2018-75. « La monarchie véritable, la monarchie traditionnelle, appuyée sur le droit héréditaire… »

24 août,
Fête de Saint Barthélémy, apôtre.
Anniversaire du rappel à Dieu de SMTC le Roi Henri V (+ 24 août 1883).

Henri, comte de Chambord de jure Henri V

SMTC le Roi Henri V dit le Comte de Chambord

       A l’occasion de l’anniversaire de la mort de SMTC le Roi Henri V, communément appelé du titre de Comte de Chambord qu’il porta en exil, il n’est jamais inutile de se replonger dans la lecture de certains de ses écrits ; ils sont toujours d’une pénétrante sagacité et d’une profonde sagesse, parce que sa pensée est toujours restée ferme dans les principes et donc, de ce fait, a toujours gardé le recul nécessaire : le recul que donne une doctrine royale traditionnelle multiséculaire sans compromission avec l’esprit du temps.
Au-delà de quelques éléments très circonstanciés, la lettre suivante, adressée à l’un de ses amis en date du 15 novembre 1869, est riche de lumières et d’enseignements qui restent d’une pertinence et d’une actualité absolues en ce début du XXIème siècle.

   Loin du portrait du Prince borné et lointain, déconnecté de la réalité de son pays, que dressent à loisir les ouvrages d’histoire, ainsi que les langues éhontément perfides des royalistes libéraux qui auraient consenti à toutes les prostitutions des principes pour obtenir une « royauté à l’anglaise » ou bien à la « sauce Orléans », on voit bien ici combien Henri V était lucide et nourrissait une pensée claire, nuancée, inspirée par l’authentique tradition vivante de la Couronne des Lys.

   Nous mettons donc volontairement en valeur – en caractères gras – certaines phrases ou expressions de cette missive qui nous paraissent particulièrement importantes, et nous nous permettons de la compléter par quelques notes dans le but de lui conférer plus de clarté et d’en faire mieux ressortir toute l’importance prophétique…

Armes de France gif

Henri V
Lettre du 15 novembre 1869

       « Vous savez mieux que tout autre, mon cher ami, si la pensée de la France, la passion de son bonheur et de sa gloire, le désir de lui voir reprendre dans le monde la place que la Providence lui a assignée, font l’objet de mes constantes et bien vives préoccupations.
J’ai toujours respecté mon pays dans les essais qu’il a voulu tenter. On a même pu s’étonner de la persistance d’une réserve dont je ne dois compte qu’à Dieu ou à ma conscience. Mais si les amertumes prolongées de l’exil pouvaient avoir un adoucissement, je le trouverais dans la certitude de n’avoir pas manqué à la résolution que j’avais prise envers moi-même de ne pas aggraver les embarras et les périls de la France.
Cependant l’honneur et le devoir me recommandaient de la prémunir contre de funestes entraînements. Je n’hésitais pas, vous vous le rappelez, à protester contre les prétentions d’un pouvoir qui, uniquement basé sur le prestige d’un nom glorieux, croyait au lendemain d’une crise violente, le moment propice pour s’imposer aux destinées du pays (note 1).
Vous voulez la monarchie, disais-je alors aux Français, vous avez reconnu qu’elle seule peut vous rendre, sous un Gouvernement régulier et stable, cette sécurité de tous les droits, cette garantie de tous les intérêts, cet accord permanent d’une autorité forte et d’une sage liberté, qui fondent et assurent le bonheur des nations (note 2), ne vous livrez pas à des illusions qui, tôt ou tard, vous seraient fatales (note 3). Ce nouvel empire qu’on vous propose (note 4) ne saurait être cette monarchie tempérée et durable dont vous attendez tous ces biens…
La monarchie véritable, la monarchie traditionnelle, appuyée sur le droit héréditaire et consacrée par le temps, peut seule vous remettre en possession de ces précieux avantages
Le génie et la gloire de Napoléon n’ont pu suffire à fonder rien de stable ; son nom et son souvenir y suffiraient bien moins encore. Les dix-sept années qui viennent de s’écouler depuis que je faisais entendre ces paroles à mon pays n’ont-elles pas justifié mes prévisions et mes conseils ?
La France et la société tout entière sont menacées de nouvelles commotions : aujourd’hui, comme il y a dix-sept ans, je suis convaincu et j’affirme que la monarchie héréditaire est l’unique port de salut, où, après tant d’orages, la France pourra retrouver enfin le repos et le bonheur (note 5). – Poursuivre en dehors de cette monarchie la réalisation des réformes légitimes que demandent avec raison tant d’esprits éclairés, chercher la stabilité dans les combinaisons de l’arbitraire et du hasard (note 6), bannir le droit chrétien de la société, baser sur des expédients l’alliance féconde de l’autorité et de la liberté (note 7), c’est courir au devant de déceptions certaines.
La France réclame à bon droit les garanties du Gouvernement représentatif (note 8), honnêtement, loyalement pratiqué, avec toutes les libertés et tout le contrôle nécessaires. Elle désire une sage décentralisation administrative (note 9), et une protection efficace contre les abus d’autorité.
Un Gouvernement qui fait de l’honnêteté et de la probité politique la règle invariable de sa conduite (note 10), loin de redouter ces garanties et cette protection, doit, au contraire, les rechercher sans cesse. – Ceux qui envahissent le pouvoir (note 11), sont impuissants à tenir les promesses dont ils leurrent les peuples (note 12), après chaque crise sociale, parce qu’ils sont condamnés à faire appel à leurs passions au lieu de s’appuyer sur leurs vertus (note 13). – Berryer l’a dit admirablement : « Pour eux, gouverner ce n’est plus éclairer et diriger la pensée publique, quelle qu’elle soit ; il suffit de savoir la flatter, ou la mépriser, ou l’éteindre » (note 14).
Pour la monarchie traditionnelle, gouverner, c’est s’appuyer sur les vertus de la France, c’est développer tous ses nobles instincts, c’est travailler sans relâche à lui donner ce qui fait les nations grandes et respectées ; c’est vouloir qu’elle soit la première par la foi, par la puissance et par l’honneur (note 15).
Puisse-t-il venir ce jour si longtemps attendu où je pourrai enfin servir mon pays ! Dieu sait avec quel bonheur je donnerais ma vie pour le sauver (note 16).
Ayons donc confiance, mon cher ami, et ne cessons pas de travailler dans ce noble but. A la justice et au droit appartient toujours la dernière victoire (note 17).
Comptez plus que jamais sur mon affection. » 

   Notes :
1 – Le Prince rappelle ici les mises en garde qu’il a adressées aux Français lors de l’élection de Louis-Napoléon Buonaparte comme président de la 2ème république puis lors du référendum qui a transformé cette dernière en 2nd en-pire. Le « prestige d’un nom glorieux » renvoie évidemment à l’aura mythologique qui a été placée sur l’épopée du petit général Corse.
2 -  « (…) un Gouvernement régulier et stable, cette sécurité de tous les droits, cette garantie de tous les intérêts, cet accord permanent d’une autorité forte et d’une sage liberté, qui fondent et assurent le bonheur des nations (…) » : Le Prince résume ici excellement ce que sont les qualités objectives de la royauté capétienne traditionnelle.
3 – Illusions fatales : on admire ici la lucidité prémonitoire du Prince, plusieurs mois avant le désastre militaire et politique dans lequel s’effondrera l’en-pire en carton-pâte de Louis-Napoléon.
4 – « Nouvel empire qu’on vous propose » : après une période très autoritaire, Louis-Napoléon avait fait mine de donner un nouveau visage, plus libéral, à son système politique.
5 – Là encore les événements postérieurs ont donné raison à Henri V : depuis l’effondrement du 2nd en-pire, la France, tournant le dos à la royauté traditionnelle, n’a jamais connu de période pérenne de véritable stabilité gouvernementale.
6 – « les combinaisons de l’arbitraire et du hasard » : voici une excellente définition du système électoral et prétendûment démocratique.
7 – « le droit chrétien » que le Prince place au premier rang des nécessités politiques peut seul garantir, unifier et harmoniser ces deux éléments : l’exercice de l’autorité et la préservation des véritables libertés individuelles et sociales (cf. la conférence de Gustave Thibon sur la véritable liberté publiée à partir d’ > ici).
8 – « Gouvernement représentatif » : le système électoral et les chambres, auxquels nous ont « habitués » les républiques successives, ne sont pas la seule – en encore moins la meilleure – manière d’avoir une véritable « représentation ». Les corps intermédiaires conformes à l’ordre naturel et conformes au principe de subsidiarité assurent une authentique forme de « représentation ». Il est en effet bien plus approprié à la nature de l’homme et de sa vie en société d’œuvrer à les restaurer dans leur plénitude, si l’on veut restaurer un état qui soit tout à la fois fort, et rigoureusement respectueux des libertés naturelles.
9 – « décentralisation administrative » : tandis que les républiques successives n’ont cessé de durcir la centralisation, et que lorsqu’elles parlent de « décentralisation », elles n’établissent en réalité qu’une « subsidiarité inversée » !
10 – « Un Gouvernement qui fait de l’honnêteté et de la probité politique la règle invariable de sa conduite » : quel contraste avec « la république des affaires », qui cumule les scandales et la corruption !!!
11 – « Ceux qui envahissent le pouvoir » : le Prince ne donne-t-il pas ici une excellente définition des « z’élus de la république » ?
12 – « les promesses dont ils leurrent les peuples » : c’est bien connu, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » (citation célèbre et révélatrice du « système représentatif » actuel).
13 – « ils sont condamnés à faire appel à leurs passions au lieu de s’appuyer sur leurs vertus » : là encore Henri V dépeint en quelques mots bien frappés la sinistre réalité dont les politiciens mênent les campagnes électorales.
14 – La citation de Berryer n’est-elle pas prophétique ? On croirait lire ici la description de ce qui se passe aujourd’hui, sous la 5ème république, dans le Royaume de France occupé.
15 – Dans la monarchie capétienne traditionnelle, c’est l’Eglise qui est le premier Ordre de l’Etat : la royauté traditionnelle est catholique, et cette catholicité, outre qu’elle permet le développement d’une société vertueuse, permet une large diffusion des grâces de Dieu dans l’ordre temporel autant que dans l’ordre spirituel.
16 – « Je donnerais ma vie pour la sauver » : phrase qui montre la réalité de ce qu’est le Roi de France. Epoux mystique de la France (lors du Sacre il reçoit un anneau qui est tout-à-fait analogue à l’alliance passée au doigt des époux et qui symbolise l’alliance spirituelle et morale entre sa Personne sacrée et le Royaume). Ainsi le Roi donne sa vie pour le Royaume, comme l’époux donne sa vie pour son épouse. A l’inverse la majorité des politiciens républicains semble avoir pour devise : « Je vendrais la France pour sauver mes intérêts personnels » !
17 – « A la justice et au droit appartient toujours la dernière victoire » : cette affirmation pleine d’espérance surnaturelle et de foi est aussi celle qui anime et sous-tend tout l’engagement d’un véritable légitimiste. Elle est du même ordre que la confiance inébranlable dans les paroles de Notre-Seigneur assurant que, malgré toutes les attaques, les périodes de crise et de décadence, les portes de l’enfer ne prévaudront finalement pas contre Son Eglise Sainte.

fleur de lys

Articles connexes :
– Actualité du Comte de Chambord > ici
– Evocation du Comte de Chambord par Louis XX en 2015 > ici
– Bref exposé des lois fondamentales du Royaume de France > ici
– Pèlerinage de Louis XX au couvent de la Castagnavizza > ici
– Pourquoi les Princes de la branche aînée des Bourbons n’habitent-ils pas en France ? > ici

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 25 août 2018 à 19 h 36 min Daniel C. écrit:

    Que penser de Charles-Louis de Bourbon?
    Celui qui prétend que « l’enfant du Temple a été sauvé, …il a survécu et …a trouvé le repos éternel sur le sol de Hollande le 10 août 1845 en laissant une descendance et que le Prince Charles-Louis de Bourbon duc de Berry est l’héritier légitime du trône de France. »
    Merci de nous éclairer.

    Réponse :

    L’imposture de Naundorff est un fait avéré.
    Que dire d’autre ?

  2. le 23 août 2018 à 22 h 02 min Goes écrit:

    Vivement le Roi (Monarchie traditionnelle et ses corps intermédiaires) !

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