2021-59. « L’erreur dominante, le crime capital depuis deux siècles, c’est l’apostasie des nations. »
Dernier dimanche d’octobre,
Fête du Christ Roi de l’univers.
Homélie du Révérend Père Clément de Sainte-Thérèse prononcée en la fête du Christ-Roi, dimanche 31 octobre 2021.
Nous sommes particulièrement heureux de publier cette homélie (et nous remercions le Révérend Père de nous avoir autorisés à la publier dans les pages de ce blogue) qui prouve qu’il y a en France des prêtres nourris de la doctrine du Cardinal Pie, et qui en nourrissent aussi l’esprit et le cœur de leurs auditeurs dans leur prédication.
Adorabunt eum omnes reges terræ (Ps 71, 11) : « Tous les rois de la terre l’adoreront », prophétise le Psaume 71e. Cette adoration est due à Notre-Seigneur parce que sa royauté est d’une suréminence qui dépasse toutes les royautés d’ici-bas. Et il n’est pas un des prophètes, pas un des évangélistes et pas un des apôtres qui ne lui revendique ce titre.
N’était-il encore qu’au berceau que déjà les Mages cherchaient le roi des Juifs : Ubi est qui natus est, rex Judaerum ? Jésus est sur le point de mourir, que Pilate lui demande : Ergo rex es tu ? Rex sum ego, répond Jésus « et je suis né pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). Cette réponse est faite avec un tel accent d’autorité que Pilate, malgré toutes les protestations des Juifs, consacre la royauté de Jésus par un écriteau public et solennel.
Oui, Pilate, tu peux écrire les paroles que Dieu te dicte et dont tu ne comprends pas le mystère. Quoique beaucoup lui refusent ce titre : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous ! » (Lc 19, 14), garde-toi de changer ce qui est déjà écrit de toute éternité dans les cieux. Que tes ordres soient irrévocables, parce qu’ils sont en exécution d’un décret immuable du Tout-Puissant.
Et tu fais bien de proclamer la royauté de Jésus dans les langues principales, afin que tous aient accès à cette vérité ! Que la royauté de Jésus-Christ soit promulguée en hébreu, qui est la langue du peuple de Dieu ; en grec, qui est la langue des docteurs et des philosophes ; en latin, qui est la langue de l’empire et du monde, la langue des conquérants et des politiques.
Reconstitution du « Titulus Crucis »
(on appelle « Titulus Crucis » le panonceau que Pilate fit placer sur la Croix
au-dessus de la tête de Notre-Seigneur et portant le motif de Sa condamnation)
à partir de la partie subsistante vénérée
dans la basilique de Sainte-Croix en Jérusalem à Rome.
Cette royauté suprême, le Ressuscité la proclamera encore lui-même auprès de ses apôtres, avant de remonter au ciel : « Toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18) ; et d’ajouter : « Allez donc et enseignez toutes les Nations ». Remarquez ici que le Christ ne dit pas : « Enseignez tous les hommes », « tous les individus », « toutes les familles », mais bien « toutes les Nations ». Il ne dit pas seulement : « Baptisez les enfants, catéchisez les adultes, mariez les époux, administrez les sacrements, donnez une sépulture religieuse aux morts ». Sans doute, la mission qu’il leur confère comprend tout cela, mais encore elle a un caractère public et social, car Jésus-Christ est le roi non seulement des hommes en particulier, mais des peuples et des nations en totalité : au-dessus des individus il y a les États, et ce sont les nations que doivent encore baptiser les Apôtres, « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».
Et comme Dieu envoyait les anciens prophètes vers les nations et vers leurs chefs pour leur reprocher leurs apostasies et leurs crimes, ainsi le Christ envoie ses apôtres et ses prêtres vers les peuples, vers les empires, vers les souverains et les législateurs pour enseigner à tous sa doctrine et sa loi évangéliques. Notre devoir comme prêtres, à la suite de S. Paul, est de porter le Nom de Jésus-Christ devant les nations et les rois.
C’est bien la mission officielle de prêcher son règne social que Notre-Seigneur donne à ses Apôtres ; bien plus, il veut que ce règne soit proclamé par tous les fidèles. C’est ainsi qu’il le fera demander chaque jour par tout chrétien dans la prière du Pater. C’est en effet dans la prière que le Maître nous a enseignée qu’il faut rechercher tout le programme et tout l’esprit du christianisme. « Vous prierez donc ainsi », dit Jésus : Sic ergo vos orabitis. Comme le traduisait l’éminent exégète abbé Carmignac : « Notre Père des Cieux, que, sur la terre comme au ciel, votre Nom soit glorifié, votre règne arrive, votre volonté soit accomplie ».
Ces trois demandes se résument et se condensent en une seule : celle du règne public et social, car le saint Nom de Dieu ne peut être glorifié pleinement et totalement s’il n’est reconnu publiquement et unanimement ; la volonté divine n’est pas faite sur la terre comme au ciel si elle n’est pas accomplie publiquement et socialement.
Le chrétien n’est donc pas un être qui s’isole, qui fuit le monde d’ici-bas pour ne se soucier aucunement des affaires temporelles. Le chrétien est tout le contraire de cela : c’est un homme public et social par excellence ; son surnom l’indique : il est catholique, ce qui signifie universel. Il n’est donc pas de chrétien digne de ce nom qui ne s’emploie activement et de toutes ses forces, à procurer ce règne temporel de Dieu et à renverser ce qui lui fait obstacle, à lutter contre l’évangile social de l’État antichrétien qu’est la Déclaration des droits de l’homme, laquelle n’est autre chose que la négation formelle des droits de Dieu.
« Allez ! Enseignez toutes les nations ! »
L’Ascension, par Giovanni Bernardino Azzolino (1598-1645)
Les nations sont voulues de Dieu et chacune a sa propre vocation. C’est pourquoi les nations en tant que nations, les peuples en tant que peuples sont tenus au même titre que les particuliers de s’assimiler et de professer les principes de la vérité chrétienne et de rendre un hommage public et national à Dieu et à son Christ.
L’erreur dominante, le crime capital depuis deux siècles, c’est l’apostasie des nations. On veut bien d’un Christ Rédempteur, d’un Prêtre sacrificateur et sanctificateur, mais d’un Christ Roi, on en tremble, on y soupçonne l’empiètement, l’usurpation de puissance, une confusion d’attributions et de compétence. C’est la réaction instinctive du roi Hérode : la peur de perdre son trône. Mais le pape Pie XI, en instituant cette fête liturgique, avait bien averti que tous les périls et tous les maux d’une société découlent de ses erreurs et de ses crimes.
Les conséquences funestes de cette apostasie générale, ce sont la ruine des âmes, la perte de la foi, l’éloignement de la religion et l’infiltration du naturalisme, doctrine qui fait abstraction de la Révélation et qui prétend que les seules forces de la raison et de la nature suffisent pour conduire l’homme et la société à sa perfection ; voici les conséquences pour les individus. Et pour la société elle-même : la décadence morale, qui s’exprime par l’injustice, le sensualisme égoïste et l’orgueil effréné. Partout où Jésus-Christ ne règne pas, il y a désordre et décadence.
« Le Christ ne règne pas si son Église n’est pas la maîtresse, disait Bossuet, si les peuples cessent de rendre à Jésus-Christ, à sa doctrine, à sa loi un hommage national ». Soyons donc les propagateurs de ce règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui veut régner par son amour, comme le chante la Préface d’aujourd’hui : « un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix ».
Ainsi soit-il.
Vous pouvez laisser une réponse.
Belle page que ce sermon sur l’apostasie des Nations.
Reviens, Seigneur, reviens selon Ta promesse, reviens dans la gloire rétablir toute chose et régner sur notre monde, sur Ta création.
Merci beaucoup pour votre analyse de la situation actuelle.
L’apostasie des nations moderne et ses conséquences:
1. Pour les individus: ruine des âmes, perte de la Foi, éloignement du prêtre, infiltration profonde de l’enseignement irréligieux, immoralité.
2. Pour la société: décadence de la société, avec ses trois caractères principaux, l’injustice, le sensualisme égoïste, l’orgueil effréné.
3. Pour le pouvoir: tyrannie (peste marxiste, choléra hitlériste et rage islamiste), instabilité, nullité des politiciens.
Comment rétablir la Royauté du Christ?
A. Devoir des fidèles: l’instruction religieuse, la Foi, la pratique du culte Catholique, faire régner le Christ-Roi dans les cœurs, les familles et la société, dans l’attente du Chef d’Etat Catholique et Royal qui sera comme un nouveau Constantin faisant régner le Divin Christ Roi et Son Sacré-Cœur sur toute la France.
B. Devoir des prêtres: être initiés à la doctrine de la Royauté Sociale du Christ, prêcher cette Royauté du Christ.
C. Devoir des gouvernants: connaître la Royauté Sociale du Christ, favoriser ses enseignements, rétablir sur le Trône de France le Capétien de chair et d’os qui ne sera que l‘humble Lieutenant du Christ-Roi, obéir avec lui aux Lois Fondamentales du Royaume de France, aider et conseiller le Roi à porter des lois Chrétiennes et les faire exécuter avec sérieux afin de rétablir un ordre naturel pouvant servir d socle à la Royauté universelle de N.S. Jésus-Christ et de Son Sacré-Cœur.
La RECONQUETE partira de la reconnaissance de la Royauté du Christ et de son Sacré-Cœur.