2023-67. Découverte d’une œuvre : « l’Apothéose de Louis XVII », par William Hamilton.
8 juin,
Fête de la Bienheureuse Marie du divin Cœur, vierge ;
Fête de Saint Médard de Noyon, évêque et confesseur ;
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Louis XVII (cf. > ici).
Le peintre britannique William Hamilton (1751-1801), portraitiste, mais surtout connu pour avoir illustré des scènes bibliques et historiques, est l’auteur d’une toile émouvante intitulée « l’Apothéose de Louis XVII ».
L’œuvre, peinte entre 1795 et 1799, de dimensions médiocres (99 cm x 72 cm), se trouve de nos jours dans une collection privée après avoir été acquise en 2019 lors d’une vente chez Christie’s. Ce tableau témoigne de l’intérêt qu’éprouvaient les artistes britanniques pour les événements de la grande révolution, dite française : ils étaient bouleversés de voir le royaume qui avait été le phare de la civilisation européenne sombrer dans la barbarie la plus noire, en même temps qu’ils étaient émus et édifiés par la dignité de tous ces Français qui, fuyant d’horribles persécutions, étaient venus trouver refuge en Angleterre, et dont les malheurs rendaient plus concrets les événements de France.
William Hamilton (1751-1801) : « L’apothéose de Louis XVII ».
L’objet du tableau est clairement désigné par son titre : « L’Apothéose de Louis XVII ».
Si dans l’antiquité païenne le mot apothéose désignait la déification d’un mortel, qui prenait place au milieu des dieux de l’Olympe et leur était équiparé, dans l’iconographie chrétienne il s’agit de montrer un personnage recevant la récompense d’une vie exemplaire, de ses vertus, de ses labeurs apostoliques ou de son martyre : il est alors accueilli dans la gloire céleste. Il s’agit donc presque d’une forme de « béatification par la représentation artistique » si le personnage n’est pas encore déclaré « bienheureux » par la Sainte Eglise ; mais il existe, bien sûr, des tableaux ou des groupes sculptés représentant l’apothéose d’un saint dont le culte est déjà autorisé.
La partie centrale de la toile est donc occupée par la représentation du jeune Roi Louis XVII, en vêtement blanc, debout, dans une attitude ascendante, dynamique : la tête et les yeux levés vers le ciel où il monte, il est soutenu par un ange, tout de blanc vêtu lui aussi, penché tendrement vers lui. Cet ange, l’entoure de son bras droit dans un geste protecteur, tandis que, de son bras gauche étendu il lui montre la fin de son exil terrestre et lui fait entrevoir les consolations éternelles.
Nous pouvons nous attarder à contempler la beauté des visages de Louis XVII et de l’ange. Chez ce dernier, l’expression est toute de consolation et de compassion, pénétrée d’un immense respect ; tandis que ce que l’on perçoit sur le visage du petit Roi ce sont encore les traits d’une extrême souffrance morale et d’une détresse qui, quoique pleines d’espérance, ont encore du mal à réaliser que les jours de la torture morale et de la déréliction sont achevés : il y a dans son regard et sur ses lèvres l’amorce d’un sourire en apercevant les êtres chers qui s’apprêtent à l’accueillir dans les cieux…
Ces êtres chers, ce sont son père, sa mère, son frère aîné et sa tante : Leurs Majestés le Roi Louis XVI, au centre, et la Reine Marie-Antoinette, à droite, contre laquelle est appuyé le Dauphin Louis-Joseph, mort de la tuberculose le 4 juin 1789 ; à notre gauche, c’est Madame Elisabeth, enveloppée du voile des vierges, et sur la tête de laquelle un ange s’apprête à poser la couronne des martyrs.
Les yeux de Louis XVII et de la Reine Marie-Antoinette se rencontrent : l’enfant qui a été arraché à sa mère, et contre laquelle, abruti par l’alcool ainsi que par les sévices physiques et psychologiques, on l’a contraint à porter d’ignobles faux témoignages, lui est rendu, dans toute sa pureté de jeune martyr.
Derrière la Reine, se tient debout la figure allégorique de la force, casquée et cuirassée, qui pose sa main sur le dossier du siège de la souveraine, pour bien manifester jusqu’à quel degré d’héroïsme l’a vécu cette épouse et cette mère martyre. On remarque aussi le bras droit de la Reine, posé sur celui de son royal époux, en un geste à la fois de tendresse, de confiance, de support et d’union.
Enfin, notons combien l’attitude de Louis XVI s’apparente à celle d’un prêtre à l’autel avant l’ « Hanc igitur » – le moment où il va étendre les mains sur l’hostie et sur le calice pour commencer la consécration (dans la gestuelle strictement codifiée par les rubriques de la liturgie traditionnelle, et non dans la « nouvelle messe » évidemment) -, comme pour signifier à quel point le Roi sacré, par son sacrifice consenti et offert, a été identifié au Christ prêtre et roi s’offrant en sacrifice pour le salut de Son peuple.
Dans le bas du tableau, dans un univers de ténèbres et de sang – évoqué par le rouge crépusculaire du ciel – est représentée la ville de Paris (on reconnaît la Seine et ses ponts ainsi que les tours de la cathédrale Notre-Dame), soumise à l’empire du mal : la révolution est personnifiée par une espèce de dragon répugnant, qui dresse la tête et ouvre encore sa gueule terrible, comme pour essayer d’atteindre encore le jeune Roi, qui, ayant quitté cette terre, lui est arraché pour entrer dans la lumière éternelle, et dont l’immonde martyre par lequel elle l’a humilié et fait mourir à petit feu, est devenu, comme la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’instrument de sa sainteté et de sa victoire éternelle !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

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Triste affaire que cette révolution de 89 !… et nous ne sommes pas encore au bout du tunnel.
Que nous réservent-ils encore avec cette volonté de réduire la population ?