2022-78. Le succès ne fait pas la valeur d’une œuvre.
10 juillet,
Au Mesnil-Marie, la fête des Bienheureuses Martyres d’Orange ;
Mémoire de Sainte Amalberge de Maubeuge (cf. > ici) ;
Anniversaire du rappel à Dieu de l’abbé Henri Huvelin (+ 10 juillet 1910).
L’abbé Henri Huvelin (1838-1910)
Faut-il présenter l’abbé Huvelin ?
J’ose espérer que les lecteurs de ce modeste blogue en ont tous au moins une idée ! Je recommande en particulier la lecture de la biographie, déjà ancienne, rédigée par Marie-Thérèse Louis-Lefebvre, parue chez Lethielleux en 1958 qui, à mon sens, est un ouvrage majeur et inégalé et s’intitule « Un prêtre : l’abbé Huvelin ». Et puis il y a ses écrits spirituels, dont beaucoup ont été publiés par le même auteur, qui donnent une compréhension profonde de ce que fut ce confesseur et conseiller spirituel exceptionnel sans le ministère duquel nous n’aurions pas Saint Charles de Jésus…
A l’occasion de l’anniversaire de la mort de ce saint prêtre (+ 10 juillet 1910), je vous propose de lire et de méditer avec quelques extraits d’une conférence spirituelle donnée à une réunion de « Dames de charité » le 26 avril 1888.
C’est un texte d’une grande profondeur spirituelle toujours propre à fortifier ceux qui peinent et rencontrent des difficultés dans l’accomplissement de ce que Dieu demande d’eux et, de ce fait, peuvent parfois éprouver des tentations de découragement. Ainsi, bien au-delà des situations circonstanciées auxquelles les « Dames de charité » de la paroisse Saint-Augustin avaient à faire face, nous pouvons aujourd’hui puiser dans l’enseignement du saint abbé Huvelin des principes de conduite pour notre âme dans nos propres difficultés apostoliques et spirituelles.
Crucifixion
(détail d’un vitrail de l’église de Jarzé, dans le diocèse d’Angers)
« [...] Dans un insuccès apparent, ne cédons pas à la lassitude, au découragement ; quand, après tout, nous faisons l’œuvre de Dieu, c’est bien par Lui seul que nous agissons. Il nous prend avec Lui, mais, le premier, Il a mis Ses mains divines à l’œuvre à laquelle Il nous appelle. Avec Lui, après Lui, le sillon est parfois difficile, laborieux, pénible, douloureux même… N’oubliez jamais que Jésus Lui-même l’a tracé et arrosé de Son Sang !
Le plus souvent nous ne sommes pour rien dans les conversions comme dans l’évènement des âmes : la grâce de Dieu opère, fait concourir événements et circonstances à Son œuvre de miséricorde. Combien je sens Dieu seul guide et conducteur des âmes ! [...] Toujours il faut, à l’exemple du Maître, aborder les âmes comme Il l’a fait, délicatement.
C’est tellement grand une âme rachetée par le Sang du Christ ! J’avoue n’oser les approcher et y toucher qu’avec respect, avec timidité, et avec une religieuse tendresse, en laissant le succès à Dieu.
N’oublions pas ce que disaient les anciens et que répétait souvent Saint Paul : « Le succès ne fait pas la valeur de l’œuvre dont Dieu seul doit toujours être le but ».
Qu’il en soit ainsi pour toutes nos œuvres.
Faites l’œuvre de Dieu respectueusement, timidement, avec suite et courage…
Vous pouvez souvent remarquer que c’est à l’heure la plus désespérée, à celle où vous abandonneriez volontiers l’œuvre commencée, que les choses tournent à bien. Il suffit parfois d’un acte de bonté, d’un mot de tendresse pour qu’éclate l’heure de la grâce divine.
Le découragement naît trop souvent d’une sorte de comparaison faite entre soi et les autres. Cela ne vaut rien, sauf pour décourager. D’ailleurs cela vient souvent d’une âme orgueilleuse qui se cherche plus qu’elle ne cherche la gloire de Dieu et des âmes.
Je le répète : ne mesurez pas au succès la valeur d’une œuvre. Il faut toujours marcher en vue de Dieu et malgré notre misère, notre faiblesse, nos maladresses, nos insuccès : peu importe, si nous avons tout fait pour Dieu seul, avec toute notre tendresse !
Allez avec suite et fidélité, ayant Dieu pour unique but. Alors vous verrez Dieu dans toute âme et vous ne vous rebuterez jamais devant l’insuccès. Vous ne vous troublerez pas si vous êtes mal accueillies ; si vos bonnes actions ne vous apportent pas la consolation que vous en espériez. Faites tout ce que vous pourrez, le succès est entre les mains de Dieu ; Sa grâce seule peut tout. Préparez la plante : il lui faudra le divin Soleil pour grandir et s’épanouir.
Ne cessez jamais d’être compatissantes, dévouées ; dans toute la mesure de votre impuissance, coopérez à l’œuvre de Dieu !
Certes, il vous arrivera de vous heurter aux rebuffades de ceux que vous voudrez aider. Je ne suis nullement étonné de la première attitude de ceux qui n’ont jamais rien sollicité de personne et qui voudraient encore se suffire par leur travail, rester debout en face du malheur. Ils demandent qu’on les laisse tranquilles. Il y a là une fierté facile à comprendre ; cette attitude a quelque chose de digne. Cela est beau, c’est assez rare.
Enfin, je ne puis assez redire qu’il ne s’agit pas de partir avec élan, mais qu’il faut continuer avec persévérance ! »
Autre texte de l’abbé Huvelin à méditer > ici
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Un exemple à suivre.
On peut comprendre, avec un tel saint état d’esprit, que le Vicomte Charles de Foucauld ait été amené à la conversion par l’Abbé Huvelin.