2023-49. Méditation pour le premier dimanche de la Passion : Jésus persécuté.
Premier dimanche de la Passion :
Epître : Hébr. IX, 11-15 ; Evangile : Jean VIII, 46-59.
Jacques-Joseph Tissot (1836-1902), dit James Tissot :
« N’avons-nous pas raison de dire que tu es un samaritain et un possédé ? » (gouache)
Jésus persécuté
Présence de Dieu.
O Jésus, introduisez-moi dans le mystère de Votre Passion, daignez m’y associer, afin que je puisse participer ensuite à Votre Résurrection !
Méditation.
1 – Aujourd’hui commence le Temps de la Passion, période particulièrement consacrée au souvenir et à l’amoureuse contemplation des douleurs de Jésus. Le crucifix et les statues voilés la suppression du Gloria Patri dans la messe et les répons de l’Office divin, l’absence du psaume « Judica me » au commencement de la messe, sont des signes de deuil par lesquels l’Église commémore la Passion du Seigneur.
Dans les leçons de l’Office divin, le Pape Saint Léon nous exhorte à participer « à la croix du Christ, afin que nous fassions, nous aussi, quelque chose qui nous unisse à ce qu’Il a fait pour nous, car, comme le dit l’Apôtre, si nous souffrons avec Lui, nous serons glorifiés avec Lui ». Il s’agit donc non seulement de méditer les douleurs de Jésus, mais d’y prendre part, de vivre Sa Passion dans notre cœur et notre corps (cf. 2 Cor. IV, 10), parce qu’ainsi seulement, nous pourrons avoir part à ses fruits. Voilà pourquoi, dans la liturgie du temps, l’Eglise répète avec plus d’insistance que jamais : « Si vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas vos cœurs ». La voix du Seigneur se fait entendre, en ces jours, non par des paroles, mais par le témoignage éloquent des faits, par le grand événement de la Passion, mystère qui nous donne la preuve la plus convaincante de Son amour infini pour nous.
Ouvrons donc notre cœur aux sublimes leçons de la Passion : voyons combien Jésus nous a aimés et combien nous devons L’aimer en retour ; apprenons que si nous voulons Le suivre, il nous est nécessaire à nous aussi de pâtir, de porter la croix avec Lui et à sa suite. Et en même temps, ouvrons notre cœur à la plus vive espérance, parce que notre salut est dans la Passion de Jésus.
Dans l’épître du jour, Saint Paul nous présente la figure majestueuse du Christ, le Prêtre par excellence qui, « au prix de Son Sang, est entré une fois pour toutes dans le Saint des Saints (c’est-à-dire le ciel), en nous obtenant une rédemption éternelle ». La Passion de Jésus nous a rachetés ; elle nous a ouvert, une nouvelle fois, la maison du Père ; c’est pourquoi, elle est le motif de notre espérance.
Jacques-Joseph Tissot (1836-1902), dit James Tissot :
« Qui de vous me convaincra de péché ? » (gouache)
2 – L’Évangile nous narre un trait de la sourde hostilité des Juifs, prélude manifeste de la Passion de Jésus. Ces cœurs endurcis ne veulent admettre, d’aucune façon, la mission du Sauveur et s’ingénient de mille manières à combattre Ses enseignements, pour Le dénigrer devant le peuple en Le présentant comme un menteur, un démoniaque. Leur aigreur s’accroît, au point qu’ils décident de Le lapider : « Alors ils prirent des pierres pour les Lui jeter ». La mort de Jésus est déjà décrétée par les Juifs, mais l’heure fixée par le Père n’étant pas encore venue, « Jésus Se cacha et sortit du temple ».
Ce passage évangélique nous permet de considérer la conduite de Jésus vis-à-vis de Ses persécuteurs : mansuétude, zèle pour leurs âmes. Saint Grégoire le Grand écrit : « Considérez, frères bien-aimés, la mansuétude du Seigneur. Lui, qui était venu remettre les péchés, disait : Qui de vous Me convaincra de péché ? Lui, qui, en vertu de Sa divinité, pouvait justifier les pécheurs, ne dédaigne pas de prouver, au moyen du raisonnement, qu’Il n’est pas pécheur » (bréviaire romain).
Les calomnies se multiplient : « Tu es un samaritain et Tu es possédé du démon ». Le divin maître répond, toujours avec mansuétude et seulement autant qu’il est nécessaire pour rendre témoignage à la vérité : « Je ne suis point possédé du démon, mais J’honore Mon Père et vous, vous M’outragez ». Pour le reste, Il remet Sa réputation et Sa cause entre les mains de Dieu : « Pour moi, Je n’ai pas souci de Ma gloire : il est quelqu’un qui en prend soin et qui fera justice ». Et entretemps, à travers les discussions, Il ne cesse d’instruire et d’illuminer les esprits pour tâcher de les arracher à l’erreur ; toujours oublieux de Lui-même, Il pense uniquement au bien des âmes. C’est ainsi que, précisément en cette pénible circonstance, Jésus nous donne de précieux enseignements : « Celui qui est de Dieu, entend la parole de Dieu… Si quelqu’un garde Ma parole, il ne verra jamais la mort ». Recueillons ces enseignements de la bouche du Maître persécuté, et conservons les dans notre cœur avec un soin jaloux. De nos jours encore, le monde est plein de Ses ennemis, de ceux qui combattent Sa doctrine, méprisent Sa Passion. Nous du moins, croyons en Lui et soyons Lui des amis fidèles.
Jacques-Joseph Tissot (1836-1902), dit James Tissot :
« Les Juifs prirent des pierres pour Le lapider » (gouache)
Colloque :
« Louange à Vous, Dieu très miséricordieux, qui avez voulu nous racheter et nous élever par la Passion, les douleurs, le mépris et la pauvreté de Votre Fils, alors que nous étions misérables, bannis, prisonniers et condamnés. Je cours donc vers Votre Croix, ô Christ, vers la douleur, le mépris, la pauvreté, et, de toutes mes forces, je désire me transformer en Vous, ô Dieu-Homme souffrant, qui m’avez aimé jusqu’à endurer une mort horrible et honteuse, et cela, à seule fin de me sauver et de me donner l’exemple, afin que je puisse subir, pour Votre amour, les adversités. C’est la perfection et une vraie preuve d’amour que de me conformer à Vous, ô Crucifié, qui, pour mes péchés, avez voulu mourir cruellement, Vous livrant entièrement en proie aux tourments. O mon Dieu souffrant, c’est seulement en lisant dans le livre de Votre vie et de Votre mort, qu’il me sera donné de Vous connaître et de pénétrer Votre mystère. Accordez-moi donc un profond esprit d’oraison, une prière pieuse, humble, attentive, faite non seulement de bouche mais de cœur et d’âme, pour pouvoir comprendre les leçons de Votre Passion !
En ce livre, je vois Votre infinie bonté et la miséricorde, qui Vous a fait prendre sur Vous notre condamnation, notre mépris, notre douleur, plutôt que de nous laisser dans un état si misérable. Je vois la bonté sans borne, le soin, la diligence que Vous avez mis pour nous sauver et nous reconduire dans la patrie céleste. Je vois la sagesse infinie, par laquelle Vous nous avez rachetés, sauvés et glorifiés d’une manière ineffable, par miséricorde, sans léser la justice. Et tandis que Vous mouriez péniblement, Vous avez tout vivifié en anéantissant la mort commune.
De plus, dans le livre de Votre Croix, je vois Votre mansuétude infinie, par laquelle, étant Maudit, Vous ne maudissiez ni ne Vous vengiez, mais, au contraire, pardonniez et gagniez le ciel pour ceux-là mêmes qui Vous crucifiaient » (Sainte Angèle de Foligno).
« O mon Dieu souffrant,
c’est seulement en lisant dans le livre de Votre vie et de Votre mort,
qu’il me sera donné de Vous connaître et de pénétrer Votre mystère ».

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