2018-34. De la Sainte Messe « in Cœna Domini » le Jeudi Saint.

9ème partie du récit du Maître-Chat Lully
relatant
la Semaine Sainte à La Garde-Freinet :

la Messe « in Cœna Domini »
(c’est-à-dire « de la Cène du Seigneur »)

Sainte Eucharistie

Après avoir rapporté la cérémonie du « Mandatum » (cf. > ici), venons-en à la Sainte Messe du Jeudi Saint : la Messe « in Cœna Domini », c’est-à-dire la Messe de la Cène du Seigneur, en laquelle est commémoré l’anniversaire de l’institution de la Sainte Eucharistie et celle du sacrement de l’Ordre.
Citons une fois de plus la présentation de la Sainte Messe du Jeudi Saint donnée par Henri Adam de Villiers dans le blogue de la Schola Sainte-Cécile (cf. > ici) :

« Dans le rit romain traditionnel, la messe du Jeudi Saint est celle d’une fête du Seigneur, celle de la fête où le Christ institua deux sacrements : celui de l’Eucharistie et celui du sacerdoce. Aussi les ornements sont-ils blancs, on chante le Gloria & le Credo, et le célébrant renvoie le peuple avec l’Ite, missa est à la fin.

Toutefois trois particularités significatives contribuent à resituer cette messe dans le Triduum pascal :

  • On sonne toutes les cloches de l’église et on touche les orgues durant tout le chant du Gloria, après quoi celles-ci ne se feront plus entendre jusqu’au Gloria de la vigile pascale où elles marqueront la joie de la résurrection. Entre ces deux moments, on doit utiliser la crécelle toutes les fois où l’on sonne habituellement les cloches. Le son âpre des crécelles contribue à marquer le deuil que prend l’Eglise : c’est aussi en cette nuit qu’a lieu l’agonie du Christ, abandonné par les disciples, trahi par Juda et livré à ses bourreaux.
  • Au cours de cette messe, le baiser de paix n’est pas donné, rappelant que Juda avait livré son maître par un baiser. Néanmoins, le rite de la communion du célébrant reste identique à celui des autres messes.
  • Le célébrant consacre deux grandes hosties à la messe de ce jour : une pour la messe elle-même, avec laquelle il communiera, et une seconde qu’il va réserver pour la messe des Présanctifiés le lendemain. Cette seconde grande hostie est mise, après la communion du prêtre et avant les ablutions, dans un second calice (et non un ciboire), qu’on recouvre d’une patène tournée à l’envers et d’une pale. Un voile léger et blanc est placé sur le tout et attaché avec un ruban au nœud du calice. L’hostie ainsi enfermée dans le calice est posée au centre de l’autel sur le corporal jusqu’à la fin de la messe. Le prêtre donne alors la communion aux fidèles de la manière habituelle.
    Cet usage de mettre le Corps du Seigneur dans un calice rappelle symboliquement la prière que Notre Seigneur fait au Jardin des Oliviers dans la nuit de sa passion :
    « Mon Père ! s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi : néanmoins, non comme je le veux, mais comme vous le voulez » ( Matth. XXVI, 39).
    Le calice, la patène et le voile dans lequel est enfermée cette grande hostie serviront le lendemain à la messe des Présanctifiés du Vendredi Saint. La liturgie marque par là le lien indéfectible qui existe entre la Cène du Seigneur et le sacrifice de la Croix.
    A partir du moment où la seconde grande hostie a été renfermée dans le calice, le reste de la messe est célébré avec les rubriques de la Missa coram Sanctissimo :

    • le célébrant et ses ministres font la génuflexion devant le Saint Sacrement chaque fois qu’ils s’approchent ou se retirent du milieu de l’autel,
    • lorsque le célébrant ou le diacre s’adressent au peuple (pour le Dominus vobiscum, l’Ite, missa est et la bénédiction finale), ils se placent de biais côté évangile afin de ne pas tourner le dos au Très-Saint Sacrement
    • au cours du dernier évangile, le célébrant génuflecte à Et Verbum caro factum est en se tournant vers le Corps du Seigneur. (…) »

Pour tout ce qui concerne les modifications apportées en 1955 à ces rites pluriséculaires codifiés par le missel promulgué par Saint Pie V consécutivement au saint concile de Trente, on lira encore une fois avec grand profit ce qu’a publié Henri Adam de Villiers (cf. > ici).

Pour moi, ces choses étant supposées assimilées, je vais simplement publier ci-dessous des photographies de cette Sainte Messe du Jeudi Saint célébrée selon le rite traditionnel au monastère Saint-Benoît de La Garde-Freinet le 28 mars de cette année 2018 : elles parlent d’elles-mêmes et n’ont pas besoin de longs commentaires.
Frère Maximilien-Marie, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, en a pris un très grand nombre et vous n’en trouverez ici « que » 50, qui ne sont pas toutes de la même qualité, mais j’ai pris le parti de les publier ici parce qu’elles permettent de suivre dans sa totalité la célébration d’une Sainte Messe solennelle. Ainsi, beaucoup de fidèles, qui ne sont pas toujours près du sanctuaire, pourront-ils en voir davantage les détails, et – je l’espère – y puiseront de plus vifs sentiments d’admiration et d’amour pour notre sainte liturgie traditionnelle

Lully.

Pour la Messe du Jeudi-Saint, la croix de l’autel doit être voilée de blanc :

01

Prières au bas de l’autel (dont le psaume « Judica » est omis) : le « confiteor » du célébrant…

02

… suivi du « confiteor » de ses ministres et du choeur :

03

Encensement de l’autel :

04

Encensement du célébrant :

05

Après avoir lu l’introït et récité le « Kyrie » (qui ont été chantés pendant ce temps), le célébrant entonne le « Gloria in excelsis Deo », puis le récite mezzo voce à l’autel avec le diacre et le sous-diacre. Les cloches sonnent pendant le temps où le célébrant le récite.
Après l’intonation du célébrant, l’assemblée et le choeur continuent le chant.

06

Quand ils ont terminé la récitation du « Gloria », le célébrant et ses ministres vont à leurs sièges, s’assoient et se couvrent, tandis que le chant du « Gloria » se poursuit.

07

Lorsque le chant s’achève, le célébrant retourne à l’autel, et après le « Dominus vobiscum », il chante la collecte.

08

A la conclusion de la collecte, le cérémoniaire remet le lectionnaire au sous-diacre :

09

Chant de l’épître par le sous-diacre :

10

L’épître achevée, le sous-diacre va à l’autel, s’agenouille et reçoit la bénédiction du célébrant dont il baise la main :

11

Pendant que la schola exécute le graduel, que le célébrant a récité, le sous-diacre a porté le missel du côté de l’Evangile. Le célébrant lit l’Evangile à voix basse.

12

Puis le diacre qui a pris l’évangéliaire posé sur l’autel reçoit la bénédiction du célébrant et accompagné du cérémoniaire, du thuriféraire et des acolytes portant leurs cierges il procède à la procession de l’Evangile.

13

Le diacre encense l’Evangile avant de le chanter :

14

Après le chant de l’Evangile, il indique au sous-diacre l’endroit de la péricope qu’il vient de chanter…

15

… et le sous-diacre porte l’évangéliaire au célébrant qui vénère par un baiser le texte qui vient d’être chanté.

16

Dans la liturgie traditionnelle le « Credo » n’est pas omis.
Après le chant de l’intonation par le célébrant, celui-ci poursuit la récitation mezzo voce avec le diacre et le sous-diacre, tandis que l’assemblée et le choeur continuent le chant.
Quand le célébrant a terminé la récitation du « Credo », il va à son siège.

17

Le diacre porte la bourse, contenant le corporal, sur l’autel.

18

Offertoire : le sous-diacre, ayant mis le voile huméral, porte le calice à l’autel, puis présente les burettes au diacre, lequel lui remet la patène une fois que le célébrant a déposé l’hostie sur le corporal. Le diacre soutient le calice pendant l’oblation.

19

Le sous-diacre porte la patène couverte du voile huméral. Il va se tenir au bas des marches de l’autel (sauf pour la récitation du « Sanctus ») jusqu’après le chant du « Pater ».

20

Pendant ce temps, l’offertoire se poursuit. Le prêtre encense les oblats :

21

Puis il encense la croix et l’autel…

22

Il est lui-même encensé :

23

Puis sont encensés les prêtres présents au choeur, les religieux…

24

… le sous-diacre, le diacre lui-même, les autres ministres…

25

… et enfin les fidèles présents :

26

Chant de la préface :

27

Début du canon :

28

Consécration du Pain :

29

Aussitôt après avoir prononcé les paroles de la consécration sur le Pain, le célébrant adore ce qui est désormais le Corps sacré de Notre-Seigneur :

30

Elévation :

31

32

Consécration du Vin :

33

Elévation du calice contenant désormais le Très Précieux Sang de Notre-Seigneur :

34

Après le canon, le chant du « Pater », les prières de préparation à la sainte communion, le chant de l’ « Agnus Dei » et la communion du célébrant, le diacre récite le troisième « confiteor » auquel s’unissent tous les assistants :

35

Sainte communion : les prêtres et les autres ministres ordonnés présents reçoivent la communion revêtus de l’étole.
C’est ensuite la communion des servants et religieux présents au choeur, puis la communion des fidèles.

36

A cette Messe du Jeudi Saint, le célébrant a consacré une seconde grande hostie qui est déposée dans un calice, lequel est ensuite enveloppé d’un voile qui est noué au niveau du pied du calice. Ce calice reste sur l’autel. Le célébrant et ses ministres accomplissent donc les purifications comme on le fait lors de la Messe « coram Sanctissimo » (voir supra).

37

Pour les « Dominus vobiscum » de la postcommunion et de la conclusion de la Messe, le prêtre se décale de biais sur le côté de l’Evangile :

38

De même pour la bénédiction :

39

Et lors du dernier Evangile, il fait la génuflexion tourné vers le Saint-Sacrement aux paroles « Et Verbum caro factum est » :

40

La Messe achevée, le célébrant dépose la chasuble et le manipule et revêt la chape.
Le chœur et l’assemblée entonnent le « Pange lingua gloriosi », le célébrant encense le Saint-Sacrement.

41

Tandis que la procession se forme, derrière la croix voilée de violet portée par un sous-diacre :

43

Départ de la procession pour le reposoir.

44

Les fidèles suivent la croix, puis viennent les religieux et les prêtres ; tous portent des cierges.
Devant le Saint-Sacrement deux encensoirs.

45

A l’arrivée au reposoir, le Saint-Sacrement ayant été déposé sur l’autel, on chante les deux dernières strophes du « Pange lingua » : « Tamtum ergo » et « Genitori ».
Encensement, puis le diacre place le Saint-Sacrement dans le tabernacle.

46

Le reposoir.

47

Quand on retourne au choeur on chante les vêpres, terminées par le « miserere ».

48

Et enfin a lieu la cérémonie du dépouillement de l’autel, pendant qu’est psalmodié le psaume XXI.

49

Le tabernacle est vide, sa porte reste ouverte.

50

A suivre :
La Messe des Présancifiés le Vendredi Saint > ici

Publié dans : Chronique de Lully, De liturgia |le 26 avril, 2018 |7 Commentaires »

Vous pouvez laisser une réponse.

7 Commentaires Commenter.

  1. le 1 avril 2021 à 22 h 07 min Jean-Martin S. écrit:

    Merci, seulement merci!
    Tout est si beau!

  2. le 29 avril 2018 à 12 h 27 min Hervé N. écrit:

    Merci pour ces magnifiques images !

  3. le 27 avril 2018 à 8 h 31 min Le Forez écrit:

    Toujours ébahi de voir tant de beautés, tant d’élévations qui attirent autant de grâces !
    Décidément, on croit atteindre le sommet, à chaque fois, vous nous proposez une marche qui se rapproche de Dieu, marche toujours plus belle, les mots sont insuffisants pour décrire notre joie intérieure.

  4. le 27 avril 2018 à 6 h 30 min Jean P. écrit:

    Précision d’orfèvre.
    Retour à ces années 40 / 60 …bien érodées!

  5. le 26 avril 2018 à 21 h 03 min Emmanuel B. écrit:

    Un infini merci pour ces merveilles, qu’elle est belle la véritable liturgie de notre Eglise.

  6. le 26 avril 2018 à 20 h 24 min Jean-Martin S. écrit:

    Très cher Frère, je n’ai pas assez de voix pour vous exprimer ma reconnaissance des beautés que vous nous montrez.
    Merci et loué soit Jésus-Christ.

  7. le 26 avril 2018 à 20 h 18 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Tout est dit en images!

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