2021-40. De Sainte Radegonde, Reine des Francs, dont on célèbre la fête le 13 août.

13 août,
Fête de Sainte Radegonde, Reine des Francs et veuve ;
Dans l’Ordre de Saint Augustin, mémoire de Saint Simplicien, évêque et confesseur (cf. > ici) ;
Mémoire des Saints Cassien et Hippolyte, martyrs ;

Mémoire de Saint Jean Berchmans, confesseur ;
Mémoire du Bienheureux Marc d’Aviano, confesseur ;
Honteux anniversaire de l’emprisonnement du Roi et de sa famille au Temple (13 août 1792).

Sainte Radégonde vitrail de l'église Saint-Laon de Thouars - détail

Sainte Radegonde
(vitrail de l’église Saint-Laon de Thouars – détail)

       Avec Sainte Clotilde, Sainte Bathilde (cf. > ici), Sainte Hildegarde de Vintzgau (cf. > ici), Sainte Richarde d’Andlau (cf. > ici) et Sainte Jeanne de France (cf. > ici), Sainte Radegonde est l’une des six reines de France élevées sur les autels.
Sa fête liturgique est célébrée le 13 août, anniversaire du jour de sa sainte mort, et nous allons ci-dessous résumer sa vie, pleine de rebondissements.

   En tout premier lieu, pour comprendre la vie de Sainte Radegonde, il convient de donner un bref rappel historique : Clotaire, qui força Radegonde à l’épouser, est Clotaire Ier (vers 498 – 561) – roi des Francs à Soissons (511 – 561) -, l’un des trois fils de Clovis Ier et de Sainte Clotilde qui succéda à son père.
A la mort de Clovis (en 511), son royaume avait été divisé entre ses quatre fils : Clotaire avait reçu les pays situés entre la Marne et la Meuse (royaume de Soissons) ; à la mort de son frère Clodomir (en 524), il s’en attribua une grande partie des territoires (royaume d’Orléans), puis à la mort de son frère Childebert Ier (en 558), il prit possession du royaume de Paris.
Clotaire fut tantôt rival tantôt allié de son demi-frère Thierry Ier (ou Théodoric), autre fils de Clovis, né d’une épouse de second rang avant que Clovis n’eût épousé Sainte Clotilde. 

partage du royaume de Clovis

Partage du royaume de Clovis entre ses quatre fils

   Dans l’année 529, Clotaire, roi de Soissons, s’était joint à son frère Thierry, roi de Reims, qui marchait contre les Thuringiens, peuple de la confédération saxonne.
Les Thuringiens furent défaits dans plusieurs batailles ; leur pays, ravagé par le fer et le feu, devint tributaire des Francs, et les deux rois vainqueurs se partagèrent le butin et les prisonniers. Dans le lot de Clotaire se trouvaient deux enfants de race royale, le fils et la fille de Berthaire, l’avant-dernier roi des Thuringiens.

   La jeune fille, nommée Radegonde (Radegundis, ce qui signifie « femme de conseil » en langue germanique), avait à peine dix ans, et Clotaire avait vingt ans de plus qu’elle.
Ses larmes et sa beauté naissante touchèrent le coeur de Clotaire, qui l’emmena dans les Gaules et la plaça dans une de ses maisons royales : le domaine d’Athies, sur la Somme. Là, par les soins de Clotaire qui avait formé le dessein de la prendre pour épouse, elle reçut des plus excellents maîtres une éducation conforme au rang qu’elle devait occuper un jour.
Elle fut instruite dans la religion chrétienne par Saint Médard, évêque de Noyon, reçut de ses mains le saint baptême et puisa dans ses enseignements les principes de la foi la plus vive et la plus sincère.
En même temps elle étudiait, avec une merveilleuse intelligence, les lettres romaines et les ouvrages des Pères de l’Église.
En lisant les Saintes Écriture et les vies des saints, elle pleurait et souhaitait le martyre : ce n’était pas sans terreur, en effet, qu’elle voyait approcher le moment d’appartenir comme femme au roi dont elle était la captive et qui avait causé tous les malheurs de sa famille.

Sainte Radegonde - vitrail de la basilique St-Martin de Tours détail

Sainte Radegonde
(vitrail de l’église Saint-Martin de Tours – détail)

   Radegonde, résignée à la volonté de Dieu, accomplit le douloureux sacrifice qui lui était imposé ; elle épousa Clotaire et devint reine.
Cependant la puissance et les richesses n’avaient rien qui séduisissent son âme, toute occupée de Dieu. Le temps dont elle pouvait disposer après l’accomplissement des devoirs que lui imposait sa condition, elle le consacrait à des œuvres de charité ou d’austérité chrétienne : elle se dévouait personnellement au service des pauvres et des malades ; la maison royale d’Athies où elle avait été élevée et qu’elle avait reçue en présent de noces, devint un hospice pour les femmes indigentes, et l’une des plus douces occupations de la reine était de s’y rendre pour remplir l’office d’infirmière dans ses détails les plus rebutants ; elle jeûnait fréquemment et, quoique assise à la table somptueuse du roi son époux, elle se faisait servir les mets les plus simples : des légumes et des fruits secs composaient toute sa nourriture ; souvent, la nuit, elle se levait pour s’agenouiller dans son oratoire et offrir à Dieu ses larmes et ses prières.

   Dans le secret de son âme, Radegonde aspirait de tous ses vœux à la vie du cloître. Les obstacles étaient grands entre les aspirations de son cœur et la réalisation de cette vocation de plus en plus impérieuse : six années se passèrent avant qu’elle osât les affronter.
Un dernier malheur de famille lui donna ce courage. Son frère, qui avait grandi à la cour de Clotaire, comme otage de la nation thuringienne, fut mis à mort par l’ordre de ce prince. Dès que Radegonde apprit cet horrible meurtre, elle demanda à Clotaire l’autorisation de se retirer dans un monastère, et, ayant obtenu l’assentiment du roi, elle se rendit à Noyon, auprès de Saint Médard.
Elle trouva le saint évêque dans son église, officiant à l’autel, et s’approchant de lui, elle lui déclara : « J’ai renoncé au trône pour embrasser la vie religieuse, et je viens te supplier de me consacrer à Dieu ».
L’évêque répondit : « L’homme ne peut séparer ce que Dieu a uni ».
Comme elle insistait, il demanda le temps de réfléchir. Mais alors, les seigneurs et les guerriers francs que Clotaire avait chargés d’escorter la reine, craignant que ce prince ne se repentit d’avoir donné son consentement à une séparation irrévocable, proférèrent contre Saint Médard des paroles menaçantes, disant qu’il n’avait pas le droit d’enlever au roi une femme qu’il avait solennellement épousée. Les plus furieux osèrent mettre la main sur lui et l’entraîner des degrés de l’autel dans la nef de l’église.
Pendant ce tumulte, Radegonde, qui avait cherché un refuge dans la sacristie, jeta, par une inspiration soudaine, un costume de religieuse sur ses vêtements royaux, rentra dans l’église, et s’avançant vers Saint Médard, qui était revenu dans le sanctuaire : « Si tu tardes davantage à me consacrer, dit-elle, si tu crains plus les hommes que Dieu, tu auras à rendre compte au Pasteur souverain qui te redemandera l’âme de sa brebis ». Ces paroles imposèrent le respect aux seigneurs francs, et Saint Médard, y voyant un ordre du ciel, n’hésita plus ; il se leva, imposa les mains sur Radegonde et lui conféra le titre de « diaconesse », quoiqu’elle n’eût pas l’âge requis pour l’obtenir. Ce « diaconat » conféré aux femmes à cette époque n’était en aucune manière comparable au degré du sacerdoce qui porte le même nom, mais il s’agissait d’une espèce de consécration religieuse qui mettait les femmes qui en étaient revêtues dans la dépendance de l’Église pour laquelle elles accomplissaient des services tout en menant une vie de prière plus particulière.

Saint Médard consacrant Sainte Radegonde à Dieu

Saint Médard consacrant Sainte Radegonde à Dieu

   La première pensée de Radegonde, après avoir été ainsi consacrée Dieu, fut de se dépouiller de tout ce qu’elle portait sur elle de joyaux et d’objets précieux. Elle couvrit l’autel de ses ornements de tête, de ses bracelets, de ses agrafes de pierreries, de ses franges de robes tissées de fils d’or et de pourpre. Elle brisa de sa propre main sa riche ceinture d’or, en disant : « Je la donne aux pauvres ».
Libre enfin, elle se rendit à Poitiers, où elle fonda un monastère de femmes qu’elle plaça sous l’invocation de la Très Sainte Vierge Marie et dans lequel elle établit la règle de Saint Césaire d’Arles.
L’étude des lettres figurait au premier rang des occupations imposées à la communauté ; on devait y consacrer deux heures par jour, et le reste du temps était donné aux exercices religieux, à la lecture des livres saints et à des ouvrages de femmes.
Les religieuses les plus instruites s’occupaient à transcrire des livres pour en multiplier les copies.

   Après avoir ainsi tracé la voie et donné l’impulsion, Radegonde abdiqua toute suprématie, et fit élire comme abbesse, Agnès, jeune fille dont elle avait surveillé l’éducation.
Volontairement descendue au rang de simple religieuse elle faisait sa semaine de cuisine, balayait à son tour la maison, portait de l’eau et du bois comme les autres ; mais malgré cette apparence d’égalité, elle était auréolée par le prestige de sa naissance royale, par son titre de fondatrice, ainsi et surtout que par l’ascendant de son savoir et de ses vertus.
C’était elle qui donnait les justes interprétations de la règle ; c’était elle qui raffermissait par des exhortations de tous les jours les âmes chancelantes ; c’était elle qui expliquait, pour ses jeunes compagnes, les texte de l’Écriture Sainte.

Sainte Radegonde reçoit la relique de la Sainte Croix à Poitiers

Sainte Radegonde reçoit à Poitiers la relique de la Sainte Croix

   L’empereur d’Orient, Justin II, ayant envoyé à Radegonde un morceau de la vraie croix, la réception de cette précieuse relique se fit avec toute la pompe des plus importantes de toutes les cérémonies religieuses, et l’on entendit alors pour la première fois le Vexilla regis prodeunt : l’hymne célèbre en l’honneur de la Sainte Croix, que Saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers et ami de la reine, composa pour cette solennité.
Ce fut aussi à dater de ce jour que le monastère prit le nom de Sainte-Croix.

Relique de la Sainte Croix de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers

Relique de la Sainte Croix
envoyée par le Basileus Justin II à Sainte Radegonde
et toujours conservée à l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers

   Dans les dernières années de sa vie, Radegonde redoubla ses austérités. « Celui, dit Saint Venance Fortunat, qui pourrait retracer ses travaux, sa charité pour les pauvres, ses rigueurs pour elle-même, celui-là prouverait qu’elle fut à la fois martyr et confesseur ».

   Sainte Radegonde mourut le 13 août de l’an 587, âgée d’environ 67 ans.
Ses funérailles furent célébrées par Saint Grégoire, évêque de Tours, au milieu d’un immense concours de peuple, et, suivant sa volonté dernière, elle fut inhumée dans l’église de Notre-Dame hors des Murs, qu’elle avait fait construire, et qui porte aujourd’hui le nom d’église Sainte-Radegonde.

Litanies de Sainte Radegonde > ici.

Tombeau de Sainte Radegonde -crypte de l'église Sainte-Radegonde de Poitiers

Sarcophage de Sainte Radegonde
dans la crypte de l’église Sainte-Radegonde de Poitiers

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3 Commentaires Commenter.

  1. le 13 août 2024 à 5 h 43 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Merci pour ce récit historique, et surtout édifiant, sur la vie de Sainte Radegonde.

  2. le 13 août 2023 à 7 h 13 min Goës écrit:

    Bel article .

  3. le 14 août 2021 à 15 h 56 min Béa Kimcat écrit:

    Très bel article.
    Bonne fête du 15 aout frère Maximilien-Marie

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