2022-26. Du Bienheureux Pierre-René Rogue.
3 mars,
Fête du Bienheureux Pierre-René Rogue, martyr.
Châsse du Bienheureux Pierre-René Rogue
(cathédrale Saint-Pierre – Vannes)
Pierre-René Rogue est né à Vannes le 11 juin 1758.
Orphelin de père peu après sa naissance, il fut élevé par sa mère dans la piété et ressentit très jeune l’appel divin au sacerdoce : lorsque, à l’âge de 17 ans, il eût achevé les études du collège, il fut admis au grand séminaire, confié aux « Prêtres de la Mission », appelés aussi Lazaristes.
Il fut ordonné prêtre le 21 septembre 1782 (24 ans et trois mois) par l’évêque de Vannes, Son Excellence Monseigneur Sébastien-Michel Amelot (1741-1829).
On lui confia d’abord un ministère d’aumônier dans l’une des nombreuses maisons religieuses de Vannes, mais en octobre 1786, ayant obtenu d’entrer dans la Congrégation de la Mission, il partit pour Paris afin d’y accomplir son noviciat, à la maison-mère : le Prieuré de Saint-Lazare, à Paris (c’est en raison du vocable de ce prieuré où Saint Vincent de Paul implanta sa fondation, que les « Prêtres de la Mission » sont aussi appelés « Lazaristes »). Après sa profession, il fut nommé professeur de théologie au séminaire de Vannes.
La révolution le trouve donc à ce poste, et il se montre comme d’instinct fermement opposé à la politique religieuse de l’Assemblée constituante : dès avant la condamnation de la Constitution civile du clergé par le pape Pie VI, il manifeste sa réprobation : Monseigneur Amelot, conforté et soutenu par lui, convoque ses fidèles et son clergé dès la mi-décembre à Sainte-Anne d’Auray pour leur faire part de ses mises en garde contre cette nouvelle Eglise que veut instaurer l’Assemblée. C’est ainsi que le clergé vannetais, avant même la bulle pontificale, fut dans sa quasi totalité réfractaire au serment schismatique !
Remplacé dès le mois de février 1791 par un évêque jureur, Monseigneur Amelot fut amené à Paris pour comparaître devant l’Assemblée Constituante qui l’assigna à résidence dans la capitale. Le prélat parvint néanmoins à s’enfuir en Suisse à la fin de l’été 1792.
Pendant ce temps-là, l’évêque jureur avait fermé le séminaire et renvoyé professeurs et séminaristes. Le Révérend Père Rogue qui avait commencé à exercer un ministère paroissial, vit sa paroisse (Notre-Dame du Mené) supprimée en avril 1791. Il entra alors dans la clandestinité, changeant souvent de domicile et se déplaçant sous des déguisements variés afin de pouvoir le plus discrètement possible continuer à dispenser les sacrements aux fidèles : c’est lui qui dirige la petite équipe de prêtres qui maintient le culte clandestin dans la ville de Vannes.
Il a refusé de prêter le serment dit de Liberté-Égalité, imposé après la prise des Tuileries et l’enfermement de la famille royale, et il réussit à déjouer toutes les persécutions de la grande Terreur.
Après la chute de Robespierre, il ne craint pas d’exercer son ministère d’une manière moins secrète, mais l’accalmie est de courte durée : à la suite de la tentative de débarquement à Quiberon (juin-juillet 1795), la persécution reprend de manière plus vive à Vannes. La répression est terrible et vise particulièrement les prêtres réfractaires : connu comme tête de file de ces derniers, le Révérend Père Rogue est particulièrement recherché.
Le soir du 24 décembre 1795, alors qu’il portait le saint viatique à un malade, il est arrêté et emprisonné. Pendant les deux mois de sa captivité il édifie et réconforte ses codétenus parmi lesquels se trouvent quelques prêtres.
Le 2 mars 1796, il comparaît devant un tribunal révolutionnaire qui siège dans l’église Notre-Dame du Mené, l’église où il avait été ordonné et où il avait exercé son ministère. Sans surprise, il est condamné à mort comme « traître et ennemi de la nation ». Son exécution a lieu le lendemain sur la place du Marché (actuellement place Maurice Marchais).
Sur le chemin de l’échafaud, il chanta un cantique qu’il avait écrit en prison, et dont on trouvera le texte ci-dessous.
Après son exécution, des fidèles courageux s’empressèrent de recueillir son sang dont ils imprégnèrent des linges ; sa tombe devint dès ce moment-là un véritable lieu de pèlerinage et on y dénombra de nombreux miracles.
Pie XI le béatifia le 10 mai 1934, et son corps fut alors transféré dans la cathédrale Saint-Pierre de Vannes où il repose toujours, sous un autel où est exposé son effigie. Sa fête a été fixée au 3 mars, jour de son martyre, mais la paroisse Saint-Pierre de Vannes le célèbre avec davantage de solennité le quatrième dimanche de septembre, qui est le dimanche le plus proche de la date anniversaire de son ordination sacerdotale.
Cantique « Que mon sort est charmant »
écrit par le Bienheureux Pierre-René Rogue
et qu’il a chanté en allant à l’échafaud
Que mon sort est charmant,
mon âme en est ravie !
Je goûte en ce moment
une joie infinie.
Que tout en moi publie
les bontés du Seigneur ;
Ma misère est finie,
je touche à mon bonheur.
J’ai servi Dieu mon Roi,
en imitant Son zèle ;
J’ai conservé la foi,
je vais mourir pour elle.
Que cette mort est belle
et digne d’un grand cœur !
Priez, peuple fidèle,
pour que je sois vainqueur.
Ô vous tous, que mon sort
affecte et intéresse,
loin de pleurer ma mort,
tressaillez d’allégresse ;
Tournez votre tendresse
sur mes persécuteurs ;
Sollicitez sans cesse
la fin de leurs erreurs.
Hélas ! Ils ne sont plus
les enfants de lumière,
puisqu’ils n’écoutent plus
le successeur de Pierre.
Mais, puisqu’ils sont nos frères,
chérissons-les toujours ;
N’opposons à leur guerre
que douceur et amour.
Ô Monarque des cieux,
Ô Dieu, plein de clémence,
daigne arrêter les yeux
sur les maux de la France !
Puisse ma pénitence,
égale à ses forfaits,
désarmer Ta vengeance,
Te la rendre à jamais !

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Très beau cantique de sa part surtout en montant à l’échafaud on reconnait là sa confiance envers Dieu.