2023-45. Méditation pour le dimanche de Laetare : la multiplication des pains.
Quatrième dimanche de Carême,
Dimanche de Laetare.
« Comment sur la montagne N.S. rassasie miraculeusement la foule qui l’avait suivi pour ouïr Sa parole »
Baie de l’église Saint-Gilles, à Malestroit (Bretagne)
La multiplication des pains
Présence de Dieu.
Jésus, vrai Pain de vie éternelle, apaisez ma faim.
Méditation.
1 – Ce dimanche constitue une halte de sainte allégresse, de réconfort spirituel, que l’Église, telle une bonne mère, nous offre à mi-chemin de l’austérité quadragésimale, comme pour rentre retremper nos forces. « Réjouis-toi, ô Jérusalem – chante l’introït de la Messe -, et vous tous qui l’aimez, tressaillez d’allégresse et rassasiez-vous dans l’abondance de ses délices ».
Quelles sont ces délices ?
L’Evangile du jour nous répond par la narration de la multiplication des pains, le grand miracle par lequel Jésus voulut disposer les foules à l’annonce d’un miracle bien plus éclatant encore, l’institution de l’Eucharistie, par laquelle Lui, le Maître, deviendrait notre pain, « pain vivant descendu du ciel » (Jean VI, 41), pour nourrir nos âmes.
Tel est le motif de notre joie, la source de nos délices : Jésus est le pain de vie, toujours à notre disposition pour apaiser notre faim.
Tout en appréciant beaucoup mieux que nous les valeurs spirituelles, Jésus n’oublie ni ne méprise les nécessités matérielles de l’homme. L’Évangile nous le montrent aujourd’hui entouré de la foule qui L’avait suivi pour entendre Ses enseignements ; Jésus pense à la faim de tout ce monde, et afin d’y pourvoir, accomplit l’un de Ses plus éclatants miracles : sous Sa bénédiction, cinq pains et deux poissons servent à rassasier cinq mille hommes, laissant en outre douze corbeilles de restes.
Jésus sait que lorsque l’homme est tourmenté par la faim, par les nécessités matérielles, il est incapable de s’appliquer aux choses de l’esprit.
La charité exige aussi de nous cette compréhension des besoins matériels d’autrui, compréhension effective, qui se traduit en action efficace. « Si un frère ou une sœur – enseigne Saint Jacques – sont dans la nudité et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un de vous leur dise : Allez en paix… sans leur donner les choses nécessaires au corps, à quoi cela sert-il ? » (Jacques II, 15 & 16). Les apôtres avaient proposé au Maître de renvoyer la foule « afin qu’ils aillent s’acheter des vivres » (Matth. XIV, 15). Jésus n’a pas accepté, et a voulu y pourvoir par Lui-même. Tâche, toi aussi, autant qu’il est en ton pouvoir, de ne jamais renvoyer le prochain dans le besoin sans lui avoir prêté ton secours.
(détail du précédent)
2 – Avant d’accomplir le miracle, Jésus interroge Philippe : « Où achèterons nous du pain pour que ces gens aient à manger ? », et l’évangéliste observe : « Il disait cela pour l’éprouver, car Lui, Il savait ce qu’Il devait faire ».
Il n’est pas de circonstances difficiles en notre vie, dont Dieu ne connaisse la solution ; de toute éternité, Il a prévu et tient prêt le remède nécessaire à chaque cas, aussi compliqué soit-il.
Toutefois, dans les circonstances pénibles, Il semble quelquefois nous laisser seuls, comme si la solution dépendait de nous, mais Il le fait uniquement pour nous éprouver. Il veut que nous nous mesurions avec les difficultés, que nous nous rendions davantage compte de notre impuissance, de notre insuffisance, et d’autre part, Il veut nous exercer dans la foi, dans la confiance en Lui.
En réalité, le Seigneur ne nous abandonne jamais, si nous ne sommes pas les premiers à L’abandonner ; seulement, Il Se cache, et couvre également Son action d’un voile obscur : c’est alors l’heure de croire, de croire fortement et d’attendre avec une humble patience et une confiance totale.
Les apôtres avisent Jésus qu’un jeune homme a cinq pains et deux poissons : c’est bien peu de chose, et même rien du tout pour nourrir cinq mille hommes, mais le Seigneur demande ce rien et S’en sert pour accomplir le grand miracle.
Il en va toujours de même ; vis-à-vis de Sa créature libre, le Dieu tout-puissant, qui peut tout accomplir et tout créer de rien, ne veut pas agir sans son concours.
Ce que l’homme peut faire est bien peu, mais ce peu, Dieu le veut, le demande, l’exige comme condition de Son intervention.
Le Seigneur seul peut te sanctifier, comme Lui seul pouvait multiplier les petites provisions du jeune homme ; et cependant, Il demande ton concours.
De même que le jeune homme de l’Évangile, donne Lui, toi aussi, tout ce qui est en ton pouvoir, c’est-à-dire présente-Lui chaque jour tes bonnes résolutions, toujours renouvelées avec constance et amour, et Il opérera aussi pour toi un grand miracle, le miracle de ta sanctification.
Le Pélican : symbole du sacrifice du Christ, de l’Eucharistie et de la charité
(détail d’une rosace de l’église de Grolley, dans le canton de fribourg)
Colloque :
« Seigneur Jésus-Christ, fils du Dieu vivant qui, sur la Croix, les bras étendus, avait bu, pour la rédemption de tous les hommes, le calice d’inénarrables douleurs, daignez aujourd’hui me porter secours. Moi, pauvre, je viens à Vous, qui êtes riche ; misérable, je me présente à Vous, Miséricordieux. Ah ! faites que je ne Vous quitte pas vide et déçu. Affamé, je viens à Vous ; ne permettez pas que je parte à jeun. Famélique, j’approche de Vous ; ah ! que je ne m’en retourne pas sans avoir été rassasié ! Et si je soupire avant de manger, accordez-moi ensuite la grâce d’être nourri » (Saint Augustin).
Oui, j’ai faim de Vous, vrai pain, pain vivant, pain de vie. Vous savez quelle est ma faim, faim de l’âme, faim du corps, et Vous avez voulu pourvoir tant à l’une qu’à l’autre.
Par Votre doctrine, par Votre Corps et Votre Sang, Vous rassasiez mon esprit, Vous le rassasiez abondamment, sans garder aucune mesure, sauf celle que je garde moi-même par la froideur de mon amour, l’exiguïté de mon cœur.
Vous m’avez dressé une table riche et opulente au-delà de ce que l’on peut imaginer, de laquelle je n’ai qu’à m’approcher pour être nourri ; et non seulement Vous m’accueillez, mais Vous Vous faites ma nourriture et mon breuvage, en Vous donnant tout entier en moi, tout entier dans Votre Divinité, tout entier dans Votre Humanité.
Et puis, dans Votre bonté infinie, Vous avez même dressé une table pour mon corps, et Votre providence le nourrit, le vêt, le maintient en vie comme les lis des champs et les oiseaux du ciel.
Vous connaissez mes nécessités, mes angoisses, mes préoccupations pour le passé, le présent, l’avenir, et Vous pourvoyez à tout, avec un amour paternel. Oh ! Seigneur, comment ne pas me confier en Vous, comment ne pas jeter en Vous toutes mes sollicitudes, sûr que Vous trouverez remède à tout ?
Je Vous confie donc ma vie : vie du corps, vie terrestre avec toutes ses nécessités, tous ses travaux ; vie de l’esprit avec toutes ses exigences, ses angoisses, avec toute sa faim d’infini. Vous seul pouvez combler le vide de mon cœur, Vous seul pouvez me rendre heureux, Vous seul pouvez réaliser mon idéal de Sainteté, d’union à vous.
Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine », 4ème dimanche de Carême.
La sainte communion
(église Saint-Romain, à Sèvres)

Vous pouvez laisser une réponse.
« De même que le jeune homme de l’Évangile, donne Lui, toi aussi, tout ce qui est en ton pouvoir, c’est-à-dire présente-Lui chaque jour tes bonnes résolutions, toujours renouvelées avec constance et amour, »… les bonnes résolutions , c’est déjà un pas, mais les réaliser… comme c’est difficile quelquefois !!!
Seigneur Qui avez TOUT donné, par pitié , aidez-nous à être patient, bienveillant et attentif !
Amen