2017-26. De l’exposition consacrée à Saint Louis au coeur du Kremlin et de quelques réflexions qu’elle suscite.
Mercredi 15 mars 2017,
Fête de Sainte Louise de Marillac, fondatrice des Filles de la Charité,
Mémoire de Saint Longin, centurion qui ouvrit le côté sacré de NSJC,
Mémoire du mercredi de la 2e semaine de Carême.
Statue de Saint Louis en bois polychrome (vers 1300)
provenant de la Sainte Chapelle [appartenant aujourd'hui aux collections du Musée de Cluny]
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Outre les célébrations liturgiques de ce jour et le 175e anniversaire de la mort de Luigi Cherubini dont je vous ai entretenus ce matin (cf. > ici), ce 15 mars 2017 marque le centième anniversaire de l’abdication de Sa Majesté Impériale le Tsar Nicolas II.
Sa Majesté le Tsar Nicolas II
captif à Tsarkoié-Sélo en 1917
C’est en effet le 15 mars 1917 (2 mars selon le calendrier julien) que l’infortuné Nicolas II, Tsar de toutes les Russies, sous la pression des généraux et des représentants de la Douma, abdiqua. D’abord en faveur de son fils le Tsarévitch Alexis, âgé de 12 ans et malade, puis – se reprenant – en faveur de son frère puiné le Grand Duc Michel Alexandrovitch Romanov, lequel, devenu le Tsar Michel II pendant un jour, au vu de la situation et sous la pression d’Alexandre Kerensky, renonça à son tour au trône le 16 mars 1917 (3 mars selon le calendrier julien).
Après un peu plus de trois siècles de règne, la dynastie des Romanov était engloutie par la révolution et, huit mois plus tard, avec la « révolution d’octobre » (7 novembre 1917), la Sainte Russie allait sombrer dans l’une des plus sanglantes et des plus longues persécutions anti-chrétiennes de l’histoire.
Comme le déclarera la Très Sainte Vierge Marie à Fatima, quatre mois après cette abdication de Nicolas II et quatre mois avant la prise de pouvoir par les bolcheviques, la Russie allait répandre « ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église » (deuxième partie du « secret » donné aux enfants le 13 juillet 1917).
Destruction d’une église lors de la révolution bolchevique de 1917
Or voici que cent ans quasi jour pour jour après l’abdication du Tsar Nicolas II (faut-il parler des « hasards du calendrier » ?), vient d’être inaugurée, au Kremlin même, une exposition des plus remarquables intitulée « Saint Louis et les reliques de la Sainte Chapelle », en partie reprise de l’exposition présentée par le Centre des Monuments Nationaux à la Conciergerie, d’octobre 2014 à janvier 2015, à partir de ses propres collections et de celles du Louvre, de la Bibliothèque Nationale, des Archives Nationales et du Musée de Cluny.
L’exposition met en valeur le contexte et la richesse de la création artistique au temps de Saint Louis, sur les chantiers extraordinaires conduits sous son règne, et tout spécialement celui de la Sainte Chapelle.
Les panneaux de vitraux de la Sainte Chapelle démontés au cours de la restauration du XIXème, et présentés lors de l’exposition parisienne après restauration, sont parmi les pièces centrales de cette exposition.
L’évangéliaire de Saint Louis, objet particulièrement précieux représentatif de la maitrise des orfèvres français de cette période, habituellement conservé à la Bibliothèque Nationale, se trouve également parmi les trésors présentés.
Un choix de sculptures reflétant la structure de la Sainte Chapelle, des manuscrits enluminés et quelques autres chefs d’oeuvres d’orfèvrerie du XIIIème siècle – au total septante pièces prestigieuses – sont également exposés au vieux palais des Patriarches, dans l’enceinte du Kremlin, pendant trois mois entiers (mars, avril & mai 2017).
Comme le souligne l’ambassade de France en Russie « un grand nombre des objets présentés pour cette exposition n’est jamais sorti de France et il s’agit donc d’une grande première ».
Le musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg a lui aussi pris part à l’exposition, en prêtant de magnifiques émaux de Limoges et des pièces en ivoire des XIIIe et XIVe siècles issus de ses collections.
« La valeur sacrée des objets que nous présentons est évidente pour les croyants. Les représentants des autres confessions, les athées et les agnostiques s’intéresseront à l’aspect historique et artistique de ces reliquaires. Nous ne pouvons pas affirmer qu’ils contenaient des objets réellement liés à Jésus-Christ, mais ce dont nous sommes certains, c’est qu’ils ont été vénérés durant plusieurs siècles. Et, ne serait-ce que pour cette raison, ils méritent notre intérêt et notre respect » a déclaré Olga Dmitrieva, directrice adjointe des musées du Kremlin et commissaire de l’exposition.
Couronne reliquaire de Saint Louis (1260-1280) :
elle contenait des ossements des apôtres et du bois de la Sainte Croix ;
Saint Louis l’a tenue entre ses mains, puis l’a offerte au couvent des Dominicains de Liège
[collections du Musée du Louvre].
« Le peuple de France a été très heureux de voir les reliques du Christ arriver sur le sol français. Les gens y ont vu une bénédiction, un signe de distinction. Ils se sont sentis investis d’une mission suprême et se sont persuadés que, désormais, le Ciel leur était particulièrement bienveillant », a encore ajouté Olga Dmitrieva.
De nos jours, il faut le signaler, des cars de pèlerins russes font chaque mois l’aller-retour jusqu’à Paris afin qu’ils puissent prendre part à la vénération de la Sainte Couronne d’Epines, les premiers vendredis de chaque mois (et aussi tous les vendredis de Carême), à Notre-Dame de Paris.
Si la Sainte Couronne d’Epines ne pouvait, bien évidemment, pas faire partie des pièces de l’exposition, elle est tout particulièrement évoquée à travers le reliquaire de 1806, prêtée par le Trésor de la Cathédrale.
Reliquaire de la Couronne d’épines, réalisé en 1806 par Pascal Lemaître
lorsque la précieuse relique a été rendue à l’Eglise et transférée à Notre-Dame de Paris.
En effet, le reliquaire originel avait été détruit pendant la révolution
et la sainte relique – heureusement sauvée de la destruction – avait finalement été déposée à la Bibliothèque nationale comme un objet de curiosité.
Saint Louis, on s’en souvient, avait acquis la Sainte Couronne d’Epines du dernier empereur latin de Constantinople, Baudouin II de Courtenay, ainsi qu’une vingtaine d’autres précieuses reliques de la Passion du Christ, telles que le fer de la Sainte Lance et un morceau de la Sainte Éponge (reliques qui ont disparu à la révolution), pour une somme équivalant alors au budget triennal du Royaume de France, soit 135 000 livres.
La construction de la Sainte Chapelle – reliquaire architectural édifié spécialement pour accueillir ces trésors – lui a coûté bien moins : 40 000 livres, c’est-à-dire le budget de l’Etat d’une année seulement.
De telles dépenses étaient pleinement justifiées.
Outre la création pour elle d’un chef-d’œuvre absolu de l’art gothique, en la plaçant au coeur du Palais, au centre du siège du pouvoir royal, Saint Louis a fait de la Sainte Couronne d’Epines le palladium de la monarchie capétienne, élevant le Royaume de France à un rang inégalé au-dessus de tous les autres pays européens, accroissant considérablement et durablement son prestige, et asseyant son autorité spirituelle pour plusieurs siècles.
Grâce à cette formidable acquisition, Saint Louis est indubitablement devenu le chef de file du monde chrétien, et il a allumé dans l’âme de son peuple une flamme sacrée pérenne qui, malgré les siècles d’impiété et de perte de la foi, continue de brûler au coeur du petit reste qui vit encore des idéaux de la royauté capétienne traditionnelle, royauté sacrée, royauté de droit divin.
Evangéliaire de Saint Louis
[Collections de la Bibliothèque Nationale]
Au-delà des motifs artistiques qui président à cette exposition, c’est aujourd’hui encore ce prestige inégalé de la royauté et des valeurs chrétiennes incarnées par Saint Louis qui – même de manière inconsciente – y attire des centaines de Russes chaque jour.
Au-delà des tensions politiques entretenues par les idéologies dont les chefs d’Etat sont les trop zélés serviteurs, et qui empoisonnent aujourd’hui la vie de leurs peuples, une telle exposition revêt un caractère que je n’hésite pas à qualifier de prophétique.
Car même si la France et la Russie sont l’une et l’autre encore bien empêtrées dans les liens qu’elles ont hérités des révolutions de 1789 et de 1917, nous pouvons – et même nous devons – espérer leur conversion profonde, condition de leur authentique relèvement, condition de la restauration pleine et entière de leur gloire par le rétablissement plein et entier de leurs monarchies traditionnelles respectives.
C’est une espérance toute surnaturelle, certes, c’est-à-dire qui est fondée sur la foi, fondée sur les promesses divines dont les grâces du passé sont les signes certains, dont les grâces du passé sont le gage des grâces à venir.
Dans cette espérance, ne cessons pas de prier et d’offrir à Dieu des sacrifices généreux, unis aux mérites infinis de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur.
Statue d’Isabelle de France
(vers 1300 – Poissy, collégiale Notre-Dame)
Vous pouvez laisser une réponse.
Comment ne pas voir le doigt de la Providence, que ces reliques insignes soient ainsi mises à l’abri, alors que peuvent – que doivent – arriver les catastrophes annoncées : « Paris sera brulé, Marseille engloutie »….
Sans vous, comment aurions-nous été informés de cette exposition ?
Merci!
Merci pour le texte et les photos.
C’est avec une grande émotion que je lis votre texte car il est empreint d’une telle foi et d’une telle vénération que cela en est bouleversant et communicatif.
Puisse-t-il toucher ceux qui le consultent sur Facebook, et ramener ceux qui ont perdu la foi vers la dévotion au Seigneur, qui nous a abreuvés, nous Français, de tant de grâces et en particulier par Saint Louis, exceptionnel roi « terrien ».
Avec Poutine la sainte Russie est revenue à la foi chrétienne, lui qui a été consacré à la Sainte Vierge à sa naissance malgré les dangers que cela représentait à son époque, et il honore les Romanov.
Un grand merci à vous, Frère Maximilien-Marie du Sacré Coeur.