2018-26. Où le Maître-Chat Lully, continuant le récit de son séjour en Provence à l’occasion de la Semaine Sainte, présente le village de La Garde-Freinet et le monastère Saint-Benoît.

Jeudi de Pâques 5 avril 2018,
Mémoire de Sainte Julienne du Mont-Cornillon, vierge de l’Ordre de Saint-Augustin (cf. > ici).

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Après vous avoir raconté hier notre voyage et notre installation (cf. > ici), je vais aujourd’hui vous présenter le village de La Garde-Freinet et son église, puis vous parler brièvement du monastère Saint-Benoît.

A – Le village de La Garde-Freinet :

Lorsqu’on quitte l’autoroute qui relie Aix-en-Provence à Nice au Cannet des Maures, après avoir traversé la plaine des Maures, dont les superbes pins parasols ont fait pousser des cris d’admiration à Frère Maximilien-Marie pour lequel ce paysage rappelait la campagne romaine, une route montante et assez sinueuse vous conduit jusqu’au village de La Garde-Freinet, construit sur les reliefs du massif, avant une redescente relativement rapide vers Grimaud, Cogolin et Saint-Tropez.
Cette dénomination de « La Garde » indique bien son importance stratégique : le village commande un col par lequel passe l’actuelle route départementale 558 reliant le Cannet des Maures à Grimaud, route départementale qui a très exactement suivi le tracé d’une très ancienne voie de communication.
Le mot « Freinet », accolé au nom de « La Garde », se réfère – dit-on – à la forêt de frênes qui s’étendait autrefois sur la plaine entre Grimaud et Cogolin.

La Garde-Freinet vue générale

La Garde-Freinet, vue générale.

Une ancienne tradition, bien ancrée dans la conscience locale de nos jours encore, rapporte que La Garde-Freinet aurait été, depuis la fin du IXème siècle et pendant presque un siècle, un point stratégique de l’implantation des Sarrasins en Provence : l’une des rues en pente du village porte d’ailleurs le nom de « Rampe des Sarrazins »

Et puisque je viens d’évoquer le nom donné à l’une des rues du village, je ne peux résister à faire une parenthèse pour vous montrer le nom donné à une autre ruelle très en pente, nom qui a beaucoup amusé Frère Maximilien-Marie : point n’est besoin de connaître la langue provençale, je crois, pour comprendre ce que cela signifie !

La Garde-Freinet nom de rue

Mais revenons à l’histoire de La Garde-Freinet.
Le village médiéval fortifié, situé sur une hauteur à 450 m d’altitude (des fouilles y ont été pratiquées et on peut randonner jusqu’à ce site duquel se découvre une vue magnifique), fut progressivement abandonné au cours du XIIIème siècle pour s’implanter sur le col-même, le long de la route.

Au XIXème siècle, la fabrication des bouchons de liège fit la prospérité du village dont la population frôla les 2700 habitants parmi lesquels on comptait 660 bouchonniers !
Aujourd’hui, La Garde-Freinet est un très agréable village de quelque 1878 habitants et c’est le tourisme qui est sa principale ressource.

Non loin des ruines de l’ancien village médiéval, bien visible (elle est plantée à 437 m d’altitude), un curé de La Garde-Freinet a érigé en 1900 une croix monumentale : la « Croix des Maures » dont le Christ pèse 175 kg.
On m’a rapporté que, dans le contexte politique de l’époque (luttes contre les congrégations, lois contre l’enseignement catholique, préparatifs de la loi dite « de séparation de l’Eglise et de l’Etat »… etc.), il s’agissait d’une solennelle protestation en acte contre l’anticléricalisme officiel alors si virulent.

Croix des Maures dominant le village

A 437 m d’altitude, la monumentale « Croix des Maures » domine le village.

Peu visible lorsque l’on se trouve au niveau du village, et enserrée dans un réseau de ruelles étroites qui font qu’il est pratiquement impossible d’avoir sur elle une vue bien dégagée, l’église Saint-Clément se trouve au coeur du village. Allons maintenant la visiter.

B. L’église Saint-Clément.

Depuis les ruelles étroites de la partie la plus ancienne du village, on aperçoit de manière intermittente le clocher-tour de l’église paroissiale Saint-Clément de La Garde Freinet.
Ce clocher-tour fut édifié en 1571 et mesurait alors 6,5 m seulement. Il fut surélevé en 1698 pour y installer une horloge, puis en 1785 il fut surmonté d’un campanile en fer forgé.

Eglise Saint-Clément campanile

Le clocher-tour et le campanile de l’église Saint-Clément aperçus depuis le dédale des ruelles médiévales 

Ainsi que je l’ai déjà dit plus haut, l’église ne possède ni parvis ni place et il n’est pas possible d’en avoir une vue générale extérieure, parce qu’elle est véritablement enserrée dans le réseau des étroites ruelles du vieux village. Un panneau de présentation historique situé près de l’entrée latérale dit même : « Cela rend aujourd’hui la tâche impossible à qui veut prendre des photographies de mariage » !.

Eglise Saint-Clément entrée principale

Entrée principale de l’église Saint-Clément

Cette église paroissiale Saint-Clément a été entièrement reconstruite de 1782 à 1787 (et probablement agrandie) à l’emplacement de l’église médiévale.
Elle est correctement orienté et présente un plan simple en forme de croix latine, avec un unique vaisseau, complété par une sacristie sur le côté droit du sanctuaire et par une chapelle qui lui est symétrique du côté gauche.
Sa situation encaissée dans le vieux village  fait que les vitraux sont disposés relativement haut, pour chercher une lumière qu’ils dispensent de manière très parcimonieuse.
Dans les années qui ont suivi le concile vaticandeux, elle a été entièrement dépouillée de ses autels latéraux, confessionnaux, boiseries et d’un grand nombre de statues, en même temps qu’elle était enduite d’un crépi granuleux de couleur crême conforme à l’esthétisme (si l’on ose employer ce mot) misérabiliste de l’époque.

Eglise Saint-Clément vue intérieure générale

Vue intérieure générale de l’église Saint-Clément

J’ai retrouvé une carte postale ancienne de cette église la montrant avant le passage des iconoclastes postconciliaires et je crois que cela se passe de tout commentaire… hélas !

Eglise Saint-Clément avant le concile

Fort heureusement, les sagouins n’ont pas détruit le maître-autel de 1787, et ils ne l’ont pas non plus découpé pour le transformer en « autel face au peuple ».
Ils se sont contentés d’installer devant lui une monstruosité en marbre (ou faux marbre) noir qui est une offense au bon goût et gâche considérablement l’harmonie du sanctuaire, mais qu’il sera un jour relativement aisé de faire disparaître…

Eglise Saint-Clément maître-autel

Maître-autel de l’église Saint-Clément

Je vous invite en particulier à vous extasier devant le tabernacle en marbres de différentes couleurs et à l’architecture d’une élégance admirable.

Eglise Saint-Clément tabernacle

Cette église est consacrée à Dieu sous le vocable de Saint Clément 1er, pape et martyr.
Saint Clément, né dans une famille patricienne romaine apparentée aux empereurs, est le troisième successeur de Saint Pierre, après les brefs pontificats de Saint Lin et de Saint Clet. Il avait connu les Saints Apôtres Pierre et Paul, dont la tradition rapporte qu’il les logea dans sa demeure du mont Esquilin, au-dessus de laquelle s’élève de nos jours la magnifique basilique de Saint-Clément.

La paroisse de La Garde-Freinet a reçu en 1670 une relique de son saint patron : il s’agit d’un morceau d’os du bras assez important placé dans un buste reliquaire habituellement exposé sur le pilastre qui sépare le sanctuaire du transept gauche de l’église.

Buste reliquaire de Saint-Clément

Buste reliquaire de Saint Clément, pape et martyr,
dans l’église de La Garde-Freinet.

Relique du bras de Saint-Clément

Os du bras de Saint Clément 1er
(détail du reliquaire de l’église de La Garde-Freinet)

Nous avons été très heureux, dès notre arrivée, de remarquer aussi ce tableau daté de 1702 sur lequel, aux pieds d’une Madone à l’Enfant, accompagnée d’un petit Saint Jean-Baptiste et entourée d’anges musiciens, sont représentés Saint Bernard et surtout Sainte Jeanne de France, dite aussi Sainte Jeanne de Valois, envers laquelle nous nourrissons une dévotion spéciale (cf. > ici).

Eglise Saint-Clément tableau

Dans l’église se trouve aussi la statue de Notre-Dame de Miremer.
La chapelle de Notre-Dame de Miremer est située à 402 mètres d’altitude sur une colline à quelques kilomètres du village : elle existait au XIIème siècle et a été rebâtie après la révolution. C’est un lieu de pèlerinage, en particulier le 8 septembre, fête de la Nativité de Notre-Dame. On peut découvrir quelques photos de ce site > ici

Comme la chapelle est malheureusement fermée la plus grande partie de l’année, la statue qui est le centre de la dévotion de ce pèlerinage est habituellement conservée dans l’église.

Eglise Saint-Clément statue de Notre-Dame de Miremer

Notre-Dame de Miremer

Eglise paroissiale dans laquelle se déroulent donc des offices paroissiaux ordinaires, l’église Saint-Clément de La Garde-Freinet sert aussi simultanément d’église conventuelle à la jeune communauté bénédictine dont Son Excellence Monseigneur l’Evêque de Fréjus-Toulon a autorisé la constitution ici il y a six ans, en lui attribuant les locaux du grand presbytère voisin de l’église.

C – Le monastère Saint-Benoît :

Comme je vous l’ai expliqué ci-dessus, La Garde-Freinet est le lieu d’une nouvelle fondation monastique accueillie et encouragée par Monseigneur l’Evêque de Fréjus-Toulon.
Le fondateur, Dom Alcuin Reid, né en Australie, a vécu la vie bénédictine dans un monastère d’Angleterre avant de venir en France pour cette fondation. Dom Alcuin est connu, spécialement dans le monde anglophone, pour ses conférences et écrits sur la liturgie romaine traditionnelle.
Le monastère Saint-Benoît de La Garde-Freinet pratique « la forme vénérable et classique du rit romain monastique », ainsi qu’il est écrit dans la présentation faite sur le site internet propre de la communauté, auquel nous vous renvoyons pour de plus amples informations > ici. Actuellement ce n’est encore qu’une toute petite communauté de moines, à laquelle nous ne pouvons que souhaiter une authentique croissance en nombre et en grâce.

Dom Alcuin a obtenu en janvier dernier une autorisation spéciale de la Sacrée Congrégation pour le Culte divin et la discipline des sacrements (un indult) pour reprendre la liturgie de la Semaine Sainte antérieure aux réformes qui avaient été opérées sous le pontificat de Pie XII en 1951 et 1955.
Cet indult a été également accordé cette année à la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre et il a été mis en application dans une vingtaine de lieux de culte qu’elle dessert, ainsi qu’à l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre.
C’est le fait de pouvoir vivre l’intégralité de la liturgie de la Semaine Sainte selon les formes multiséculaires retrouvées qui explique qu’avec quelques amis nous nous sommes rendus à La Garde-Freinet depuis le samedi de la Passion 24 mars jusqu’au matin du lundi de Pâques 2 avril, et la suite de mon récit vous montrera que nous n’avons pas été déçus.

Patte de chat Lully.

(à suivre > 3ème partie : Le dimanche des Rameaux > ici)

Eglise Saint-Clément tabernacle détail

Putti du tabernacle de l’église Saint-Clément de La Garde-Freinet

Publié dans : Chronique de Lully |le 5 avril, 2018 |7 Commentaires »

Vous pouvez laisser une réponse.

7 Commentaires Commenter.

  1. le 29 janvier 2019 à 20 h 44 min Maître-Chat Lully écrit:

    Merci pour ces précisions, Monsieur l’Abbé.

  2. le 29 janvier 2019 à 20 h 12 min Abbé Bruno B. écrit:

    Bonjour à vous

    Juste une petite précision : la statue de Notre-Dame de Miremer, dans l’église de la Garde Freinet est une copie. La véritable statue se trouve à demeure en permanence dans la chapelle.
    Mon prédécesseur le père Espitallier n’était pas un iconoclaste, mais c’est toujours le même problème humidité… manque d’argent…etc.
    Merci pour sa mémoire.

    Père Bruno B., ancien curé de La Garde-Freinet (2000-2006)

  3. le 8 avril 2018 à 9 h 15 min Claude L. écrit:

    Accepteriez vous de nous montrer les différences des liturgies avant et après les modifications de Pie XII? Merci.
    Vos articles sont très intéressants même pour un orthodoxe, je les fais suivre à des amis catholiques.
    Quelle tristesse de voir comment les églises catholiques ont été dépouillées !!!! Plus rien de visuel pour contribuer à l’élévation de l’âme!

    Réponse :

    Les articles de Henri Adam de Villiers référencés dans le cours de ces publications-ci (avec les liens donnés à chaque fois) permettent justement de mettre en évidence ce qui se faisait avant la réforme de Pie XII et après.
    Comme je l’ai écrit, je ne vais pas plagier ici ce qui a déjà été excellement fait et auquel je vous renvoie.

  4. le 6 avril 2018 à 17 h 30 min Béa Kimcat écrit:

    Je vais voir la suite…

  5. le 5 avril 2018 à 21 h 19 min Daniel C. écrit:

    ❤❤❤

  6. le 5 avril 2018 à 20 h 55 min Olivier du 91 écrit:

    Bravo, vraiment passionnant !
    Vivement la suite !!

  7. le 5 avril 2018 à 20 h 11 min Emmanuel B. écrit:

    Vite la suite du récit…

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