2023-27. « Voici que nous montons à Jérusalem ».

25 février 2023

Lettre mensuelle
aux membres et amis de la
Confrérie Royale

frise fleurs de lys

Rappel :

       Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois de la manière suivante, en sus des 3 angélus quotidiens qu’ils offrent habituellement en y ajoutant l’oraison pour le Roi extraite du Missel romain : chaque 25 du mois donc, ils redoublent de prières, et offrent avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices de leur devoir d’état ainsi que les peines et les joies de ce jour ; ils travaillent plus méticuleusement à leur sanctification ; et, lorsque cela leur est possible, ils assistent à la Sainte Messe et offrent la sainte communion à l’intention du Roi ; ou bien encore, ils accomplissent quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire, offerts à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.
La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Le but de cette lettre est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et des approfondissements, qui sont toujours nécessaires.

entête confrérie royale carême

« Voici que nous montons à Jérusalem » (Matth. XX, 18)

Samedi 25 février,
En la fête de sainte Isabelle de France, sœur de saint Louis IX.

       Au Temps de la Septuagésime, qui précède durant trois semaines la sainte Quarantaine appelée Carême, dom Prosper Guéranger rappelait l’état d’esprit dans lequel nous devions entrer : « Le Chrétien, s’il veut entrer dans l’esprit de l’Église, doit faire trêve à cette fausse sécurité, à ce contentement de soi qui s’établissent trop souvent au fond des âmes molles et tièdes, et n’y produisent que la stérilité. Heureux encore lorsque ces dispositions n’amènent pas insensiblement l’extinction du véritable sens chrétien ! Celui qui se croit dispensé de cette vigilance continuelle tant recommandée par le Sauveur, est déjà sous la main de l’ennemi ; celui qui ne sent le besoin d’aucun combat, d’aucune lutte pour se maintenir et pour cheminer dans le bien, à moins d’avoir été honoré d’un privilège aussi rare que dangereux, doit craindre de ne pas être dans la voie de ce royaume de Dieu qui ne s’enlève que de vive force ; celui qui oublie les péchés que la miséricorde de Dieu lui a pardonnés, doit redouter d’être le jouet d’une illusion périlleuse. Rendons gloire à Dieu, dans ces jours que nous allons consacrer à la courageuse contemplation de nos misères, et venons puiser, dans la connaissance de nous-mêmes, des motifs nouveaux d’espérer en Celui Que nos faiblesses et nos fautes n’ont point empêché de S’abaisser juqu’à nous, pour nous relever jusqu’à Lui » (Septuagésime, chap. III).

   Cette consigne de l’Année liturgique, il n’est pas trop tard pour la mettre en pratique, je vous rassure, d’autant que le Carême proprement dit, c’est-à-dire liturgique (c’est le jeûne quadragésimal qui commence le Mercredi des Cendres), commence ce samedi midi avec les Vêpres anticipées avant le déjeuner. C’est à saint Charlemagne que l’on doit cette mesure disciplinaire, désireux que les domestiques et familiers de sa Cour n’aient pas à attendre la nuit qu’ait pris fin le propre déjeuner de la Cour, en fin de journée.

   Notre prieur a déjà beaucoup écrit et relayé de sermons de Pères de l’Église sur ce si important temps du Carême, et particulièrement sa « pratique » (thème cher également à dom Guéranger) : sachons en profiter et les méditer sérieusement, afin de mettre en œuvre, comme nos aïeux, une véritable pénitence, et non pas un sucre en moins dans le café… « Voici le temps favorable, voici les jours de salut ! » (II Cor. VI, 2) va s’écrier la Liturgie. Ne perdons pas ces grâces que nous prépare le Seigneur.

   Seuls les Orientaux sont encore fidèles à un vrai Carême. L’Occident l’a complètement soit oublié, soit défiguré, même dans « nos milieux » : il semble que ce que beaucoup (même ecclésiastiques) considèrent comme des « pratiques d’un autre temps », se soient réfugié dans les seuls monastères, hormi quelques exceptions de clercs et de laïques mortifiés « dans le monde » selon l’esprit de l’Église.

   Membres de la Confrérie Royale, désireux de – et résolus à – utiliser tous les trésors liturgiques pour faire avancer notre cause, à savoir la deuxième demande du Pater noster, faisons donc jeûner nos corps et prier nos âmes comme jadis les Ninivites. Et Dieu sait que notre pauvre société est dans un état bien plus grave que cette cité syrienne ; pour cela, soyons bien plus désireux d’un résultat miséricordieux que ce pauvre Jonas. Abandonner viande et productions animales, comme nous le rappellent plusieurs fois chaque jour les oraisons liturgiques, pour nous concentrer sur l’Unique Nécessaire (Dieu, est-il besoin de le rappeler ?). Ne les faisons donc pas mentir, ces prières, notamment nous, MM. du Clergé, qui les récitons tant de fois machinalement ; et n’imitons pas le clergé vétérotestamentaire qui proclamait un Messie qu’il fut non seulement incapable de reconnaître à Son Heure, mais qu’il fit ignominieusement périr !

   Comme le disaient les anciens auteurs : le Royaume est un corps (dont le roi est la tête), et l’Église, depuis au moins saint Gélase Ier, voit dans ce corps la partie proprement étatique et temporelle, laïque aussi, de la société (tandis qu’en l’âme se mire l’autorité spirituelle). Un corps mystique à l’image de celui que constitue l’Église. Le corps mystique du Royaume doit pratiquer le jeûne, la prière et l’aumône pour son propre salut. Il est en effet « des démons qu’on ne peut chasser que par le jeûne et la prière » (Matth. XVII, 21) : utilisons donc les bons moyens pour les meilleurs effets, puisque la France est désormais bien plus infestée et possédée que Marie-Madeleine avec ses sept démons.

   « Que Votre règne arrive […] sur la terre comme au Ciel ! » : le règne du Christ vrai roi de France et de son lieutenant « commendataire », pour gloser les paroles de sainte Jeanne d’Arc, selon notre devise tirée des leçons de Matines de son office liturgique : « Ad pristinum regnum restituendum », qui ne dit pas autre chose. Un tel cadeau, une si grande grâce ne méritent-ils pas des efforts redoublés ?

   Rien n’est à négliger, pour « un royaume éternel et universel, royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice, d’amour et de paix » (préface du Christ Roi), et précisons : de vraie justice, de véritable amour et de véridique paix. Qui ne peuvent tous trois ne se trouver qu’en la Personne adorable du Seigneur Jésus, et qu’un seul régime (quel mot affreux !) a été capable de confesser sur (et dans) ce sol de France. Osons alors le mot : faisons régime pour un meilleur régime !

   « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Joann. XV, 3). Concentrons-nous, après avoir contemplé notre misère (personnelle comme sociale, historique comme contemporaine), sur Ce Fils d’un Dieu venu tout réparer et « faire toutes choses nouvelles » (Isaïe XLIII, 19 ; Apocalypse XXI, 5). Nouvelles et anciennes en même temps, car re-formées sur le plan de Dieu malheureusement rejeté.

Voici la définition même de la Restauration.
Et notre France en a grand besoin.

+ Abbé Louis de Saint-Taurin

P.S. : Ce 28 février, n’oublions pas dans nos prières M. Pierre Bodin †, ancien président de l’U.C.L.F. et qui était non seulement membre d’honneur mais membre plénier de la Confrérie. Cela fera deux mois que Dieu l’a rappelé à Lui.

armoiries confrérie royale

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