2017-20. Pèlerinage de Monseigneur le duc d’Anjou au couvent franciscain de la Castagnavizza et déclaration au sujet de la sépulture de Sa Majesté le Roi Charles X.
6 novembre,
Anniversaire de la mort de SMTC le Roi Charles X.
Le samedi 18 février 2017, Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou, de jure Sa Majesté le Roi Louis XX, s’est rendu en pèlerinage au couvent franciscain de la Castagnavizza (Kostanjevica), dans la crypte duquel reposent les corps de trois de ses prédécesseurs : Leurs Majestés les Rois Charles X, Louis XIX et Henri V, ainsi que les épouses de ces deux derniers, les deux Reines Marie-Thérèse (Marie-Thérèse-Charlotte de France, fille de Louis XVI, et Marie-Thérèse de Modène « comtesse de Chambord »), et la Princesse Louise d’Artois, duchesse consort puis régente des duchés de Parme et de Plaisance.
A cette occasion, Monseigneur le duc d’Anjou, agissant pleinement en tant que Chef de Maison, a publié une déclaration solennelle qui répond aux initiatives privées qui voudraient ramener aujourd’hui en France les corps des Bourbons reposant en ce « Saint-Denis de l’exil ».
En voici le texte, tel qu’il a été publié ce 19 février par son Secrétariat.
Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX,
priant devant la tombe de SMTC le Roi Charles X
dans la crypte du couvent franciscain de la Castagnavizza (Kostanjevica),
ce samedi 18 février 2017.
Déclaration de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon,
de jure Sa Majesté le Roi Louis XX,
au sujet de la sépulture du Roi Charles X.
J’ai souhaité solenniser le 180e anniversaire de la mort du Roi Charles X, mort à Gorizia, le 6 novembre 1836, en venant me recueillir sur son tombeau.
Le dernier roi légitime de France est mort en exil et il repose dans le Couvent des Franciscains de la Castagnavizza en Slovénie dans lequel une crypte a été aménagée pour recevoir la dépouille des Bourbons accueillis dans ce qui était alors un territoire de l’Empire Austro-Hongrois.
A plusieurs reprises a été soulevée la question d’un éventuel transfert de la royale dépouille en France pour être placée dans la nécropole de Saint-Denis où reposent presque tous les rois.
Mon Père, lui-même, le Prince Alphonse duc d’Anjou et de Cadix, en venant à Gorizia Nova-Gorica en 1986, avait pu l’évoquer et il s’était rapproché des différentes autorités religieuses et politiques. Le contexte était alors très différent puisque le rideau de fer d’alors faisait qu’à l’exil s’ajoutaient des difficultés de déplacement dans ce qui était la Yougoslavie.
Avec 1989 un double changement est intervenu. Tout d’abord par le décès de mon père, je me trouvais nouveau Chef de la Maison de Bourbon étant âgé à peine de 15 ans. La question Charles X ne pouvait pas être dans les premières que j’avais à résoudre. Ensuite la chute du mur de Berlin puis l’indépendance de la Slovénie, précédant son entrée dans la Communauté européenne, étaient autant d’événements qui modifiaient la donne politique. Il n’était dès lors plus question de transfert des dépouilles des Bourbons puisqu’elles étaient accessibles par tous ceux qui voulaient venir s’y recueillir.
Il y a quelques temps des initiatives privées, associatives, animées sans doute par de louables sentiments, ont ré-ouvert le débat. Initiatives extérieures à la famille de Bourbon même si certains membres ont été approchés et ont parfois montré leur intérêt individuel.
Sollicité, comme aîné et chef de la Maison de Bourbon, et donc premier à pouvoir m’engager, j’étais resté sur une prudente réserve. Il me semblait, en effet, que l’ensemble des questions que pouvait soulever un tel transfert n’était pas vraiment étudié. Il y avait notamment deux grands absents : le Couvent des Franciscains qui depuis cent quatre-vingt ans garde et protège les dépouilles des Bourbons, et d’autre part les Villes de Nova-Gorica et de Gorizia qui, depuis la même époque, sont fidèles à cette page où leur histoire et celle de la France ont été confondues.
La moindre des choses est toujours de rencontrer toutes les parties. Mon voyage est l’occasion de telles rencontres.
Ainsi, bien évidemment, sans préjuger de l‘avenir qui ne nous appartient pas et de circonstances extérieures, actuellement trois arguments vont à l’encontre d’un retour des cendres de Charles X en France :
- Un argument historique. Charles X est mort en exil en 1836 et le Gouvernement alors en place n’a pas cherché à faire revenir sa dépouille, préférant faire revenir celle de l’empereur Napoléon 1er, en décembre 1840…
Ce transfert ne pourrait, en effet, avoir qu’un objectif de réconciliation. Un retour sans ce mobile n’a pas vraiment de sens.
Le rapatriement du corps d’un souverain est un acte national, non celui de quelques nostalgiques. Ajoutons que le retour d’un souverain est, par nature, un acte public qui doit engager le pays au plus haut niveau. La dépouille doit être accompagnée par les armées, le gouvernement en place doit être présent, etc… Seul l’État peut en décider.
- Un argument factuel : la crypte des Bourbons telle qu’elle existe actuellement dans le Couvent de la Castagnavizza n’est pas une sépulture du hasard, même si à l’origine il n’y avait pas de plan clairement défini et si le roi a été déposé dans un caveau déjà existant mis à disposition par une famille princière locale. La volonté d’avoir un lieu de sépulture spécifique et surtout pérenne a été manifestée par le comte de Chambord, Chef de la Maison de Bourbon. Il a souhaité organiser les sépultures de ses proches déjà décédés ainsi que de lui-même et de son épouse. Une crypte a été aménagée à sa demande expresse au début des années 1880 pour recevoir les cercueils. L’emplacement a été spécialement choisi sous le choeur de la chapelle. Cela traduit le souhait d’avoir un second lieu de sépulture officiel autre que Saint-Denis pour marquer l’exil.
La restauration de la royauté en France n’étant pas à l’ordre du jour, le retour des cendres ne peut pas l’être non plus puisque la monarchie est toujours dans une sorte d’exil.
La question n’est donc pas actuelle et admettre le retour serait admettre la fin de l’espoir en une Restauration. Mais elle demeure une question familiale qui est du ressort du Chef de Maison.
- Un argument d’opportunité. À une époque où l’Europe cherche un second souffle, il faut maintenir les symboles forts qui forgent son unité et son identité. Les nécropoles royales en font partie et, en ce sens, la Castagnavizza a toute sa place dans le « réseau » constitué de Westminster, l’Escorial, les Capucins à Wien, et bien évidemment Saint-Denis. À cela s’ajoute le rôle culturel d’une telle nécropole qui renforce les liens entre la France et la Slovénie.
Ainsi compte tenu de tous ces éléments, il ne parait pas souhaitable d’envisager actuellement un quelconque transfert d’un ou plusieurs cercueils reposant dans le couvent des Franciscains de Nova-Gorica.
Que saint Louis et saint François veillent sur les Bourbons.
Fait à Nova-Gorica-Gorizia, le 19 février 2017
Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou
Crypte du couvent de la Castagnavizza
dans laquelle reposent, dans l’attente de la résurrection,
LL.MM.TT.CC. les Rois Charles X, Louis XIX et Henri V,
et les deux Reines Marie-Thérèse, épouses de ces deux derniers,
ainsi que la Princesse Louise d’Artois, duchesse consort puis régente de Parme et de Plaisance.
Vous pouvez laisser une réponse.
Rien d’autre à dire il est le chef de la Maison .
Monseigneur Louis de Bourbon – Louis XX – a vrailent l’étoffe, l’envergure et la réflexion d’un grand roi.
Je prie pour son prompt retour à la place qui est sienne : sur le trône de France !
En plus et actuellement la nécropole des rois de France est sûrement moins sûre que cette terre de Slovénie.
La France ne mérite pas encore de recevoir les dépouilles LL.MM.TT.CC. les Rois Charles X, Louis XIX et Henri V, et les deux Reines Marie-Thérèse, épouses de ces deux derniers, ainsi que la Princesse Louise d’Artois, duchesse consort puis régente de Parme et de Plaisance.
C’est bien de nous le rappeler.
Encore une preuve des vertus de sagesse, de prudence, de clairvoyance, de discernement de notre Prince, qui grandit sous la protection de Saint Louis.
Non, la question n’est pas ouverte.
Le Prince Louis de Bourbon a clos définitivement le sujet.
Une dépouille n’est pas un bien public. Que chacun s’occupe de ses défunts.
Et la moindre des choses est effectivement que la France demande pardon de la manière dont elle a traité Charles X et sa famille, et à la Maison de Bourbon !
Le sujet du « retour » est des plus sensibles, la lettre du Prince est fort belle mais la question reste ouverte et donc clivante.
Une remarque générale : le corps de Louis-Philippe d’Orléans repose en France, sans que cela ne soit source de polémique de quelque nature que ce soit.
Une remarque pratique : on ne se déplace pas en pèlerinage au couvent franciscain de la Castagnavizza aussi facilement que cela, même en ces temps de circulation rapide.
A mes yeux, elle reste essentiellement une crypte sans comparaison avec la nécropole royale de St-Denys où S.M. Charles X a toute sa place : dernier roi sacré, ce n’est pas rien !
Une question : S.A.R Marie-Thérèse-Charlotte de France n’aurait-elle pas souhaité et ne mérite-t-elle pas de reposer aux côtés de ses parents L.M.Louis XVI et Marie-Antoinette d’Autriche après une vie d’épreuves ?
On peut se poser la question…
Réponses de Lully :
Je ne suis pas vraiment d’accord avec vous : les paroles de Monseigneur le duc d’Anjou sont très claires : » (…) La restauration de la royauté en France n’étant pas à l’ordre du jour, le retour des cendres ne peut pas l’être non plus puisque la monarchie est toujours dans une sorte d’exil. La question n’est donc pas actuelle et admettre le retour serait admettre la fin de l’espoir en une Restauration. Mais elle demeure une question familiale qui est du ressort du Chef de Maison… »
A travers ces lignes, le Prince Louis n’exclut certes pas que cela se puisse faire un jour mais il en précise très clairement les conditions : la pleine restauration de la royauté légitime selon ses principes traditionnels tels que les ont incarnés Charles X, Louis XIX et Henri V.
Pour un légitimiste (pas seulement légitimiste sur un plan dynastique mais légitimiste en adhérant entièrement aux principes de la royauté traditionnelle de droit divin), ces paroles du Prince sont très fortes parce qu’elles renvoient à la défense de principes intangibles et à un refus de toute compromission avec les idées héritées des « lumières » et de la révolution.
Vous écrivez : » (…) le corps de Louis-Philippe d’Orléans repose en France, sans que cela ne soit source de polémique de quelque nature que ce soit (…) ». En cela vous faites bien ressortir justement la différence entre les principes incarnés par la branche aînée et par la royauté instaurée par Louis-Philippe d’Orléans lorsqu’il a usurpé le pouvoir en 1830 et dont les actuels descendants se réclament : une royauté parlementaire qui s’est soumise aux principes de la révolution et n’a plus rien à voir avec la royauté traditionnelle.
C’est bien justement ce qui permet aux dépouilles mortelles de Louis-Philippe comme aussi de Napoléon de reposer sur le sol français : ils ont été des souverains incarnant une révolution couronnée, et en cela l’actuelle république se retrouve en eux… Ce n’est évidemment pas le cas de la royauté traditionnelle de droit divin incarnée par les Bourbons de la branche aînée.
La question que vous posez ensuite en ce qui concernen la « duchesse d’Angoulème », « comtesse de Marnes » en exil, fille de Louis XVI et épouse de Louis XIX me semble trop dépendante d’une forme de sensibilité de type romantique : Madame a fermement souhaité reposer aux côtés de Charles X et de son époux dans la crypte de Castagnavizza ; quant au « comte de Chambord », Henri V, qui en cela se montrait strictement fidèle à l’héritage doctrinal et politique reçu de Charles X et de la Reine Marie-Thérèse, il a clairement affirmé qu’il ne voulait pas reposer ailleurs qu’à Castagnavizza et qu’on ramène son corps en France, hors le cas d’une restauration royale conforme aux principes qu’il a incarnés et défendus.
Lucidité et sagesse chez ce prince,
traits d’espoir dans l’ambiance présente.
Deux siècles de sottises n’ont pas altéré l’âme de notre France.
Merci, Seigneur.