2022-17. « C’est l’action et l’occupation la plus digne, la plus noble, la plus relevée, la plus grande et importante en laquelle vous puissiez vous employer… »
« La première, la principale, la plus nécessaire, la plus pressée et la plus importante de toutes vos affaires » : c’est ainsi que Saint Jean Eudes qualifie l’oraison, présentée encore comme « l’action et l’occupation la plus digne, la plus noble, la plus relevée, la plus grande et importante en laquelle vous puissiez vous employer ».
Lisons avec la plus grande attention ces lignes destinées à encourager tous ceux qui veulent avancer dans la vie spirituelle :
Pieter de Grebber :
Le Roi David en prière (vers 1635-1640)
« Le saint exercice de l’oraison doit être mis au rang des principaux fondements de la vie et de la sainteté chrétienne, parce que toute la vie de Jésus-Christ n’a été qu’une perpétuelle oraison, laquelle nous devons continuer et exprimer en notre vie, comme une chose si importante et si absolument nécessaire, que la terre qui nous porte, l’air que nous respirons, le pain qui nous sustente, le cœur qui bat dans notre poitrine, ne sont point aussi nécessaires à l’homme pour vivre humainement que l’oraison ne l’est à un chrétien pour vivre chrétiennement.
Or, l’oraison, c’est une élévation respectueuse et amoureuse de notre esprit et de notre cœur vers Dieu. C’est un doux entretien, une sainte communication et une divine conversation de l’âme chrétienne avec son Dieu, là où elle Le considère et contemple dans Ses divines perfections, dans Ses mystères et dans Ses œuvres ; elle L’adore, Le bénit, L’aime, Le glorifie, se donne à Lui, s’humilie devant Lui en la vue de ses péchés et ingratitudes, Le prie de lui faire miséricorde, apprend à se rendre semblable à Lui en imitant Ses divines vertus et perfections, et enfin Lui demande toutes les choses dont elle a besoin pour Le servir et aimer.
C’est une participation de la vies des Anges et des Saints, de la vie de Jésus-Christ et de Sa Très Sainte Mère, et de la vie de Dieu même et des Trois Personnes divines.
Car la vie des Anges, des Saints, de Jésus-Christ et de Sa Très Sainte Mère n’est autre chose qu’un continuel exercice d’oraison et de contemplation, étant sans cesse occupée à contempler, glorifier et aimer Dieu, à Lui demander pour nous les choses qui nous sont nécessaires. Et la vie des Trois Personnes divines est perpétuellement occupée à Se contempler, glorifier et aimer les Unes les Autres, qui est ce qui se fait premièrement et principalement dans l’oraison.
C’est la parfaite félicité, le souverain bonheur et le vrai paradis de la terre. Car c’est par ce divin exercice que l’âme chrétienne est unie à son Dieu, qui est son centre, sa fin et son souverain bien. C’est là qu’elle Le possède et qu’elle est possédée de Lui. C’est là qu’elle Lui rend ses devoirs, ses hommages, ses adorations, ses amours, et qu’elle reçoit de Lui Ses lumières, Ses bénédictions, et mille témoignages de l’amour excessif qu’Il a pour elle. C’est là enfin que Dieu prend Ses délices en nous, selon cette Sienne parole : « Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes » (Prov. VIII, 31), et qu’Il nous fait connaître par expérience que les vraies délices et les parfaits contentements sont en Dieu, et que cent, voire mille ans des faux plaisirs du monde ne valent pas un moment des véritables douceurs que Dieu fait goûter aux âmes qui mettent tout leur contentement à converser avec Lui par le moyen de la sainte oraison.
Enfin c’est l’action et l’occupation la plus digne, la plus noble, la plus relevée, la plus grande et importante en laquelle vous puissiez vous employer, puisque c’est l’emploi et l’occupation continuelle des Anges, des Saints, de la Très Sainte Vierge, de Jésus-Christ et de la Très Sainte Trinité, durant tous les espaces de l’éternité ; et puisque ce doit être pour jamais notre exercice perpétuel dans le ciel.
Voire même, c’est la vraie et la propre fonction de l’homme et du chrétien, puisque l’homme n’est créé que pour Dieu, pour être en société avec Lui et que le chrétien n’est sur la terre que pour y continuer ce que Jésus-Christ y a fait pendant qu’Il y a été.
C’est pourquoi je vous exhorte, autant qu’il m’est possible, et je vous conjure au nom de Dieu, puisque notre très aimable Jésus daigne prendre Ses délices d’être et de converser avec nous par le moyen de la sainte oraison, de ne pas Le priver de Son contentement, mais d’expérimenter combien est véritable ce que dit le Saint-Esprit, à savoir : « Qu’il n’y a point d’amertume en Sa conversation, ni d’ennui en sa compagnie, mais joie et réjouissance » (Sag. VIII, 16).
Regardez cette affaire comme la première, la principale, la plus nécessaire, la plus pressée et la plus importante de toutes vos affaires. »
Saint Jean Eudes,
in « Royaume de Jésus » 2ème partie § XI.

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