet de la rémission de ses péchés, mais aussi en ce qui concerne l’abondance des mérites. Delà elle concluait que le Seigneur avait eu pour agréable de lui voir abandonner, à cause de Son amour, la voie douce et facile des consolations célestes et choisir un chemin rude et pénible. Après la confession elle se retira dans l’oratoire et y sentit la présence de cet aimable Seigneur qui lui avait rendu la confession si pénible. Elle avait en effet éprouvé d’énormes difficultés à déclarer des fautes légères, que d’antres dévoilent parfois en public, comme en se jouant.
5 – II est bon de savoir que l’âme est purifiée de tous ses péchés par deux moyens principaux : par l’amertume de la pénitence et tous les sentiments dont elle est la source, c’est ce que signifie le bain ; par le doux embrasement du divin amour avec ses conséquences, et c’est là ce que symbolise le jardin délicieux.
6 – Elle se reposa ensuite dans la sacrée blessure de la main gauche du Sauveur, comme pour y goûter après le bain ce délassement qui accompagne la transpiration, et y attendre l’heure d’accomplir la pénitence imposée par le prêtre. Mais comme cette satisfaction exigeait un délai, elle s’affligeait de ne pouvoir peut-être, avant de l’avoir achevée, jouir en toute liberté et familiarité de la présence de son très aimé et très doux Seigneur.
Pendant la messe, quand l’Hostie sainte qui efface le péché et réconcilie l’homme avec Dieu fut immolée par le prêtre, elle s’unit au divin sacrifice et présenta cette offrande pour obtenir l’entier pardon de ses fautes, et rendre grâces au Seigneur qui lui avait procuré le bain salutaire de la confession. L’offrande fut acceptée, tandis qu’elle-même était reçue dans le sein du Père de Bonté infinie. Là elle comprit par expérience que l’Orient qui brille d’en haut, Oriens ex alto, l’avait vraiment visitée par les entrailles de Sa miséricorde et de Sa vérité.
Sainte Gertrude d’Helfta,
in « Le Héraut de l’amour divin », livre III, chapitre 14.
Szymon Czechowicz (1689-1775) : Sainte Gertrude d’Helfta (détail)
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Merci pour cette aide à s’approcher de la Confession par ce parcours d’une foi totale en la Miséricorde divine.
Seigneur, augmentez ma foi!