2023-139. « Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde »…
Premier samedi du mois de novembre.
Apparition de Notre-Dame de Fatima le 13 mai 1917
Le premier samedi du mois est l’occasion d’approfondir le message de Notre-Dame de Fatima, qui est des plus riches, et pas seulement en ce qui concerne la dévotion au Cœur immaculé de Marie en ses divers aspects.
Profitons de ce que nous sommes en novembre, mois spécialement dédié à la prière pour le soulagement des âmes du Purgatoire, pour mettre en exergue une simple phrase de quelques mots que la Très Sainte Mère de Dieu a prononcée lors de la première apparition, le 13 mai 1917, en réponse à une question de la jeune Lucie.
Avant toute autre chose donc, relisons le récit de cette apparition tel qu’on le trouve dans les « Mémoires de Sœur Lucie » (introduction et notes du Père Joaquim M. Alonso, cmf ; traduit par les Sœurs de Notre-Dame de Charité, imprimatur de l’évêque de Leiria en date du 20 février 1980) :
« Le 13 mai 1917 [...] nous vîmes, sur un petit chêne-vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’une eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent. Nous nous arrêtâmes surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle, peut-être à un mètre et demi de distance, plus ou moins.
Alors Notre-Dame nous dit :
- N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal.
- D’où venez-vous, Madame ? lui demandai-je.
- Je suis du Ciel.
- Et que voulez-vous de moi ?
- Je suis venue vous demander de venir ici pendant six mois consécutifs, le 13, à cette même heure. Ensuite, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Après je reviendrai encore une septième fois (note 1).
- Et moi aussi est-ce que j’irai au Ciel ?
- Oui, tu iras.
- Et Jacinthe ?
- Aussi.
- Et François ?
- Aussi, mais il devra réciter beaucoup de chapelets.
Je me souvins alors de poser une question au sujet de deux jeunes filles qui étaient mortes depuis peu.
Elles étaient mes amies et elles venaient à la maison apprendre à tisser avec ma sœur aînée.
- Est-ce que Maria das Neves est déjà au ciel ?
- Oui, elle y est.
Il me semble qu’elle devait avoir environ 16 ans.
- Et Amélia ?
- Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde.
Il me semble qu’elle devait avoir entre 18 et 20 ans. [...] »
Note 1 : En bas de page le Rd Père Joaquin M. Alonso explique : « Cette septième fois eut lieu le 16 juin 1921, à la veille de son départ pour le collège de Vilar à Porto. Ce fut une apparition avec message personnel pour Lucie. A cause de cela, elle ne la considéra pas importante ».
A la réponse de la Très Sainte Vierge : « Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde », le même Rd. Père a adjoint cette note : « Il est clair que ceci ne doit pas être pris à la lettre. Il faut l’interpréter dans le sens de ‘très longtemps’ ».
Je ne vous cache pas que cette note me scandalise véritablement.
La Très Sainte Vierge Marie, lorsqu’elle apparaît et prononce des paroles, le ferait-elle de manière approximative ?
La Mère de Dieu a-t-elle besoin qu’un religieux, quelque « fin théologien » qu’il soit, vienne corriger ses propos et leur donner une nuance restrictive ou édulcorante ?
Lorsqu’elle a répondu d’une manière précise à cette question de Lucie, il me semble que si Notre-Dame avait voulu dire « elle sera au purgatoire pendant très longtemps », elle l’aurait dit exactement de cette manière-là et non d’une autre manière ; il me semble donc aussi que si la Reine du Ciel a employé l’expression « jusqu’à la fin du monde », c’est qu’elle veut justement faire entendre que la justice divine peut effectivement retenir certaines âmes dans le lieu de l’expiation et de la juste satisfaction à ses exigences jusqu’à la fin des temps.
Bien sûr, nous autres, spontanément, nous pouvons penser : « Mais quelle était donc la faute (ou qu’elles étaient les fautes) de cette Amélia pour devoir subir une peine temporelle de cette importance ? »
Mais cela ne nous regarde pas !
Tout ce dont nous pouvons être certains, c’est
1) que la justice divine est parfaite, et qu’il n’y a donc absolument rien d’exagéré ni de contraire à la miséricorde de Dieu dans la durée de cette peine de purgatoire encourue par la jeune Amélia ;
2) et que ce qui lui avait valu cette peine de Purgatoire
- soit consistait uniquement en fautes vénielles prises trop à la légère, non regrettées et non réparées ;
- soit consistait en fautes graves dont elle ne s’était pas confessée mais pour lesquelles elle aurait eu le temps d’exprimer un regret suffisant (acte de contrition ou acte d’amour de Dieu) pour obtenir miséricorde avant de rendre le dernier soupir ;
- soit enfin consistait en péchés mortels confessés et absous mais pour lesquels la pénitence et la réparation accomplies en ce monde étaient insuffisantes.
S’il s’était agi de péchés mortels non confessés ou non absous, en effet, Amélia ne serait pas allée au purgatoire mais dans l’enfer des damnés.
Habituellement, Dieu ne permet pas aux vivants de savoir ce qu’il advient de leurs proches ou connaissances défunts.
C’est un abus très grave d’affirmer, lors de la mort ou des funérailles d’une personne, qu’elle est partie pour le Ciel, à plus forte raison de proclamer qu’elle y est déjà et comme ipso facto. En effet, à moins d’une révélation divine dûment authentifiée par l’Eglise, nous n’en savons rien !
La seule chose qui nous appartient et dont nous devons êtres sûrs, c’est qu’il faut prier pour que Dieu fasse miséricorde à nos défunts, et pour qu’après les nécessaires purifications de l’au-delà, s’ils ont eu la grâce d’en bénéficier, Il les accueille dans Son paradis, en gardant une vive conscience que ce temps de la purification peut être réellement très long et s’étendre sur de nombreuses années, voire plusieurs siècles.
Si Notre-Dame, lors de cette apparition du 13 mai 1917, a pu, par une permission divine exceptionnelle, révéler ce qu’il en était de l’au-delà de ces deux jeunes filles amies de Lucie, c’est indubitablement pour nous instruire et nous avertir : le purgatoire n’est pas à prendre à la légère ; des âmes, en état de grâce, peuvent devoir y rester « jusqu’à la fin du monde » pour expier et réparer les fautes (pourtant pardonnées) dont elles furent coupables en ce bas monde…
Mais c’est aussi pour nous rappeler que la justice de Dieu, qui n’est jamais prise en défaut, peut recevoir des compensations en raison de la communion des saints. La révélation faite par Notre-Dame sur la juste sentence qui frappait Amélia était évidemment une forme d’appel à offrir pour elle des prières de suffrage, des sacrifices, des Saintes Messes, et d’obtenir à son intention des indulgences pouvant satisfaire à cette justice divine et, en conséquence, abréger le temps du purgatoire auquel elle avait été initialement condamnée.
Faisons donc notre profit de cet enseignement de notre Mère céleste…
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
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