2021-30. « Visite comparée » de la basilique de Saint Jean-François Régis à La Louvesc.
16 juin,
Fête de Saint Jean-François Régis (cf. > ici et > ici).
Châsse renfermant la majeure partie des ossements de Saint Jean-François Régis (basilique de La Louvesc)
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Tous ceux qui nous connaissent savent à quel point nous sommes attachés à Saint Jean-François Régis (1597-1640) dont le zèle apostolique et la charité héroïque ont porté de magnifiques fruits de sainteté, spécialement dans ces provinces du Vivarais et du Velay aux confins desquelles est établi notre Mesnil-Marie. Nous avons d’ailleurs toutes les raisons de penser que, lors de ses missions de 1636-1637 dans les hautes Boutières, Saint Jean-François Régis est passé dans notre hameau puisque ses biographes, en sus 1) de la mention de villages très proches d’ici où sa prédication est attestée, 2) ou d’anecdotes le concernant qui ont pour cadre des hameaux distants de seulement quelques lieues, affirment qu’il n’y eut pas un hameau, aussi éloigné qu’il se trouvât, ni une seule ferme, aussi isolée qu’elle fût, où il n’alla prêcher. Nous avons donc une véritable certitude morale que notre hameau, qui comptait une dizaine de feux au début du XVIIe siècle, a reçu sa visite.
Chaque année, nous nous rendons au moins une fois à La Louvesc, pour nous recueillir 1) à la fontaine qu’il a bénite lors de son arrivée dans cette minuscule paroisse de montagne au matin du 24 décembre 1640 (fontaine dont l’eau, depuis lors, a produit de très nombreux miracles) ; 2) dans la chapelle élevée à l’emplacement du presbytère dans lequel il rendit son âme à Dieu, au soir du 31 décembre 1640, voyant Notre-Seigneur et Notre-Dame venir à sa rencontre pour l’emmener au Paradis ; et 3) dans la basilique érigée au XIXe siècle où se trouve désormais la châsse contenant la majeure partie de ses précieuses reliques.
Ce dernier dimanche, dans l’après-midi, nous sommes donc une nouvelle fois montés à La Louvesc, en préparation spirituelle à la fête de celui que l’on invoque comme « apôtre du Velay et du Vivarais » (notons d’ailleurs au passage que, jusqu’à la révolution française, cette paroisse appartenait à l’archidiocèse de Vienne, même si elle était intégrée au Vivarais royal, dont les contours n’étaient pas identiques à ceux du diocèse de Viviers).
Basilique de La Louvesc, façade principale.
De notre pèlerinage à La Louvesc, nous avons, comme à chaque fois, rapporté plusieurs photographies – beaucoup plus que je n’en puis publier ici ! – et nous nous proposons aujourd’hui – parce que cela était un dessein que feu Monseigneur le Maître-Chat Lully nous avait très explictement exprimé avant d’avoir été ravi à notre affection - de vous montrer, en comparant nos propres photographies récentes avec quelques clichés anciens soigneusement conservés dans nos archives, les changements que la pseudo réforme liturgique consécutive au concile vaticandeux a fait subir à cette basilique. Semblables comparaisons avaient déjà donné l’occasion de deux publications dans les pages de ce blogue 1) au sujet de la chapelle du Cénacle (cf. > ici), de laquelle a été retirée en septembre 2018 la châsse de Sainte Thérèse Couderc, et 2) au sujet de l’ancienne chapelle Sainte Agathe de cette basilique de Saint Régis, transformée à cette même époque pour l’accueillir (cf. > ici).
Si les extérieurs de la basilique n’ont pas été atteints par le vandalisme ecclésiastique postconcilaire, vous imaginez sans peine qu’il n’en a pas été de même à l’intérieur.
Entrons donc !
Voici ce que visiteurs et pèlerins découvrent en entrant, de nos jours, dans la basilique Saint Jean-François Régis de La Louvesc :
Et voici ce que l’on pouvait voir jusqu’aux « années 60 » du précédent siècle. La photographie est prise à peu près du même endroit que le cliché immédiatement ci-dessus, et il nous montre cet intérieur de la basilique tel qu’il avait été conçu par son architecte, Pierre-Marie Bossan (1814-1888) auquel nous devons aussi la basilique d’Ars, l’église Notre-Dame de Valence et la basilique Notre-Dame de Fourvière à Lyon avec lesquelles la basilique de La Louvesc a une vraie communauté de style.
Malgré les défauts de cette vieille photographie en noir et blanc, on remarque tout de suite certains changements, que la suite va nous permettre de mieux visualiser.
On constate d’abord la destruction de la chaire, qui était en pierre sculptée et en marbre :
Et puisque, derrière la chaire, on peut apercevoir la chapelle de la Très Sainte Vierge, avec son autel surmonté d’une grande statue de Notre-Dame et sa table de communion de marbre, c’est le moment de vous montrer ce que cette chapelle est devenue aujourd’hui : 1) l’autel a été détruit. Il n’en subsiste qu’une partie du devant, représentant le couronnement de la Très Sainte Vierge, exposée comme une simple curiosité sous le porche :
2) la table de communion aussi – évidemment ! – a disparu.
En lieu et place on a déménagé ici les fonts baptismaux (ce qui va à l’encontre de toute la Tradition liturgique ancienne). La grande statue de la Madone (dont nous croyons savoir qu’elle a été sauvée de la destruction par Madame Louise André-Delastre, auteur bien connu des milieux traditionnels pour les hagiographies et pieuses publications qu’elle a données à la jeunesse catholique) a été remplacée par une représentation de la Mère de Dieu « d’inspiration mexicaine » nous a-t-on un jour affirmé (peut-être s’agissait-il d’une préparation au culte des autorités romaines qui viendraient plus tard pour les « déesses-mères » d’Amérique du Sud ?) :
Nous vous avouons n’être pas très porté à la ferveur en face de cette espèce de « totem », caractéristique d’une foi « revisitée » et « conceptualisée » qui n’est plus génératrice de piété.
Mais le pire est encore à venir ! Voici une vue d’ensemble du sanctuaire avant la sinistre réforme liturgique postconcilaire :
Sur le cliché ci-dessus, on distingue parfaitement que le sanctuaire est circulaire : son espace est délimité par les quatre grandes colonnes de marbre qui soutiennent la coupole. Le maître autel se trouve au centre du sanctuaire et, en retrait des gradins qui entourent le saint tabernacle et portent les chandeliers, l’architecte a prévu une élévation surmontée d’un grand ciborium sous lequel sont disposées la châsse de Saint Jean-François Régis (celle-là même dont la photographie figure en tête de cette publication) et sa statue de bronze.
Il faut en particulier dire un mot de la table de communion, qui était absolument remarquable.
Circulaire (c’est elle qui délimite le sanctuaire), au moment des grands pèlerinages, elle permettait à quatre prêtres de donner en même temps la sainte communion, sans avoir à faire des allers et retours, comme c’est habituellement le cas ; ils n’avaient qu’à avancer seulement toujours vers la droite. Cette disposition permettait que la sainte communion se passât de manière toujours très digne et fluide !
Mais voici une autre prise de vue du sanctuaire avant les destructions dont la liturgie réformée a été le prétexte :
Cette vue en couleur du maître-autel permet d’apprécier la richesse des marbres de diverses couleurs et des ornements de bronze qui les complètent.
Enfin, cette autre photographie permet de voir plus en détail le grand reliquaire de Saint Régis dominé par sa statue de bronze.
Ainsi que vous le voyez, cette châsse a été conçue de telle façon qu’on peut en abaisser la paroi antérieure, pour laisser apercevoir les ossements du saint, derrière une vitre :
Voyons maintenant ce que la réforme liturgique a fait de ce splendide maître-autel :
Avant même l’entrée en vigueur de la « messe de Paul VI », imposée à partir du 1er dimanche de l’Avent 1969, le maître-autel conçu par Bossan avait été démonté (à la vérité, nous ignorons si le véritable maître-autel, démonté, est entreposé en quelque endroit ou s’il est à jamais perdu), et des travaux entrepris pour le remplacer par un fut de granit sur lequel a été posée une grande pierre carrée ; il fut consacré le 7 décembre 1969. Ainsi toute la remarquable unité de style de la basilique a été irrémédiablement saccagée…
Le Très Saint Sacrement a été relégué dans la minuscule chapelle axiale, dans un tabernacle, qui n’apparaît plus vraiment comme le point de convergence des regards et des cœurs, et ni son style ni le matériau en lequel il a été réalisé n’expriment aussi bien que l’ancien, bien en vu sur le majestueux maître-autel, la vénération traditionnelle de l’Eglise pour la Très Sainte Eucharistie.
Les vitraux de ce petit « espace eucharistique » ont été remplacés par des compositions plus ou moins géométriques au sens abscons, si bien que la suite logique du récit imagé de la vie de Saint Jean-François Régis racontée par les vitraux tout au tour de la basilique, se trouve interrompue.
Descendues de leur ciborium, la châsse et la statue de bronze de Saint Jean-François Régis, ont été placée dans la chapelle qui termine le bas-côté droit de la basilique, symétrique de la chapelle de la Sainte Vierge. Comme cette dernière, la chapelle qui est maintenant celle des reliques, a été elle aussi dépouillée de son décor d’origine, de son autel et de sa table de communion :
Quand au système d’ouverture de la châsse qui permettait très facilement l’ostension du chef et des principaux ossements du saint missionnaire, il a été rendu inopérant par un vulgaire fil de fer entortillé : il y a donc plusieurs dizaines d’années maintenant que les fidèles ne peuvent plus voir, comme cela se faisait autrefois, ces précieuses reliques.
Voilà ce que nous souhaitions vous montrer, chers Amis, à l’occasion de la fête de notre grand et bien-aimé Saint Régis : il nous semble que cette « visite comparée », à travers ces seules photographies commentées, est une illustration plus qu’éloquente – au milieu de centaines de milliers de saccages comparables à travers toute la Chrétienté – de la misère de la liturgie réformée à la suite de ce concile vaticandeux, porteur d’une idéologie mortifère, générateur de vandalisme, de désolation, de perte de la foi et de destruction de la piété, même si ses thuriféraires, après s’être crevé les yeux, persistent à nier la réalité et à chanter « le printemps de l’Eglise » que le dit concile est supposé avoir engendré.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
La mort de Saint Jean-François Régis le 31 décembre 1640 (vitrail de la basilique de La Louvesc)
Vous pouvez laisser une réponse.
On retrouve ce style architecturale « ÉPURÉ », non seulement dans les églises mais également dans les bâtiments du domaine public, les administrations des villes possédant le même catalogue pour faire l’achat du mobilier urbain.
Quel saccage !!!
Merci frère Maximilien-Marie pour cette très belle visite comparée…
Que de saccages… C’est bien triste…
C’est du saccage, aucune autre expression ne convient à la suite de tout cela.
Cela me rappelle ma visite à Bethléem : l’église latine ressemblant à une église protestante avec son intérieur dénudée et, jouxtante, l’Eglise orientale avec ses saintes icônes qui vous élèvent le cœur et l’âme.