2021-63. Méditation sur les paraboles du grain de sénevé et du levain enfoui dans la pâte (6ème dimanche après l’Epiphanie).
6ème dimanche après l’Epiphanie.
La péricope évangélique de la parabole du grain de sénevé suivie de celle du levain dans la pâte, se trouve, en fonction des années, tantôt à un dimanche du mois de février, lorsque la fête de Pâques arrive à la fin avril et qu’en conséquence le dimanche de la Septuagésime arrive au plus tard qu’il soit possible dans le cycle liturgique, tantôt (et en fait la plupart du temps) en novembre, une semaine avant le 24ème et dernier dimanche après la Pentecôte qui clôt le cycle liturgique dominical.
Voici les méditations du Révérend Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine, carme déchaux, pour ce dimanche.
le sénevé ou moutarde des champs
Présence de Dieu :
Que Votre règne arrive sur toute la terre, Seigneur, et dans mon cœur !
Méditation :
1 – La parabole du grain de sénevé émerge aujourd’hui des textes de la Messe. Elle est très brève, mais très lourde de sens : « Le Royaume des Cieux est comparable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est bien la plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c’est la plus grande des plantes potagères, qui devient un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent s’abriter dans ses branches » (Matth. XIII, 31-32).
Rien de plus petit, de plus humble que le « Royaume des Cieux », c’est-à-dire l’Eglise à ses origines : Jésus, son Chef et Fondateur, naît dans une étable. Il vit pendant trente ans dans la boutique d’un artisan, et pendant les trois années que dure Son œuvre, Il prêche aux pauvres gens une doctrine si simple que tous, même les illettrés, peuvent la comprendre. Quand Jésus quitte la terre, l’Eglise est constituée par un petit groupe de douze hommes, rassemblés autour d’une humble femme, Marie ; mais ce premier noyau possède une force vitale si puissante, qu’en peu d’années il se répand dans tous les pays du vaste empire romain. Ce minuscule grain de sénevé, semé dans le cœur d’une Vierge-Mère et de douze pauvres pêcheurs devient peu à peu, à travers les siècles, un arbre gigantesque qui étend ses rameaux dans toutes les régions du globe et à l’ombre duquel se réfugient des gens de toute langue et de toute nation.
L’Eglise n’est pas seulement une société d’hommes, mais d’hommes qui ont pour Chef Jésus, le Fils de Dieu ; l’Eglise est le Christ total, c’est-à-dire Jésus plus Ses fidèles incorporés à Lui et formant avec Lui un corps unique. L’Eglise est le Corps mystique du Christ dont chaque baptisé est un membre.
Aimer l’Eglise, c’est aimer Jésus ; travailler à la diffusion de l’Eglise, c’est travailler à l’accroissement du Corps mystique du Christ, afin que le nombre de Ses membres soit complet et que chaque membre coopère à sa splendeur. La brève invocation : « Adveniat regnum tuum », résume tout cela, et le demande au Père.
Faisons au moins de tout cœur le peu que nous pouvons pour la diffusion de l’Eglise.
Coopérons nous aussi par notre pauvre travail – vrai grain de sénevé – au développement de cet arbre merveilleux dans lequel tous les hommes doivent trouver salut et repos.
2 – Outre le développement du Royaume de Dieu dans le monde, la parabole du grain de sénevé nous fait penser encore au développement de ce Royaume dans notre cœur. Jésus n’a-t-il pas dit : « Le Royaume de Dieu est parmi vous » (Luc. XVII, 21) ? En nous aussi, ce Royaume merveilleux a débuté par un petit germe, celui de la grâce : grâce sanctifiante, semée en nous par Dieu au saint Baptême ; grâce actuelle des bonnes inspirations, de la parole divine « semen est verbum Dei » (Luc. VIII, 11), que Jésus, le céleste Semeur, a jetée à pleines mains dans nos âmes.
Cette petite semence a germé lentement, elle a jeté des racines toujours plus profondes, elle a grandi en pénétrant progressivement tout notre esprit, jusqu’à ce qu’elle nous ait conquis entièrement à Dieu, jusqu’à ce que nous ayons senti le besoin de dire : Seigneur, tout ce que j’ai, tout ce que je suis est Vôtre ; je me donne à Vous tout entier. Je veux être Votre Royaume.
Etre totalement Royaume de Dieu, de manière qu’Il soit l’unique Souverain et Dominateur de notre cœur et qu’en nous il n’existe rien qui ne Lui appartienne ou ne soit soumis à Son gouvernement, tel est l’idéal de l’âme qui aime Dieu d’un amour total.
Mais comment arriver au plein développement de ce Royaume de Dieu parmi nous ?
La deuxième parabole de l’Evangile de ce jour nous l’apprend : « Le Royaume des Cieux est semblable à du levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que le tout ait levé » (Matth. XIII, 33). Voilà une autre image, très belle, du travail que la grâce doit accomplir dans notre âme : la grâce a été mise en nous comme un levain qui doit augmenter peu à peu jusqu’à imprégner toute notre personnalité et la diviniser totalement. La grâce, divin levain, nous a été donnée pour guérir, élever, sanctifier notre être avec toutes ses puissances et facultés ; lorsqu’elle aura conduit ce travail à terme, nous serons entièrement Royaume de Dieu.
Réfléchissons encore au grand problème de notre correspondance à la grâce. Cette semence divine, ce levain surnaturel en nous ; qui pourra l’empêcher de devenir un arbre gigantesque, capable d’abriter d’autres âmes, qui pourra empêcher le levain de fermenter toute la masse, si nous enlevons tous les obstacles qui s’opposent à son développement, si nous secondons tous ses mouvements, toutes ses exigences ?
« Adveniat regnum tuum ! » Oui, demandons aussi l’avènement total du Royaume de Dieu dans nos cœurs.
Colloque :
« Seigneur, mon Dieu, qui m’avez créé à Votre image et à Votre ressemblance, accordez-moi cette grâce dont Vous m’avez fait comprendre l’importance et la nécessité, afin que je puisse vaincre, avec son secours, la nature corrompue qui m’entraîne au péché et à la perdition. Je sens dans ma chair la tendance au péché, qui s’oppose à la loi de mon esprit et qui me tient captif dans les chaînes de la sensualité. Je ne puis résister à sa tyrannie, Seigneur, si Votre grâce ne me soutient, si elle ne communique son ardeur à mon âme.
Ah ! Seigneur, je ne puis rien faire sans la grâce, mais avec son secours, je suis capable de tout.
O grâce vraiment céleste, sans laquelle toutes les qualités de la nature sont de nulle valeur ! O grâce très sainte, qui faites riches en vertus ceux qui sont pauvres en esprit, qui rendez humbles de cœur ceux qui sont comblés de richesses, venez en moi ; remplissez aujourd’hui mon âme de célestes consolations, afin que je ne tombe pas en défaillance, accablé de lassitude et de sécheresse.
Faites, Seigneur, que je trouve grâce devant Vous : Votre grâce seule me suffit, quand je n’obtiendrais rien de tout ce que la nature désire. Quand je serais exposé aux tentations et aux tribulations, je ne craindrai rien tant que Votre grâce ne m’abandonnera pas. Elle est ma force, mon secours et mon conseil, elle est plus puissante que tous mes ennemis, elle a plus de sagesse que tous les sages ensemble.
Faites donc, mon Dieu, que Votre grâce me prévienne et m’accompagne toujours, qu’elle me rende sans cesse attentif à la pratique des bonnes œuvres, par Jésus-Christ Votre Fils. Ainsi soit-il ! » (Imitation de Jésus-Christ, III, 55).
Rd Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine, ocd.
In « Intimité divine – méditations sur la vie intérieure pour tous les jours de l’année »
Tome II pp. 642-646
Vous pouvez laisser une réponse.
L’accroissement du Royaume dépend de chacun de nous, avec la grâce de Dieu, lorsque nous vivons l’esprit de l’Evangile, l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est ce que demande cette si belle prière du R.P. Gabriel.
Merci de nous l’avoir confiée.
Travaillons donc pour obtenir le Royaume de Dieu.
Adveniat Regnum tuum !
Je relis avec une reconnaissance éperdue cette méditation tellement belle, tellement simple !
Adveniat Regnum tuum !
Belle méditation sur le grain de sénevé et le levain dans la pâte qui s’achève sur une non moins belle prière.
Merci de nous l’offrir.
« L’Eglise est le Corps mystique du Christ dont chaque baptisé est un membre. »
merci de nous le rappeler… même si les membres sont faibles ils restent des membres et les autres membres avec leurs prières peuvent les soutenir … un baptisé qui aurait oublié qu’il est un baptisé reste un membre n’est-ce-pas ?