2022-101. Du sublime et mystique sanctuaire Saint Michel d’Aiguilhe.
29 septembre,
Fête de Saint Michel Archange (cf. > ici, > ici, > ici et > ici) ;
Anniversaire de la naissance de SMTC le Roi Henri V (cf. > ici et > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de SMTC le Roi Charles XII.
Le Puy-en-Velay, vue générale, avec au premier plan le rocher d’Aiguilhe portant la chapelle de Saint Michel
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
A ma grande confusion, je me suis rendu compte que, mise à part la mention qu’en avait faite feu Monseigneur le Maître-Chat Lully à la fin de l’une de ses chroniques en date du 8 octobre 2008 (cf. > ici), il n’y a pas eu jusqu’ici dans ce blogue de présentation un peu détaillée d’un sanctuaire en l’honneur de l’archange Saint Michel qui nous est particulièrement cher, celui de Saint-Michel d’Aiguilhe.
Le rocher d’Aiguilhe, auquel on a très longtemps donné le nom de dyke mais que les géologues et volcanologues préfèrent aujourd’hui appeler neck, n’est pas autre chose que la cheminée d’un volcan à l’intérieur de laquelle, lors de sa dernière éruption, la lave s’est solidifiée. L’érosion, tout au long des siècles, a ensuite emporté toutes les scories, cendres et poussières volcaniques accumulées qui formaient le volcan, ne laissant que la lave solidifiée dans la cheminée, plus résistante. Il en résulte ce rocher original de 82 mètres de hauteur qui confère à la ville du Puy l’une de ses plus originales beautés.
Il est plus que probable que les Celtes y avaient établi un lieu de culte en l’honneur de l’une de leurs divinités, mais il n’en reste plus de trace visible aujourd’hui.
Ce qui est absolument certain, en revanche, c’est qu’en l’an 961 de notre ère, le doyen du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation, nommé Truannus (ou Triannus), fit ériger au sommet du rocher une chapelle en l’honneur de l’archange Saint Michel, dont l’évêque Gotescalc (ou Godescalc) célébra la dédicace le 18 juillet de l’an 962. Ce prélat est par ailleurs célèbre parce qu’il est, en l’état actuel de nos connaissances, le premier français connu à s’être rendu en pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle au départ du Puy, en 950, ouvrant en quelque sorte la Via Podiensis à des milliers de pèlerins jusqu’à nos jours.
Le sanctuaire préroman que le chanoine Truannus avait fait bâtir au sommet du rocher n’avait pas les dimensions que nous connaissons aujourd’hui à cette église : c’était un espace carré, couvert d’une coupole et flanqué de trois absidioles hémisphériques – à l’est, au nord et au sud – tandis que la façade ouest était ornée du portail d’entrée.
Au XIIème siècle, en raison de l’affluence des pèlerins, la chapelle fut agrandie d’une nef à déambulatoire qui épouse la forme du rocher, utilisant ainsi tout l’espace disponible de la plateforme. En raison de cet agrandissement et de la configuration du rocher, le portail fut déplacé au sud-est et une tribune reliant les deux constructions fut édifiée à l’intérieur. Un clocher fut également construit, et, pour faciliter l’accès des pèlerins, on aménagea dans la roche un escalier, en grande partie taillé dans le roc, au lieu du rude sentier muletier qui avait été pratiqué au Xème siècle.
En outre, trois oratoires, dont il subsiste encore quelques vestiges, jalonnèrent l’ascension.
Le clocher fut foudroyé en 1247 ; il fut reconstruit dans la première moitié du XIXème siècle.
Les sectateurs de Calvin détruisirent la statue de Saint Michel en 1562.
Lors de la grande révolution la chapelle fut délaissée, et son abandon entraîna plusieurs déprédations. Il fallut l’intervention de Prosper Mérimée pour qu’on s’intéressât à nouveau à elle : elle fait partie de la première liste d’inscription comme monument historique protégé, en 1840.
Eh bien, je vous propose maintenant de me suivre pour gravir les 268 marches qui nous conduiront au sommet.
Nous mettons ici nos pas dans ceux des Rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII, qui sont montés par ce même escalier jusqu’au sanctuaire de l’Archange…
Je me rends au minimum une fois par an en pèlerinage à Saint Michel d’Aiguilhe : durant la montée, qu’il me faut accomplir assez lentement, en raison de l’essouflement qu’elle occasionne, je récite mon chapelet ou bien la « couronne angélique » (voir > ici).
Lorsqu’on arrive au sommet, on est ébloui : on ne se lasse jamais de la beauté de la façade.
Quelque temps qu’il fasse, quelle que soit la luminosité, qu’il fasse grand soleil ou que le ciel soit couvert, en pleine journée ou lorsque le soleil baisse à l’horizon, c’est, selon une inépuisable déclinaison de nuances, un saisissement qui se répète indéfiniment.
Cette marqueterie de pierres aux coloris alternés, encadrant les sculptures, n’est pas qu’un porche physique et esthétique permettant l’entrée dans l’édifice : c’est aussi un porche spirituel, un porche mystique et théologique, qui nous fait entrer dans un mystère sacré !
Au sommet, et au centre, se trouve le Christ, Pantocrator et souverain Juge à la fin des temps, entouré de Sa Très Sainte Mère – suprême intercessrice -, de Saint Jean, qui était au pied de la Croix et assista à l’ouverture du Cœur adorable, fut élevé aux sommets de la contemplation et reçut les révélations de l’Apocalypse, de Saint Michel, archange guerrier et psychopompe, et de Saint Pierre, auquel furent confiées les clefs du Royaume des Cieux.
Au-dessus du linteau, sur lequel sont sculptées deux sirènes affrontées, le tympan est vide : on pense qu’il était originellement orné d’une scène sculptée dans du stuc qui n’a pas résisté au temps.
L’archivolte et l’arc trilobé sont ornés de rinceaux de feuillages desquels émergent des motifs antropomorphes.
L’intérieur des lobes représente la liturgie céleste, dans laquelle l’Agneau vainqueur reçoit l’adoration des vieillards et des Quatre Vivants présentant des coupes d’or, comme cela est décrit dans le livre de l’Apocalypse (Apoc. chap. IV & V).
Il est possible que les deux sirènes, l’une avec une queue de serpent et l’autre avec une queue de poisson, symbolisent la terre et la mer avec tout leur peuplement : « J’entendis toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre, et celles qui sont sur la mer et en elle ; je les entendis toutes disant : A Celui qui siège sur le trône et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles » (Apoc. V, 13). Peut-être les oiseaux (des aigles aux ailes déployées) qui ornent le chapiteau de gauche et les figures humaines celui de droite (figures que l’on appelle habituellement diacres parce qu’il semble qu’elles portent une étole diaconale) complètent-elles l’illustration de la citation scripturaire par l’évocation des créatures célestes et de l’humanité appelée au salut ?
Mais puisque nous nous sommes laissés silencieusement instruire en reprenant notre souffle, et que nous sommes maintenant bien avertis qu’ici se joue un mystère invisible qui prélude aux combats de la fin des temps par lesquels sera mis un terme aux cheminements terrestres et inauguré le Culte éternel, nous pouvons entrer par cette porte ouverte et accéder au sanctuaire…
« Pavensque, quam terribilis est, inquit, locus iste ! Non est hic aliud nisi domus Dei, et porta caeli ! » (Gen. XXVIII, 17) : « Et saisi d’effroi : qu’il est terrible, dit-il, ce lieu-ci ! Ce n’est autre chose que la Maison de Dieu et la Porte du Ciel ! »
La nef et son déambulatoire qui, en raison de la configuration du sommet du rocher, donnent l’impression d’une espèce d’enroulement, les nuances de la lumière, que tamisent les fenêtres aux profonds ébrasements, ne contribuent pas peu à l’atmosphère sacrée de la chapelle.
Le sanctuaire tel qu’il est aujourd’hui aménagé occupe tout l’espace carré de la construction primitive : deux des trois absidioles primitives subsistent, la troisième (au sud, du côté de l’épître), a été supprimée lors des travaux d’agrandissement du XIIème siècle du fait de la construction de ce que l’on appelle « avant tribune » et « tribune ».
L’autel actuel est composé d’éléments anciens découverts lors de travaux de réfection du sanctuaire en 1955 : il s’agit d’une table d’autel médiévale et d’un fragment de colonne antique qui la supporte.
Les fresques qui couvrent les murs et la voûte du sanctuaire présentent le plus grand intérêt.
A noter que dans ce sanctuaire, sous l’autel actuel, en 1955, lors de travaux de réhabilitation – et plus précisément de réfection de l’autel -, fut découvert le « trésor », à la valeur historique inestimable : un Christ reliquaire du Xème siècle, et un coffret en ivoire byzantin du XIIIème siècle, dans lequel se trouvait une croix pectorale, ainsi que deux coupelles de bronze renfermant des reliques, furent mis à jour : ces objets sont aujourd’hui présentés dans une niche sécurisée pratiquée dans le mur du sanctuaire du côté de l’épître.
Je vous invite à lire la communication savante qui donne les détails circonstanciés de cette précieuse découverte > ici.
Mais il nous faut bien sûr aller sans retard saluer l’archange Saint Michel :
Saint Michel archange, de votre lumière éclairez-nous !
Saint Michel archange, de vos ailes protégez-nous !
Saint Michel archange, de votre épée défendez-nous !
Sancte Michael Archangele, defende nos in proelio ;
contra nequitiam et insidias diaboli esto praesidium.
Imperet illi Deus, supplices deprecamur :
tuque, Princeps militiae Caelestis,
satanam aliosque spiritus malignos,
qui ad perditionem animarum pervagantur in mundo,
divina virtute in infernum detrude.
Amen !
Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat ; soyez notre secours contre la malice et les embûches du démon.
Que Dieu lui commande, nous vous en supplions : et vous, Prince de la Milice Céleste, repoussez en enfer, par la force divine,
Satan et les autres esprits mauvais qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes.
Ainsi soit-il !
Revenons maintenant vers le sanctuaire et levons les yeux vers la fresque de la coupole : on y voit le Christ glorieux (sur ce cliché il se trouve la tête en bas) : il est entouré des symboles des quatre Evangélistes, peints dans des cercles.
Saint Michel, terrassant le dragon infernal, est figuré du côté opposé au Christ de gloire (donc ici en bas de la photo).
Un décor de nuages, d’anges et les figures antropomorphiques du soleil et de la lune complètent cette fresque.
Je ne détaillerai pas toutes les autres fresques, d’autant que certaines sont difficiles à lire, mais je vous signale particulièrement celles du mur oriental du sanctuaire, au-dessus de l’absidiole, où l’on distingue bien, à droite de la fenêtre Saint Michel opérant la pesée des âmes, et à gauche Saint Michel faisant entrer les sauvés dans la Jérusalem céleste.
J’ai eu à plusieurs reprises l’immense joie d’assister à des Saintes Messes latines traditionnelles dans cette chapelle, au temps où cela était encore relativement facile à obtenir.
En ce 29 septembre, dans notre prière, transportons-nous en esprit dans ce sanctuaire plus que millénaire, afin d’y solliciter instamment les secours de l’archange vainqueur pour la Sainte Eglise, ses pasteurs et ses fidèles, puisque nous sommes en ces temps où « l’Église, épouse de l’Agneau immaculé, des ennemis très rusés l’ont saturée d’amertume et abreuvée d’absinthe ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu’elle a de plus précieux. Là où a été établi le Siège du bienheureux Pierre et la Chaire de la Vérité pour la lumière des nations, là ils ont posé le trône de l’abomination de leur impiété ; de sorte qu’en frappant le Pasteur, ils puissent aussi disperser le troupeau…» (exorcisme de Léon XIII, version originelle).
Avant d’entamer la descente, nous faisons encore une fois le tour extérieur de la chapelle, par le chemin de ronde, et nous nous extasions sur l’extraordinaire point de vue dont on jouit vers le rocher Corneille, la statue de Notre-Dame de France et l’insigne basilique-cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation, dont la dédicace fut accomplie par les Anges (11 juillet 225).
O Dieu, qui réglez de manière admirable les tâches respectives des anges et des hommes,
veuillez accorder que ceux qui se tiennent toujours devant Vous dans le Ciel pour Vous servir,
soient sur la terre les protecteurs de notre vie.
Nous Vous le demandons par Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Ainsi soit-il !
Saint Michel terrassant le dragon
détail de la fresque de la voûte du sanctuaire
Prière à Saint Michel,
écrite en 1962
par
Son Excellence Monseigneur Jean Dozolme, évêque du Puy,
à l’occasion du
millénaire de la dédicace
de la chapelle de Saint-Michel d’Aiguilhe (18 juillet 962) :
Saint Michel qui, avec tous les Anges, habitez l’inaccessible lumière de la gloire divine, depuis un millénaire vous nous donnez, dans le sanctuaire aérien du rocher d’Aiguilhe, le gage d’une présence d’aide et d’amour.
Vous prenez ainsi place auprès de l’Eglise angélique de Notre-Dame du Puy, la Reine céleste que les Anges ont saluée dans son Annonciation et élevée au Ciel dans son Assomption.
Défenseur de l’Eglise, soyez son soutien contre toutes les forces du mal.
Protecteur de la France, à qui vous avez envoyé Sainte Jeanne d’Arc pour la rétablir dans sa liberté, l’unir aux autres nations chrétiennes et la faire mieux servir avec elles au rayonnement de l’Evangile, guidez-la dans son rôle de Fille Aînée de l’Eglise.
Gardien des âmes dans leur labeur terrestre, leur résistance au démon et leur sortie de ce monde, assistez-nous.
Rendez-nous fidèles à la vérité, ennemis du péché, confiants en la Vierge Marie et attachés au Christ qui nous conduit au Père.
Ainsi soit-il.

Vous pouvez laisser une réponse.
Merci beaucoup pour tous ces détails fort intéressants, ainsi que pour les prières.
Bonjour.
Merci, cher frère, pour ce beau pèlerinage et les beaux commentaires.
Bonne fête des Saints Archanges à vous.
Hervé
DEO GRATIAS !
Merci, cher frère, pour ce pèlerinage en photos et commentaires instructifs, en ce jour où nous célébrons dans la joie et l’espérance, le glorieux Archange Saint Michel. Par la force de Dieu, qu’il combatte à nos côtés pour vaincre l’ennemi dans nos vies et autour de nous.
Bonne fête à vous en ce jour béni, avec Saint Raphaël et Saint Gabriel.