2023-29. Enfin, les choses étaient dans l’ordre !
27 février,
Dans le diocèse de Viviers : dédicace de la cathédrale Saint-Vincent ;
Ailleurs : fête de Saint Gabriel de l’Addolorata (cf. > ici) ;
Anniversaire de la signature de l’Edit de Thessalonique (cf. > ici) ;
Anniversaire du Sacre de S.M. le Roi Henri IV (cf. > ici) ;
Anniversaire de la restitution au culte catholique de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet.
Cette date du 27 février est riche de belles fêtes et anniversaires.
Pour moi, qui était alors dans ma quinzième année et qui me rappelle avec émotion de l’espoir et de l’enthousiasme que l’événement suscita alors en mon âme (cf. > ici), je voudrais aujourd’hui revenir sur le dernier de ceux qui sont énumérés ci-dessus : la restitution au culte catholique de l’église Saint-Nicolas du Chardonnet, le 27 février 1977.
Si, vivant en province, je n’étais pas présent à ce magnifique coup d’éclat accompli par Monsieur l’abbé Vincent Serralda (1905-1998), Monsieur l’abbé Louis Coache (1920-1994), Monseigneur François Ducaud-Bourget (1897-1984) et leurs amis prêtres résistant à la « nouvelle messe » alors présents à Paris, j’ai néanmoins eu la grâce et la joie de connaître, plus tard, plusieurs protagonistes, prêtres ou laïcs, de cette libération, qui m’ont partagé leurs souvenirs.
J’ai également eu la joie de rencontrer à plusieurs reprises l’auteur des lignes qui suivent, le cher André Figuéras (1924-2002), dont j’ai décidé de vous livrer, ci-dessous, le savoureux récit qu’il a fait de cet événement dans l’avant-propos de son bel ouvrage (devenu assez difficile à trouver) : « Saint Nicolas du Chardonnet : le combat de Mgr Ducaud-Bourget ».
Dans les combats qu’il faut continuer à soutenir pour la pleine liberté de la célébration de la Sainte Messe latine traditionnelle, en des circonstances à nouveau bien pénibles où nous avons – non sans justesse – le sentiment que nous pourrions nous retrouver acculés à retourner, en certains diocèses, dans de discrètes chapelles de fortune pour y assister à la liturgie multiséculaire de l’Eglise catholique, il est toujours bon de nous souvenir des exemples que nous ont donnés les « résistants » de l’immédiat après-concile, et de nous en imprégner pour nous fortifier, pour nous prémunir contre toute espèce de découragement, pour savoir réagir avec pertinence, pour anticiper, pour être audacieux, et enfin pour passer à l’action quand les circonstances l’exigeront…
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur
Paris : église Saint-Nicolas du Chardonnet
« Enfin, les choses étaient dans l’ordre ! »
« Assurément, nous ne sommes pas en mesure de dire si c’était, oui ou non, pour la première fois de sa vie. Toujours est-il que, ce matin du dimanche 27 février 1977, l’abbé Bellégo eut, pendant quelques instants, toute raison de croire au miracles.
Ce prêtre de la paroisse de Saint-Séverin, dans le V° arrondissement de Paris, avait responsabilité particulière pour l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sise dans le même arrondissement, et dont le clergé contemporain avait décidé la réduction à l’état de sous-paroisse.
Ce bel édifice avait pourtant connu des jours meilleurs… [ici, l'auteur fait un résumé, qui occupe néanmoins plusieurs pages, de l'histoire de cette paroisse et des chefs d'œuvres artistiques qui se trouvent dans l'église].
[...] En ce matin du dimanche 27 février 1977, on ne retrouvait plus la trace de ce passé et de cette gloire. Devant un groupe minuscule de fidèles, plus résignés que transportés, l’abbé Bellégo achevait, sinon à la manière d’un pensum, du moins sans transports manifestes, de débiter une de ces messes sans latin à propos de laquelle le chanteur Georges Brassens a employé un verbe énergique.
Tout à coup, un frémissement concentré et retenu commença de se faire à l’entrée de la nef. L’abbé Bellégo, qui disait sa messe hors du chœur, sur une petite table installée sur un gigantesque podium, et en tournant le dos au Christ, n’eut qu’à lever les yeux pour se rendre compte de ce qui se passait.
Et c’est là qu’il put avoir, l’espace d’un instant, la notion d’un miracle. Voilà en effet que l’église quasi déserte – parce que depuis longtemps quasi désertée – s’emplissait d’une foule recueillie. Bientôt toutes les chaises furent occupées, même dans les bas-côtés, et, l’afflux ne cessant point, quantité de gens entendirent debout la fin de l’office.
Jamais pareille aventure n’était arrivée à l’abbé Bellégo, longuement habitué à des auditoires chétifs. Il en était encore à se demander ce qui se passait, lorsque ses quêteuses revinrent en faisant grise mine. Dans cette vaste assemblée, elles n’avaient rien recueilli du tout. Comme on n’était pas en train de plaisanter, personne n’avait fait même le geste de donner un bouton de culotte.
Or, ce problème de la quête est, depuis quelques années, l’obsession du clergé post-conciliaire, qui suscite si peu la générosité des derniers fidèles, qu’ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts, comme on dit [...].
Donc en voyant ses aumônières aussi indigentes qu’à l’accoutumée, l’abbé Bellégo conçut que ce qui était en train de se produire ne devait pas être faste pour lui. C’est donc dans l’inquiétude et la hâte qu’il acheva sa messe.
Effectivement, à l’instant qu’il achevait, il se passa quelque chose, sinon de miraculeux, en tout cas de prodigieux.
Tandis que l’immense assistance, debout, entonnait le Credo, un groupe de prêtres, revêtus des habits sacerdotaux traditionnels, se dirigeaient vers le chœur.
Voilà que la messe de saint Pie V éclatait sous ces voûtes qui l’avaient tant entendue, et qui, sans nul doute, et parce qu’il y a une âme des choses – surtout lorsque ces choses sont des pierres d’église – l’attendaient depuis qu’elles en étaient privées.
Car tout se passa très simplement comme un retour à la vérité, et pour ainsi dire à la nature, comme une résurrection. Tandis qu’une sorte de liesse sacrée saisissait la foule, on retrouvait tout à coup, et cela semblait la chose la plus normale du monde, la magnificence de l’Histoire, et la splendeur de la France.
Un sentiment commun de libération semblait créer une connivence entre l’église et les assistants. De telle sorte que cette messe avait, si l’on peut dire, l’air tout ensemble d’une cérémonie expiatoire et d’un baptême.
Enfin, depuis dix ans que cela ne se présentait plus, les choses étaient dans l’ordre…»
André Figuéras,
in « Saint-Nicolas du Chardonnet – le combat de Mgr Ducaud-Bourget »
éditions de Chiré, 1977
27 février 1977, à Saint-Nicolas du Chardonnet :
de gauche à droite Monsieur l’abbé Michel de Fommervault, Monseigneur François Ducaud-Bourget, Monsieur l’abbé Juan,
et au fond, au micro, Monsieur l’abbé Louis Coache
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Inoubliable souvenir ! Allégresse et joie de mes chers parents qui n’y étaient pas ce jour là, mais y sont vite allés pour se joindre à l’abbé Coache, qui a acheté le couvent de Flavigny.
Oui il faut nous tenir prêts à la reconquête.
Merci, cher Frére, pour TOUS CES SOUVENIRS.
Comme j’aurais aimé me trouver là !…
Admiration et respect pour ceux qui étaient « de la fête ».
Belle photo.
Au deuxième rang, en blanc, à gauche, n’est-ce pas le futur R.P. Emmanuel-Marie op. et au milieu, le futur abbé Rulleau, longtemps professeur à Ecône ? Le MJCF de l’époque sert le Salut…
Continuons cette résistance afin de revenir à la messe traditionnelle .