2023-112. De Sainte Richarde d’Andlau, impératrice d’Occident, reine des Francs et vierge.

18 septembre,
Dans l’Ordre de Saint Augustin, fête de Saint Thomas de Villeneuve, archevêque et confesseur ;
Fête de Saint Joseph de Cupertino, confesseur (cf. > ici) ;

Fête de Sainte Richarde d’Andlau, impératrice et reine, vierge et abbesse ;
Anniversaire de la bataille de Castelfidardo (cf. > ici).

Sainte Richarde - vitrail de l'église Saint-Barthélemy à Muhlbach-sur-Munster

Vitrail de l’église Saint-Barthélémy à Muhlbach-sur-Munster (archidiocèse de Strasbourg) 

       Sainte Richarde (en latin : Richgardis ou Richardis) est issue d’une très importante maison de la noblesse carolingienne, toutefois tous les auteurs ne s’accordent pas.
Selon les « Annales Alamannicorum » elle appartiendrait à celle des Alaholfinger, et son père serait Berthold 1er (alias Erchanger II) comte palatin d’Alsace ; pour d’autres elle appartiendrait à la descendance d’Etichon d’Alsace (père de Sainte Odile) en étant fille d’Erchanger le Jeune (+ 864), comte de Nordgau ; pour d’autres enfin, elle descendrait, par sa mère des comtes d’Andlau.

   Elle est née aux alentours de l’an 840. Le bourg de Kintzheim revendique d’être le lieu de sa naissance.
Belle, vertueuse et spirituelle, Richarde grandit dans le Nordgau (partie septentrionale du duché d’Alsace) : cette contrée sera rattachée au duché de Souabe en 925, et c’est la raison pour laquelle Richarde passera à la postérité sous le nom de Richarde de Souabe.

   En 862, elle épouse un jeune prince carolingien, Charles III, (839-888), arrière petit-fils de Saint Charlemagne, fils de Louis II dit le Germanique, dit Charles le Gros, qui sera le dernier carolingien à porter le titre d’empereur (« Empereur Auguste des Romains »), et qui sera aussi le dernier des descendants de Charlemagne à réunir sur sa tête les couronnes de Roi d’Alémanie (865-882), Roi d’Italie (879-887), Roi de Francie Orientale (882-887) et Roi de Francie Occidentale – c’est-à-dire ce qui deviendra la France – (885-887). Il ne faut pas le confondre avec son petit cousin, Charles III, dit le Simple, qui règnera sur la France un peu après lui.

   Charles III le Gros fut couronné Empereur d’Occident, à Rome, par le pape Jean VIII le 12 février 881, et son épouse Richarde est couronnée en même temps que lui.

Généalogie simplifiée des Carolingiens

   C’est une période extrêmement troublée, sous fond d’invasions normandes (les Vikings ne se contentant plus de pillages côtiers mais remontant les fleuves, semant dévastation et terreur à l’intérieur des terres), de raids sarrasins dans le sud et d’incursions hongroises à l’est. L’empire carolingien est en pleine décomposition interne et ne sait comment faire face aux menaces extérieures. La suspicion est partout, d’autant que l’empereur, faible, est sujet à des accès de folie…

   Richarde, à laquelle Charles doit en grande partie ses premiers succès politiques et son ascension, tente de prendre en mains l’administration de l’Empire, au grand dam d’un certain nombre de courtisans. Manipulé par quelques conseillers jaloux, Charles accuse sa femme d’adultère avec son principal ministre et archichancelier, Liutward, évêque de Verceil, et la répudie en arguant du fait que leur mariage n’a jamais été consommé.

   « La calomnie essaya de noircir la vertu de Sainte Richarde ; mais elle ne réussit  qu’à la faire briller davantage. On l’accusa de trahir la fidélité conjugale. L’empereur, trop crédule, la força de se justifier devant tous les grands de l’empire rassemblés. La sainte impératrice parut avec intrépidité devant ce tribunal, disant dans son cœur : « Seigneur, je suis innocente, ne me livrez pas à ceux qui me calomnient ». Elle offrit de prouver son innocence par le jugement de Dieu. Un grand feu fut allumé tout autour d’elle ; Sainte Richarde se tint immobile au milieu des flammes, puis en sortit sans recevoir la moindre lésion…» -Mgr. Paul Guérin, in « Les Petits Bollandistes » 18 septembre).
La chemise enduite de cire que portait Sainte Richarde lors de cette ordalie était conservée dans l’abbatiale d’Etival, au diocèse de Saint-Dié : si l’ancien reliquaire a été pillé lors de la grande révolution, la précieuse relique a été sauvée et se trouve toujours offerte à la vénération des fidèles dans cette église abbatiale, devenue paroissiale.

Thierry Bouts l'ancien, ordalie de Sainte Richarde

Thierry Bouts l’Ancien : ordalie de Sainte Richarde

Statue et châsse de Sainte Richarde dans l'église d'Etival

Statue et châsse de la tunique de Sainte Richarde dans l’église d’Etival (diocèse de Saint-Dié)

   Après la destitution de Charles III (en 887), dont les accès de folie ne permettent plus qu’il exerce le moindre pouvoir, Richarde sera réhabilitée et sa virginité sera dûment constatée, ce qui fera définitivement taire toute calomnie.

   Après l’épreuve de l’ordalie, Sainte Richarde, qui avait déjà été une bienfaitrice des monastères et abbayes de l’empire, choisit de se retirer dans l’abbaye d’Andlau, qu’elle avait fondée quelques années auparavant : c’était à l’origine une abbaye bénédictine, mais qui devint plus tard abbaye de chanoinesses régulières de Saint Augustin, une place tout-à-fait particulière dans la société dans tous les siècles suivants, et jusqu’à la grande révolution qui la réduisit à néant.
En effet, c’était une abbaye noble, qui n’accueillait donc que des filles ou des veuves de la plus haute noblesse, qui était dite « fondation du Saint Empire », et dont l’abbesse devenait « princesse d’Empire » et avait le droit de vote aux diètes du Saint Empire Romain Germanique.
Lors du rattachement de l’Alsace à la France (traité de Westphalie), les chanoinesses conservèrent le privilège d’élire leur abbesse librement (et non une candidate désignée par le Roi de France) et la plupart de leurs privilèges particuliers : jusqu’à la révolution, l’abbesse d’Andlau demeurera donc « princesse du Saint Empire » nonobstant le fait que l’abbaye n’était plus dans les frontières du Saint Empire.

   Une belle légende (mais nous savons tous qu’une légende ne signifie pas que ce qu’elle rapporte soit faux, fictif ou le fruit de pieuses affabulations) nous rapporte que la fondation de l’abbaye d’Andlau fut consécutive à l’apparition d’un ange qui enjoignit à Richarde de fonder un monastère au lieu qui lui serait indiqué par un ours.
Se promenant dans la forêt d’Andlau, Richarde rencontra une ourse pleurant son ourson mort. S’approchant, Richarde prit l’ourson dans ses bras, et il revint à la vie : dès lors l’ourse et son petit restèrent attachés à Richarde, ce pourquoi, pendant des siècles, les chanoinesses d’Andlau gardèrent un ours vivant à l’abbaye et offrirent l’hospitalité aux montreurs d’ours qui allaient de ville en ville, de château en château.
Cette ourse désigna à Richarde le lieu où elle devait fonder l’abbaye, conformément à la prédiction de l’ange, en creusant le sol dans le Val d’Eléon, proche de la rivière qui est appelée Andlau et qui donnera son nom à la petite ville qui se développera autour de l’abbaye.
Ceci explique pourquoi Sainte Richarde est représentée accompagnée par une ourse.

Abbatiale d'Andlau - statue de Sainte Richarde

Statue de Sainte Richarde dans l’abbatiale d’Andlau

   Richarde finit ses jours à l’abbaye d’Andlau, dans la prière et les bonnes œuvres : elle rendit sa belle âme à Dieu un 18 septembre, entre 894 et 896.
En 1049, le pape Saint Léon IX, né Bruno von Egisheim-Dagsburg, canonisa Sainte Richarde, sous le nom de Sainte Richarde d’Andlau, lorsqu’il vint en personne à Andlau pour y consacrer l’église abbatiale qui venait d’être reconstruite par l’abbesse Brigitte de Bavière, sœur de l’empereur Henri II dit le Saint.

   Sainte Richarde, avec Sainte Clotilde, Sainte Radegonde (cf. > ici) et Sainte Bathilde (cf. > ici), Sainte Hildegarde de Vintzgau (cf. > ici) et Sainte Jeanne de France (cf. > ici) est donc une sixième Reine de France a avoir été élevée sur les autels, et vers laquelle nous pouvons faire monter de ferventes prières pour notre cher Royaume des Lys.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Eglise abbatiale d'Andlau - châsse du chef de Sainte Richarde

Eglise abbatiale d’Andlau : autel de Sainte Richarde et châsse contenant son chef

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 21 septembre 2023 à 15 h 23 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Mon ignorance est moindre en ce jour!
    Bienvenue dans mes litanies : Sainte Richarde, priez pour nous.

  2. le 18 septembre 2023 à 7 h 33 min Goës écrit:

    Alliance du trône et de l’autel.

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