2022-102. A Nancy, « L’Institution du Rosaire » de Jean de Wayembourg.
1er octobre,
Fête de Saint Remi de Reims, pontife et confesseur, apôtre des Francs (cf. aussi > ici).
Pour commencer le mois du Très Saint Rosaire, nous vous invitons à admirer et à contempler un très grand tableau aujourd’hui conservé au « Musée Lorrain » de Nancy, qui porte le nom de « l’Institution du Rosaire » et fut peint par Jean de Wayembourg en 1597.
A – Histoire du tableau.
Ce très grand tableau est une huile sur toile d’un peu plus de 2,82 m de largeur et d’un peu plus de 3,83 m de hauteur. Il a été commandé en 1597 par le duc Charles III de Lorraine (1543-1608) pour orner le retable du maître-autel de l’église du couvent des Minimes de Nancy, édifiée en 1592.
Cette église fut détruite au début du XIXème siècle, et le tableau fut alors transféré à la cathédrale où il demeura jusqu’après la première guerre mondiale. Pour des raisons de conservation et de protection, il fut ensuite déposé au « Musée Lorrain » dont il constitue l’un des chefs-d’œuvre.
B – Jean de Wayembourg.
On ne sait pas grand chose sur la biographie de Jean de Wayembourg : ni les dates exactes de sa vie, ni son lieu de naissance, ni sa vie privée… ni même son nom originel, car Jean de Wayembourg est vraisemblablement le résultat d’une francisation de son nom. D’origine flamande, on suppose qu’il avait été connu du duc Charles III de Lorraine par l’intermédiaire du duc Charles-Philippe de Croÿ (1560-1612), puissant et important personnage des Pays-Bas espagnols, allié des ducs de Lorraine.
Jean de Wayembourg a été actif à la cour de Lorraine entre 1592 et 1603, année dont on pense qu’elle fut celle de sa mort. Il n’a été longtemps connu que par le tableau de « l’Institution du Rosaire », jusqu’à ce que l’on puisse, à une date très récente, lui attribuer une série de portraits de membres de la famille ducale, de taille naturelle, qui sont pour la plupart exposés à l’Ancienne Pinacothèque de Munich.
C – L’Institution du Rosaire.
Cette œuvre monumentale représente la Très Sainte Vierge Marie et l’Enfant Jésus remettant le rosaire à Saint Dominique et à Saint François de Paule, fondateur de l’Ordre des Minimes pour l’église conventuelle nancéenne desquels le tableau fut peint. A cette scène, qui donne son nom à l’œuvre, assiste la famille ducale.
La scénographie peut donc être ainsi analysée :
A l’intérieur d’un large « bandeau » illustré, de forme ovale – mais aplatie en haut et en bas -, la partie principale du tableau se divise en deux parties très nettes :
- dans la partie supérieure, la Très Sainte Vierge, assise au-dessus de nuages dont la couleur grise contraste avec la luminosité d’un ciel ouvert empli d’une lumière dorée, offre, de la main gauche, un chapelet à Saint François de Paule ; elle porte sur ses genoux, l’enlaçant de son bras droit, l’Enfant Jésus qui, Lui, présente un chapelet à Saint Dominique.
Autour d’eux évoluent des anges et des angelots présentant des fleurs et des chapelets
- dans la partie inférieure, des deux côtés d’une fenêtre ouverte, par laquelle on aperçoit un monument en forme de rotonde surmonté d’un dôme, se trouve, groupée et agenouillée, la famille du duc Charles III.
Du côté droit, au premier rang, la duchesse Claude de France, fille d’Henri II et de Catherine de Médicis, parée d’habits somptueux ; à son côté, Sainte Catherine de Sienne, la célèbre tertiaire dominicaine, avec un lys et un livre d’heures posés devant elle ; au second rang, sont figurées les princesses Catherine, future abbesse de Remiremont, Christine, grande-duchesse de Toscane, Antoinette, future duchesse de Clèves, et Élisabeth, future duchesse de Bavière. Les visages des femmes sont remarquables par la clarté et la transparence de leur carnation.
Du côté gauche, sont représentés, agenouillés, Charles III de Lorraine, le pape Saint Pie V, et les trois fils du duc : les futurs ducs Henri II et François II, et le cardinal Charles, évêque de Metz et légat pontifical pour la Lorraine et les Trois-Evêchés.
Tous les membres de la famille ducale sont représentés jeunes, alors qu’au moment de la composition du tableau le duc Charles III est âgé de 54 ans, et que la duchesse Claude est décédée depuis 22 ans (+ 21 février 1575).
La présence de Saint Pie V et de Sainte Catherine de Sienne s’explique évidemment par le rôle qu’ils ont joué dans la propagation de la dévotion au saint rosaire : Saint Pie V est, en particulier, le pape de la victoire de Lépante et l’instituteur de la fête de « Notre-Dame de la Victoire du Très Saint Rosaire » ; cet événement n’était antérieur que de 27 années à la composition du tableau.
Mais il est également possible que ces deux figures éminentes de la sainteté ultramontaine symbolisent les liens particuliers qui unissent le duché de Lorraine au Saint-Siège : le duc Charles III se voulait en effet un vigilant et ardent défenseur de la foi – sous son règne les protestants durent s’exiler – et un zélé promoteur des réformes tridentines.
Les médaillons peints dans la large bordure, ou bandeau, qui entoure le sujet central, sont la représentation des quinze mystères du rosaire : on les lit dans le sens des aiguilles d’une montre. Ils sont reliés entre eux par un décor élégant composé de grains de chapelet, et entouré de branches de rosiers, d’épines ou de palmiers, suivant que les sujets représentés appartiennent à la série des mystères joyeux, douloureux ou glorieux.
Dans les écoinçons, aux quatre angles du tableau, sont représentés les quatre évangélistes, mais seuls Saint Jean (en haut à gauche) et Saint Matthieu (en haut à droite) sont accompagnés de leurs symboles : l’aigle et l’ange.
Cette œuvre monumentale ne constitue-t-elle pas une admirable introduction au mois du Très Saint Rosaire ?
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.

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