2022-106. Du Requiem en ré mineur de Charles-Henri Plantade à la pieuse mémoire de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.

16 octobre,
En France : fête de l’apparition de Saint Michel au Mont Tombe (cf. > ici) ;
Anniversaire de l’assassinat de S.M. la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine ;
Anniversaire de la fondation de la Milice de l’Immaculée (cf. > ici).

Reconstitution de la cellule de la Reine à la Conciergerie

Reconstitution de la cellule de la Reine à la Conciergerie

Charles-Henri Plantade (1764-1839) :

   Claveciniste et compositeur né à Paris le 19 octobre 1764, Charles-Henri Plantade entra à l’école des pages du Roi à Versailles : choisis pour leurs capacités musicales, ces jeunes gens se formaient sous la conduite d’un maître de musique et égayaient la cour par le chant et la pratique orchestrale.
Les aptitudes vocales du jeune Plantade le firent rapidement remarquer. Elles lui valurent d’interpréter plusieurs « soli » dans les grandes messes solennelles de Versailles. Plus encore, distingué par Gluck il fut choisi par lui pour chanter des duos avec la jeune Reine. Durant cette période, selon plusieurs biographes, Plantade apprit la composition et s’initia à la maîtrise instrumentale avec plusieurs grands maîtres de l’époque. Cette solide formation fit de lui un claveciniste de très bon niveau, capable d’accompagner de multiples ensembles à la partition, mérite encore rare à cette époque. Ces compétences lui ouvrirent les portes des salons aristocratiques, toujours à l’affut d’une musique de qualité pour agrémenter les bals et les réceptions. Mais ces premiers succès tournèrent à la coqueluche quand il s’attacha au genre musical qui devint à la mode dans les dernières années de l’Ancien Régime : la romance. Ces romances de Plantade se faisaient remarquer par la qualité des accompagnements qui tranchaient sur la foule des pièces médiocres qui fleurissaient un peu partout. Ces succès toutefois étant insuffisant pour lui assurer une vie décente, Plantade entra alors dans l’orchestre de l’Opéra Comique et se lança en même temps dans le professorat de chant.
En 1799 il est nommé professeur de chant au Conservatoire et enseigne aussi au pensionnat de jeunes filles fondé par Madame Campan à Saint-Germain-en-Laye. Il y rencontre alors Hortense de Beauharnais, belle-fille du Buonaparte, qui y est élève, à laquelle il s’attache de manière durable, et dont la protection va propulser sa carrière.
En 1806, Hortense de Beauharnais devenue Reine de Hollande, se l’attache en qualité de maître de chapelle et le fait nommer directeur de la musique du Roi. Quatre ans plus tard, quand l’éphémère royaume est annexé à l’empire français, Plantade revient à Paris avec sa protectrice qui lui conserve toutes ses fonctions auprès d’elle.
Après quelques incertitudes, Charles-Henri Plantade va survivre honorablement au changement de régime : d’abord réformé de sa chaire du conservatoire en 1816, il la retrouve deux ans plus tard lorsque l’institution devient l’Ecole royale de chant et de déclamation. Son retour en grâce avait déjà été marqué par sa nomination, à la maîtrise de la Chapelle Royale (1816-1830), dirigée par Cherubini. Dans ce poste, Plantade se consacre pleinement au genre religieux. Il écrit ainsi plusieurs messes de Requiem exécutées à la nécropole royale de Saint-Denys lors de cérémonies officielles. Il compose surtout le Te Deum et le Salve Regina joués à Reims à l’occasion du Sacre de Sa Majesté le Roi Charles X, le 29 mai 1825.

Avec la révolution de 1830, Plantade perd la plupart de ses charges, hors ses fonctions de chef de chant à l’opéra. Ressentant une grande amertume de cette mise à l’écart, il se retire aux Batignolles. Malade, il rejoint Paris en 1839 pour y mourir le 18 décembre à l’âge de soixante-quinze ans.

Le Requiem à la pieuse mémoire de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette :

   Les spécialistes ont du mal à dater précisément la composition de la Messe de Requiem à grand orchestre, « composée et dédiée à Mme la Baronne de La Bouillerie » d’après la page de titre. Cette œuvre semble préexister à l’événement qui l’a rendue célèbre : la commémoration, en 1823, du trentième anniversaire de la mort de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette.
Le répertoire de la Chapelle des Tuileries ne comportait pas alors beaucoup de messes funèbres, et on demanda à Charles-Henri Plantade – qui n’était pas du nombre des principaux maîtres de Chapelle (comme Le Sueur ou Cherubini) de retravailler une Messe en ré mineur inédite, bien que sans doute déjà jouée, qu’il avait en réserve. Une édition luxueuse, publiée par Frey à cette occasion, est due pour une bonne part à la générosité de la Baronne de La Bouillerie, et à une liste importante de souscripteurs sollicités par la baronne.
« La musique de ce Requiem offre un pont saisissant entre les modèles d’Ancien Régime et le premier romantisme. Le chœur est écrit avec trois parties d’hommes (les ténors étant toujours divisés) et une seule ligne de femmes. La sonorité, de ce fait, se rapproche des anciens motets hérités de l’esthétique lullyste puis ramiste. La découpe conserve le plan traditionnel Introït / Kyrie / Graduel / Prose / Offertoire / Sanctus / Pie Jesu / Agnus. Après une introduction dont le chromatisme représente l’affliction devant la mort, et dont les coups de tam-tam semblent rappeler l’implacable destin de l’homme, le Kyrie opte pour une fugue plus énergique, débutée en faux plain-chant, et dont les volutes ne sont pas sans imiter certains mélismes haendéliens. Le Graduel, intimiste, divise par moment la ligne de sopranos en deux parties et aspire à la plénitude de l’homorythmie, en opposition complète avec le Kyrie. La prose – par la longueur de son texte – est la section la plus développée de la messe des morts, et c’est aussi celle où Plantade fera montre de toute la richesse de son inventivité : on y sent passer les frémissements opératiques des ouvrages révolutionnaires de Méhul et Cherubini, et même la nervosité du style de Rossini, alors en pleine vogue. Le très beau Pie Jesu qui conclut cette section offre un magnifique exemple de style rétrospectif, où altos et violoncelles résonnent comme un consort de violes louis-quatorzien. Mais c’est précisément dans le « véritable » Pie Jesu – celui qui précède l’Agnus, plus loin dans la messe – que Plantade utilisera l’effet d’orchestration le plus moderne de sa partition : un gémissement plaintif du cor en note « ouverte » et chromatique, produisant un son inquiétant que Berlioz dut particulièrement apprécier » (livret du CD).

Voici les enregistrements de cette œuvre réalisés en 2016 par « Le Concert Spirituel » dirigé par Hervé Niquet, dans la collection « Château de Versailles » (Alpha-Classics).
Pour écouter, faire un clic droit sur l’image, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ».

L’introït Requiem :

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Le Kyrie :

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Le graduel Requiem :

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La prose Dies Irae :

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L’offertoire Domine Iesu Christe :

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Le Sanctus :

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Le Pie Iesu :

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L’Agnus Dei :

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Armes de Sa Majesté la Reine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine

 

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