2020-68. Nous avons écouté et nous avons aimé : les « Te Deum » qui furent interprétés pour célébrer la victoire de Fontenoy.
11 mai,
Fête de Saint Mamert, archevêque de Vienne et confesseur, instituteur des Rogations ;
Anniversaire de la victoire de Fontenoy (11 mai 1745).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
En octobre 1740, la mort de l’empereur Charles VI du Saint-Empire sans héritier mâle entraîne la guerre de succession d’Autriche. La France, d’abord simple soutien militaire dans la coalition anti-autrichienne, va bientôt devenir un belligérant à part entière, puis la clef de voûte de cette coalition. Pris dans l’engrenage de la guerre, Louis XV ne désire qu’une seule chose : en sortir ! Mais la paix ne peut être proposée qu’en position de force : il veut donc frapper un grand coup dans les Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique) et décide de s’emparer de Tournai, bastion de la barrière des Flandres. Il confie le commandement des troupes au Maréchal Maurice de Saxe, qui s’est déjà brillamment illustré dans cette guerre, et se rend en personne sur le front, accompagné par le Dauphin (qui paraît pour la première fois sur un champ de bataille).
Le 11 mai 1745, dans la plaine de Fontenoy, les troupes françaises subissent un assaut féroce des troupes anglo-austro-hanovriennes, qui peu après midi, semblent l’emporter ; mais dans un sursaut héroïque, l’armée française transforme une défaite quasi assurée en une victoire éclatante, provoquant la retraite anglaise : le Royaume des Lys vient de remporter la plus grande bataille du XVIIIème siècle, la dernière grande victoire terrestre de l’Ancien Régime.
Le Maréchal de Saxe présentant à Louis XV et au Dauphin les prisonniers et les drapeaux pris à l’ennemi
à l’issue de la victoire de Fontenoy, le 11 mai 1745
(Horace Vernet – 1828 - « galerie des batailles », au château de Versailles)
La nouvelle parvint rapidement à Versailles et dès le lendemain, 12 mai, un Te Deum fut chanté à la Chapelle Royale. Mais le grand hymne d’action de grâces à Dieu pour la victoire du Roi fut l’occasion de ce que l’on a appelé « la querelle des Te Deum ».
Le Surintendant le la Musique de la Chambre du Roi était, depuis 1719, François Colin de Blamont (1690-1760) et, se prévalant d’un usage ancien selon lequel en cette occurrence la direction du Te Deum à la Chapelle Royale lui revenait à lui et non aux Sous-Maîtres de la Chapelle, il se rendit en hâte à la chapelle. Mais Esprit Joseph Antoine Blanchard (1696-1770), l’un des Sous-Maîtres de la Chapelle, l’avait devancé, avait déjà distribué aux musiciens et chanteurs les partitions d’un « Cantique d’action de grâces pour les conquêtes de Louis XV » qu’il avait composé l’année précédente, et lança la musique sitôt que la Reine prit place, sans laisser à Colin de Blamont le temps d’intervenir.
L’affaire remonta jusqu’au front, et le duc de Richelieu, au nom du Roi, écrivit à Blanchard pour blâmer sa conduite. Aussi, quelques jours plus tard, ce fut le Te Deum de Colin de Blamont qui fut interprété à la Chapelle Royale pendant la Messe du Roi (qui était donc absent) pour célébrer la victoire de Tournai, tandis qu’à la Messe de la Reine, qui le soutenait, était redonné le Te Deum de Blanchard, lequel, depuis, reste souvent nommé « Te Deum de Fontenoy » !
Dans un concert enregistré à la Chapelle Royale du château de Versailles le 30 juin 2018, l’ensemble Stradivaria, dirigé par Daniel Cuiller, et le Chœur Marguerite Louise ont interprété ces deux Te Deum concurrents pour célébrer la victoire de Fontenoy.
C’est un CD de la collection « Château de Versailles – spectacles » que nous avons fort prisé…
Nous espérons que, dans leur éternité, Blanchard et Colin de Blamont sont aujourd’hui réconciliés (!!!) et nous, ici-bas, sommes heureux d’élever notre âme à Dieu dans la louange et l’action de grâces en écoutant ces deux œuvres qui ne sont pas antagonistes dans notre cœur et notre prière…
Les deux Te Deum peuvent être également écoutés sur un site de vidéos à la demande très connu.
Vous pouvez donc entendre ici le « Cantique d’action de grâces pour les conquêtes de Louis XV » d’Esprit-Antoine Blanchard > ici
Et le Te Deum de François Colin de Blamont > ici
« Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique », a dit Platon.
En glosant sur cette réflexion du philosophe, et pour contrer les images calomnieuses que l’histoire républicaine a colportées et largement répandues, je veux simplement conclure en disant que si l’on veut en vérité connaître nos Rois, il faut écouter la musique sur laquelle ils priaient et faisaient prier le Dieu des Victoires au cœur de leur palais.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur
Louis XV en armure (Maurice Quentin de La Tour – 1748)

Vous pouvez laisser une réponse.
Quelle belle musique ! …avec une préférence pour celle du Te Deum de F. Colin de Blamont.
Et quelle belle victoire de Louis XV et de ses soldats !
Merci de nous avoir fait rencontrer les Anges, durant une heure.
Avec une nette préférence pour le Te Deum de de Blamont, plus enlevé, plus coloré, plus profond dans les voix si chaudes et les instruments… et quel final qui élève encore plus haut notre pauvre esprit.
On aimerait rester ainsi auprès de ces esprits supérieurs, ad vitam aeternam.
Cher frère,
Merci pour cette belle recension qui fait honneur à ce magnifique enregistrement.
Belles pages d’histoire, belles pages de musique, avec ces Te Deum majestueux.
Merci, cher frère, de nous les avoir fait connaître et entendre.
Très très belles pages d’histoire.
Merci F. Maximilien-Marie
Quelle belle musique !
Te Deum ne signifie-t-il pas LOUANGE ANGÉLIQUE ?