2023-78. De la première apparition de la Très Sainte Mère de Dieu à Sainte Catherine Labouré à l’occasion de la fête de Saint Vincent de Paul le 19 juillet 1830.

19 juillet,
Fête de Saint Vincent de Paul (cf. > ici, > ici, > ici et encore > ici) ;
Anniversaire de la 1ère apparition de la Très Sainte Vierge Marie, rue du Bac à Paris.

Apparition 19 juillet 1830 1 - Copie

       Plusieurs éphémérides que j’ai consulté commettent l’erreur de placer la première apparition de la Très Sainte Vierge Marie dans la chapelle de la rue du Bac à Paris à la date du 18 juillet 1830.
Or il est très clair, dans le récit rédigé par Sainte Catherine Labouré elle-même, que cette apparition est en lien explicite avec la fête de Saint Vincent de Paul, célébrée le 19 juillet selon le calendrier liturgique traditionnel. La méconnaissance ou l’oubli des usages liturgiques traditionnels chez la plupart de nos contemporains, même ecclésiastiques, et même dits « tradis » (parce qu’ils ne connaissent que l’usage des rubriques promulguées par le pape Roncalli en 1960 et ignorent de fait les règles antérieures, ce qui fait – soit dit en passant – que même en célébrant la Sainte Messe et le bréviaire antérieurs au concile vaticandeux, ils pratiquent néanmoins une liturgie déjà bien marquée par la révolution liturgique qui avait déjà commencé depuis une dizaine d’années).
Résumons donc les faits.

   Le 18 juillet 1830 en fin d’après-midi, alors que les clercs tenus au bréviaire ont déjà récité les premières vêpres de la fête de Saint Vincent de Paul, lors de l’instruction qu’elle donne aux novices, dont fait partie Sœur Labouré, la sœur en charge du noviciat donne à chacune d’entre elles une relique : un fragment d’un surplis de Saint Vincent de Paul.
Lors de l’oraison du soir à la chapelle (habituellement à 17 h 30), Sœur Labouré, qui a déjà été gratifiée à plusieurs reprises de visions du cœur de Saint Vincent de Paul et même d’une vision de Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même (nous renvoyons à ce qui a été publié > ici), dans sa candeur et sa pureté d’âme (car c’est bien de cela qu’il s’agit ici, tandis que dans la majorité des cas le désir de recevoir des grâces mystiques et de bénéficier d’apparitions est un effet de l’orgueil), mange cette petite relique du surplis de Saint Vincent de Paul en priant son Bienheureux Père de lui obtenir la grâce de voir la Sainte Vierge.
Cette pratique de consommer une relique pour demander une grâce par l’intercession du saint auquel elle a appartenu peut sembler bien étrange aux mentalités modernes, mais elle n’a pas « vexé » Saint Vincent de Paul : la suite en est la preuve.

Apparition 19 juillet 1830 Sœur Catherine et l'ange

   Au séminaire (ainsi appelle-t-on alors le noviciat) des Filles de la Charité, on se couche tôt. Les jeunes religieuses dorment toutes dans un grand dortoir, où chaque lit avec un petit espace personnel, est isolé par de grands rideaux de toile blanche.
Or il est environ 23 h 30 lorsque Catherine est réveillée par une toute petite voix enfantine qui lui dit : « Sœur Labouré ! Sœur Labouré, venez vite ! La Sainte Vierge vous attend à la chapelle ! »
Catherine ne doute pas. Elle a le cœur simple et pur. Elle a l’intuition que cet enfant, de la taille d’un petit d’environ 4 ans, vêtu de blanc est un ange qui a pris une apparence humaine ; son ange gardien. Confiante, alors que l’ange, pour préserver sa pudeur a refermé le rideau et l’attend derrière, Sœur Labouré se lève et s’habille : il est pourtant rigoureusement interdit aux novices de se lever et de se promener dans le couvent au milieu de la nuit. Mais la voix de l’ange-enfant, quoique fort douce et suave, n’autorisait pas autre chose que d’obtempérer. Promptement habillée, en faisant le moins de bruit possible afin de n’éveiller aucune autre novice, Catherine suit le petit être « portant des rayons de clarté partout où il passait », si bien qu’elle peut avancer sans heurter quoi que ce soit. Les portes s’ouvrent toutes seules à leur approche et se referment en silence après leur passage. Les couloirs sont éclairés. La chapelle aussi est éclairée, illuminée « comme pour la Messe de minuit », écrira Catherine, qui ne s’étonne de rien et s’avance jusqu’aux marches du sanctuaire où elle s’agenouille.
Intérieurement elle éprouve une espèce d’inquiétude : l’enfant n’a-t-il pas dit « la Sainte Vierge vous attend à la chapelle »… mais la Sainte Vierge n’est pas là. Et elle n’ose évidemment pas poser de question ! Elle attend donc. En silence.
Combien de temps attend-elle ? Dix minutes ? Un quart d’heure ? Elle ne saurait le dire précisément… son impatience lui fait forcément trouver que chaque minute s’écoule très lentement. Soudain Catherine entend, venant du côté de la tribune, « le frou-frou d’une robe de soie » et l’enfant-ange s’écrie d’une voix forte : « Voici la Sainte Vierge » !

   Il est environ minuit.
Nous sommes bien aux premières minutes du lundi 19 juillet 1830.

chapelle de la rue du bac vers le milieu du XXe siècle

Ancienne photographie « colorisée » montrant le sanctuaire de la chapelle dite « de la médaille miraculeuse »
avant les modifications liées à la réforme liturgique consécutive au concile vaticandeux.
Le tableau de Sainte Anne, au-dessous duquel était placé le fauteuil de « Monsieur le Directeur » – comme l’écrit Sainte Catherine Labouré -
c’est-à-dire du prêtre lazariste qui exerçait une forme de supériorat sur la communauté des Filles de la Charité,
était accroché du côté de l’Evangile, à l’endroit où se trouve ci-dessus la statue de Saint Joseph.

   La Très Sainte Vierge Marie arrive à l’entrée du sanctuaire, s’incline profondément dans une révérence en face du tabernacle (à cette époque-là les dames avec leurs amples robes ne faisaient pas la génuflexion mais adressaient une révérence profonde, comme à un souverain, à l’Hôte du tabernacle), et va, du côté de l’Evangile, s’assoir dans le fauteuil de « Monsieur le Directeur ».
Catherine ne fit qu’un bond et vint aussitôt se placer aux pieds de la Mère de Dieu, posant spontanément ses mains jointes sur ses genoux.

Apparition du 19 juillet 1830

   On lit souvent que la Très Sainte Vierge Marie a parlé pendant deux heures à Sœur Catherine : ce n’est pas tout à fait exact. Si l’entretien a commencé vers minuit, après le départ de la Mère de Dieu, Sœur Labouré, va devoir retourner, comme elle était venue, jusqu’à son dortoir, toujours conduite par son ange gardien, se déshabiller et se remettre au lit. Or elle précise bien que c’est lorsqu’elle a été recouchée qu’elle a entendu la pendule sonner deux heures du matin. Cela porte raisonnablement la durée de l’apparition entre une heure trente et une heure quarante-cinq.

   La Vierge Immaculée a commencé par dire à Catherine que Dieu lui confiait une mission, laquelle présenterait des difficultés, mais qu’elle recevrait les grâces pour surmonter tous les obstacles. Cette mission sera explicitée lors de la seconde apparition, le 27 novembre suivant, avec l’ordre de faire frapper la médaille qui lui sera alors montrée, et l’ordre de faire réaliser la statue de la « Vierge au globe » (voir > ici).
Mais il y a aussi des consignes concernant la congrégation qu’elle devra transmettre à ses Supérieures.
Voici de larges extraits du résumé que Sœur Catherine Labouré rédigera plus tard : 
« Mon enfant, le Bon Dieu veut vous charger d’une mission. Vous aurez bien de la peine, mais vous vous surmonterez en pensant que vous le faites pour la gloire du Bon Dieu... Vous connaîtrez ce qui est du Bon Dieu, vous en serez tourmentée, jusqu’à ce que vous l’ayez dit à celui qui est chargé de vous conduire, vous serez contredite. Mais vous aurez la grâce. Ne craignez pas, dites tout avec confiance et simplicité… »

L’entretien traite d’abord de la communauté : « Mon enfant, j’aime répandre mes grâces sur la communauté. Je l’aime heureusement. J’ai de la peine : il y a de grands abus, la règle n’est pas observée, la régularité laisse à désirer. Il y a un grand relâchement dans les deux communautés. Dites-le à celui qui est chargé de vous… » Et la Reine du Ciel descend dans les détails de la vie quotidienne pour corriger tout ce qui ne va pas ! C’est cela une vraie réforme qu’elle exige. Elle prophétise aussi que deux congrégations étrangères – les Sœurs de la Charité de Saint Joseph fondées en 1809 à Baltimore par Sainte Elisabeth-Anne Elisabeth Seton et les Sœurs de la Charité d’Autriche fondées par Léopoldine de Brandis – fusionneront avec les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul (ce qui s’accomplira vers 1850). La Vierge demande également la fondation des Enfants de Marie (ce qui adviendra en 1837)
En Mère pleine de sollicitude, la Vierge Marie donne également à Catherine des conseils sur la manière dont elle doit se conduire avec son confesseur : ce dernier l’avait en effet plutôt traitée avec rudesse lorsqu’elle lui avait précédemment parlé des apparitions du cœur de Saint Vincent de Paul et de la vision de Notre-Seigneur pendant la Messe de la fête de la Très Sainte Trinité…

Fauteuil que l'on pense être celui dans lequel la Sainte Vierge s'est assise

Fauteuil qui est très probablement celui dans lequel la Très Sainte Vierge Marie s’est assise
lors de l’apparition du 19 juillet 1830

     Enfin la Très Sainte Vierge en vint à parler de la France. Nous avons déjà rapporté ces paroles dans un précédent article consacré aux martyrs de la Commune (cf. > ici), mais il n’est pas inutile de les retranscrire à nouveau ici :
« Les temps sont très mauvais, des malheurs vont fondre sur la France : le trône sera renversé [ce qui adviendra dix jours plus tard], le monde entier sera renversé par des malheurs de toutes sortes (la Sainte Vierge avait l’air très peinée en disant cela, note Sœur Catherine). Mais venez au pied de cet autel, là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur, elles seront répandues sur les grands et sur les petits… »

   Et la Sainte Vierge continue :
« Le moment viendra où le danger sera grand, on croira tout perdu, là je serai avec vous, ayez confiance, vous reconnaîtrez ma visite et la protection de Dieu et celle de Saint Vincent sur les deux communautés. Mais il n’en est pas de même des autres Communautés. Il y aura des victimes » (ici Sainte Catherine note : « La Sainte Vierge avait les larmes aux yeux »).
Il y aura bien des victimes, Monseigneur l’archevêque mourra. Mon enfant, la Croix sera méprisée, le sang coulera dans les rues (ici, note Sœur Catherine, la Sainte Vierge ne pouvait presque plus parler, tant sa peine était grande). Mon enfant, me dit-elle, le monde entier sera dans la tristesse. A ces mots, je pensai : quand est‑ce que ce sera ? J’ai très bien compris : quarante ans. » 

   Voici donc un résumé, assez complet toutefois, de cette première apparition de la Très Sainte Vierge Marie dans la chapelle de la rue du Bac, à Paris.
On peut affirmer que, hors ce qui concerne les congrégations fondées par Saint Vincent de Paul, une grande partie des paroles de la Mère de Dieu ont une portée « politique » puisqu’elles annoncent les troubles sociaux et les révolutions qui vont se produire à partir de ce mois de juillet 1830 jusqu’au printemps 1870.
Mais on ne peut évidemment pas faire autrement que de remarquer la sollicitude particulière de la Reine du Ciel pour la famille vincentienne, et cela explique en quelque sorte pourquoi elle développe toutes les observations qu’elle a à faire à leur sujet au jour précis de la fête liturgique de Saint Vincent de Paul.

   Lorsqu’elle fait quelque chose, la Vierge Marie ne laisse rien au hasard, jusque dans des détails particulièrement précis et significatifs.

Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

Groupe statuaire de l'apparition du 19 juillet 1830

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 18 juillet 2024 à 14 h 32 min Hervé J. V. écrit:

    On le voit bien ici : Le Ciel n’est pas favorable aux révolutions ; Dieu et ses saints sont légitimistes, ils ne sont ni orléanistes ni républicains !

    Cela fut confirmé le 6 juin précédent, dimanche de la Sainte Trinité, où Sœur Catherine avait été gratifiée d’une vision encore plus explicite : « Le jour de la Sainte Trinité, Notre-Seigneur m’apparut dans le Très Saint-Sacrement pendant la Sainte Messe, comme un roi, avec la croix sur sa poitrine. Au moment de l’Evangile, il m’a semblé que la croix et tous ses ornements royaux coulaient à terre sous ses pieds, et que Notre-Seigneur restait dépouillé. C’est là que j’ai eu les pensées les plus noires et les plus tristes, comprenant que le Roi serait dépouillé de ses habits Royaux et les dommages qui en résulteraient… »

    Cette identification entre le Roi céleste, Notre-Seigneur Jésus-Christ, et son lieu-tenant sur terre, le Roi Charles X, sacré à Reims, n’a guère besoin de commentaires !

  2. le 19 juillet 2023 à 7 h 25 min Goës écrit:

    Le problème politique persiste toujours.

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