2022-22. Sur l’état de sainteté nécessaire et propre à tous les Ordres du Royaume.

Comme à l’accoutumée, nous avons la joie de vous adresser la lettre mensuelle aux membres et amis de la Confrérie Royale, sûrs qu’elle peut aussi être utile au progrès spirituel des amis du Refuge Notre-Dame de Compassion.

Rappel :
Les membres de la Confrérie Royale s’engagent à sanctifier d’une manière particulière le 25 de chaque mois en redoublant de prières, en offrant avec encore davantage de ferveur qu’à l’accoutumée les exercices du devoir d’état, les peines et les joies de ce jour, en travaillant plus méticuleusement à sa sanctification, lorsque cela est possible en assistant à la Sainte Messe et en offrant la sainte communion à l’intention du Roi, ou encore en accomplissant quelque petit pèlerinage ou acte de dévotion supplémentaire offert à l’intention de Sa Majesté et du Royaume des Lys.

La lettre mensuelle, envoyée à tous les membres ainsi qu’aux amis qui ont manifesté le désir de la recevoir, à l’occasion de ce 25 de chaque mois, est écrite par les prêtres, religieux ou clercs membres de la Confrérie Royale. Son but est de raviver la ferveur et la détermination des membres, en leur proposant des réflexions et approfondissements toujours nécessaires.

Vœu de Louis XIII

Le Vœu de Louis XIII

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Lettre aux membres et amis de la Confrérie Royale

25 février 2022
Fête de la Bienheureuse Isabelle de France, sœur de Saint Louis

Sur l’état de sainteté nécessaire et propre à tous les Ordres du Royaume

« Ero Cras », « Je serai là demain ». Cette phrase, composée des premières lettres des Grandes O de l’Avent, s’applique à la venue du Christ dans la crèche à Noël. Le temps de Noël est maintenant derrière nous mais demain, nous entrerons dans la sainte quarantaine, dans la période que réserve particulièrement l’Église pour une plus profonde conversion, une prière plus intense et une pénitence accrue. Pendant quarante jours elle nous demande de changer nos habitudes, qu’elles soient alimentaires, orantes ou autres. Nous avons, dans un certain sens, quarante jours pour devenir des saints, pour devenir de plus grand saints. Ero cras, voici les paroles du Christ à chacun de nous. Quand ce jour terrible du jugement sera sur nous, que répondrons-nous à la question « Qu’as-tu fais des talents que je t’ai donnés ? Qu’as-tu fais de ta vie ? » Espérons que nous puissions tous répondre : « Seigneur, vous m’aviez donné cinq talents, en voici cinq autres ! » En somme, il faut que nous puissions dire : « Seigneur, malgré mes péchés, mes faiblesses, mes manquements, j’ai fait de mon mieux pour être un saint, et un grand saint ».

Comment devient-on saint ? Question essentielle de la vie, à laquelle il faut bien une vie entière pour répondre concrètement/en actes ! Commençons, à la suite de tous les « petits saints », à faire notre devoir d’état et à nous sanctifier dans l’état de vie dans lequel le Seigneur a voulu que nous soyons. Comme disait la « petite » Thérèse de Lisieux, dans l’Histoire d’une âme, chaque âme est un verre qu’il faut remplir d’eau jusqu’au rebord ! Il n’y a pas de « petit » saint au Ciel. Certains sont d’autant plus glorifiés qu’ils firent de merveilleuses choses ; nous ne devons jamais viser la médiocrité : si nous voulons être saint, il nous faut vouloir et agir, afin d’être, avec la grâce de Dieu, de grands saints !

Les sujets de notre beau Royaume de France étaient jadis partagés en trois Ordres : le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État. Loin d’être une distinction faite pour oppresser, ces différentes catégories donnaient à chacun une direction dans laquelle orienter sa vie, et donc sa sanctification. Plus la personne était dans un Ordre élevé, plus elle devait faire preuve d’une sainteté rayonnante. En effet, entre un évêque, un duc et pair et un humble (ou fameux) artisan d’une ville, l’épiscope et le noble devaient être d’autant plus rayonnants qu’ils touchaient de monde autour d’eux. De plus, entre notre évêque et le duc, l’un avait donné sa vie à Dieu, l’autre à sa Patrie. L’évêque se devait d’être encore plus parfait, comme son Père des Cieux est parfait. Messieurs du Clergé, grande est votre charge, et terribles sont les conséquences si vous manquez le départ du train vers la sainteté ! Et même notre humble artisan se devait d’être un grand saint : le Roy, les Lois et Coutumes du Royaume, n’avaient pour but que de l’amener à la sainteté ! De nos jours l’État a oublié sa noble finalité, et nous pouvons même dire qu’il la rejette.

« Personne n’était libre avant les funestes évènements de 1789 ». Cette phrase, qui ravirait un pseudo-historien républicain – nombreux sont-ils pourtant à ouvrir les yeux suite à leurs sérieuses recherches (cf. Bloch, Bluche, etc) – n’est acceptable qu’en la comprenant selon le sens suivant : personne n’était libre de faire le mal et de se damner. L’État était là pour cadrer l’homme (là où sont les hommes, il y a de l’hommerie) et le guider, par le plus sûr moyen, « […] heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés » [note 1]. Le véritable État catholique a le grave devoir de faciliter à l’Église la conduite des âmes qui lui sont confiées au Ciel en faisant régner un saint ordre général ici-bas. Le souverain, notre Roy Très Chrétien, a donc sur ses épaules un poids des responsabilités incroyables, et même redoutables, tout comme le Souverain Pontife. Mais de nos jours, qui réalise cela ? Même les hommes d’Église semblent avoir oublié leur charge. De nos jours tout est permis, et pis encore, tous les péchés qui crient vengeance au Ciel sont mis en avant. Honte ! Scandale ! Parfois, nous nous demandons comment le Père Céleste peut être si patient. Voyez ; il y a quelques jours, un dégénéré et son « copain » profanèrent une église en dansant de manière obscène. L’archidiocèse de Paris a porté plainte. Résultat, ce même garçon répond en profanant, de nouveau, la même église de la même manière en disant qu’il s’excuse ! Que faire ? Que penser ? Comme disait Notre-Dame à Pontmain : « Mais priez mes enfants. Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher ». A la veille de notre entrée dans la sainte quarantaine, nous avons tout un programme !

Campanile du Mesnil-Marie & devise des Chartreux

Revenons cependant à nos moutons. Chacun d’entre nous est appelé à la sainteté. Cette sainteté n’est pas forcément éclatante comme celle d’un saint Philippe Néri qui s’envole au plafond durant la célébration des Saints Mystères, mais la sainteté à laquelle nous sommes tous appelés n’en est pas moins importante. Nous avons donc notre but : être de grands saints.
L’on me dira que « c’est bien tout cela mais que tous les hommes sont appelés à la sainteté ! Quel changement pour des âmes qui désirent prier pour leur pays et son souverain légitime ? » Eh bien, je peux répondre : les moyens d’atteindre ce but !

« Que votre parole soit : Oui, oui ; non, non. » [note 2]. Simple enseignement de Notre-Seigneur, ces quelques mots sont cependant très profonds. Nous qui nous sommes voués à devenir des saints pour notre pays, nous devons porter cet engagement jusqu’au bout. Nous sommes tous dans des états de vie différents ; certains sont dans le premier Ordre, d’autres dans ce que nous pourrions assimiler au Deuxième et d’autres encore dans le Troisième. Selon notre appartenance et notre état de vie, nous devons diriger notre conversion journalière vers certaines choses précises : pour le clergé, vers la réparation envers Notre Seigneur souffrant sur la Croix ; pour les chefs temporels, vers un rayonnement particulier afin de toucher ceux qui sont – et ce qui est– sous leurs ordres ; enfin, et ce n’est pas une simple tâche, pour ceux qui sont moins sous les projecteurs du monde, une sainteté dans la fidélité dans les petites choses et dans une joie contagieuse ! Un saint triste et un triste saint selon l’adage bien connu !
Remarquons que chaque niveau « supérieur » se doit d’observer ce qui fait l’objet des Ordres « inférieurs ». Il est normal que les prêtres, ceux qui pleurent entre le vestibule et l’autel [note 3], soient des personnes joyeuses, fidèles dans les petites choses, ainsi que rayonnantes, en plus d’être des victimes d’amour [note 4] pour le Dieu si souvent délaissé et moqué de nos jours.

Nous devons tous, par-dessus tout, développer en nos âmes la Crainte filiale, la Piété ainsi qu’un sens aigu de la Justice. Notre époque, et son égalitarisme forcené, veut détruire dans les esprits (car l’âme n’existe plus, nous le savons bien !), toute les traces restantes de la loi naturelle. Dehors la Justice ; à la place mettons la réussite terrestre ; dehors la Crainte ; érigeons nous en dieux qui décidons de ce qui est bien et mal grâce à l’« éthique » moderne ; et la Piété… c’en est fini du respect envers les parents, l’État légitime et tout le reste ! Nous sommes tous assez grands et bien formés pour nous émanciper des règles. Même les parents, souvent, se débarrassent en quelque sorte de leurs enfants quand arrive leur majorité.
Toutes ces belles vertus, clefs de voûte de la véritable société chrétienne, sont bafouées et rejetées. À nous de les cultiver. Nous pouvons souligner au passage, que toute cette néo-société post-révolutionnaire est, dans ses fondements, protestante et totalement anticatholique.
Il nous revient donc particulièrement de revenir à la Crainte filiale, non pas seulement de Dieu et de Sa Majesté divine mais aussi, et surtout, de la perte de Dieu. Dom Guéranger l’explique admirablement : « L’esprit d’indépendance et de fausse liberté qui règne aujourd’hui contribue à rendre plus rare la crainte de Dieu, et c’est là une des plaies de notre temps. La familiarité avec Dieu tient trop souvent la place de cette disposition fondamentale de la vie chrétienne, et dès lors tout progrès s’arrête, l’illusion s’introduit dans l’âme, et les divins Sacrements, qui au moment d’un retour à Dieu avaient opéré avec tant de puissance, deviennent à peu près stériles. C’est que le Don de Crainte a été étouffé sous la vaine complaisance de l’âme en elle-même. L’humilité s’est éteinte ; un orgueil secret et universel est venu paralyser les mouvements de cette âme. Elle arrive, sans s’en douter, à ne plus connaître Dieu, par cela-même qu’elle ne tremble plus devant lui » [note 5]. Oui tremblons devant Dieu et encore plus devant la possibilité de perdre notre lien avec Lui.
Développons également la Piété et la Justice. La Vertu de Religion, fille de la Justice, nous demande de rendre à Dieu ce qui Lui est dû ; c’est-à-dire un culte public. Nous devons, premièrement, nous attacher à donner à la Très Adorable Trinité un culte digne et convenable. Aux choses inventées dans les années 60, préférons l’antique et le vénérable que les siècles nous ont transmis. Deuxièmement, développons en nos âmes, en plus de la simple Justice, la belle Vertu de Piété. Laissons une nouvelle fois la parole à l’abbé de Solesmes : « L’âme initiée par le don de Piété désire constamment la gloire de Dieu ; elle voudrait amener tous les hommes à ses pieds, et les outrages qu’il reçoit lui sont particulièrement sensibles. Sa joie est de voir le progrès des âmes dans l’amour, et les dévouements que cet amour leur inspire pour celui qui est le souverain bien. Remplie d’une soumission filiale envers ce Père universel qui est aux cieux, elle est prête à toutes ses volontés. Elle se résigne de cœur à toutes les dispositions de sa Providence. » [note 6].

Toutes ces Vertus et Dons sont à notre disposition pour faire de nous de grands saints, des saints rayonnant dans une époque bien ténébreuse. Souvenons-nous toujours : « Ero cras ! » Demain nous serons jugés, demain le Juste Juge nous demandera les comptes de notre vie. Comme disait la Sainte Vierge à une petite fille de Lourdes : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre ». La vie du Catholique est un combat, le temps du Carême l’est d’autant plus. Ces quarante prochains jours sont l’occasion, à la fois de nous ressaisir et de remettre les points sur les i et les barres aux t de nos propres vies, mais aussi d’offrir nos sacrifices pour notre pays, son souverain légitime, pour l’Église, le Pape, le Roi, les évêques et tous ceux qui ont le devoir de nous guider vers le Salut éternel.

Bon et Saint Carême à tous.
Courage !
Que tous les Saints de France intercèdent pour nous.

In Corde Christi,
           Abbé Pierre-Alexandre Pie

Vitrail du Sacré-Coeur église de Bagnères de Luchon - détail 1

Notes :
1 – Vœu de Louis XIII.
2 -  Mathieu 5, 38. 
3 – « Inter vestibulum et altare plorabunt sacerdotes ministri Domini et dicent : Parce Domine populo tuo ». Joel 2, 17.
4 – Selon l’Acte d’amour du Saint Curé d’Ars : « Faites-moi la grâce de souffrir en vous aimant, de vous aimer en souffrant, et d’expirer un jour en vous aimant et en sentant que je vous aime. ».
5 – Dom Guéranger, Les Dons du Saint-Esprit. Disponible en lecture à cette adresse.
6 – Ibid

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Publié dans : Chronique de Lully, Vexilla Regis |le 24 février, 2022 |1 Commentaire »

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1 Commentaire Commenter.

  1. le 2 mars 2022 à 17 h 34 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Allons, allons vers la sainteté, petitement, humblement, puisque Dieu nous le demande.
    La grâce du Seigneur ne peut nous manquer! Il nous en donnera les moyens.

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