2022.34. Le 15 mars, nous fêtons Saint Longin, légionnaire, pénitent et martyr.
15 mars,
en France, fête de Sainte Louise de Marillac, veuve et fondatrice ;
Mémoire de Saint Longin, légionnaire, pénitent et martyr.
« A Césarée de Cappadoce, la passion de Saint Longin, soldat, que l’on croit être celui qui perça de sa lance le côté du Seigneur »
(Première notice du martyrologe romain pour le 15 mars)
Beaucoup d’auteurs pensent que saint Longin est ce centenier qui s’écria au moment de la mort de Notre-Seigneur : « Celui-ci était véritablement le Fils de Dieu ». Selon d’autres, c’est ce soldat qui ouvrit d’une lance Son côté sacré et qui en fit couler le sang et l’eau. Quelques-uns même soutiennent qu’il fut l’un et l’autre ; mais est-il croyable, se sont demandé quelques âmes pieuses, qu’après avoir confessé Sa divinité, il eût osé porter la lance dans son adorable poitrine ?
Nous pensons avec Saint Augustin, que quand le centenier reconnut Jésus-Christ pour Fils de Dieu, il ne donnait pas à cette expression l’étendue du sens qu’elle renferme ; il voulait faire entendre qu’il Le prenait pour un homme divin, et qu’il remarquait en Lui quelque chose d’extraordinaire, de surnaturel. Cette première lueur de la grâce ne l’aura pas empêchée d’accomplir sa tâche jusqu’au bout et de percer le flanc du Sauveur. La pieuse croyance du Moyen-Age semble confirmer notre manière de voir : aux termes de la légende, le Sang de Jésus-Christ jaillit sur le visage du centurion, au moment où il Lui perça le côté, et guérit ses yeux malades ; manière naïve de dire que la foi ouvrit les yeux de son âme aux pieds de la croix.
D’ailleurs l’acte qu’accomplit Longin en perçant le côté du Sauveur, loin d’être contraire à sa foi naissante, était un acte d’humanité, puisqu’en faisant sortir du sang et de l’eau du cœur du Sauveur, il épargnait à Son corps adorable le brisement des jambes que l’on faisait subir aux suppliciés à qui il restait un souffle de vie. Dans les peintures et sculptures du Moyen Âge, Longin est à genoux et dans une position si respectueuse, que la foi semble déjà née dans son cœur. À cause de ce ministère si honorable et de sa qualité de chevalier romain, Saint Longin, était en grand honneur parmi les hommes d’armes d’autrefois.
Saint Longin est témoin de la résurrection de Notre-Seigneur
Quoi qu’il en soit, d’après Métaphraste et son office dans la liturgie grecque, Saint Longin, ayant reçu l’ordre de garder le tombeau du Sauveur après Sa sépulture, fut témoin des grands miracles qui se firent au moment de Sa résurrection, et, par là, de plus en plus confirmé dans sa croyance.
Il vint raconter aux Princes des prêtres, aux Scribes et aux Pharisiens ce qu’il avait vu et entendu : ce qui les mit en grande peine. Craignant que le nom du Sauveur ne devînt plus illustre que jamais, ils s’efforcèrent de corrompre Longin par de riches présents et par de belles promesses ; ils lui voulaient faire dire que, ses soldats étant endormis, les disciples de Jésus-Christ avaient dérobé Son corps. Le saint soldat, qui était déjà tout changé et rempli de la lumière divine, refusa absolument d’être le ministre de cette imposture ; au contraire, il publia hautement la vérité, et fut un très-fidèle témoin de la résurrection de Notre-Seigneur.
Il prêche en Cappadoce
Les Juifs, voyant sa constance, résolurent de se venger de lui ; le pieux Longin, ayant découvert leur dessein, quitta la milice, et, abandonnant la Judée, il s’en alla de Jérusalem en Cappadoce, accompagné de deux soldats. Là, il commença à prêcher ce qu’il avait vu, et attira, par ses actions vertueuses et par ses paroles, plusieurs infidèles à la connaissance du Dieu vivant ; de sorte que la foi s’y accrut notablement, au grand opprobre des Juifs qui l’avaient crucifié. Ces impies firent tous leurs efforts pour faire condamner à mort cet admirable prédicateur, en l’accusant comme traître ; ils pressèrent tant Pilate, gouverneur de la Judée, qu’il envoya de ses archers en Cappadoce, pour le prendre et le faire mourir. Les soldats y allèrent pleins de fureur et d’impiété ; mais Dieu permit qu’ils s’adressassent à Longin même, sans le connaître, et qu’ils lui découvrissent le sujet de leur voyage.
Il se livre lui-même à ses bourreaux
Cette nouvelle le réjouit extrêmement ; même il les reçut et les traita splendidement dans sa maison, les assurant qu’il leur mettrait bientôt entre les mains celui qu’ils cherchaient, sans qu’ils se missent en peine de s’en informer davantage. Après leur avoir prodigué pendant trois jours l’hospitalité la plus cordiale, comme il brûlait du désir de répandre son sang pour Celui dont il avait fait couler le sang par un coup de lance, il se découvrit à eux, et leur dit : « Je suis Longin que vous cherchez : je suis prêt à endurer la mort, et si vous me la donnez, vous me paierez avec usure le bon traitement que je vous ai fait, car vous ne sauriez me récompenser mieux ». Ces soldats ne le pouvaient croire, tant cette résolution leur paraissait nouvelle et surprenante ; et, lorsqu’ils furent assurés que c’était effectivement Longin, ils sentirent une extrême répugnance à le faire mourir. Mais le désir qu’il témoignait de souffrir pour Jésus-Christ, et la crainte qu’eux-mêmes avaient d’être maltraités de Pilate, s’ils retournaient sans avoir exécuté ses ordres, les y fit enfin résoudre. Il commanda donc à un serviteur de lui apporter un habit blanc pour solenniser la fête des noces célestes, auxquelles il se voyait invité, puis il exhorta les deux soldats ses compagnons à la persévérance ; et, après les avoir embrassés, et avoir marqué le lieu où il voulait être enseveli, il eut, comme eux, la tête tranchée.
Ses miracles
Les bourreaux portèrent son vénérable chef à Pilate, qui le fit mettre sur la porte de la ville, pour donner satisfaction aux Juifs ; depuis, on le jeta à la voirie : mais Dieu l’en fit retirer d’une manière miraculeuse.
Une femme de Cappadoce, pauvre et aveugle, n’ayant pour consoler son veuvage qu’un fils qui la menait par la main, entreprit le voyage de Jérusalem, pour y prier Notre-Seigneur de la guérir et de la délivrer des calamités dont elle était accablée ; mais à peine fut-elle arrivée, que son fils mourut et la laissa sans guide et dans une désolation qui ne se peut exprimer. L’ennui dont elle était accablée, l’assoupit enfin et la fit dormir. Durant son sommeil, Saint Longin lui apparut et la consola, lui remontrant que les peines que Jésus-Christ avait souffertes pour nos péchés, étaient incomparablement plus grandes que les siennes. Ensuite, il lui commanda d’aller chercher son chef, qui était couvert de fumier, l’assurant qu’en le touchant elle recouvrerait la vue ; il lui promit aussi qu’il lui ferait voir son fils, dont elle pleurait amèrement la perte. La femme, encouragée par cette vision, se fit conduire à l’endroit qui lui était marqué, et, tirant ce précieux trésor du lieu infect où il était, elle reçut la grâce qui lui avait été promise. La nuit suivante, Saint Longin lui apparut encore, et, lui montrant son fils revêtu d’une merveilleuse clarté, il lui dit : « Ne pleurez plus comme malheureux ceux qui sont couronnés de gloire et qui bénissent éternellement Dieu. Prenez ma tête et ensevelissez-la avec le corps de votre fils, dans un même cercueil, et ne cessez de louer Dieu dans ses Saints ». Après cette vision, la pieuse femme prit ce vénérable chef, avec le corps de son fils, et les inhuma honorablement dans un village appelé Sardial, qui était le lieu de la naissance du saint Martyr.
Ses reliques
Pour le fer de la lance, dont on dit que Saint Longin perça le côté de Notre-Seigneur, il se gardait religieusement avant la Révolution française, en la Sainte-Chapelle, à Paris, où le roi saint Louis le mit avec les autres instruments de la Passion, que sa piété lui avait donné moyen de recouvrer de divers endroits de la chrétienté.
Saint Longin est représenté en armes, le casque en tête, l’épée au côté, au pied de la croix. Plusieurs peintres anciens lui font porter la main gauche à ses yeux, pendant que de la droite, il dirige sa pique vers le corps du crucifié, par allusion à sa guérison corporelle et spirituelle tout à la fois. Il aurait eu les yeux crevés avant sa décollation. Dans la posture de condamné à mort qu’on lui donne, il a donc quelquefois les yeux arrachés. Il passe aussi pour avoir terrassé un dragon : c’est sans doute par allusion à la prédication de l’Évangile qu’il fit dans la Cappadoce. Il porte quelquefois un vase de cristal dans lequel se trouvent deux ou trois globules qui s’expliquent comme on va le voir. La ville de Mantoue se glorifiait de posséder, avec le corps de saint Longin, quelques gouttes du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, recueillies par le Saint qui avait percé son côté. Le reliquaire du Saint Sang figure sur plusieurs monnaies anciennes de la cité de Mantoue : la découverte de ce trésor, au commencement du IXe siècle, donna lieu à l’érection d’un siège épiscopal dans cette ville. Saint Longin paraît avec cet attribut du reliquaire et des gouttes de sang dans un tableau du Louvre, peint par Jules Romain pour Mantoue
Mgr Paul Guérin, Camérier de sa sainteté Pie IX
« Les Petits Bollandistes – Vies des Saints », septième édition – Bloud et Barral – 1876
Giulio Romano (Jules Romain) : Nativité entourée de Saint Longin et de Saint Jean l’Evangéliste (1535),
c’est le tableau du musée du Louvre mentionné ci-dessus par Mgr Guérin

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Merci pour le récit de cette vie inconnue.
Tout est dit dans les deux précédents commentaires.
Prions Saint Longin pour que nos compatriotes retrouvent le chemins de nos églises et que notre France redevienne la fille ainée de l’Eglise catholique.
Que de découvertes sur ce blogue d’érudition et d’édification!
J’ignorais complètement cet épisode de la vie de ce soldat romain, Longin, aujourd’hui Saint Longin, qui ouvrit avec sa lance le coté de Notre-Seigneur Jésus-Christ .