2023-32. Méditation pour le deuxième dimanche de Carême : la Transfiguration.

Deuxième dimanche de Carême.

La Transfiguration - Giordano Luca 1685 - Musée des Offices Florence

La Transfiguration [1685], par Luca Giordano (1634-1705)
[Florence, musée des Offices]

frise

La Transfiguration

Présence de Dieu :

« O Jésus, que Votre grâce triomphe en moi, jusqu’à me rendre digne de participer à votre glorieuse Transfiguration !»

Méditation :

   1 – L’âme de Jésus, unie personnellement au Verbe, jouissait de la vision béatifique dont l’effet connaturel est la glorification du corps. Mais Jésus qui, durant les années de Sa vie terrestre, voulut S’assimiler le plus possible à nous en prenant « une chair semblable à celle du péché » (Rom. VIII, 3), empêcha cet effet de se produire.
Cependant, pour confirmer dans la foi les Apôtres ébranlés par l’annonce de Sa Passion, Jésus laissa transparaître, sur le Thabor, quelques rayons de Son Ame bienheureuse, et alors Pierre, Jacques et Jean Le virent transfiguré : « Son visage resplendissait comme le soleil et Ses vêtements étaient blancs comme la neige ». Les trois en demeurèrent extasiés, et cependant, Jésus ne leur avait montré qu’un rayon de Sa gloire, car aucune créature humaine n’aurait pu en supporter la vision complète.
La gloire est le fruit de la grâce ; la grâce que Jésus possède dans une mesure infinie, rejaillit en une gloire infinie qui Le transfigure entièrement. Quelque chose de semblable nous arrive aussi : la grâce nous transforme, nous transfigure « de gloire en gloire » (2 Cor. III, 18), jusqu’à ce qu’un jour elle nous introduise dans la vision béatifique de Dieu. Et tandis que la grâce transfigure, le péché, par son opacité, défigure ceux qui en sont victimes.
L’Evangile du jour montre le rapport intime entre la Transfiguration et la Passion de Jésus. Moïse et Elie, apparus sur le Thabor, aux côtés du Sauveur, causaient avec Lui et, comme le spécifie Saint Luc, ils parlaient justement de Sa Passion prochaine, « ils s’entretenaient de Sa mort qui devait s’accomplir à Jérusalem » (Luc IX, 31).
Le divin Maître veut enseigner de cette manière à Ses disciples, qu’il est impossible – tant à Lui qu’à eux-mêmes – d’arriver à la gloire de la Transfiguration sans passer par la souffrance ; c’est la leçon qu’Il donnera plus tard aux deux disciples d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît et entrât ainsi dans Sa gloire ? » (Luc XXIV, 26). Ce que le péché a défiguré ne peut retrouver sa beauté surnaturelle première qu’au moyen de la souffrance purificatrice.

Le Greco - le Christ portant sa croix

Domínikos Theotokópoulos, dit Le Greco (1541-1614) : Le Christ portant Sa Croix [vers 1580]
[Metropolitan Museum of Art, New-York]

   2 – Extasié devant la vision du Thabor, Pierre s’exclame, dans son ardeur coutumière : « Il nous est bon de rester ici ! », et s’offre à préparer trois tentes : pour Jésus, Moïse et Elie. Mais sa proposition est interrompue par une voix du ciel : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé en qui J’ai mis toutes Mes complaisances ; écoutez-Le ! » – et la vision s’évanouit.
Les consolations spirituelles ne sont jamais une fin en elles-mêmes, et nous ne devons ni les désirer, ni chercher à les retenir pour notre satisfaction. La joie, même spirituelle, ne doit jamais être recherchée pour elle-même.
De même qu’au ciel la joie sera la conséquence nécessaire de la possession de Dieu, ainsi sur cette terre, elle doit être uniquement un moyen pour nous consacrer, avec une générosité accrue, au service de Dieu.
A Pierre, qui voudrait s’arrêter sur le Thabor dans la douce vision de Jésus transfiguré, Dieu Lui-même répond en l’invitant plutôt à écouter et suivre les enseignements de Son Fils bien-aimé. L’apôtre ardent saura bien vite que suivre Jésus signifie : porter la Croix et monter avec Lui au Calvaire.
Ce n’est pas pour nous amuser que Dieu nous console, mais afin que nous soyons forts et généreux en souffrant pour Son amour.
La vision disparue, les Apôtres levèrent les yeux et ne virent plus rien, « nisi solum Jesum », hormis Jésus seul, et avec « Jésus seul », ils descendirent de la montagne.
Voilà ce que nous devons rechercher toujours et qui doit nous suffire : Jésus seul, Dieu seul.
Tout le reste – consolations, secours, amitiés, même spirituelles, compréhension, estime, soutien, même des Supérieurs – peut être bon dans la mesure même où Dieu nous permet d’en jouir. Il S’en sert, très souvent, pour soutenir notre faiblesse ; mais si, à travers les circonstances, Sa Main divine nous prive de tout cela, il n’y a pas lieu de nous déconcerter ou de nous troubler. C’est justement à ces heures que, plus que jamais, nous pouvons témoigner à Dieu – par les actes et non seulement en paroles – qu’Il est notre Tout et que, seul, Il nous suffit.
L’âme aimante se trouve alors dans l’occasion de rendre l’un des plus beaux témoignages à son Dieu : Lui être fidèle, se confier à Lui, persévérer dans la résolution du don total, même si, retirant Ses dons, Il la laisse seule, dans le noir, dans l’incompréhension peut-être, l’amertume, la solitude matérielle et spirituelle unie à la désolation intérieure. L’heure est venue de répéter : « Jésus seul », et de descendre avec Lui du Thabor pour Le suivre, avec les Apôtres, jusqu’au Calvaire où Il agonisera, abandonné Lui-même, non seulement des hommes, mais même de Son Père.

Crucifix d'ivoire du XVIIème - Abbaye Saint-Antoine

Crucifix en ivoire (anonyme XVIIème siècle)
[Trésor de l'Abbaye Saint-Antoine en Dauphiné]

Colloque :

       « C’est Vous seul que j’aime, mon Dieu, Vous seul que je veux suivre et chercher… Je veux être uniquement à Votre disposition.
Ordonnez, je Vous en prie !Commandez tout ce que Vous voulez, mais guérissez, ouvrez mes oreilles, afin que j’entende Votre voix ; guérissez, ouvrez mes yeux, afin que je vois Vos moindres signes ; guérissez-moi tout entier afin que je Vous reconnaisse. Dites-moi de quel côté il me faut tourner l’attention afin que je Vous voie ; et j’espère que je pourrai faire tout ce que Vous me commandez…» (Saint Augustin).

   Puissé-je Vous suivre, ô Jésus, et non seulement au Thabor, mais surtout au Calvaire.
Le Thabor est lumière, splendeur qui m’attire ; je voudrais, ne fût-ce que pour un instant, entrevoir Votre Face, ô mon Dieu ! Le Calvaire, c’est la nuit, la solitude, la douleur morne qui m’épouvante ; mais dans les ténèbres se dresse une croix sur laquelle je Vous contemple, Crucifié par amour. J’entrevois Votre Face, non pas transfigurée par la gloire, mais altérée par la douleur, fruit de nos péchés.

   O Jésus, détruisez en moi le péché, ce péché qui a ravagé Votre Face et défiguré mon âme, créée à Votre image et ressemblance. Mais pour opérer cette destruction, il est nécessaire que je participe à Votre Calvaire, à Votre Croix.
Daignez donc, ô Seigneur, unir à Votre passion toutes les souffrances, petites et grandes, de ma vie, afin qu’elles me purifient et me disposent à monter de clarté en clarté, jusqu’à la transformation complète en Vous.

   La lumière, la gloire du Thabor m’encourage.
Merci, Seigneur, de m’avoir accordé, ne fût-ce que pour quelques instants, de contempler Votre splendeur, de jouir de Vos divines consolations ; fortifié et encouragé de cette manière, je descends de la montagne pour Vous suivre, Vous seul, jusqu’au Calvaire.

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine,
in « Intimité divine »

Philippe de Champaigne : Sainte Face

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