2023-140. De Saint Léonard de Noblat, filleul du Roi Clovis 1er le Grand, disciple de Saint Remi, diacre, solitaire puis abbé, céleste protecteur des captifs.

6 novembre,
Fête de Saint Léonard de Noblat.

   La fête de Saint Léonard de Noblat, nous donne d’admirer une fois de plus l’éclosion de sainteté qui se produisit autour de Clovis le Grand et de sa conversion, et nous porte à rendre à Dieu de très profondes actions de grâces pour les dons qu’Il a fait au Royaume des Lys à travers tant de saints qui constituent le maillage spirituel de la France catholique et royale.

Gaspare Antonio Baroni Cavalcabò - Saint Léonard de Noblat

Gaspare Antonio Baroni Cavalcabò (1682 – 1759) : Saint Léonard de Noblat

       Parmi les jeunes gens de la cour de Clovis qui abjurèrent le paganisme après la bataille de Tolbiac, il y avait un fils de famille noble prénommé Léonard.
« Bon sang ne saurait mentir » dit le vieil adage français : pour des hommes de cette trempe, la vertu commune ne suffit pas, mais il faut tirer toutes les conséquences de l’Evangile, et aux préceptes ajouter les conseils, c’est-à-dire qu’aux commandements de Dieu et de l’Eglise qui s’imposent à tous, il faut ajouter, pour atteindre un niveau de perfection plus élevé, l’observance libre, généreuse et volontaire, des recommandations données par Notre-Seigneur Lui-même, dont Il a donné l’exemple dans sa vie ici-bas : la pauvreté, la chasteté et l’obéissance, embrassées comme un moyen supérieur d’imitation du Sauveur.

   D’après la tradition et le récit de sa vie, mis par écrit au début du XIème siècle (ce qui ne signifie évidemment pas qu’il a été forgé de toutes pièces à cette époque-là en laquelle les écrits étaient relativement rares, mais où les traditions orales pouvaient, sur de nombreuses générations, transmettre fidèlement le souvenir des événements du passé), Léonard, baptisé par Saint Remi, évêque de Reims, eut comme parrain Clovis lui-même, et, au moment où les adolescents de son rang se devaient d’embrasser la carrière des armes, choisit le service de Dieu et commença par se mettre à l’école de Saint Remi. Comme celui-ci, il visitait les pauvres et les malades. Il obtint en particulier du Roi Clovis, qui lui faisait une entière confiance, le privilège de visiter les prisonniers et de libérer tous ceux qu’il jugeait dignes de cette grâce.

Saint Léonard avec le Roi Clovis

   Il refusa la dignité épiscopale à laquelle le Roi et Saint Remi voulaient l’élever, et préféra embrasser la vie monastique, rejoignant pour cela le monastère de Micy près d’Orléans (Note : l’abbaye de Micy, aujourd’hui abbaye Saint-Mesmin de Micy, était originellement un domaine royal inoccupé que Clovis, vers 500, donna à Saint Euspice – archiprêtre de Verdun qui avait gagné sa confiance et qu’il s’était attaché -, pour qu’il y fondât un monastère : cette abbaye adopta la Règle de Saint Benoît, et se maintint jusqu’à la grande révolution, qui en chassa les moines et la détruisit. Depuis 1939, le site a été rebâti et a retrouvé sa vocation religieuse avec le monastère des Carmélites transférées d’Orléans).
Après avoir été ordonné diacre, Léonard ressentit l’appel de la vie érémitique : ayant traversé le Berry, où il prêcha, convertit et accomplit des miracles, ses pas le portèrent dans la forêt de Pauvin, non loin de Limoges et du tombeau de Saint Martial, où il se bâtit un ermitage, dans lequel il demeura une vingtaine d’années, presque ignoré de tous, si ce n’est qu’il en sortait pour aller visiter les prisons, où il se prévalait toujours du droit que lui avait accordé Clovis de faire libérer les prisonniers qu’il jugeait dignes de l’être.

   C’est alors qu’un miracle vint révéler sa sainteté. Ainsi que l’a dit Notre-Seigneur, on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais il convient qu’elle soit placée sur un lampadaire pour qu’elle éclaire toute la maison. Il était temps désormais que Léonard, que la vie solitaire avait enrichi de vertus resplendissantes, fut révélé à l’Eglise des Gaules et l’illuminât. La cause en fut l’éclatant prodige accompli en faveur de la descendance du Roi Clovis, son parrain.
Thierry 1er, né de Clovis et d’une concubine avant le mariage avec Sainte Clotilde, avait reçu à la mort de son père (27 novembre 511) un royaume morcelé qui comprenait d’une part les anciennes Gaules Belgiques première et seconde, des territoires germains, mais aussi une partie de l’Auvergne et du nord de l’Aquitaine. Etant venu chasser en ces lieux, il advint que son épouse, la reine Suavegothe probablement (mais ce n’est pas absolument certain), était arrivée au terme d’une grossesse difficile dont la délivrance s’annonçait périlleuse tant pour la mère que pour l’enfant.
Le Roi Thierry, dans cette douloureuse occurrence, sollicita l’intercession du moine Léonard, qu’il avait jadis connu à la cour de son père. Par ses prières, le saint ermite obtint une heureuse délivrance à la reine et le salut de l’enfant.

Saint Léonard miniature XVIIe siècle

   Thierry voulut remercier Léonard par des présents, mais ce dernier n’accepta que le territoire de la forêt que son âne pourrait délimiter dans l’espace de 24 heures. Il nomme ce domaine Nobiliacum, c’est-à-dire « terre noble », pour marquer l’origine royale de ce don. Léonard y construisit une chapelle en l’honneur de la Très Sainte Vierge Marie et de saint Remi : « Notre-Dame de Sous les Arbres ».
La réputation de sa vie édifiante et la renommée de ses vertus lui attirèrent des disciples; C’est à ce moment que, pour subvenir aux besoins de la petite communauté, il fit miraculeusement jaillir une source.
Au petit groupe de moines vinrent aussi s’associer d’anciens prisonniers, qui avaient été libérés par son intercession et qu’il avait gagné à une vie chrétienne fervente. Quelques uns devenaient moines, mais d’autres voulaient simplement vivre une vie d’honnêtes chrétiens à proximité du monastère. Léonard leur attribua des lopins, partagés du domaine qu’il avait reçu du Roi Thierry, afin de leur permettre de vivre de leur travail et non « d’aventures et de désordres », il les enseignait et se montrait attentif à leurs progrès dans la vertu. Son biographe a écrit : « Il était affable dans ses entretiens, fidèle à ses promesses, prodigue par ses aumônes, modeste en ses paroles, si humble et si simple en tout ce qu’il faisait, qu’on lui aurait donné une origine pauvre plutôt que seigneuriale ».

   Léonard rendit son âme à Dieu le 6 novembre 559 et fut inhumé dans la chapelle qu’il avait construite. Son tombeau devint vite un lieu de grâces et de pèlerinage : autour du monastère et à la suite des quelques maisons des anciens prisonniers venus recevoir de Léonard le fructueuses leçons de pénitence et de vie chrétienne, une petite ville se développa. Nobiliacum - d’abord Noblac puis Noblat (le « c » final ne se prononçant pas) – donna naissance à la cité connue aujourd’hui comme Saint-Léonard-de-Noblat.

tombeau de Saint Léonard

Tombeau de Saint Léonard (état actuel) dans la collégiale de Saint-Léonard de Noblat

   Pour garder ses précieuses reliques, accueillir les pèlerins (qui sont venus de toute l’Europe), et assurer le digne culte de Dieu autour du tombeau de Saint Léonard, les solitaires s’organisèrent en chapitre, adoptant la Règle de Saint Augustin. Tout naturellement, Saint Léonard est invoqué pour la délivrance des prisonniers, contre la stérilité des femmes et pour leur heureuse délivrance au terme de leur grossesse.

   La collégiale Saint-Léonard, édifiée à partir du XIème siècle en remplacement du sanctuaire primitif, élevée à la dignité de collégiale royale, renferme toujours son tombeau, elle a vu défiler de célèbres pèlerins parmi lesquels Bohémond de Tarente (1054-1111) qui lui attribuait sa délivrance de captivité, Richard 1er Cœur de Lion (1157-1199), le Roi Charles VII (1403-1461) et le Dauphin futur Louis XI (1423-1483), la Reine Eléonore d’Autriche (1498-1558), épouse du Roi François 1er, Louis de Bourbon-Soissons Prince de Condé (1615-1641)… etc. La Reine Anne d’Autriche pria, entre autres, Saint Léonard – dont elle s’était fait apporter une relique – pour obtenir la naissance d’un Dauphin et lui manifesta sa gratitude après la naissance du futur Louis XIV, et la Tsarine Alexandra Féodorovna, épouse du Tsar Nicolas II, envoya un délégué prier sur le tombeau de Saint Léonard pour obtenir du ciel la naissance d’un héritier : le Tsarévitch Alexis Nikolaïevitch.

   Le tombeau de Saint Léonard est une étape importante sur le chemin de Compostelle qui part de Vézelay. Enfin de très nombreux sanctuaires ont été placés sous son vocable dans toute l’Europe : on en compte au moins 85 en France, 225 en Italie, 60 en Slovénie, 25 en Belgique, 2 aux Pays-Bas, 12 à Malte, 215 en Allemagne, 16 en Suisse, 111 en Autriche, 150 en Grande Bretagne, 3 en Espagne et 3 au Portugal.

Raffaellino del Garbo(attr.) - Saint Léonard

Saint Léonard de Noblat : Attribué à Raffaellino Capponi, dit Raffaellino del Garbo (1466-1524)
[détail d'un tableau représentant Saint Laurent entre Saint Etienne et Saint Léonard]

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 6 novembre 2023 à 19 h 05 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Quelle belle et grande vie dans la Vie du Christ !
    Saint Léonard manifeste par toute son existence la puissance de la grâce divine à laquelle il a correspondu magnifiquement.
    Merci de nous l’avoir présenté.

  2. le 6 novembre 2023 à 9 h 34 min Goës écrit:

    Pas loin de chez nous, à coté de Limoges.

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