2019-40. De la très admirable abbatiale de Saint-Antoine en Dauphiné.
11 mai,
Fête de Saint Mamert, archevêque de Vienne et confesseur (le 1er des saints de glace) ;
Anniversaire de la translation des reliques de Saint Antoine le Grand en Dauphiné (11 mai 1070).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Dans sa chronique du 18 janvier dernier (cf. > ici), le Maître-Chat Lully, évoquant le pèlerinage que j’avais accompli la veille auprès des reliques de Saint Antoine le Grand (appelé aussi Saint Antoine d’Egypte ou Saint Antoine du désert), vous promettait la publication d’une série de photographies de cette admirable église abbatiale prises ce 17 janvier.
Les jours, les semaines et les mois ont passé… La promesse tient toujours !
Tout vient à point pour qui sait attendre : comme c’est aujourd’hui, 11 mai, l’anniversaire de la translation des reliques du « Père de tous les moines d’Orient et d’Occident », la date me paraît particulièrement indiquée pour tenir la promesse que le Maître-Chat vous avait alors faite.
Le village de Saint-Antoine l’abbaye se trouve à proximité de Saint-Marcellin, dans l’actuel département de l’Isère. Il s’appelait autrefois Saint-Antoine en Dauphiné, nom qui avait supplanté, à partir de l’arrivée des reliques de Saint Antoine déposées dans l’église du prieuré bénédictin qui était établi ici, celui de La Motte aux bois qu’il portait originellement.
Voici aujourd’hui la vue de l’ensemble du bourg, couronné par les bâtiments de l’abbaye, qui se découvre à vos yeux, émergeant des brumes matinales, lorsque vous arrivez par le sud au matin de la fête liturgique de Saint Antoine.
Après avoir gravi les ruelles pentues du bourg, vous avez aujourd’hui deux possibilités pour accéder à l’église abbatiale.
La première est cette entrée monumentale de l’ancienne abbaye : elle donne accès à la grande cour en bordure de laquelle sont bâtis les communs, ainsi qu’une partie des bâtiments claustraux.
C’est aujourd’hui l’entrée la plus usitée.
Voici cette grande cour telle qu’elle apparaît lorsqu’on passe le porche.
Comme elle est plantée d’arbres : il est plus facile d’en apprécier les dimensions et la perspective en hiver, lorsque les branches sont dépouillées de leurs feuilles.
C’est ainsi en particulier que l’on peut admirer dans son ensemble la façade du pavillon abbatial qui domine cette grande cour…
… et avoir un recul suffisant pour admirer le clocher, avec sa toiture caractéristique de tuiles vernissées.
A la base de ce clocher se trouve l’entrée latérale de l’église abbatiale, qui donne dans le transept sud.
C’est également depuis cette grande cour que l’on peut admirer l’ensemble du côté sud de l’église, avec les grandes baies gothiques des chapelles latérales édifiées entre les contreforts du bas-côté : chacune de ces baies gothique présente des caractéristiques originales, différentes de celles de sa voisine.
Le second accès à l’église abbatiale, qui était jadis le principal pour les pèlerins, est constitué par un escalier qui amène à une porte donnant directement sur le parvis de l’église.
Cette vue aérienne ancienne permet de bien voir la disposition de l’église abbatiale, et l’ensemble des bâtiments claustraux, ainsi que les deux portes d’accès : tout à gauche, en avant de l’église, la porte accédant sur le parvis, et tout à droite la porte monumentale de l’abbaye.
En arrivant sur le parvis, on est saisi par la beauté de la façade occidentale (malgré les dommages que lui firent subir les huguenots).
L’étroitesse du parvis ne permettant pas d’avoir un recul suffisant pour la photographier dans son intégralité, j’ai là encore dû recourir à une ancienne carte postale offrant une vue aérienne.
Entrons maintenant dans l’abbatiale : on est impressionné par l’harmonie des proportions et la luminosité de l’édifice.
Levons les yeux pour admirer la succession des croisées d’ogives des voûtes de la grand’nef…
… ainsi que l’élégance des voûtes de l’abside.
Le maître-autel, réalisé en 1667, est édifié légèrement en avant du transept.
Son architecture est tout-à-fait originale.
Ce maître-autel renferme la châsse dans laquelle sont conservées les reliques de Saint Antoine le Grand.
Sur la face antérieure, on remarque une ouverture ovale très ouvragée, fermée par un volet de bois intérieur qui, lorsqu’on l’ouvre, permet d’apercevoir la châsse.
Une autre curiosité consiste dans le fait que les degrés de l’autel sont en nombre pair et non impair.
Il ne comporte pas de tabernacle, mais il est surmonté d’une espèce d’oculus à l’intérieur duquel est suspendu la colombe symbolisant le Saint-Esprit.
Au sommet, deux anges debout élèvent une couronne fermée au-dessus du « Tau » qui est l’un des insignes de Saint Antoine le Grand et de l’Ordre des Antonins.
La face arrière du maître-autel est élevée en bordure du transept.
Ce transept a en effet été conçu pour être un lieu de passage pour les pèlerins : passage qui sépare le sanctuaire et le chœur des religieux.
C’est à cet endroit précis que l’on peut être au plus près de la châsse de Saint Antoine : en effet une ouverture semblable à cette qui se trouve sur la face antérieure est pratiquée dans cette face arrière.
Au dessus de cette ouverture on peut lire : « Faciam te in toto orbe nominari » que l’on peut traduire par : « Je ferai connaître ton nom à tout l’univers », phrase qui fut dite par le Seigneur à Saint Antoine à l’issue de l’un de ses héroïques combats contre le démon.
C’est donc ici que l’on peut apercevoir la grande châsse d’argent dans laquelle se trouvent les reliques de Saint Antoine.
En nous retournant vers l’est, ayant donc la face arrière du maître-autel dans notre dos, nous nous trouvons devant le chœur des religieux, autrefois fermé par une grille (fondue à la révolution) et pourvu de 97 belles stalles du XVIIe siècle.
Les trois fenêtres ogivales de l’abside sont illustrées par trois grands vitraux figuratifs du XIXe siècle.
Celui du centre représente bien évidemment Saint Antoine le Grand auquel cette abbatiale est dédiée.
Le vitrail de droite représente le baron Josselin de Châteauneuf de l’Albe, qui rapporta les reliques de Saint Antoine de Constantinople, et les plaça ici le 11 mai 1070, fondant de ce fait le pèlerinage…
… ce que rappelle aussi une inscription peinte à l’entrée du chœur :
Et le vitrail de gauche représente le pape Calixte II (1050 – 1124), né Gui de Bourgogne, archevêque de Vienne en Dauphiné, élu au Souverain Pontificat à Cluny le 2 février 1119, qui procéda en personne à la dédicace de cette abbatiale le 20 mars 1119, onze jours après son couronnement dans la primatiale de Vienne.
Cela est également rappelé par une inscription peinte à l’entrée du chœur :
Dans le transept sud se trouve une chapelle où se trouve un splendide retable du XVIIe siècle, dont le tableau représente la rencontre de Saint Antoine le Grand avec Saint Paul, premier ermite.
Sur le côté de cette chapelle se trouve aussi une statue de Saint Antoine que j’aime très particulièrement :
C’est souvent devant elle que je place le cierge que je ne manque jamais d’allumer en l’honneur de ce très grand saint.
J’en aime l’expression naïve, presque rustique, mais rayonnante de bonhomie…
… et j’ai beaucoup d’affection pour le petit cochon qui, à ses pieds, semble émerger de sa grande cape d’ermite !
Avant de quitter l’abbatiale, admirons le splendide grand orgue des XVIIe et XVIIIe siècles !
L’abbatiale de Saint Antoine renferme encore de très nombreuses merveilles d’art sacré en sus des reliques du « Père de tous les moines », je vous en montrerai peut-être un autre jour d’autres exemples.
C’est l’un de mes lieux de pèlerinage favori auquel j’aime à me rendre au moins une fois par an, pour demander à Saint Antoine le Grand les grâces et bénédictions dont j’ai besoin dans ma vie monastique.
Le Maître-Chat Lully lui-même y a été emmené et placé sous la protection de ce très grand saint à l’automne 2016 (cf. > ici), puisque il ne faut pas oublier que Saint Antoine du désert est l’un des saints protecteurs des animaux (cf. > ici).
En cet anniversaire de l’arrivée de ses précieuses reliques en ce lieu béni, que Saint Antoine nous bénisse, nous, et tous nos charmants compagnons à quatre pattes !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur
Vous pouvez laisser une réponse.
Merci pour cette visite !
Merci infiniment, tout est splendeur !
J’ai apprécié à nouveau votre magnifique visite.
Attendrissant le petit cochon…
Quelle belle architecture !
Volonté du ROI, du clergé, des corps de métier et tout le savoir faire de l’époque… On pourrait dire « TE DEUM architectural » !
Lorsque on regarde toutes ces œuvres, on pense : louange Angélique architecturale, tout comme pour la musique. Quelle beauté !
Je suis époustouflé, cher Frère, par toutes ces grandioses beautés de la Foi des anciens!
Merci Frère, pour la qualité de votre reportage photographique, pour la science de vos commentaires.
Grand merci pour ces photos, en rappel de la visite de notre association en 2010.
Un médecin adhérent a été épaté par ce que les moines ont apporté pour l’époque en matière médicale.
En souhaitant la guérison de notre cher Lully.
Merci pour toutes ces belles photos et pour ce magnifique édifice si
peu connu. Que de lieux saints nous avons !
J’espère que notre petit LULY commence à aller un peu mieux.
Encore une semaine et les soins feront preuve de leur efficacité.
Courage, très Cher Frère et Ami.
Reine Claude
Vraiment superbe !!!
Merci pour ce beau partage.