2022-86. De la correspondance à la grâce.

Neuvième dimanche après la Pentecôte.
[Epître : 1 Cor. X, 6-13 / Evangile : Luc XIX, 41-47].

Adoration du veau d'or - Domenico Gargiulo

Domenico Gargiulo (1609-1675) : l’adoration du veau d’or
[musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg]

Présence de Dieu : « O Seigneur, faites que Votre grâce ne soit pas vaine en moi ! »

Méditation :

   1 -  Aujourd’hui la liturgie nous invite à réfléchir sur le grave problème de notre correspondance à la grâce. Elle nous présente le triste tableau des vicissitudes d’Israël, le peuple élu, que Dieu avait comblé de bienfaits, auréolé de grâces, protégé avec un soin jaloux et qui, toutefois, s’est perdu par son infidélité.
Après avoir touché, dans l’Epître, certains points de la prévarication d’Israël, Saint Paul conclut : « Toutes ces choses leur arrivaient en figure et elles ont été écrites pour notre instruction… Que celui donc qui croit être ferme prenne garde de tomber ».
C’est un puissant rappel à la vigilance, à l’humilité. Si Dieu nous a prévenus de Ses grâces, s’Il nous a appelés à une vie intérieure plus intense, à une plus grande intimité avec Lui, tout cela, loin de nous rendre présomptueux, doit creuser dans notre cœur une humilité plus profonde : les dons de Dieu doivent être gardés sous la cendre d’une humble défiance de soi. Malheur à nous si nous devions nous croire affranchis désormais de ces faiblesses que nous rencontrons et condamnons peut-être chez les autres ! Répétons plutôt humblement : Seigneur, aidez-moi, sinon je pourrais faire pire.
Mais en nous exhortant à l’humilité, Saint Paul nous pousse aussi à la confiance car « Dieu est fidèle et ne permettra pas que vous soyez tentés au-dessus de vos forces, et même Il vous fera tirer avantage de la tentation, afin que vous puissiez persévérer ».
L’Apôtre nous enseigne aussi que la conscience de notre faiblesse ne doit pas nous décourager, parce que Dieu est toujours prêt à nous soutenir de Sa grâce. Dieu connaît nos faiblesses, les luttes que nous devons soutenir, les tentations qui nous assaillent et, pour chacune d’elles, Il nous donne la mesure de grâce nécessaire pour en triompher.
Il est vrai que, lorsque la rafale fait rage, nous ressentons uniquement le choc de la lutte, alors que la grâce par laquelle Dieu vient à notre secours, demeure entièrement cachée. Cependant, elle est là, nous devons en être assurés, parce que « Dieu est fidèle ».
« Dieu m’a toujours secouru, disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Je compte sur Lui. La souffrance pourra atteindre au paroxysme, mais je suis sûre qu’Il ne m’abandonnera pas » (Histoire d’une âme XII).

Flevit super illam - Enrique Simonet 1892

« Flevit super illam » – toile monumentale d’Enrique Simonet (1892 – musée de Malaga)

   2 – Reprenant le sujet de l’Epître, l’Evangile nous montre Jésus pleurant sur Jérusalem.
Le Créateur, le Seigneur, le Sauveur, pleure sur la ruine de Ses créatures, du peuple qu’Il a aimé avec prédilection, jusqu’à le choisir comme compagnon de Sa vie terrestre, et qu’Il aurait voulu sauver à tout prix.
« Jérusalem, Jérusalem… que de fois J’ai voulu rassembler vos enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! » (Matth. XXIII, 37). Telle fut l’attitude constante de Jésus envers la cité sainte, mais celle-ci est toujours demeurée aveugle à toute lumière, sourde à toute invitation et le Sauveur, peu de jours avant d’aller à Sa passion, lui lança le rappel ultime et désolé : « Si tu connaisais, toi aussi, du moins en ce jour qui t’est donné, ce qui ferait ta paix! » Mais, encore une fois, la cité résiste et Jésus, après l’avoir tant aimée, après avoir tant pleuré sur elle, comme un père pleure son fils dévoyé, lui prédit sa ruine : « tes ennemis… ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’a pas reconnu l’heure où tu as été visitée ».
Et toi, sais-tu reconnaître les moments où le Seigneur rend visite à ton âme ?
Une bonne parole, lue ou entendue, peut-être même au hasard, un exemple édifiant, une inspiration intérieure, une lumière nouvelle qui te fait voir tes défauts plus à fond, qui t’ouvre de nouvelles perspectives de vertu et de bien, – voilà autant de visites de Jésus.
Comment y corresponds-tu ? Ton âme est-elle sensible à ces lumières, à ces rappels ? Ne te surprends-tu pas quelquefois à tourner le regard ailleurs, de crainte que la lumière entrevue ne demande des sacrifices trop durs à ton amour-propre ?
Oh ! Si tu avais toujours reconnu le moment où le Seigneur t’a invité ! Si tu t’étais toujours ouvert à Son action !
Tâche donc de recommencer aujourd’hui, comme chaque fois qu’il t’arrivera de céder à la nature.
« Ce qui ferait ta paix », ton bien, ta sanctification, se trouve précisément dans cette adhésion continuelle aux motions de la grâce.

Colloque :

   « Ainsi que je Vous l’ai confessé auparavant, ô gloire de ma vie, ô Seigneur mon Dieu, force de mon salut, j’ai mis quelquefois mon espoir dans ma force qui n’était cependant rien ; c’est lorsque j’ai voulu courir, me croyant très ferme, que je suis tombé le plus vite et que j’ai reculé au lei d’avancer ; ce que je croyais atteindre s’est éloigné de moi et ainsi, ô Seigneur, Vous avez mis de manières différentes mes forces à l’épreuve. Sous Votre lumière, je vois maintenant que je n’ai pu accomplir par moi-même ce que j’avais le plus l’intention de faire. Je me disais : je ferai ceci, je terminerai cela, et je ne fis ni l’un ni l’autre. J’en avais bien la volonté, mais non le pouvoir, et lorsqu’il y avait capacité, la volonté faisait défaut, parce que je me fiais à mes forces. Soutenez-moi donc, ô Seigneur, car seul, je ne puis rien ; mais quand Vous êtes ma stabilité, je suis vraiment fort ; mais lorsque je veux être ma propre stabilité, alors je ne suis que faiblesse » (Saint Augustin).
« O Seigneur, enseignez-moi à être toujours docile à Votre grâce, à Vous dire toujours oui. Dire toujours oui à Votre Volonté, signifiée dans Vos commandements, aux inspirations intimes par lesquelles Vous me sollicitez, m’invitez à une plus intense union, à un dévouement plus généreux, un détachement plus total. Faites que je sois toujours prêt[e] à Vous ouvrir la porte de ma volonté, mieux, à la tenir toujours large ouverte, afin que Vous puissiez y entrer et que je ne perde pas une seule de Vos visites, pas une de ces touches délicates, et qu’aucune de Vos demandes ne m’échappe.
Faites-moi bien comprendre que la vraie paix ne consiste pas à être exempt[e] de difficultés, à suivre mes désirs. Ce n’est pas en cela que je dois la rechercher, mais dans l’adhésion totale à Votre Volonté, dans la docilité aux inspirations du Saint-Esprit » (Sœur Carmela du Saint-Esprit, ocd).

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine, ocd
in « Intimité Divine – méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année »
2ème volume (juin à novembre) pp.201-204

Mosaïque de l'autel de l'église Dominus flevit -Jérusalem

« Jérusalem, Jérusalem… que de fois J’ai voulu rassembler vos enfants,
comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! »

Mosaïque de l’autel de l’église « Dominus flevit » à Jérusalem
(lieu où, selon la Tradition, NSJC a versé des pleurs sur Jérusalem)

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 7 août 2022 à 9 h 13 min Christian C. écrit:

    Traversant une période difficile, cette méditation est providentielle.
    Merci, frère Maximilien-Marie.
    Que l’Esprit Saint soit votre Ami.

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