2020-71. « Je dénonce l’atteinte aux droits des fidèles catholiques de participer librement à la messe ! »
Quelle joie de lire cette lettre d’un évêque territorial français en exercice !
Quelle joie de lire autre chose que des platitudes consensuelles sous la plume d’un évêque, en dehors de la « sphère tradi » !
Monseigneur Bernard Ginoux a publié hier, lundi 11 mai 2020, une lettre ouverte à ses fidèles, et il ne se contente pas de menacer « d’aboyer » avant de retourner à la niche : il met les mots justes sur la réalité qui est celle de notre pauvre France, livrée aux mains de misérables sectaires, et il exprime une véritable compréhension de la souffrance de ses fidèles.
Merci, Monseigneur, pour votre compassion authentiquement paternelle et votre véritable sollicitude pastorale !
Son Excellence Monseigneur Bernard Ginoux, évêque de Montauban.
Lettre de Son Excellence Monseigneur Bernard Ginoux
à ses diocésains de Montauban
- 11 mai 2020 -
(Nous nous sommes permis de souligner ou de mettre en caractères gras
les passages qui nous semblent tout spécialement importants)
Les semaines que nous venons de vivre ont été une épreuve qui, pour certains aura entraîné la mort et pour d’autres la lutte avec la maladie. Beaucoup ont souffert d’une protection tellement rigoureuse que leur santé mentale a été plus ébranlée que leur santé physique. Je pense à toutes les personnes âgées qui n’étaient pas affectées par ce virus. Il fallait, bien sûr, les en protéger mais était-il nécessaire de les couper de leurs liens naturels au point que des grands-parents ont été interdits de voir leurs petits-enfants ?
Si des mesures préventives cohérentes avaient été prises et si les outils nécessaires (comme les masques) avaient été donnés dès le début, des drames familiaux auraient été évités. Nous savons bien aussi que parmi ces personnes certaines se sont laissé mourir. Chez des plus jeunes des suicides ont été causés par la tension accumulée.
Il faudra établir un bilan honnête de ces réalités.
Mais ces faits n’enlèvent pas le travail accompli par les soignants, les vies données au service des autres, les efforts faits par beaucoup d’anonymes dans la volonté de combattre le Covid-19.
L’Eglise Catholique n’a pas manqué d’être présente sur les fronts les plus exposés et dans son service permanent de la charité, particulièrement auprès des populations en difficulté comme les migrants.
Elle a aussi accepté les mesures draconiennes qui n’ont pas permis de vivre les grands moments de notre foi chrétienne : du dimanche des Rameaux au dimanche de Pâques la Semaine Sainte, cœur et fondement de la foi au Christ mort et ressuscité.
Nous l’avons accepté malgré l’immense renoncement que nos fidèles ont dû connaître. Leur souffrance a été modestement atténuée par les retransmissions et toutes les techniques audio-visuelles.
Il reste que notre foi n’est pas nourrie par ces moyens : la foi catholique se nourrit de la présence réelle de Jésus-Christ. L’Eglise se réalise sans cesse par le sacrifice de la messe où s’actualise l’unique sacrifice du Christ sur la croix. La messe nous y introduit, nous le rend présent et nous fait participer à ce qui est le « banquet du Seigneur » : nous prenons place réellement à sa table. Il ne s’agit pas d’un temps de prière ou même d’une simple écoute de la Parole de Dieu, encore moins d’un rassemblement fraternel. De tout cela on peut se passer mais de l’eucharistie nous ne le pouvons pas comme nous avons besoin des autres sacrements. La messe est la vie de l’Eglise Catholique. Même si nous sommes unis au Christ de bien des manières nous en vivons par l’eucharistie.
A l’heure où un très grand nombre d’activités reprend, où l’on peut se retrouver les uns à côté des autres dans un avion, dans les grandes surfaces, ou dans des activités de plein air comme les champs de courses, une partie des citoyens libres de pratiquer leur religion en participant à la messe est empêchée de le faire sous le prétexte d’une pandémie dont les chiffres disent la diminution. Les chiffres parlent. De plus, la plupart de nos églises sont très grandes et nous avons tous les moyens de respecter les mesures sanitaires.
Notre liberté est en jeu et il y est gravement porté atteinte. J’ai recueilli le témoignage de beaucoup de personnes qui en souffrent et je me fais leur porte-parole.
Je suis évêque en un lieu où un jour d’août de l’année 1942, l’évêque, Mgr Pierre-Marie Théas osa à peu près seul dénoncer les atteintes à la liberté et à la dignité que connaissaient des citoyens français.
Nous n’en sommes pas à cette ignominie. Mais je dénonce l’atteinte aux droits des fidèles catholiques de participer librement à la messe, je dénonce le rejet qui est fait de ce droit.
La loi civile, dont il resterait à prouver l’obligation en la matière, ne peut s’imposer à ma conscience de pasteur quand elle m’empêche d’accomplir mon devoir. Je suis prêtre et évêque pour donner le Christ aux fidèles qui en ont besoin. C’est ma mission et je veux leur en faire part.
L’Eglise Catholique a toujours rappelé le droit de la personne humaine à pratiquer sa religion. Empêcher d’exercer ce droit est une atteinte aux droits humains fondamentaux qui pourrait entraîner d’autres dérives.
Cette lettre est un appel à la conscience des catholiques de ce diocèse de Montauban qui m’est cher et dont je suis depuis treize ans le pasteur. Savoir que vous pouvez vivre librement votre foi me sera une forte joie pastorale car, même dans les moments de grandes épidémies, l’Eglise avec les précautions a toujours offert au Peuple de Dieu la présence du Sauveur par un culte public.
Je confie à la Bienheureuse Vierge Marie, honorée en la Cathédrale de Montauban sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption, le diocèse et tous ses habitants. Qu’elle veille sur nous et nous garde sous sa protection.
+ Bernard Ginoux,
Evêque de Montauban.
Cathédrale de Montauban :
Le célèbre tableau de Jean-Auguste Dominique Ingres
représentant le Vœu de Louis XIII (1824)

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Merci, cher Frère, de nous avoir communiqué cette belle lettre pastorale pleine de courage.
Mais pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et prendre d’autorité la liberté d’ouvrir sa cathédrale aux fidèles dès le 11 mai?
Peut-être parce que ceux-ci, de toute façon trop conditionnés, ne suivraient pas ?
Ou parce que l’autorité des hommes qui nous gouvernent serait supérieure à une telle initiative ?
Ou parce qu’il faut éviter l’irruption de l’armée dans une cathédrale (ou une église!) et accélérer ainsi la persécution de l’Eglise en France ?
Il est vrai qu’une telle attitude rebelle entraînerait de sérieuses répressions, en admettant que d’autres évêques suivent.