2022-63. L’arrivée du Prince Tolbiac au Mesnil-Marie.
Mercredi 18 mai 2022,
Fête de Saint Venant, martyr ;
Mémoire de Saint Félix de Cantalice, confesseur de l’Ordre séraphique ;
Mémoire de la Bienheureuse Blandine Merten, vierge ;
Anniversaire de la mort de Louis Edouard cardinal Pie, évêque de Poitiers (+ 18 mai 1880).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Certains d’entre vous le savent déjà, notre Mesnil-Marie vient d’accueillir ce lundi 16 mai (jour où dans l’Ordre de Saint Augustin on célèbre la fête de Saint Possidius de Calame : disciple de notre Bienheureux Père Saint Augustin, membre de sa première communauté à Hippone, il fut évêque de Calame, en Numidie, et assista le grand Docteur de la Grâce dans ses derniers instants : il en fut aussi le premier biographe) un chaton, élu pour succéder à feu Monseigneur le Maître-Chat Lully dont nous approchons du troisième anniversaire du trépas (23 mai 2019 - cf. > ici).
J’ai mis plus de deux ans à faire mon deuil du Maître-Chat, n’arrivant d’ailleurs pas à achever le vitrail que j’ai commencé à sa mémoire. A l’automne dernier, j’ai commencé à comprendre que j’étais prêt à adopter un nouveau félin domestique. Peut-être d’ailleurs serait-il plus exact d’écrire : à me laisser adopter par un nouveau félin domestique. Au côté affectif et psychologique s’ajoutant la grande nécessité d’avoir dans nos murs un impitoyable chasseur de muridés, ces fléaux des bibliothèques, des sacristies et des celliers monastiques !
La première photo de Tolbiac, le dimanche de Quasimodo 24 avril 2022
J’avais des idées très tranchées au sujet du profil et des caractéristiques du petit félin qui viendrait prendre la succession du Maître-Chat au Mesnil-Marie : je désirais que ce fût un mâle, tout jeune, dont la date de naissance fût connue, et si possible angora… Sans hâte, mais de manière régulière, je consultais les sites de petites annonces.
Le samedi in albis 23 avril (et fête de Saint Georges de Lydda, céleste protecteur de la Cavalerie et des Chevaliers), une petite annonce qui venait juste d’être mise en ligne retint mon attention : elle proposait à l’adoption trois chatons mâles (un tigré roux, un gris uni et un tigré gris), nés le 10 mars au Puy-en-Velay. La dame qui avait publié l’annonce fut très rapidement submergée de messages et d’appels, mais, entre toutes, ma candidature fut retenue pour le chaton gris tigré, auquel je pus rendre visite dès le lendemain avant de me rendre à la Sainte Messe. La dame, qui nourrit une grande dévotion envers la Très Sainte Vierge Marie, était heureusement surprise de faire la connaissance d’un moine et que l’un de ses chatons fût destiné à « entrer dans les ordres » !
Bien sûr, à un mois et demi, les petites boules de poil n’étaient pas sevrées et, dans les semaines qui suivirent, je téléphonai à plusieurs reprises pour prendre des nouvelles et m’enquérir du développement du chaton. Ses deux frères furent emmenés par leurs familles d’accueil le 9 avril : la dame nous avait prévenus que leur mère cherchait désormais à les emmener loin de la maison où ils sont nés.
En ce qui me concerne, j’avais à effectuer un déplacement en Provence : c’est la raison pour laquelle je ne suis allé le chercher qu’une semaine après le départ de ses frères.
Tolbiac dans son panier de voyage, ce lundi 16 mai 2022
Tout avait été bien préparé pour que ce premier voyage en automobile ne fut pas trop pénible pour le jeune félin : un sac de voyage spacieux et bien conditionné avait été acquis grâce à un don. Ce fut toutefois un peu stressant pour lui : il faut presque une heure de route entre la belle cité mariale et le Mesnil-Marie, et pendant ce trajet Tolbiac fit entendre ses plaintes et exprima de manière non équivoque son grand mécontentement de se retrouver derrière des grilles !
A l’arrivée, quand son sac de voyage fut ouvert, le petit Prince sortit de manière prudentissime et commença à explorer la pièce inconnue dans laquelle il se trouvait…
Après un premier tour de pièce, en rasant les murs et reniflant tout, estimant que l’endroit semblait plutôt sûr, le chaton ne dédaigna pas de grignoter quelques croquettes et de laper quelques gorgées d’eau fraîche qui lui étaient offertes en guise de buffet de joyeuse entrée.
Il repéra aussi très vite son lieu d’aisance dans lequel il se rendit avec satisfaction, puis accepta de se laisser conduire en sa couche princière, héritée de feu le Maître-Chat, qu’il trouva fort à sa guise : douce et moelleuse, située un peu en hauteur, elle lui offrait un point d’observation complet sur la pièce – qu’il considéra longuement – avant de s’y pelotonner, ne s’endormant toutefois que d’un œil, attentif au moindre bruit, au moindre mouvement…
Très rapidement, Tolbiac s’est laissé prendre dans les bras, caresser et papouiller avec un plaisir évident, émettant même des débuts de ronronnements encore timides ; lorsque j’apportai une petite balle de mousse pour jouer avec lui, la glace fut définitivement rompue et j’ai compris que j’étais adopté, puisque, lorsque je disparaissais de sa vue, il émettait de petits miaulements aigus pour m’appeler !
Si bien que lorsque vint le soir et que je gravis les échelons de la mezzanine où se trouve la planche qui me tient lieu de lit, Tolbiac n’envisagea pas un seul instant qu’il dût dormir ailleurs qu’avec moi !
Certes, l’endormissement fut précédé d’une épique « partie de chasse »… aux pieds : le chaton à l’affut du moindre mouvement de mes pieds sous la couette, du moindre frémissement du tissu, déploya tout son art cybernétique et me prouva qu’il serait sans aucune pitié pour les souris, mulots et autres musaraignes qui se hasarderont désormais à l’intérieur du Mesnil-Marie ! Vaincu par la fatigue d’une journée si forte en émotions il finit par sombrer dans un sommeil réparateur, pelotonné dans un repli de la couette, et se tint tranquille jusqu’aux premières lueurs du jour, où il vint frotter son museau contre mon visage en ronronnant.
« A l’aube du premier jour » : le mardi 17 mai au matin…
Ces deux journées des 17 et 18 mai ont été consacrées à de multiples explorations : Tolbiac a trouvé ses repères dans les deux pièces qui lui sont actuellement accessibles, c’est-à-dire la salle principale et mon bureau… Là, quel bonheur ! Entre les fils électriques qui pendouillent et grouillent derrière toute installation bureautique digne de ce nom, les piles de courrier que l’on peut très facilement renverser, la corbeille à papier en osier que l’on peut escalader pour s’y nicher afin d’y procéder à sa toilette, la fenêtre depuis laquelle on a une vue imprenable sur le poulailler, les gommes et crayons que l’on peut faire rouler d’un agile coup de patte, et les rayonnages de livres derrière lesquels on peut se cacher, il ne sait plus où donner de la tête et des pattes !!!
Tolbiac s’initie également aux règles de la vie monastique : la clochette (ornée d’une médaille de Notre-Dame de Lourdes) qui annonce que les croquettes sont versées dans son écuelle, et qui n’avait pas fait entendre son tintement depuis le trépas du Maître-Chat Lully, a retrouvé du service, et il doit apprendre qu’on ne doit pas mordiller les statuettes et images saintes qui sont répandues dans toute la maison !
Il semble que faire la sieste sous la protection des Saints Abdon et Sennen lui convient spécialement : il est vrai que c’étaient des Princes Persans et qu’ils devaient donc avoir de l’affection pour les chats.
Par petites étapes, Tolbiac découvre aussi la terrasse et, au-delà, de vastes horizons vers lesquels il ne se hasarde pas. Il reste toujours à quelques mètres de moi, ne s’occupant que des insectes qu’il voit courir au sol et de l’ondulation des herbes que le vent balance, sur lesquelles il saute comme s’il s’agissait d’horribles monstres à terrasser !
Comme vous vous en doutez bien, et ainsi qu’en témoigne la photo ci-dessous, la vie de ce chaton au Mesnil-Marie promet d’être terriblement triste et épouvantablement malheureuse : s’il existait aujourd’hui un Emile Zola ou un Jules Vallès parmi les chats lettrés, il vous décrirait sans nul doute de la plus noire manière l’oppression de l’éducation cléricale et légitimiste que l’on inflige encore à de pauvres petits chats soustraits à la liberté républicaine et aux lumières égalitaires de la fraternité universelle, après lui avoir donné un nom qui renvoie aux siècles d’obscurantisme dominés par l’Eglise catholique qui n’avait d’autre ambition que d’endoctriner des Rois pour les utiliser ensuite afin d’établir sa domination fanatique !
Car – est-il vraiment besoin de le dire ? -, parce qu’en cette année 2022, il est préconisé de donner aux chiens et aux chats des noms commençant par la lettre « t », le prénom Tolbiac renvoie à cette victoire de Clovis qui décida de sa reddition à la grâce et de sa conversion, et inaugura cette « gesta Dei per Francos » dont nous voulons raviver le souvenir et célébrer la mémoire, afin qu’en revenant aux sources vives de la fontaine baptismale de Reims et renouant son « alliance avec la Sagesse éternelle », la France abjure ses erreurs, se convertisse et revive !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur

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Nous comprenons d’autant mieux votre bonheur et votre émotion que nous avons le bonheur d’avoir nous aussi un chat ( une chatte en l’occurrence) à la maison.