2017-36. La Sainte Vierge au pied de la Croix, en qualité de Mère de douleur.
Vendredi de la Passion,
Commémoraison solennelle de la Compassion de Notre-Dame.
Piétà de l’église des Augustins de Weyarn (Bavière)
oeuvre d’Ignaz Günther (1725-1775)
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Pour marquer la commémoraison solennelle de la Compassion de Notre-Dame, voici un texte écrit par « Monsieur Baudrand » : il est extrait d’une « Neuvaine à l’honneur du saint Coeur de Marie » que nous avons trouvée dans « L’âme embrasée de l’amour divin, par son union aux Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie », ouvrage imprimé à Angers en 1712 (ce n’est pas la première édition que nous possédons au Mesnil-Marie).
Henry Baudrand, né à Paris en 1637, était un prêtre sulpicien, docteur en théologie, qui fut curé de Saint-Sulpice de 1689 à 1696. En 1696, il échangea sa charge de curé contre celle de prieur de Saint-Côme, près de Tours. C’est pendant son séjour dans ce prieuré qu’il rédigea plusieurs ouvrages de dévotion. Il mourut le 18 octobre 1699 à Beaune, dans le Gâtinais (aujourd’hui Beaune-la-Rolande) et fut inhumé dans l’église de Beaune.
Dans l’extrait suivant, nous avons modernisé la graphie (vg. « avait » au lieu d’ « avoit », « tourments » au lieu de « tourmens »… etc.) mais nous avons scrupuleusement conservé le style, la ponctuation et les majuscules telles qu’elles se trouvent dans l’ouvrage que nous avons sous les yeux.
La Sainte Vierge au pied de la Croix,
en qualité de Mère de douleur.
« 1 – Le saint Vieillard Siméon avait annoncé à Marie qu’un jour viendrait, que le glaive de douleur percerait son âme : depuis ce moment la prophétie commença à s’accomplir dans elle ; mais elle eut son accomplissement parfait au pied de la croix.
Le temps de la passion du Fils, aussi bien que celle de la Mère, étant venu, on ne saurait exprimer quelle fut sa douleur quand elle apprit que Jésus était arrêté, qu’on le traînait de tribunal en tribunal, au milieu des opprobres et des ignominies : douleur plus grande encore quand il fut condamné à la mort ; mais douleur excessive, immense, au-dessus de toute douleur, quand elle le vit sur la croix.
Jamais Mère n’aima son Fils unique avec tant de tendresse, et jamai aussi Mère ne vit un Fils dans de si cruels tourments. Tous les SS. Pères disent qu’elle seule a souffert plus que tous les Martyrs ensemble, dont elle est appelée à juste titre la Reine, Regina Martyrum ; et ils conviennent que, sans un miracle, elle n’aurait pu soutenir le spectacle de cette douloureuse et ingnominieuse Passion de son Fils.
Soumise à la volonté et aux ordres de Dieu, sur le sacrifice de ce divin Fils, non seulement elle ne fit aucune démarche pour le soustraire à la mort, mais elle se résolut même par un courage surnaturel, et bien au-dessus de son sexe, d’accompagner Jésus-Christ sur le Calvaire, et d’assister à sa mort, au pied même de la Croix. Là, tout ce que les bourreaux faisaient souffrir à son Fils, toutes les imprécations, tous les blasphèmes qu’on vomissait contre lui, étaient autant de coups mortels qu’on portait au coeur de la Mère.
Ici, si nous avons quelque sentiment de dévotion pour Marie, quelles doivent être nos dispositions envers elle ?
2 – Jésus, en qualité de victime pour le genre humain, était mourant sur la croix, et Marie, en qualité de Mère de douleur, était agonisante au pied de la croix. L’amour faisant l’office de Sacrificateur, immolait Jésus à son Père céleste sur l’autel de la croix, pour l’expiation de tous les péchés des hommes, et le même amour immolait Marie au pied de cette croix, en lui faisant souffrir dans son coeur tous les tourments que son Fils endurait dans son corps.
Mais ce qui acheva de mettre le comble à cette incompréhensible douleur de cette Mère affligée, ce furent les dernières paroles que lui adressa son Fils expirant ; ces dernières paroles renouvelèrent toutes les plaies dont le coeur de cette Mère mourante était déjà percé. Jésus ayant aperçu au pied de sa croix, sa tendre Mère et son cher Disciple, dit à sa Mère : voilà votre fils ; et à St Jean : voilà votre Mère ; comme s’il disait à Marie : vous n’avez plus en moi de Fils sur la terre ; voilà celui qui vous tiendra ma place et qui prendra soin de vos jours. Quel nouveau glaive de douleur fut alors enfoncé dans le coeur de cette tendre Mère ! Et les SS. Pères ne disent-ils pas avec juste raison, que le martyre de Marie, en ce seul moment, fut plus douloureux et plus violent que celui de tous les Martyrs ensemble, dans tout le cours de leur martyre et de leurs souffrances ?
Depuis ce moment, ô Mère affligée, vous ne menâtes plus sur la terre qu’une vie languissante d’amour ; et ce fut l’excès de cet amour qui termina enfin votre course en ce monde.
Vierge sainte ! en compatissant à vos douleurs, nous devons nous souvenir toujours que c’est par amour pour nous, et par zèle pour notre salut, que vous les avez souffertes, et que vous vous êtes comme immolée vous-même, en consentant à l’immolation de votre Fils. Quels sentiments d’amour, de tendresse, de reconnaissance et de vénération ne devons-nous pas avoir pour vous tant que nous vivrons ?
Je vous les demande, ô mon Dieu ! ces pieux sentiments envers votre tendre Mère, qui veut bien aussi être la mienne ; daignez recevoir et confirmer pour toujours, le dévouement que je lui renouvelle en ce jour pour toute ma vie.
O Mère de douleur par excellence ! faites-moi ressentir les traits douloureux qui percent votre âme, afin que je joigne mes soupirs aux vôtres, mes larmes aux vôtres, et que le reste de ma vie je partage l’affliction que vous avez ressentie au pied de la croix.
Je me reprocherai d’y avoir été jusqu’à présent si peu sensible.
Je réparerai ce coupable oubli, par le zèle que j’aurai désormais pour votre service.
J’irai souvent au pied de la croix unir mes sentiments et mon sacrifice au vôtre.
J’entrerai dans toutes les pratiques de piété capables de vous honorer, et j’honorerai spécialement vos saints Mystères douloureux, que l’Eglise célèbre dans le cours de l’année.
C’est une sainte pratique de réciter le Stabat Mater tous les Vendredis. »
Abbé Henry Baudrand
in « Neuvaine à l’honneur du Sacré-Coeur de Jésus et du Saint Coeur de Marie »
Pavie éd. Angers 1712 – p. 153 et sv.
Piétà de l’église des Augustins de Weyarn – détail.
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C – Textes de méditation :
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Belle, très belle descente de croix.
Nous voici en route vers la suite normale de nos errements!
Merci pour ce rappel.