2018-19. Un pape peut-il tomber dans l’hérésie ?
12 mars 2018,
Fête de Saint Grégoire 1er le Grand.
J’ai beaucoup lu, beaucoup réfléchi, beaucoup prié avant de finaliser le texte qui suit. Je n’ai rien inventé, j’ai approfondi des textes de théologiens que je crois sérieux, je me suis inspiré de leurs réflexions et remarques avant d’écrire moi-même, et j’ai tenu à me faire relire par un prêtre de confiance, à l’orthodoxie éprouvée, qui m’a fait l’honneur de m’écrire ces lignes :
« Rien d’hérétique ou même d’obscur dans votre exposé qui pourra aider certains à ne pas se crisper sur la dite infaillibilité pontificale servie à toutes les sauces. La position des modernes (note : c’est-à-dire des théologiens modernes [mais non pas modernistes] dont il sera question au paragraphe A du texte suivant) est aussi à expliquer par la crise de l’autorité à l’époque de la Renaissance, puis de l’hérésie protestante diabolisant la papauté, ce qui n’était point le cas au Moyen Age où hérésies et schismes ne manquèrent point mais où l’homme n’avait pas encore eu la prétention de se mettre au centre du monde sans l’aide de Dieu. Vous pouvez sans problème mettre votre texte en ligne… »
La date à laquelle je le publie ici, sur ce blogue du Maître-Chat Lully, n’est évidemment pas choisie au hasard puisque d’une part nous fêtons en ce jour le très grand pape et docteur de l’Eglise Saint Grégoire le Grand, et que d’autre part nous sommes à la veille du cinquième anniversaire de l’élection de « François » au Souverain Pontificat…
« Qui legit intelligat : que celui qui lit comprenne » (Matth. XXIV, 15).
Fr.Mx.M.
Arnolfo di Cambio : Saint Pierre
(basilique de Saint-Pierre au Vatican)
Un pape peut-il tomber dans l’hérésie ?
A – Qui prétend que cela ne peut se faire ?
Le seul énoncé de cette question pourra scandaliser certains catholiques tant, à première vue, cela peut leur paraître absolument impossible.
Pour le plus grand nombre des théologiens catholiques de l’époque moderne (nota : par « époque moderne » il faut comprendre la période qui court depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours), la réponse négative à cette question prévaut, si bien que l’opinion commune aujourd’hui est que le pape ne peut pas devenir « hérétique formel et pertinace » (c’est-à-dire hérétique conscient et coupable), bien que l’on puisse envisager qu’il devienne « hérétique matériel », par ignorance non coupable ou en raison d’une simple erreur, et non en raison d’une mauvaise volonté.
Parmi les principaux partisans de cette thèse se trouvent le théologien hollandais Albert Pighi (1490-1542) (1), Saint Robert Bellarmin sj. (1542-1621) (2) et le Père François Suarez sj. (1548- 1617) (3).
Juste avant le premier concile du Vatican, cette opinion était soutenue par le canoniste français Marie-Dominique Bouix sj. (1808-1870) et, lors de ce concile, Monseigneur Zinelli, évêque de Trévise, rapporteur de la Députation de la foi, cita avec éloge cette opinion de Bellarmin et de Suarez : selon lui, il est probable que jamais le pape ne sera hérétique formel (4).
Au lendemain de Vatican I, le cardinal français Louis Billot sj. (1846-1931) (5) reprit cette même opinion. Le père Dublanchy sm. – auteur de l’article sur l’infaillibilité du pape dans le « Dictionnaire de théologie catholique » – ouvrage de référence s’il en est – l’adopte encore après lui (6). Enfin, sous Pie XII, le très classique ouvrage du Révérend Père Salaverri (7) mentionne cette question de l’hérésie personnelle du pape comme une matière à controverse théologique et présente comme probable l’opinion de Bellarmin et Suarez, louée par Monseigneur Zinelli.
En résumé, l’affirmation selon laquelle un pape ne peut devenir formellement hérétique est une opinion théologique, défendue par de très grands noms de la théologie. Cependant cette thèse n’a jamais fait l’objet d’une définition magistérielle, et ceux qui la défendent la qualifient de « probable » en admettant qu’elle est « matière à controverse ».
B – Arguments des négateurs de cette possibilité.
Tous les défenseurs de cette « opinion théologique probable » la fondent invariablement sur deux arguments :
B1 – Une « convenance » : la promesse faite par Notre-Seigneur à Pierre « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères » (Luc XXII, 32) rendrait moralement nécessaire l’indéfectibilité personnelle dans la foi. Saint Robert Bellarmin fait observer que l’ordre établi par Dieu exige absolument que la personne privée du Souverain Pontife ne puisse pas tomber dans l’hérésie, pas même en perdant la foi de manière purement interne : « Car non seulement le pape ne doit pas et ne peut pas prêcher l’hérésie, mais il doit aussi toujours enseigner la vérité, et il est hors de doute qu’il le fera toujours, puisque le Seigneur lui a commandé de confirmer ses frères. Mais comment un pape hérétique pourra-t-il confirmer ses frères dans la foi, comment prêchera-t-il toujours la vraie foi ? Sans doute, Dieu reste capable d’arracher au cœur d’un hérétique la profession de la vraie foi, tout comme jadis il fit parler l’ânesse de Balaam. Mais il y aura là une violence, et non une action conforme à la divine providence, qui dispose tout avec suavité » (8).
B2 – Le second argument est la conséquence du premier : selon tous les partisans de cette thèse, dans toute l’histoire de l’Église, on ne peut trouver aucun pape qui aurait été formellement hérétique (9).
C – Une opinion théologique tard venue qui n’a jamais fait l’unanimité.
Ainsi que nous l’avons fait remarquer au début, les théologiens qui défendent la « non probabilité » de la chute d’un pape dans l’hérésie appartiennent tous à l’époque moderne, c’est-à-dire qu’ils arrivent relativement tardivement dans l’histoire de l’Eglise.
A contrario, avant eux, c’est-à-dire tout au long du Moyen-Age, de nombreux théologiens catholiques ont communément admis qu’un pape peut tomber dans l’hérésie.
Cette idée se trouve par exemple au XIIe siècle dans le Décret de Gratien (10). Gratien y écrit que le pape ne peut être jugé par personne, sauf dans le cas où il s’écarterait de la foi (11). Ce texte a ensuite servi de base à toute la réflexion des canonistes médiévaux et servira de fondement à une opinion qui deviendra commune : « Les canonistes des XIIe et XIIIe siècles, connaissent et commentent le texte de Gratien. Tous admettent sans difficulté que le pape peut tomber dans l’hérésie comme dans toute autre faute grave ; ils se préoccupent seulement de rechercher pourquoi et dans quelles conditions il peut dans ce cas être jugé par l’Église » (12). Le grand Cajetan (1469-1534) soutient cette thèse.
Au XVIe siècle, Albert Pighi, cité au premier paragraphe, fut le premier à rompre une tradition théologique et canonique jusque-là unanime.
Remarquons toutefois que même à l’époque moderne, cette opinion nouvelle introduite par Pighi ne fit absolument pas l’unanimité : il fut en effet rapidement réfuté par le Père Melchior Cano op. (1509-1560) (13), par le Père Dominique Banez op. (1528-1604) (14), puis par le Père Charles-René Billuart op. (1685- 1757) (15) et, au lendemain du premier concile du Vatican, par Aurelio Palmieri (1870-1926) (16).
D – Des faits qui vont à l’encontre de la thèse moderne.
D1 - « Contra factum non fit argumentum : contre un fait il n’y a point d’arguties qui tiennent ». Les faits historiques sont là, et ils sont indéniables. Dans l’histoire de l’Église, il est certain qu’il y a eu des papes dont l’enseignement n’a pas été exempt d’erreur. Citons le pape Honorius 1er au VIIe siècle ; et le cas du pape Jean XXII au XIVe siècle :
- Le pape Honorius 1er (625-640) a été anathématisé par ses successeurs Saint Agathon (678-681) et Saint Léon II (682-684) à l’occasion du 3e concile de Constantinople (7 novembre 680 – 16 septembre 681), comme ayant soutenu l’hérésie appelée monothélite.
- Le pape Jean XXII (1244-1334), qui est – notons-le au passage – celui qui canonisa Saint Thomas d’Aquin, n’enseigna cependant pas moins à plusieurs reprises dans ses prédications, que les âmes des justes ne contemplent pas Dieu avant la résurrection des corps et que c’est seulement après celle-ci qu’elles auront la contemplation de l’essence divine, et il soutint aussi que les damnés n’iraient en enfer qu’après la résurrection des corps. Ses affirmations suscitèrent de grands remous, et il dut rédiger une bulle de négation de ces thèses avant sa mort.
Remarquons toutefois que dans l’un comme dans l’autre cas, historiens ecclésiastiques et théologiens, en fonction de leur degré d’ultramontanisme, ont tendance à présenter les faits de manière différente, atténuant ou relativisant parfois de manière très nette l’adhésion de ces pontifes à ces erreurs doctrinales.
Et puis, qui peut étabir indubitablement qu’ils furent « hérétiques formels et pertinaces » et pas seulement « hérétiques matériels » ?
D2 - « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras converti, confirme tes frères » (Luc XXII, 32) : l’argument de convenance sur lequel s’appuient les théologiens défendant comme improbable qu’un pape puisse tomber dans l’hérésie, en se fondant sur cette citation évangélique, n’est-il pas réfuté par le récit évangélique lui-même ? Malgré la prière de Notre-Seigneur, Pierre l’a trahi et renié. D’ailleurs, les paroles de Notre-Seigneur « et toi, quand tu seras converti », montrent à l’évidence que le Christ savait bien que Pierre faillirait, puisqu’il faudrait ensuite se relever de manière à pouvoir « confirmer ses frères ».
Par ailleurs si, depuis des siècles, dans sa liturgie, par les litanies des saints qu’elle entonne dans les circonstances les plus solennelles, la Sainte Eglise fait demander à ses fidèles : « Ut domnum apostolicum et omnes ecclesiasticos ordines in sancta religione conservare digneris : pour que Vous mainteniez dans Votre sainte religion le Souverain Pontife et tous les ordres de la hiérarchie ecclésiastique », c’est donc bien que, dans sa tradition la mieux établie (puisque la liturgie est l’un des organes de transmission de la Tradition), l’Eglise elle-même reconnaît que l’éventualité de l’errance hors de la doctrine authentique est un risque possible même pour le Souverain Pontife.
D3 – De nos jours, il n’est un secret pour personne que les propos ou écrits de certains papes contemporains ne laissent pas de poser de graves problèmes de conscience aux catholiques qui veulent demeurer strictement catholiques, tant il semble difficile de les trouver en accord avec le dogme clairement défini, ou en pleine conformité avec les condamnations explicites de leurs prédécesseurs.
Je ne veux pas gloser ici sur une situation dont tout observateur un peu sérieux et impartial ne peut que constater la réalité, mais à laquelle, en définitive, seules des décisions magistérielles futures pourront apporter des solutions…
E – Pleinement catholique.
E1 – L’infaillibilité pontificale, qui est un dogme auquel tout catholique est tenu d’adhérer sans réserve s’il veut rester catholique, s’exerce dans des conditions très particulières et très clairement précisées.
En dehors de ces cas rigoureusement prévus par la définition dogmatique, le Souverain Pontife n’est évidemment pas une version catholique de la fameuse pythie de Delphes qui était supposée transmettre en toutes circonstances et sans erreur les réponses d’Apollon qui l’aurait prétendûment possédée au moment des transes où elle rendait ses oracles !
Tout ce que dit ou fait un pape n’est non seulement pas revêtu de l’infaillibilité, mais il y a en outre des degrés divers d’autorité dans ce qu’il peut dire ou accomplir. Si l’on ne doit jamais se départir du respect dû à sa fonction magistérielle et à sa personne elle-même, il faut néanmoins se garder de toute naïveté, et de toute forme de culte de la personnalité.
E2 – Le magistère pontifical, tout comme le magistère des évêques, a été établi par Dieu pour garantir la transmission pure et sans erreur de la Vérité révélée dans toute son intégralité, Vérité révélée confiée par Notre-Seigneur à Ses saints apôtres. En l’occurrence, tout comme aux saints apôtres eux-mêmes, aux évêques leurs successeurs est accordée par Dieu une assistance particulière pour conserver et transmettre la foi authentique ; mais cela ne signifie pas – comme pour Pierre au moment de son reniement – qu’ils sont toujours et immanquablement fidèles aux grâces liées à leur ministère. Le pape n’est pas une marionnette dont le Bon Dieu tire infailliblement les ficelles !
Tous les hiérarques de la Sainte Eglise peuvent, en fonction de critères divers que seul Dieu peut juger en toute justice, laisser interférer dans leurs propos ou actions, des éléments qui proviennent d’une pensée personnelle influencée par des doctrines étrangères à la Révélation divine et à l’orthodoxie de la foi, et qui peuvent fausser leur enseignement.
E3 – Ce dont il est ici question, c’est de l’hérésie formelle d’un pape – c’est-à-dire de l’hérésie consciente et coupable – et non de l’hérésie matérielle – c’est-à-dire non coupable et liée à une erreur non volontaire. C’est aussi dire que cette dernière possibilité – celle d’un pape hérétique sans le vouloir mais seulement parce qu’il est conditionné, par exemple, par une mauvaise formation théologique – est admise par tous les théologiens qui se sont interrogés à ce sujet.
Insistons donc seulement pour dire que Dieu seul peut juger des degrés de conscience, de connaissance ou d’ignorance, de volonté ou d’influence subie, de malice ou d’innocence qu’il peut y avoir en cela. Cela ne nous appartient pas !
En revanche il nous appartient de garder la foi catholique, en restant fidèles à l’enseignement du catéchisme catholique authentique, malgré les propos contraires que pourraient tenir certains prêtres, évêques, cardinaux ou même pontifes.
Dans les deux cas historiques cités en D : qui, sinon le seul Juge des reins et des coeurs, peut affirmer en toute certitude et justice que les papes Honorius 1er et Jean XXII ont été formellement dans l’erreur et non pas seulement matériellement, sans intention réellement perverse ?
E4 – De toute façon, l’opinion – puisque ce n’est qu’une opinion théologique – qui regarde comme improbable qu’un pape puisse jamais tomber dans l’hérésie, me sembe-t-elle improbable, et – au-delà – cela constitue même un impérieux motif obligeant tous les fidèles de la Sainte Eglise à prier avec une ferveur redoublée : « Ut domnum apostolicum et omnes ecclesiasticos ordines in sancta religione conservare digneris, Te rogamus audi nos : pour que Vous mainteniez dans Votre sainte religion le Souverain Pontife et tous les ordres de la hiérarchie ecclésiastique, nous Vous en supplions, écoutez-nous ! »
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Notes :
(1). Auteur d’un traité sur l’Église hiérarchique – « Hierarchiæ ecclesiasticæ assertio » - où il examine la question du pape hérétique (Lib. IV, chap. 8).
(2). « De Romano Pontifice » (lib. IV, chap. 6-14).
(3). « De fide, disputatio« 10, sectio 6, § 11, in « Opera omnia », tome XII, p. 319.
(4). « Hæc Providentiæ supernaturali confisi, satis probabiliter existimamus nunquam eventura » (Mansi, tome 52, col. 1 109).
(5). Louis Billot, L’Église. II – Sa constitution intime, question 14, thèse 29, 2e partie, n° 940-949.
(6). Dublanchy, article « Infaillibilité du pape » dans Dictionnaire de théologie catholique, t. VII, 2e partie, col. 1716-1717.
(7). Joachim Salaverri, « De Ecclesia Christi », thèse 14, § 657.
(8). « De Romano Pontifice » (lib. IV, chap. 6).
(9). Ibidem, chap. 7-14.
(10). C’est le fameux passage du livre I, distinction 40, chapitre VI intitulé Si papa.
(11). «… cunctos ipse judicaturus a nemine est judicandus, nisi deprehendatur a fide devius. » Cette affirmation est attribuée à saint Boniface, archevêque de Mayence, et elle est citée sous son nom, avant Gratien, par le cardinal Deusdedit et par Yves de Chartres. cf. article de Dublanchy, dans le Dictionnaire de théologie catholique, col 1714-1715.
(12). Dublanchy, Ibidem, col 1 715.
(13). De locis theologicis, livre VI, chapitre VIII, § 21-23.
(14). Commentaire sur 2a2æ, q 1, art 10, folios 183-212 de l’édition de Venise de 1587.
(15). De fide, dissertatio 5, art 3, § 3, objection 2 ; De regulis fidei, dissertatio 4, art 8, § 2, objections 2 et 6 ; De incarnatione, dissertatio 9, art 2, § 2, objection 2.
(16). Tractatus de romano pontifice, thèse 32, scholion, p. 630-633
Le fameux impact de foudre qui s’est abattu sur le paratonnerre du faîte de la coupole de la basilique Saint-Pierre au Vatican
dans la soirée du 11 février 2013
On pourra lire aussi :
« Dix conseils pour survivre à un pape calamiteux et continuer à être catholique » > ici
Vous pouvez laisser une réponse.
Une fois de plus, voilà une réflexion de fond; tout devient si clair.
Merci.
Mais quel sens spirituel donner à la foudre tombant sur la basilique Saint-Pierre le 11 février 2013 ?
Réponse :
Pourquoi faudrait-il qu’il y ait à tout prix (voire à n’importe quel prix) un « sens spirituel » à cet impact de foudre ?
Le dôme de Saint-Pierre est équipé d’un paratonnerre, et il est TRES fréquent qu’il y ait de semblables phénomènes : à vrai dire, à Rome, dès qu’il y a un orage des photographes se précipitent ves la place Saint-Pierre pour prendre des photos de ce type qui existent par milliers, et pas seulement à l’occasion d’événements sensationnels donc !
L’orage du 11 février 2013 à la nuit tombée, et la photo très nette de cet impact-ci, ont une valeur symbolique dans la mesure où l’annonce ce matin-là de l’abdication de Benoît XVI nous a tous frappés de stupeur. Voilà tout.
Merci de cet article très clair.
Et des arguments apportés aussi dans votre réponse à Daniel C.
UDP
Voilà un sage enseignement prudentiel puisqu’il met les points sur les « i » avec un avis auquel je souscris quand à l’hérésie formelle qui peut rendre un pape hérétique, en tenant compte du point E3.
Y-a-t-il hérésie dans le cas où un pape réhabiliterait Luther ? Et si un pape laisse se développer des hérésies (communion eucharistique des protestants comme en Allemagne)en toute connaissance de cause sans intervenir parce que lui-même est d’accord avec ces aventures soi-disant « oecuméniques » ?
Merci pour ces éclairages.
J’ai encore du chemin à faire….
Mais je vous fais confiance, Cher Frère, et continue à me laisser guider
par vous et par votre savoir.
Lully, ton Papa-Moine est génial !
Très respectueusement vôtre.
Reine-Claude
Merci pour votre réponse.
Elle mérite d’être étudiée: je vais le faire.
Merci beaucoup pour cet article.
Une remarque: vous invoquez (comme beaucoup, sur cette question), le comportement peccamineux de tel ou tel Pape (Pierre en premier, et son reniement). Or je ne suis pas d’accord : l’infaillibilité concerne des paroles ou écrits, et non des comportements. Il me semble que tel Pape de la Renaissance avait un comportement très fautif, sans que cela ait entaché son enseignement…
Réponse :
Le reniement de Pierre n’est pas juste un « comportement » : il comprend des paroles très clairement affirmées, avec serment solennel, et consiste en une dénégation formelle d’être disciple du Christ, avec – certes inspiré par la crainte – un déni de foi en Lui.
Toutefois, si vous lisez bien ce que j’ai écrit, vous verrez que je n’oppose pas le reniement de Pierre au dogme de l’infaillibilité pontificale.
La question du reniement de Pierre est évoquée au sujet de la citation extraite de Luc XXII, 32 prise comme argument pour fonder l’improbabilité de la chute d’un pape dans l’hérésie. Or cette parole de NSJC a trait, c’est évident, dans l’immédiat de son contexte, à l’attitude de Pierre durant la Passion et non directement au magistère qu’il exercera sur l’Eglise ensuite.
Nous sommes bien d’accord sur le fait que le dogme de l’infaillibilité ne concerne que des enseignements, édictés dans des conditions très précises et selon des modalités tout aussi précises. Le problème est qu’il y aujourd’hui des tas de catholiques qui ne le savent pas ou ne le comprennent pas ainsi et qui ont de fait une attitude envers le pape qui se fonde sur une compréhension archi-développée (et erronée) du magistère pontifical, au point de voir dans toute parole du pape énoncée sur n’importe quel sujet et dans n’importe quelle circonstance (nota : rien ne mérite autant l’expression de « paroles en l’air » que certains propos tenus dans un avion en vol !), une parole inspirée et infaillible qui doive nécessairement emporter l’adhésion de tout catholique…
Votre allusion à Alexandre VI est juste : quoique n’ayant pas des moeurs intègres, il n’erra pas quant à la doctrine. A contrario, certains papes plus récents aux moeurs apparemment irréprochables ont été faibles quant à la défense de l’orthodoxie.
Et puisque c’est un poncif éculé de stigmatiser certains « papes de la Rennaissance », je vous assure que nous avons encore mieux (ou plutôt pis) en réserve dans l’histoire de notre Sainte Eglise : avez-vous entendu parler du « siècle de fer » et de la « pornocratie pontificale » ? Avez-vous entendu parler du scandaleux pape Jean XII ou bien du non moins épouvantable Benoît IX et de ses trois pontificats ?…