2020-74. Des Processions (3ème partie) : Règles liturgiques qui régissent les processions.

       Après les deux articles précédents, consacrés le premier à des généralités (cf. ici) et le deuxième à leurs classifications (cf. > ici), voici les règles liturgiques traditionnelles qui régissent les processions, intégralement reprises de l’article « Procession » du « Dictionnaire pratique de liturgie romaine » du chanoine Robert Lesage (ed. Bonne Presse – 1952).

Procession des Rogations - image d'Epinal

Procession des Rogations (image d’Epinal)

Règles liturgiques :

   I . La processio sacra se compose exclusivement des membres du Clergé. Les Laïques sont autorisés à précéder ou à suivre la procession, mais ils n’en font pas partie. Il leur est absolument interdit de marcher entre la croix et l’Officiant, c’est-à-dire parmi les membres du Clergé.
Il faut excepter, cela va sans dire, les Laïques qui remplissent les fonctions de Clercs et sont habillés comme eux ; les Chantres en surplis ; les Notables et les membres de la confrérie du Saint-Sacrement qui sont chargés de porter le dais (Rituel tit.IX, c. 1, n.1 ; can. 1290 §1).

   II. Le sens unique est le principe qui prescrit au Célébrant de tourner toujours  sur sa droite. Il s’applique à toutes les processions. Ainsi, arrivée sous le porche de l’église, une procession doit tourner à droite ; de même si elle fait le tour de l’église, ou le tour du catafalque (aux funérailles ou autres services funèbres). Jamais ceux qui la composent ne se diviseront pour passer les uns à droite, les autres à gauche.

   III. Tous les membres du Clergé doivent marcher deux à deux (presque coude à coude) et non se diviser pour former deux colonnes, entre lesquelles il n’y a que du vide. Ainsi dans une nef large ou dans une rue, on ne devrait jamais s’éloigner pour marcher en rangées parallèles.

   IV. Si, dans une même catégorie, les participants de la procession sont en nombre impair, les trois derniers de chaque groupe marchent ensemble, le plus digne entre les deux autres. Ainsi trois Cardinaux, ou trois Evêques, ou trois Chanoines, etc…
Marchent seuls au milieu : le Thuriféraire, celui qui porte le Cierge pascal le Samedi saint et la veille de la Pentecôte, le Porte-croix, le Porte-bénitier en certains cas, le Porte-crosse, les Cérémoniaires au besoin. 

   V. Au départ et au retour d’une procession, soit au chœur, soit dans une chapelle où se fait une station, tous les membres du Clergé font la génuflexion, si le Saint-Sacrement réside au tabernacle ; tous, sauf le Célébrant, les Prélats et les Chanoines, la font aussi lorsque le Saint-Sacrement n’y est pas conservé.
A l’exception des processions du Saint-Sacrement, où personne ne fait de révérence, il convient qu’on fasse :
1° la génuflexion à deux genoux, si la procession passe devant le Saint-Sacrement exposé ;
2° la génuflexion simple, si elle passe devant un autel au moment de l’élévation ou de la communion (S.R.C. n. 3814 ad. XXIX, 7), devant le tabernacle où réside la sainte Réserve (ibid.), devant l’autel majeur (sauf l’Officiant, les Prélats et les Chanoines), devant un Prêtre porteur du Saint-Sacrement ;
3° une inclinaison de tête en se découvrant, devant une relique insigne exposée ;
4° on se découvre seulement en passent devant une église ou une croix le long du chemin.

Prêtres chantant en procession

Costumes :

   1. L’Officiant peut être revêtu soit simplement du surplis et de l’étole avec ou sans chape (Rub. gen. miss. tit. XIX, n.3 ; S.R.C. n.2302 ad 2), soit de l’amict, de l’aube, du cordon et de l’étole croisée. Ces vêtements et insignes sont obligatoires, ainsi que la chape, s’il y a un Diacre et un Sous-Diacre en aube, dalmatique et tunique.
La chape est prescrite aux processions du Saint-Sacrement (S.R.C. n.2067 ad 5, 2440, 2526 ad 1, 3039 ad 3).

   2. D’autres Prêtres peuvent porter l’aube, l’étole et la chasuble (S.R.C. n.2973), les Diacres la dalmatique, les Sous-Diacres la tunique (Rituel, tit. IX, c.1, n.3), sur le surplis ou sur l’aube (S.R.C. n.2562 ad 1). Aucun ne porte le manipule (Rb. gen. miss. tit. XIX n.4).

   3. Les Clercs et les Chantres doivent revêtir le surplis (Rituel, tit. IX, c.1 n.3 ; S.R.C. n.931).

   4. Les membres des Confréries laïques peuvent porter leur costume particulier, et ceux des Associations pieuses leurs insignes : croix, médailles et rubans, etc…

   5. Les Laïques ne doivent pas se couvrir, sauf en cas de pluie (Rituel, tit.IX, c.1, n.3 ; S.R.C. n.1810, 1841 ad 2 et 3), à l’exception des magistrats, militaires, professeurs de faculté, et autres fonctionnaires revêtus de leurs insignes. Les militaires en armes qui escortent une procession, doivent se tenir sur les côtés (S.R.C. n.1633).

   6. Les enfants (ou les adultes) ne peuvent être admis s’ils sont déguisés en Anges, en Vierges ou autrement, portant des symboles religieux, des vases sacrés, des fac-similés des instruments de la Passion, etc…, ou représentant des personnages de l’ancien ou du nouveau Testament, des scènes de la vie des Saints (S.R.C. nn.1348, 1361 ad 7, 1731 ad 1, 2879 ad 7).
L’Ordinaire du lieu peut cependant autoriser aux processions du Saint-Sacrement des enfants parés portant ou répandant des fleurs, de l’encens, des épis de blé ou des fruits devant la croix de procession (S.R.C. n.3324, 3935 ad 1).

Procession de la Fête-Dieu - image d'Epinal

Procession de la Fête-Dieu (image d’Epinal)

Ordre des processions :

   I. Certains groupements laïques peuvent précéder une procession :
a) les sociétés de musique tolérées par l’Ordinaire du lieu (S.R.C. n.2869), mais il leur est interdit de jouer dans l’église (Pie X, motu proprio, S.R.C. n. 4121, art.19, 20, 21).
b) les associations pieuses sans costume long, avec leur bannière.
c) Les confréries avec leur bannière et leurs insignes particuliers (can. 718), les moins anciennes en avant ; elles peuvent aussi marcher derrière leur croix de bois, munie d’un voile de la couleur du jour.
d) Les tiers-ordres, dont les membres sont les plus dignes parmi les laïques, lorsqu’ils sont revêtus de leur costume spécial (S.R.C. n.3795, 3819 ad 2, 3951, 3968, 4173).

   II. Les membres du Clergé régulier marchent ensuite sous leur croix respective, les moins anciens en avant.

   III. Le Clergé séculier, divisé, si c’est l’usage, en paroisses, instituts ecclésiastiques, collégiales, chaque groupe marchant sous sa propre croix, accompagnée de deux acolytes.
Le chapitre de la cathédrale est toujours le dernier, parce que le plus digne. Il est aussi précédé de sa croix. Dans chacun de ces corps on suit l’ordre des préséances officiellement établi.
Si ce chapitre est présent, c’est lui qui constitue réellement le centre de la procession.

a) Un Thuriféraire marche en tête pour purifier et embaumer la voie que suit le cortège liturgique et surtout pour honorer le divin Crucifié dont il précède l’image. Pendant le parcours, il tient l’encensoir de la main droite et le balance, le couvercle légèrement soulevé. Il ne se couvre jamais de la barrette.
Ce clerc peut aussi précéder une châsse ou une statue ou une image vénérée, c’est-à-dire le centre même de la procession, mieux encore le dais sous lequel est porté le Saint-Sacrement, ou une relique insigne. Pour le Saint-Sacrement, il doit y avoir deux Thuriféraires, ni plus, ni moins.

b) Derrière le Thuriféraire, vient le Porte-croix. C’est un clerc en surplis, tête nue, qui est généralement chargé de cette fonction.
Dans les processions les plus solennelles, la croix est portée par le Sous-Diacre en aube et tunique, ou en chasuble pliée suivant le cas. Le Diacre marche alors à gauche du Célébrant. Quand l’Evêque officie, c’est un Sous-Diacre distinct de celui qui est d’office.

c) Deux Acolytes accompagnent toujours la croix de procession. Si l’espace est trop étroit, ils devancent le Porte-croix. Jamais ils ne doivent s’en séparer.
La croix archiépiscopale n’est pas accompagnée d’acolytes, lorsque l’Archevêque, en cappa, se rend à sa cathédrale ou en sort.

   IV. Les Prélats marchent normalement devant l’Officiant ; mais si le Clergé est paré, ou, si le chapitre cathédral, paré ou non, est présent, ils marchent derrière l’Officiant, les plus dignes les premiers.

   V. Les Maîtres de cérémonies ou Cérémoniaires n’ont pas de place fixe : ils se tiennent là où leur présence est utile, et ils s’assurent que tout se passe avec ordre. Ils ont toujours la tête découverte.
S’ils sont deux, le premier marche près de l’Officiant et le second derrière la croix.

   VI. L’Officiant marche toujours le dernier, s’il n’y a pas de Prélat. L’Evêque diocésain se place derrière lui, accompagné de deux Chanoines en habit de chœur. Si le Prélat n’était qu’en mozette, il ne serait accompagné que d’un Cérémoniaire.
L’Officiant est toujours paré de la chape, assisté d’un Diacre et d’un Sous-Diacre qui soutiennent les bords de la chape. Un Evêque qui officie au faldistoire sera accompagné de même, mais l’Evêque diocésain aura auprès de lui deux Diacres assistants.

   VII. Derrière l’Officiant, s’il est Evêque, prennent place son Caudataire, ses Porte-insignes et ses Familiers. Avec eux se termine la procession.
Si les Prélats marchent derrière l’Officiant, ils sont deux à deux, même les Cardinaux, sans être assistés de Chanoines ou de Prêtres.

   VIII. Après la procession, les fidèles peuvent suivre. Il faut toutefois observer encore une préséance traditionnelle : les notables et les magistrats, s’ils ne sont pas en tête de la procession, devant la croix, doivent avoir la première place derrière l’Officiant.
Ensuite viennent les hommes, enfin les femmes.

Robert Lesage
in « Dictionnaire pratique de liturgie romaine », article « Procession », col. 844-847

dais du Saint-Sacrement

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5 Commentaires Commenter.

  1. le 30 avril 2024 à 19 h 04 min Goës écrit:

    Belles processions.

  2. le 27 mai 2020 à 14 h 33 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Toujours bon à savoir!

  3. le 26 mai 2020 à 16 h 04 min Béa kimcat écrit:

    De bien belles processions !

  4. le 26 mai 2020 à 13 h 03 min Alain B. écrit:

    Un beau rappel sur les belles processions qui marquaient les fêtes!
    Quand j’étais enfant, et après un bon goûter! Hèlas plus rien de nos jours!

  5. le 26 mai 2020 à 9 h 38 min Jean P. écrit:

    Belle leçon qu’enfant de chœur nous n’apprenions que par bribes au fur et à mesure de l’office du jour.

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