2018-59. Christianisme et liberté (7ème et dernière partie).
- Christianisme et liberté -
7ème et dernière partie
L’avenir de la liberté
Pour retrouver les parties précédentes de cette conférence de Gustave Thibon donnée en 1952
1ère partie : « Déclin des libertés » > ici
2ème partie : « Nature de la liberté » > ici
3ème partie : « Esclavage et rupture des liens » > ibid.
4ème partie : « Le christianisme et la liberté » > ici
5ème partie : « Le christianisme et les libertés » > ibid.
6ème partie : « L’éducation chrétienne de la liberté » > ici
L’avenir de la liberté :
« Les jeux sont clairs : la régression de la liberté coïncide avec la régression du christianisme vécu, avec l’effacement de la notion du prochain et de la fraternité humaine fondée sur la paternité divine. Les divers types d’humanité sur lesquels s’étend l’ombre de l’esclavage – le prolétaire dont le travail s’achète comme une marchandise, le contribuable cracheur d’impôts et l’assuré budgétivore, l’homme économique considéré sous le seul angle de la production ou de la consommation, l’électeur anonyme qui n’est plus qu’une unité dans une addition, le pantin humain dont la propagande tire les ficelles – se ramènent tous à un type unique : l’homme vidé du respect et de l’amour qu’on doit à une personne et traité comme une chose.
Le mot féroce de Bernanos vient ici à point : « le jour où tous les rapports entre les hommes seront réglés par la stricte justice administrative, la viande de pauvre ne vaudra pas cher sur tous les marchés de l’univers ».
La pente même du mal nous indique la voie du salut. Seul, l’avènement d’une structure sociale chrétienne peut nous apporter le maximum de liberté dans la vie individuelle, économique et politique, parce qu’il apporte en même temps ce contre-poids de morale et de charité qui équilibre et harmonise les libertés.
Il y a exactement un siècle, Donoso Cortès prononçait ces paroles prophétiques : « La liberté est morte ! Elle ne ressuscitera ni dans trois jours, ni dans trois ans, ni peut-être même dans trois siècles. Vous vous effrayez de la tyrannie que nous souffrons ? Vous vous effrayez de peu ; ce qui vous attend est bien pire… Le monde s’achemine à pas de géants vers le despotisme le plus colossal et le plus dévastateur que l’histoire ait jamais connu… Il n’y a que deux répressions possibles : l’une est intérieure et l’autre extérieure, l’une est religieuse et l’autre politique. Leurs rapports sont tels que, lorsque la température religieuse s’élève, le thermomètre de la répression tend à baisser et que, lorsque la température religieuse baisse, le thermomètre politique, la répression politique, la tyrannie montent… Or donc, si le thermomètre religieux continue à baisser, je ne sais pas où nous nous arrêterons… »
Il n’y a pas de liberté sans liens vivants, et la religion, comme l’étymologie du mot le révèle, est le lien vivant par excellence.
Si nous ne reconstruisons pas la Cité avec ce ciment de spontanéité créatrice et d’amour, il se trouvera toujours une tyrannie pour nous imposer du dehors cette unité que nous aurons perdu du dedans.
Nous sommes embarqués, dirait Pascal, et l’alternative est limpide : nous serons demain ou bien les membres d’un même équipage, animés par le même amour, ou bien des forçats qui, courbés sous le même fouet, rameront sur la même galère. »
Gustave Thibon,
février 1952.
Le vaisseau de l’Eglise
(détail d’un vitrail du « cloître » de Saint-Etienne du Mont – Paris)

Vous pouvez laisser une réponse.
Il s’agit bien ce cela : l’homme traité comme une chose. La structure sociale chrétienne se trouve être dans les corps intermédiaires, interdits par le décret d’Allarde et la loi le Chapelier de 1791 .
Toutes ces notions comme la liberté sont aujourd’hui dévoyées depuis la pré-révolution dite française, détournées pour faire de nos personnes physiques, intellectuelles, morales et spirituelles de bons petits esclaves ; mais cet homme, M. Thibon, a tout compris et je le remercie, par votre intermédiaire, frère, de séparer le vrai du faux dans ces notions en pointant du doigt leur véritable signification.
Sinon comment expliquer l’attitude sereine, emplie de joie et d’une sainte espérance, de nos saints martyrs, mourant libres vis à vis de ceux qui se réclament d’une fausse liberté, amère, haineuse, pleine d’une ire ravageuse, déformant les traits de leurs âmes perdues, et pour tout dire une liberté d’essence satanique.
Avant de lire ces textes, frère, j’avais cru déceler, quoique de façon confuse et quelque peu empirique, que seuls les torrents d ‘Amour et de grâces du Christ nous conduisaient vers la seule vraie liberté, et cela devient tellement plus clair et plus limpide après une telle lecture.
Merci pour l’ensemble de cette transmission du texte de Gustave Thibon sur Christianisme et Liberté.
Je prendrai le temps de bien le méditer.