2023-132. Qui sont les Saints Apôtres Simon et Jude ?
28 octobre,
Fête des Saints Simon et Jude, apôtres ;
Anniversaire de la victoire de Constantin sur Maxence au Pont Milvius (28 octobre 312 – cf. > ici et > ici).
José de Ribera (1591-1652) : les Saints Apôtres Simon (à gauche) et Jude (à droite)
Martyrologe romain (traditionnel) pour le 28 octobre :
« La fête des Saints Apôtres Simon le Cananéen et Thaddée, que l’on nomme aussi Jude ; le premier prêcha l’Evangile en Egypte, et le second en Mésopotamie : ensuite, étant entrés ensemble en Perse, après qu’ils eurent soumis au joug de Jésus-Christ une multitude innombrable de ces peuples, ils endurèrent le martyre ».
In « Les Petits Bollandistes », par Mgr Paul Guérin – Tome XIII pp. 3 & 4 :
« On donne à Saint Simon les surnoms de Cananéen, de Canaanite et de Zélé, pour le distinguer de Saint Pierre et du Saint Siméon qui succéda sur le siège de Jérusalem à Saint Jacques le Mineur, son frère. Quelques auteurs ont conclu du premier de ses surnoms, que le saint Apôtre était né à Cana ; et certains Grecs modernes ajoutent qu’il était l’époux des noces où le Seigneur changea l’eau en vin. On ne peut au moins douter qu’il ne fût Galiléen. Théodoret (cf. note 1) dit qu’il était de la tribu de Zabulon ou de Nephtali. Quant au surnom de Cananéen, il a la même signification, en syro-chaldaïque (note 2), que le mot zelotès en grec (note 3). Saint Luc l’a traduit, et les autres évangélistes ont retenu le mot original. Canath, suivant la remarque de Saint Jérôme, signifie zèle en syro-chaldaïque ou hébreu moderne. On ignore s’il avait déjà ce surnom avant d’être Apôtre.
L’Apôtre Saint Jude est distingué de Judas Iscariote par le surnom de Thaddée, qui, en syriaque, signifie abondant, doux, miséricordieux, bon, bienfaisant, et par celui de Lebbée, qu’on trouve dans le texte grec de Saint Matthieu, et qui, suivant Saint Jérôme, désigne un homme qui a de l’esprit, de l’intelligence.
Il était frère de Saint Jacques le Mineur, de Saint Siméon de Jérusalem, et d’un nommé Joseph, qui sont appelés les frères du Seigneur (note 4). Ils étaient tous fils de Cléophas, et de Marie, sœur de la Sainte Vierge.
Cet Apôtre fut cher à son divin Maître, et il en fut moins redevable aux liens du sang qu’à son mépris pour le monde, à l’ardeur et à la vivacité de son zèle. On ne sait ni quand ni comment il devint le disciple de Jésus-Christ. L’Evangile ne dit rien de lui jusqu’à l’endroit où il est compté parmi les Apôtres. Le Seigneur, après la dernière Cène, ayant promis de Se manifester à ceux qui L’aimeraient, Saint Jude (note 5) Lui demanda pourquoi Il ne devait pas aussi Se manifester au monde : question par laquelle il semblait donner à entendre qu’il pensait que le Messie régnerait sur la terre. Mais Jésus-Christ, par Sa réponse, lui fit connaître que le monde ne mérite point que Dieu Se manifeste à lui, étant ennemi de ce qui peut rendre une âme digne du royaume céleste ; qu’Il converserait familièrement avec ceux qui L’aimeraient véritablement, et qu’Il les admettrait à la communication intérieure de Ses faveurs.
Disons maintenant ce que l’on sait des courses apostoliques de nos Apôtres. Après avoir été témoins de la résurrection de leur Maître et participants de Sa bénédiction ; après avoir reçu le Saint-Esprit au jour de la Pentecôte ; après avoir été battus de verges dans la synagogue des Juifs ; après avoir prêché par toute la Judée et la Samarie, comme les autres Apôtres ; après avoir rempli toute la Syrie de la réputation de leur sainteté et de leurs miracles ; enfin, après avoir contribué à la composition du Symbole de la foi, où, selon Saint Augustin, Saint Simon fit l’article de la communion des saints et la rémission des péchés, et Saint Jude celui de la résurrection de la chair, ils abandonnèrent leur pays et leurs confrères pour aller porter l’Evangile dans les royaumes qui leur étaient échus en partage.
Le Martyrologe et le Bréviaire de Rome donnent l’Egypte à Saint Simon, et la Mésopotamie à Saint Jude ; mais Dorothée et Nicéphore disent que le premier parcourut aussi les vaste provinces de l’Afrique et qu’il poussa même jusque dans la Grande Bretagne, et que le second alla encore dans l’Idumée et dans l’Arabie. Enfin, l’un et l’autre se rendirent en Perse, pour dompter ce peuple qui avait autrefois dompté une partie du monde et détenu les Juifs en captivité. Ils y firent une foule de conversions, ils y engendrèrent une infinité d’enfants spirituels à Jésus-Christ et y furent enfin couronnés d’un glorieux martyre.
C’est ce que nous savons de certain de leurs travaux et de leurs triomphes [...] (note 6) ».
Notes :
1 – Théodoret de Cyr (v. 393 – v. 458) : d’abord moine, puis élu évêque de Cyr, ville de Syrie aujourd’hui détruite. Il est au nombre des Pères de l’Eglise et il est également l’un des principaux historiens ecclésiastiques de l’antiquité tardive.
2 – Syro-chaldaïque : ainsi appelait-on le dialecte araméen au XIXème siècle.
3 – Les exégètes et commentateurs traditionnels, contrairement aux modernes, n’ont jamais compris ce « zélotès » du texte grec comme étant en rapport avec la secte dites des Zélotes, secte juive anti-romaine d’un nationalisme virulent qui prônait l’action armée.
4 – Matthieu XIII, 55 : « N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle point Marie ? Et ses frères Jacques,Joseph, Simon et Jude ? » Selon les Pères de l’Eglise, en particulier Saint Jérôme et Saint Augustin, et c’est la position officielle de l’Eglise catholique, on sait que ce terme de « frères » désigne des parents proches : en l’occurrence ici des cousins germains.
5 – Jean XIV, 22 : « Judas, non pas l’Iscariote, Lui dit : « Seigneur, d’où vient que Vous Vous manifestez à nous, et non au monde ? »
6 – Ici, Mgr Guérin résume d’autres traditions anciennes, mais moins établies, sur l’apostolat et le martyre des Saints Simon et Jude en Perse, que nous citerons une autre fois.
Federico Fiori, dit Fiori da Urbino ou Baroccio (v. 1535 – 1612) :
Vierge à l’enfant avec les Saints Apôtres Simon et Jude
Vous pouvez laisser une réponse.
Saint Jude et saint Simon, priez pour nous, avec les autres apôtres et tous les saints pour que l’Eglise poursuive sereinement l’évangélisation dans ce monde de confusion, et réaffirme avec foi le Credo.